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sur 2400 notes
Dans la lumière fantomatique laissée par les flammes jaunâtres des becs de gaz, des hommes endormis sur des monticules de navets, de carottes, de choux et autres productions maraîchères convergent vers la capitale. Deux heures du matin et les convois qui ont quitté Nanterre se dirigent vers les Halles de Paris.
Madame François, brave maraîchère, charge sur sa montagne de légumes un pauvre hère, d'une grande maigreur, ramassé sur le pavé. Florent, échappé de Cayenne, a enfin pu rejoindre Paris pour y retrouver son frère établi comme charcutier. La faim qui tiraille sans merci son estomac va se heurter de plein fouet au gigantesque amoncellement de nourriture abritée par les Halles centrales.

Grandioses nous apparaissent les pavillons des Halles, surtout sous la plume de Zola ! Dans le tumulte des déchargements des voitures de victuailles, il magnifie à outrance ces tas de légumes aux couleurs criardes ou chatoyantes. Par les teintes illuminées ou sombres, les parfums, les agencements, il emphatise et s'extasie de ce spectacle coloré.
Mais à côté des produits maraîchers, c'est tout un débordement de nourriture qui nous ensevelit : volailles, gibier, produits de la marée, fromages… Et puisque vous, cher lecteur, avez l'estomac bien accroché, l'auteur continue à nous noyer dans les senteurs grasses de la charcuterie. Du plancher au plafond et sans nous épargner aucune goutte de graisse, une admirable description de cette boutique avec boudins, côtelettes, pâtés, jambons et autres charcutailles nous assure une satiété durable !

Et les personnages dans toute cette mangeaille ?
Eh bien ils sont gras ou maigres, profitent ou souffrent de l'Empire et sont parfois prêts à défendre bec et ongles leur bifteck. Leur digestion peut s'avérer douloureuse ou triomphante.
Florent, qui ne peut se départir de sa maigreur, garde un esprit ardent et rêve de renverser ce second Empire.
La femme de son frère, la belle et grassouillette Lisa, cache une fermeté directrice derrière une honnêteté foncière.
Dans ce quartier des Halles, querelles, rivalités, jalousies, ragots et mouchardages côtoient fruits, légumes, viandes, fleurs, fromages.
Et sous la plume de Zola, c'est toujours une symphonie grinçante qui dénonce la pseudo-honnêteté de la bourgeoisie bien installée et bien nourrie dans le Paris du XIX e siècle.
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Il était temps que je relise un Zola...Cela faisait si longtemps (30 ans...) que j'avais lu « Germinal » ! Je me suis donc attaquée au « Ventre de Paris ».
Et c'est bien d'attaque qu'il s'agit, en ce qui me concerne. Car ce roman m'est tombé des mains, à la page 120.

En effet, je me souvenais du style somptueux de Zola, de ses descriptions imagées qui nous traversent et nous emportent à un autre niveau. Mais j'en ai eu marre, moi, de ses descriptions des pavillons des Halles, des légumes, des fromages, de la volaille, de la boucherie avec ses pâtés, ses côtelettes, ses boudins...
Je sais que Zola est le maître du naturalisme, qu'il veut nous faire sentir, goûter, toucher, entendre, voir (je n'en ai oublié aucun, j'espère) ; mais ça va, oui, j'ai senti, goûté, touché, entendu, vu...Pitié ! J'ai été gavée de sensations !

Bref, cette accumulation de descriptions sans action, ou presque, m'a profondément ennuyée. C'est donc avec soulagement que j'ai quitté Florent, un ancien bagnard, qui s'était réfugié chez son frère et sa belle-soeur, crevant de faim. Mais je n'ai pas peur pour lui : il sera bien nourri, car Zola a tout fait pour nous le prouver !
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Une nuit, aux portes de Paris, Madame François, maraichère de Nanterre, doit arrêter son cheval Balthazar : un corps empêche le passage de sa voiture à légumes. Ce corps, c'est celui de Florent, condamné à la déportation pour sa participation au coup d'état de 1848. Echappé de Cayenne, il est tombé, vaincu par la faim. Il est emmené par la maraichère à la Pointe Sainte Eustache, son ancien quartier, avant l'aube. Tandis que les maraîchers vendent leurs produits aux marchands, Florent, toujours affamé, découvre les récents travaux des halles. Il n'a qu'une hâte, retrouver son frère Quenu, charcutier prospère dont le ventre ne cesse de s'arrondir…

Une plongée dans les Halles de Paris, quartier historique du 1er arrondissement, dont le surnom « le Ventre de Paris » évoque à loisir les étals débordants de mets en tous genres. Ces halles dont la modernité repousse, effraie ou séduit, attirent chaque jour des milliers de clients et de marchands répartis dans les dix pavillons de métal et de verre. Dans ses allées, il est facile de confondre le marchand et la marchandise : telle vieillarde vend des légumes fades et fanés, telle demoiselle des fruits colorés et gorgés de sucre… Tout l'art de Zola résidant en ce façonnage de l'Homme.

Florent, nommé contrôleur des halles, traîne le lecteur parmi les gras marchands : les poissonniers, charcutiers, volailleurs, tripiers, fromagers, légumiers jusqu'à provoquer l'indigestion des plus maigres. Dans les pavillons et les ruelles environnantes, l'opulence côtoie à loisir les meurt-la-faim, les étals débordants frôlent les ventres vides et les instincts les plus bas dévorent l'innocence des jeunes gens tandis que la rumeur poursuit son oeuvre.

Florent, pourtant au coeur de l'intrigue en est le grand absent : il tend presque à s'effacer au monde, subissant les appétits de ses compagnons et ne prenant part tardivement qu'à la seule véritable action qui vaille d'être menée selon lui : la révolution.

Ce troisième tome est pour moi un véritable miroir de la société du second empire. Il en devient la métaphore romanesque. Et c'est Claude Lantier, peintre raté, dont les oeuvres sont toujours en germe, qui la décrit le mieux. Il va peu à peu tenir les rennes du roman, prophétisant la chute de quelques-uns de ses protagonistes.
Comme si lire les prédictions de peintre ignoré ou incompris revenait à écouter l'écrivain naturaliste examinant à la fois les personnages qu'il a crées et le milieu dans lequel ils évoluent. Tout simplement fascinant.

Lien : https://litteralfr.webnode.f..
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Episode 3 de la vie parisienne concernant la saga des Rougon-Macquart. Un petit bijou.

Le livre est basé sur la description des Halles. Emile Zola a été perfectionniste dans ses descriptions. le lecteur ne s'ennuie jamais et défile avec le personnages au milieu des étals et des effluves plus ou moins ragoutantes. Plutôt moins que plus. C'est-à-dire que nous sommes entraîné dans le visuel mais le sens olfactif du lecteur est aussi sollicité. Une prouesse.

Concernant les personnages, ils sont soient candide (Laurent), malchanceux et innocents, mais surtout perfides, pleutres, pervers. Un panel de la vie courante qui pourrait s'associer au monde moderne.

La modernité de Zola m'épate toujours. Son perfectionnisme glaçant nous entraîne avec lui. Incapable de résister ! Hâte de lire le tome 4 !
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Quelques jours après avoir fini cette lecture, je viens en donner mon avis, ce qui n'est pas simple...
Commençons par le début, j'ai adoré cette lecture. Certes, il y a de longues descriptions mais elles sont tellement bien formulées, emplies de sensorialité: olfactive, visuelle, auditive. On s'y croirait dans ces Halles..un peintre pourrait retrouver toutes les couleurs, formes, emplacement rien qu'en lisant.
Et le fil conducteur de l'intrigue est rondement mené, on y décèle bien ses personnages, leurs intérêts, leurs évolutions.
Et déjà les thèmes chers à Zola apparaissent, son aversion pour Napoléon III, la cupidité, les inégalités, l'avarice.
Il fait un sacré portrait des femmes, poissonnières, charcutières, fleuristes, ... toutes les commerçantes y passent : voulant toujours plus d'argent, plus de bijoux pour parader face aux autres, avoir le meilleur parti, la jalousie de sa voisine, plus, toujours plus ... engraisser de nourriture et d'argent.
Et de l'autre côté, quelques hommes qui tentent une révolution dans un élan républicain pour le partage des richesses, la baisse des impôts et comme d'habitude, le peuple ne suit pas bien trop confortablement installés dans leurs avantages, leurs conforts.
Un éternel recommencement ...
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Sans aucun doute l'un des meilleurs livres de la série des Rougon Macquart. J'ai beaucoup aimé les descriptions de la ville, mais surtout des Halles de Paris. On s'imagine rapidement les rues, les étals, les odeurs... Les personnages sont nombreux mais on repère très rapidement qui est qui. La vie de l'époque est comme toujours chez Zola extrêmement bien décrite, on s'y croirait.
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Émile Zola est un peintre. Il le démontre une fois encore dans ce puissant roman, Le Ventre de Paris, troisième volume de la gigantesque oeuvre des Rougon-Macquart, que jai dévoré et aimé. Il peint la vie telle qu'elle est, certes à grands traits. C'est un peintre tout en muscles, un peu à la façon de Michel-Ange peignant la fresque du Jugement Dernier sur le plafond de la Chapelle Sixtine. C'est un peintre gourmand et généreux qui aime la vie à toutes forces et nous dit de l'aimer, qu'elle soit aimable, rieuse, triste ou injuste. Alors, laissons-nous emporter ou plutôt avaler par ce Ventre de Paris. Les premières pages démarrent dans un tohu-bohu, un ruissellement de choux, de carottes, de navets... Plus loin ce sont les fruits qui viennent avec leurs odeurs enivrantes. Et pour celles et ceux qui ne seraient pas végétariens, on ne vous oublie pas : la volaille, la cochonnaille, la marée, des moutons, des quartiers de boeuf... le sang des cochons sur le trottoir... Enfin des fleurs aussi, des roses, des violettes, des dahlias, des marguerites... et leurs parfums, leurs couleurs. Quand il s'agit d'odeurs puissantes, les aromates ne sont guère loin : le thym, la lavande, l'ail, l'échalote, le laurier viennent agacer nos narines par leurs odeurs puissantes. Sans oublier les fromages évidemment ! Hmm ! Ces premières pages se déroulent comme une vague, un déluge de nourritures terrestres. Voilà ! Le décor est planté et les personnages vont suivre, tout aussi hauts en couleurs. Ce sont les marchands, ceux qui vont mettre vie à ce Ventre de Paris, car nous sommes ici dans Les Halles Centrales ; dans ces premières pages nous voyons ces boutiquiers organiser leurs étalages aux prémices du jour. Et tout l'art de Zola va exceller à mettre en animation les différentes figures de ce petit monde qui s'agite comme une fourmilière, crie, s'invective, travaille à nourrir Paris. Ces figures au caractère bien trempé collent parfaitement avec le décor, ils sont dans leur jus, bien gras et fiers de l'être car c'est un signe de bonne santé, et sans doute de réussite sociale tant qu'à faire ! Il y a le gras tout en sensualité et le gras au bord de l'écoeurement. Presque de l'indigestion. Parmi ces personnages truculents surgissent deux femmes. Il y a tout d'abord la belle Lisa, charcutière de son état, Lisa Macquart. Tiens ! Voilà un nom qui n'est pas sans nous rappeler la fameuse lignée dont nous suivons ici le troisième épisode. Et il y a la belle Normande, poissonnière de son état. Toutes les occasions sont bonnes pour que les deux mégères s'écharpent : la poitrine arrondie et tendue de l'une, la chair blanche et délicate de l'autre, en font deux rivales parfaites prêtes à en découdre. Mais le roman ne peut pas se résumer à ces seules mégères qui se battent pour quelques soles avariées ou du boudin pas bien frais...
Et lorsque survient Florent, accroché à une tristesse lointaine, échappé du bagne de Cayenne, demi-frère de Quenu, mari de la grosse Lisa, elles trouveront en ce personnage qui débarque comme un chien dans un jeu de quille, une occasion supplémentaire de rivaliser entre elles.
Florent n'a que la peau sur les os. Il trouve rapidement un emploi d'inspecteur à l'administration des Halles, mais ce maigre entouré d'un monde de gras, va vite détonner. C'est ainsi que Zola continue d'animer ses pinceaux pour nous brosser les oppositions sociales, plus que de caractères. C'est en effet tout un propos social qui commence à se deviner de manière sous-jacente. Et si cette différence presque naïve entre le gras et le maigre pourrait quelques instants prêter à sourire, Zola vient simplement poser un autre décor avec quelques touches ici et là et surtout tout près de là : c'est le Paris vorace, arrogant, irrespectueux des petites gens, le Paris qu'il faut nourrir, sans cesse, toujours et encore. Florent sait pourquoi il est allé à Cayenne. Il sait pourquoi il s'en est échappé. Il sait pourquoi ce monde de gras n'est pas fait pour lui, lui généreux jusqu'à laisser une grande partie de ses appointements d'inspecteur au profit de celui qu'il a remplacé, suite à son invalidité. La politique n'est jamais bien loin. Peu à peu des amitiés se forment, Florent rencontre d'autres comme lui, maigres d'aspect, mais sans doute le coeur gros de toute cette injustice que laisse sur le bas-côté du chemin ce Second Empire naissant. Dès lors l'insurrection se prépare au fond d'une arrière-boutique...
Ne nous leurrons pas : derrière l'odeur des jambons et des dorades, par delà les cris des gouailleuses et l'agitation incessante de ces fourmis grasses et gloutonnes, Zola continue de poser et dérouler ces deux régions du pouvoir que sont le commerce et la politique. Ce sont aussi ces piliers qui fondent et animent le destin des Rougon-Macquart. Ainsi, le trait de peinture de Zola, que j'ai trouvé ici particulièrement riche et flamboyant de métaphores, n'est que prétexte à dénoncer un ventre mou, avide, opulent, consentant à cet Empire qui le fait vivre, apporte sérénité au commerce et qu'il nourrit en contrepartie. Les querelles et les combats des mégères peuvent alors paraître bien grotesques et dérisoires alors qu'elles sont prêtes à s'entendre pour que ce maigre de Florent ne vienne pas déranger cet ordre social si bien huilé. Et qu'importe si cet Empire ne parvient pas à nourrir tout le monde ! Toutes les mesquineries, les petits arrangements de ces boutiquiers engraissés, leurs lâchetés déplorables, leur servitude volontaire, peuvent alors faire corps pour venir chasser l'intrus, un peu comme des enzymes au fond de l'estomac. Au fond, les personnages de ce théâtre plein de couleurs et d'odeurs ne sont que les marionnettes pitoyables d'une tragédie bien plus grande ailleurs, au-dessus d'eux.
De temps en temps puis vers la fin du roman, il y a aussi ce personnage que je trouve attachant. Il regarde avec tristesse et écoeurement ce monde vaciller dans l'égoïsme, l'égoïsme d'un ventre complice du despotisme au pouvoir. C'est Claude Lantier, neveu de Lisa. Un Macquart lui aussi, mais dont la sagesse et l'humilité semblent démontrer qu'il a échappé au poids de l'hérédité... Étrangement c'est un peintre lui aussi. Ce n'est sans doute pas un hasard... Et dans son propos, ne faut-il pas y voir déjà quelque chose de visionnaire, les prémices de ce que notre société de consommation a fini par produire de plus indigeste...?
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Si plus jeune, j'ai échoué dans ma volonté de lire quelques-uns des romans emblématiques de la littérature française, mon envie - ou mon objectif quelque peu vaniteux - de lire l'intégralité de la saga d' @Emile Zola m'amène vers ce troisième tome, @Le ventre de Paris.

J'ai un vague souvenir non pas d'un début de lecture, mais d'extraits lus au lycée peut-être, avec de longues descriptions des Halles et qui m'avaient alors découragé d'aller plus loin. L'âge aidant, me voici donc à l'assaut du coeur bouillonnant du Paris du 19ème siècle, véritable ville dans la ville, en compagnie de Florent. Injustement condamné comme émeutier, évadé de Cayenne, le voilà accueilli par son demi-frère et son épouse Lisa. Devenu inspecteur aux Halles, parfois en butte à l'hostilité sourde ou assumée d'une vendeuse ou d'une autre, prisonnier de rivalités et de luttes d'influence qui parfois le dépassent, Florent se pique de politique et en vient à fomenter une action violente à même de renverser le Second Empire.

Mais au-delà de la trame historique qui sert de toile de fond à ce troisième opus des Rougon-Macquart, on est saisi, littéralement happé par ce carreau des Halles. Comment ne pas évoquer les descriptions des différents pavillons par Zola ? Nous sommes au milieu des poissons, des crustacés, au milieu des tripes et des boyaux, nous parcourons les allées de cette micro-société et Zola n'a pas son pareil pour nous faire sentir les odeurs, les humer, nous en imprégner. Nous sommes enivrés, saoulés de parfums et de couleurs, parfois jusqu'à l'écoeurement tant la description est clinique. Les Halles et sa société sont les véritables héros de ce roman, et @Le ventre de Paris est finalement le reflet d'un monde, d'une époque où chacun aspire à garder sa place ou à en conquérir une plus élevée, et où les rêveurs et les utopistes sont broyés par un système qui s'autosuffit et assure lui-même sa propre sauvegarde.

Si j'osais, les temps n'ont peut-être pas trop changé depuis Zola ... Les Halles restent un temple de la consommation, superbe au demeurant au plan architectural. Et le monde d'après, évoqué par tout un chacun en ces temps de crise sanitaire, n'est pas encore pour demain ... Et si je m'égare quelque peu dans mon commentaire, je reste convaincu que sur certains aspects de son oeuvre, Zola est un formidable visionnaire ou à tout le moins un observateur averti et lucide.
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Voici déjà mon cinquième Zola. Bon, une critique dithyrambique d'un Zola ça commence à être banal non ?
L'auteur français nous emmène cette fois-ci du côté des Halles de Paris, leurs étals, la profusion de denrées... Un ancien bagnard est de retour chez son frère qui tient, avec sa femme surnommée "la belle Lisa", une charcuterie. Les tensions ne vont pas tarder à se multiplier dans la famille et même au sein des Halles, où Florent (l'ancien bagnard) est chargé de surveiller la poissonnerie.
Tout d'abord, merci beaucoup à l'éditeur de mon roman de m'avoir dévoilé la fin du livre dès la quatrième de couverture, c'est top, bravo les gars (clap clap clap). Quoi qu'il en soit cela ne m'a pas gâché le plaisir de la lecture, loin s'en faut. Je me répète mais Zola a ce don de me plonger immédiatement dans l'univers choisi, de me faire croire à tout. Je ne vais pas repartir sur le chapitre de son style incroyablement vivant, mais il faut quand même le mentionner. le meilleur chez Emile, c'est l'humain. Il développe une galerie de personnages incroyablement vrais, tout à la fois méprisables et pathétiques, tellement complexes et profonds. Rien que Florent : ce n'est pas un mauvais bougre, plutôt un jeune homme naïf et idéaliste pourtant il peut s'avérer très agaçant et complètement déconnecté des réalités.
Les querelles entre Lisa et la Normande sont épiques, grandioses. Tous ces personnages sont fascinants chacun à leur manière, y compris la Saget, la Lecoeur, la Sariette, incroyablement cupides et détestables, affreuses commères. Il y a également ces gamins des rues : la Cadine, Muche... Faire la rencontre du personnage de Claude, que j'avais beaucoup aimé dans l'Oeuvre, fut aussi très intéressant.
Enfin il y a ces descriptions grandioses, si vivantes et colorées des Halles. Les mers de légumes, les odeurs en tout genre... quel talent de l'écrivain, qui nous transporte immédiatement au milieu des fromages, des poissons, des légumes...
Une fois de plus l'histoire m'a tenue en haleine de bout en bout, je n'ai aucun point négatif à souligner. de plus les romans de Zola sont toujours des témoignages très intéressants des moeurs de son époque. Je ne suis pas prête d'arrêter de lire cet auteur, vous pouvez me croire !
Lien : http://lantredemesreves.blog..
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L'ordre adopté par Zola pour sa généalogie des Rougon Macquart nous fait passer des salons du Second Empire au ventre de Paris, des toilettes chiques aux poissonnières, des parfums envoûtants de Renée à ceux moins raffinés de la cuisson du boudin ou des étalages de fromages odorants.
Le héros ici n'est pas vraiment un Rougon, il est un petit rameau ajouté, c'est sa belle soeur, la belle Lisa, qui est une fille d' Antoine Macquart de Plassans. Il se nomme Florent, il est jeune et beau garçon, sa vie est pourtant déjà bien pleine car il a passé quelques années au bagne. Il n'a pas tué père et mère pour ça, non, il s'est juste trouvé où il ne fallait pas lors d'une émeute, arrêté et jugé de façon expéditive pour un crime dont il est innocent.
Echappé de Cayenne le voilà revenu à Paris où il trouve refuge aux Halles auprès de son frère Quenu, l'époux de Lisa la belle charcutière.
Accueilli comme le frère prodigue, on lui trouve du travail, on l'héberge, on l'habille, c'est que Quenu lui est redevable, Florent l'a élevé, s'est sacrifié pour lui durant des années, devenu un commerçant riche et gras c'est le moment de payer ses dettes.
L'arrivée de Florent va déclencher des réactions en chaîne, objet de toutes les convoitises féminines notre Florent est bien naïf et en plus il a des convictions républicaines, de là à devenir activiste contre le gouvernement il n'y a qu'un pas ....
Après quelques temps ce frère devient gênant, voire dangereux pour la prospérité d'une charcuterie, et puis bien sûr il y a l'héritage de l'oncle de Quenu, héritage qui revient pour moitié à Florent ....dommage qu'il soit rentré......Les langues se délient, la médisance, les commérages, les mensonges, les trahisons, le petit peuple des Halles n'est pas plus beau que celui des salons.
Les vilenies ne sont plus perpétrées pour de l'argent mais par envie, par mesquinerie, par jalousie.
Ce troisième volume de Zola est cru, plein d'odeurs, de couleurs, et de bruit. C'est la version XIXème siècle de la Grande Bouffe.
L'écrivain nous sature de scènes où la nourriture est reine, les devantures, les arrières boutiques, tout regorge de sang, de graillon, d'effluves fortes, les fromages le disputent aux légumes entassés, les poissons aux viandes, les beurres et les fromages dégoulinent, les déchets eux mêmes sont partie du décor. On vit de la bouffe et parfois on en meurt.
Zola décrit à merveille ce marché, les étals, les pavillons, la misère et les vices. Arrivé à la fin du roman on sait que ce n'est pas Florent le héros de cette histoire, ce sont les Halles corps vivant, chaud, violent, qui après avoir tenté de le digéré, aura recraché Florent comme un noyau indigeste.
J'ai aimé ce troisième roman et je suis déjà plongée dans la suite, lire Zola en continuité est une expérience enrichissante et je n'ai qu'une envie : la poursuivre

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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