"
Brûlant secret" est le titre de la première nouvelle éponyme, mais ce à quoi il fait référence pourrait s'appliquer aux quatre textes du recueil. Ce secret, c'est le coeur des relations entre les hommes et les femmes, le désir, la volupté et l'érotisme, le sexe pour le dire plus crument - mot que Zweig utilise.
Le trop jeune Edgar avec ses onze ans en a l'intuition sans pouvoir encore le comprendre, Rob à quinze ans dans le deuxième texte découvre, lui, que désir et amour ne vont pas toujours de pair, et que le coeur - ou la tête - et le corps ne souhaitent pas forcément la même chose. Dans la troisième nouvelle, le Narrateur se sent un vieil homme avec ses trente-six ans, n'observe qu'avec une certaine indifférence les femmes, même les plus voluptueuses, et s'imagine les déshabiller sans passer à l'acte, et ses sens ne se réveillent et s'enivrent que dans un autre pêché, le vol.
Le désir physique est donc le moteur de la vie, ce qui rend certains personnages insupportables, comme le Baron de la première nouvelle qui regarde les femmes comme des proies à chasser, ou le Narrateur du 3ème récit qui ne voit les femmes que nues et ne s'intéresse qu'à leur corps. Cependant, on peut voir toute la modernité de Zweig dans "
Conte crépusculaire" ou dans les "Deux Jumelles", car, là, c'est la jeune fille qui cherche à satisfaire son désir, qui fait le premier pas - comme dans
la Pitié dangereuse par exemple.
Cependant, je n'ai pas apprécié de la même façon toutes les nouvelles. Autant j'ai lu d'une traite la première et son rythme haletant où je compatissais avec Edgar, comprenant avant lui de quoi il était question mais souffrant des trahisons et des mensonges des adultes envers lui, autant j'ai trouvé Rob dans la deuxième un peu trop naïf et fleur bleue. Quant au Narrateur de "
la Nuit fantastique", il ne m'a pas plu, trop libidineux au début, trop généreux à la fin - c'est la nouvelle que j'ai le moins aimée, trop longue. Les "Deux Jumelles" de la fin sont un conte sensuel, à la forme et aux tons différents des autres nouvelles, bien agréable à lire.
Des nouvelles un peu inégales mais bien réunies par une thématique universelle, et que Zweig arrive pourtant à renouveler, et ce plusieurs fois.