J’ai vidé mon sac à tes pieds
et pour ta peine tu ramasses
les morceaux désarticulés
de ce qui fut de ce qui passe
relève-toi que je t’embrasse
entre mes bras désaccordés
déjà tu fuis
mais sur la trace
jusqu’à la nuit je marcherai
jusqu’à la nuit où on trépasse
de ce long jour éternisé
sur le visage où rien n’efface
la marque rouge des baisers
Toi mon amour dans la tourmente
toi mon pôle où tourne le temps
je hisse mon âme écumante
dans l’ombre folle où je t’attends
Quand tu descendras sur le monde
toi mon soleil inavoué
que trouveras-tu sous la sonde
au fond de nos cœurs bafoués?
Les mots que je n’ai pas su dire
ce que pour toi j’aurai vécu
les échos lointains dont expire
l’ultime cri qu’on aura tu
Alors se lèvera le jour
où nous foulerons d’un pied sec
les fleurs de sel et de varech
sur le rivage de toujours
Quel océan gonflait la vague
qui me jeta comme une épave
tous les cadavres sur le cœur
roulant dans la rumeur des mondes
leurs faces vertes et la ronde
de leurs mains aux brisants de moi?
Sans fin la plage est recouverte
j’ai noyé mon amour inerte
dessous la froideur de leur sang
et dans ma cécité j’écoute
ton âme torturée et toute
frémissante vers la lumière
des dieux perdus qui se dévoilent
dans le regard de ces étoiles
captives au fond de leur nuit.
Écoute battre sur le roc
le flux aveugle de mémoire
je suis le roc je suis l’histoire
un soir je mourrai de leur choc
moi je mourrai dans ta lumière
sur l’océan incandescent
battu des flots de mes hiers
er de demain évanescents
Écoute sourdre la rumeur
de tant de passés confondus
où sombrèrent trop de rumeurs
aux esquifs de vaisseaux perdus
Naufragé du dernier récif
dans la sourde marée en moi
à ce corps unique et naïf
accroché sous les feux de toi
Mots écrits
mots et cris
infime griffure
trace d’ongle sur la dalle
indéchiffrée
de quelle mort?