Ce n'est pas un Rougon-Macquart et pourtant c'est du grand
Zola.
Emile Zola nous emmène passage du
Pont-Neuf à
Paris, corridor étroit et sombre entre la rue Mazarine et la rue de Seine. Cet endroit semble ne plus exister et pourtant j'y vois La Mercerie de la famille Raquin. C'est là que vit "
Thérèse Raquin", une jeune femme triste, soumise et mal mariée.
Orpheline elle a été recueillie par sa tante et élevée avec son cousin Camille à la santé fragile. Elle deviendra sa femme par la volonté de sa tante, Madame Raquin, la maitresse de maison.
Celle qui aurait pu être sa soeur se soumet avec une obéissance passive parce qu'elle ne connait pas l'amour. Alors, quand Camille invite son collègue Laurent elle est fascinée par la masculinité de cet homme, fils de fermier monté à la ville et peintre à l'occasion.
J'aime la façon dont
Zola raconte la fascination de Thérèse pour le cou de taureau de Laurent quand elle le voit pour la première fois. On peut dire qu'il a le sens du détail.
Laurent, le rustre qui veut assouvir ses instincts avec Thérèse, va faire naître en elle la passion de la chair et sa fougue va le subjuguer. Les amants n'auront plus de limite pour combler leur passion débordante et irons jusqu'à provoquer la noyade de Camille pour pouvoir vivre librement leur amour.
Seulement voilà, les remords vont les éloigner, hantés tous les deux par le fantôme du noyés.
Ils vont tout essayer pour trouver un remède à la terreur qui les ronge. Ils iront jusqu'à se marier pour tenter de trouver un apaisement dans la complicité mais ils ont tué leur désir en tuant Camille. Alors ils chercheront à se détourner de leurs cauchemars, Laurent par la luxure et la violence, Thérèse par la repentance auprès de sa tante devenue infirme.
Zola développe avec beaucoup de précision l'idée de perpétuité dans la souffrance et n'épargne pas ses personnages.
Je suis surprise du scandale provoqué par ce roman jugé immoral. Au contraire, et sans raconter la fin, je le trouve très moral, mais nous ne sommes plus au 19ème siècle.
J'ai également été très impressionnée d'apprendre qu'il avait écrit ce roman à vingt-sept ans, tant l'analyse psychologique, la description des troubles des êtres humains, hommes ou femmes est la preuve d'une grande maturité.
Zola est bien un observateur hors-pair comme il le revendique.
Challenge Coeur d'artichaut 2021
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