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Citations sur Amok ou Le fou de Malaisie (151)

“Je fus possédé par l’idée de l’humilier…de cette seconde je vis à travers sa robe son corps nu… de cette seconde je ne vécus plus que dans la pensée de la posséder, de forcer un gémissement à sortir de ses lèvres dures.”
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Jusqu'à présent, j'ai pu vous faire tout comprendre... Peut-être tout bonnement, parce que, jusque-là, je me comprenais encore moi-même... et que, comme médecin, j'avais pu toujours établir un diagnostic de mon propre état. Mais, à partir de ce moment, je fus saisi comme par la fièvre... Je perdis tout contrôle sur moi-même... ou plutôt je savais bien que tout ce que je faisais était insensé, mais je n'avais plus aucun pouvoir sur moi... Je ne me comprenais plus moi-même... Je n'avais plus qu'une idée fixe : atteindre mon but... D'ailleurs, attendez... peut-être, malgré tout, pourrai-je encore vous faire comprendre... Savez-vous ce que c'est que l'amok?
- Amok?... Je crois me souvenir... c'est une espèce d'ivresse chez les Malais.
- C'est plus que de l'ivresse... c'est de la folie, une sorte de rage humaine, littéralement parlant... une crise de monomanie meurtrière et insensée, à laquelle aucune intoxication alcoolique ne peut se comparer. (...)
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J’étais là-bas dans mon trou maudit, j’étais là-bas comme l’araignée dans son filet, immobile depuis déjà des mois. C’était précisément après la saison des pluies. Pendant des semaines et des semaines, l’eau avait clapoté sur mon toit. Personne n’était venu ; aucun Européen ; chaque jour, j’avais passé le temps assis chez moi, avec mes femmes jaunes et mon bon whisky. J’étais alors au plus bas ; j’étais complètement malade de l’Europe ; quand je lisais un roman où il était question de ruelles claires et de femmes blanches, mes doigts se mettaient à trembler. Je ne puis pas vous décrire cet état ; c’est une espèce de maladie des tropiques, une nostalgie fiévreuse, furieuse, et cependant débilitante, qui quelquefois s’empare de vous.
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Le firmament brillait. Autour des étoiles qui le piquaient de scintillations blanches, il y avait de l’obscurité, mais malgré tout, le ciel étincelait. On eût dit qu’un rideau de velours était placé là, devant une formidable lumière, comme si les étoiles n’étaient que des fissures et des lucarnes à travers lesquelles passait la lueur de cette indescriptible clarté. Jamais je n’avais vu le ciel comme cette nuit-là, d’un bleu d’acier si métallique et pourtant tout éclatant, tout rayonnant, tout bruissant et tout débordant de lumière, d’une lumière qui tombait, comme voilée, de la lune et des étoiles, et qui semblait brûler, en quelque sorte, à un foyer mystérieux.
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« Savez-vous ce que c'est que l'amok ?
— Amok ?… je crois me souvenir… c'est une espèce d'ivresse chez les Malais…
— C'est plus que de l'ivresse… c'est de la folie, une sorte de rage humaine… une crise de monomanie meurtrière et insensée, à laquelle aucune intoxication alcoolique ne peut se comparer. Moi-même, au cours de mon séjour là-bas, j'ai étudié quelques cas — lorsqu'il s'agit des autres on est toujours perspicace et très positif — , mais sans que j'aie pu jamais découvrir l'effrayant secret de leur origine… C'est lié sans doute, d'une certaine façon, au climat, à cette atmosphère dense et étouffante qui oppresse les nerfs comme un orage, jusqu'à ce qu'ils craquent… Donc l'amok… oui, l'amok, voici ce que c'est : un Malais, n'importe quel brave homme plein de douceur, est en train de boire paisiblement son breuvage… il est là, apathiquement assis, indifférent et sans énergie… tout comme j'étais assis dans ma chambre… et soudain il bondit, saisit son poignard et se précipite dans la rue… il court tout droit devant lui, toujours devant lui, sans savoir où… Ce qui passe sur son chemin, homme ou animal, il l'abat avec son kris, et l'odeur du sang le rend encore plus violent… Tandis qu'il court, la bave lui vient aux lèvres, il hurle comme un possédé… mais il court, court, court, ne regarde plus à gauche, ne regarde plus à droite, ne fait plus que courir avec un hurlement strident, en tenant dans cette course épouvantable, droit devant lui, son kris ensanglanté… Les gens des villages savent qu'aucune puissance au monde ne peut arrêter un amok… et quand ils le voient venir, ils vocifèrent, du plus loin qu'ils peuvent, en guise d'avertissement : " Amok ! Amok ! " et tout s'enfuit… Mais lui, sans entendre, poursuit sa course ; il court sans entendre, il court sans voir, il assomme tout ce qu'il rencontre… jusqu'à ce qu'on l'abatte comme un chien enragé ou qu'il s'effondre, anéanti et tout écumant… »
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[...] ... "Pendant un instant, elle se tait. Puis elle incurve très légèrement sa lèvre, tressaille et dit très vite :

- "Donc, si je vous priais ... vous le feriez ?

- Vous voulez encore faire une affaire ; vous ne voulez prier qu'après avoir eu ma promesse. Il faut d'abord que ce soit vous qui m'imploriez, puis je vous répondrai ..."

"Elle dresse la tête comme un cheval fougueux. Elle me regarde avec colère.

- "Non ! Je ne vous prierai pas. Plutôt périr !"

"Alors, la colère me saisit, rouge, insensée.

- "Eh bien ! Puisque vous ne voulez pas me prier, c'est moi qui vais l'exiger. Je crois que je n'ai pas besoin d'être plus précis. Vous savez ce que je désire de vous. Après ... Après je vous aiderai."

"Pendant un instant, elle me regarda fixement. Puis - oh ! je ne peux pas, je ne peux pas dire combien ce fut atroce -, puis ses traits se tendirent et puis ... elle éclata de rire ... Elle me rit au visage avec une expression de mépris indicible ... Avec un mépris qui, pour ainsi dire, me foudroya ... tout en m'enivrant ... Ce fut comme une explosion si brusque, si violente, déchaînée par une force si monstrueuse, ce rire de mépris, que je ... que j'aurais pu m'abattre sur le sol et lui baiser les pieds. Cet état ne dura en moi qu'une seconde ... Ce fut comme un éclair, et j'avais le feu dans tout le corps ... Elle s'était déjà tournée de l'autre côté et se dirigeait rapidement vers la porte. Inconsciemment, je voulus la suivre ... pour m'excuser ... pour la supplier ... car ma force était complètement brisée ... Mais elle se retourna encore une fois et me dit, ou plutôt m'ordonna :

- "Ne vous avisez pas de me suivre ou de vous occuper de moi ... Vous le regretteriez."

"Et déjà la porte claquait derrière elle." ... [...]
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Un Européen est, en quelque sorte, arraché à son être quand, venant des grandes villes, il arrive dans une de ces maudites stations perdues dans les marais ; tôt ou tard, chacun reçoit le coup fatal : les uns boivent, les autres
fument l’opium, d’autres ne pensent qu’à donner des coups et deviennent des brutes ; de toute façon, chacun contracte sa folie.
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