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Lu en 2017. L'oeuvre avait échappé à mes découvertes adolescentes de Zweig. Ce récit construit sur un drame aussi fatal que tragique traduit en fait le propre pessimisme de l'auteur, dont le roman inachevé fut publié à titre posthume (après son suicide en 1942).
L'épisode d'"ivresse" que vit Christine, telle une Cendrillon dans la lumière, symbolise toute l'hypocrisie politique et sociale de cet entre-deux-guerres, liée au pouvoir de l'argent d'une certaine catégorie de profiteurs, face à la misère et la désespérance des plus humbles...
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Avec sa sensibilité coutumière, Zweig nous raconte sa propre Cendrillon. Naturellement, il y est bien plus question du jour d'après, on y croit même percevoir, par moments, un succédané des pensées noires qui ont pu pénétrer l'auteur vers la fin tragique de sa vie au Brésil. J'ai cependant trouvé certains développements inutilement longs.
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"Ivresse de la métamorphose" est me semble-t-il son roman le plus abouti même si dans la postface, Robert Dumont, insiste sur le caractère inachevé du texte. le lecteur discerne aisément les deux parties rédigées à deux époques différentes. La première, à Salzbourg au début des années 1930 et la seconde, en exil à Londres, à la fin de la même décennie. Il est un admirateur De Balzac. Cette admiration se manifeste dans le récit et les descriptions de la société viennoise. Elle oppose celle des nantis et celle du petit peuple. Ce dernier supporte les difficiles réparations suite à la Première Guerre mondiale ainsi que la crise de 1929 importée des Etats-Unis, créant chômage, pauvreté et colère.
Dans la première partie, nous découvrons dans un bureau de poste d'un village autrichien, Christine, une jeune femme de vingt-huit ans. Célibataire, elle vit avec sa mère malade dans un logement décrépi. Son père et son frère sont morts durant la Première Guerre. Un télégramme d'une tante américaine va bouleverser son quotidien morose et la propulser dans un univers privilégié durant quelques jours. La révélation qu'un autre monde existe, celui de la liberté est un vrai miracle. Elle échappe provisoirement à ce monde étouffant où un sou et un sou, ou la musique et les loisirs n'ont pas leur place, où la faim est omniprésente. le décalage est si énorme qu'elle s'y noie. le retour à la réalité en est d'autant plus douloureux lorsque la jeune femme doit retourner dans son village.
"Qui suis-je ? Qui suis-je en vérité ?". Cette question, Ferdinand aussi se la posera, dans la seconde partie du roman. Lui a quarante ans. Ancien soldat, il vivote de petit boulot. Ce qui le ronge, lui qui voulait être architecte. Mais la Grande Guerre a fauché son avenir. La douleur et la rage contre un Etat qui l'ignore, contre une société qui le méprise le dévorent de l'intérieur. " c'est ainsi que la fureur vous prend et qu'on s'enferme soi-même comme un chien méchant." Il rencontre Christine chez le beau-frère de cette dernière à Vienne. Cet évènement scelle leur engagement.
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Une postière à la vie rangée dans un petit village tranquille d'Autriche, sa mère malade, reçoit un télégramme de sa tante mariée aux États-Unis. Elle l'invite à venir la voir en Suisse. Hésitante, intimidée, Christine part en train et est reçue dans un Palace luxueux par sa tante qui entreprend de la coiffer, l'habiller, l'introduire dans le monde du luxe et de l'insouciance des gens riches. Christine se découvre belle et désirable, elle s'enivre de sa métamorphose jusqu'à modifier son nom, ce qui sème les germes du doute et amène sa tante à mettre fin abruptement à son séjour. Déprimée, elle refuse de se laisser mourir dans sa vie rangée alors que la mort de sa mère l'amène à rencontrer un ancien combattant ami de son beau-frère avec lequel elle se lie d'amitié. le partage du refus d'une vie de pauvreté et sans perspective de se libérer de leur destin les rapprochent. Oserons-t-ils réaliser leur projet ultime ?
Stefan Zweig nous plonge dans la passion, l'ivresse puis l'angoisse et la misère de ses rêves anarchistes qui l'ont hanté alors que la fascisme s'étendait en Europe dans les années 30 en mettant en scène le destin de cette jeune femme qui se découvre avec éclat lorsque plongée dans un autre milieu que le sien. Il décrit avec talent les dilemmes et conflits de valeur qui l'assaille. C'est beau, émouvant et illustre bien comment nous aimons et pouvons changer notre manière d'être, notre personnalité, notre vision de la vie lorsque nous changeons de milieu, de pays, de culture. Même si la fin sonne fataliste (choisir entre la soumission ou la révolte absolue), ce roman a une portée universelle sur les doubles qui nous habitent et qu'on oublie de cultiver au contact des autres. Un livre majeur qui fait réfléchir sur le courage d'être soi-même et de vouloir être libre.
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C'est la dernière oeuvre que Stefan Zweig a écrite.
On y discerne toute la tristesse, la colère, le dégoût de la vie.

Il y a une petite note d'espoir et puis les derniers mots tombent comme un couperet.
Un titre intelligemment bien trouvé…
On y découvre toute la beauté de l'opulence, de l'amour, du désir et puis le rejet, la honte, la pauvreté, et la lâcheté.
L'avantage avec Stefan Zweig c'est que l'on peut s'arrêter de lire, pour relire encore et encore ces mots qui se déversent comme un poème douloureux.

Extrait :

Qu'on ne vienne pas me dire qu'il faut se contenter de respirer et manger à sa faim, et qu'ainsi tout est en ordre. Je ne crois plus à rien, ni en Dieu, ni en l'État, ni à un sens quelconque du monde, à rien. Aussi longtemps que je n'aurai pas le sentiment d'avoir acquis ce qui me revenait, mon droit à la vie, aussi longtemps que je ne l'aurai pas, je dirai que l'on m'a volé, que l'on m'a trompé.
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Je me suis replongée dans les affres de la psychologie tourmentée des personnages de l'auteur que j'adore : Stefan Zweig.

Cette fois, c'est la vie d'une jeune employée des Postes que nous partageons, pauvre, s'occupant de sa mère très malade dans un réduit quasi insalubre. Elle a l'occasion de connaitre une expérience exaltante : des vacances avec sa tante d'Amérique, en Suisse, dans un hôtel luxueux. le changement de son existence étriquée en quelques jours merveilleux l'a métamorphosée, et ce, jusqu'à ce qu'arrive à nouveau un retournement de situation. Les rêves évanouis vont-ils interférer dans sa vie, au point de la bouleverser à nouveau ?

Ce roman en deux parties parle essentiellement de la pauvreté et de la richesse.
Dans cette société des années vingt, le fossé est énorme entre les privilégiés et les autres.
Stefan Zweig nous fait connaitre de l'intérieur les tourments des moins nantis, leurs réactions devant la richesse qui s'étale, ou même simplement devant une vie un peu moins dure que la leur.
C'est extrêmement fouillé, très clair, très lucide. Cela se lit lentement, car tout a un poids. L'action n'avance pas beaucoup, donc la stagnation dans ces eaux boueuses de la pauvreté, après une parenthèse passionnée et fiévreuse dans la richesse, n'en est que plus dure.

Le roman est inachevé, puisque Zweig s'est suicidé, et c'est à nous d'interpréter la suite possible. En tout cas, l'état d'esprit de l'auteur se reflète complètement dans ce roman de la désespérance.
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Comme dans un conte de fée, par un coup de baguette magique, la modeste demoiselle des Postes est propulsée dans le monde des nantis « l'accomplissement précède le désir encore informulé ».

Du jour au lendemain, toute se transforme pour cette petite provinciale timide : Christine Hoflehner devient Christina von Boolen . Des petites mains à son service modifient sa coiffure, la vêtent d'atours luxueux qui tels des talismans font d'elle une princesse admirée, courtisée par des princes charmants.

Tout aussi brusquement, neuf jours plus tard, le sortilège disparaît.
Devenue indésirable, dans ce lieu où elle avait connu l'ivresse de la métamorphose, elle retrouve ses tristes vêtements, quitte l'hôtel par la porte de service, revient chez elle où sa mère vient de mourir.

Grandeur et décadence ! Plus dure est la chute pour celle qui revenant dans le monde d'en bas a connu le monde d'en haut ! Elle sombre alors dans la misère, la solitude, dans une amertume qui se conjuguera ensuite avec la rancoeur de son compagnon de misère Ferdinand. Après l'ascension fulgurante, la lente descente aux enfers.

Somme toute, des situations bien romanesques qui n'ont rien à envier à celles des romans de gare , me direz-vous ……. Pourtant, ce qui n'aurait été ailleurs qu'une intrigue conventionnelle devient sous la plume de Zweig la trame d'un magnifique roman .

Une écriture souple et fluide qui épouse les méandres de l'analyse psychologique sublime le contenu de l'ouvrage, une écriture qui donne toute sa mesure lorsque Zweig évoque des sensations paroxysmiques, d'exaltation, au contraire, de profonde dépression. Une action dont l'intérêt ne faiblit jamais, que Zweig fait dépendre du contexte politique et social des années 1914 - 1926 et qu'il situe en des lieux dont l'atmosphère imprime fortement l'esprit des personnages.
La longue description –balzacienne- qui ouvre le roman, puis celle du grand hôtel où Christina rayonne, épanouie, et, comme en écho inversé, celle de l'hôtel borgne et sordide où Ferdinand et Christine vivent leur première et triste relation amoureuse en sont des exemples. Tout en évitant le manichéisme, Zweig se fait observateur de la comédie humaine, jetant un regard décapant sur les conventions, les préjugés des membres de la haute société qui hante les salons du grand hôtel .

Un roman riche, flamboyant dont la fin ouverte et troublante incite le lecteur à envisager lui-même l'issue du drame.
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Il y a des livres que l'on referme en se disant "c'était un bon livre" et on le remet dans sa bibliothèque. Il y en a d'autres que l'on referme sans faire de commentaire à soi-même parce que la dernière page lue il continue à vous habiter. L'ivresse de la métamorphose fait parti de ceux là. J'avoue que j'ai accéléré sa lecture à la fin car je voulais connaitre au plus vite le dénouement final afin de me délivrer de l'angoisse de savoir ce qu'il allait advenir à ces deux êtres mal traités par la vie. Je me suis rarement senti aussi proche de la principale héroïne de l'histoire. Grâce au talent de l'écrivain nous entrons de plein pied dans l'histoire de Christine dès la première page. Nous nous voyons dans le bureau de poste de cette petite ville d'Autriche puis dans les alpes suisse.
La prouesse de l'auteur est de nous faire habiter dans Christine sans distance. Un livre d'une grande humanité.
Un livre centenaire qui apparait si actuel avec cette évocation des "cabossés" des "invisibles" de la vie.
La mise en parallèle de ceux qui ont tout avec ceux qui n'ont que leur corps est étourdissante : elle ne peut que provoquer de l'ivresse.
Une évocation de la vie de Christine qui conduit à la réflexion et au respect.
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Encore une fiction réussie de Zweig !
Ce roman démontre comment l'argent défini une personne, comment la sécurité qu'il induit lui permet d'exercer tout son potentiel.
Coincée dans une petite vie minable, entre sa mère handicapée et son travail routinier, mal payé, Christine vit dans la peur de la faute, de l'oubli. Quand soudain elle est invitée en vacances en Suisse, elle se transforme. D'abord gauche et timide, elle devient volubile, gaie et très entourée, une fois revêtue de vêtements légers et nourrie de mets fins. Son teint s'anime, sa silhouette se redresse, sa démarche devient dansante.
Lorsque ces vacances prennent brutalement fin, elle reprend avec peine sa vie d'avant. Elle noue une relation avec un homme rencontré lors de son voyage de retour, lui aussi aigri par sa pauvreté due à la guerre. Tous deux cherchent une solution à leur médiocrité.

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Roman inachevé publié à titre posthume, et dont la rédaction, étalée sur une dizaine d'années (1930-39), reflète les différences de ton entre les deux parties de l'oeuvre. Il semble prémonitoire du désespoir et de la fin de l'écrivain, suicidé en 1942.
Christine est une jeune femme de vingt-huit ans, employée de la Poste d'une petite ville en Autriche, Klein-Reifling. On est en 1926, et l'empreinte de la Première Guerre est forte : décès dans les familles (Christine a perdu son père et son frère), pénurie, pauvreté.
Christine, qui ne sait plus être joyeuse, ne se réjouit pas quand une tante d'Amérique lui offre de les rejoindre, elle et son mari, dans les Alpes suisses, à Pontresina, pour une quinzaine de jours. Elle craint de laisser seule sa mère très malade, mais s'y résout finalement et prend le train. Honteuse de son bagage si mince, de ses pauvres guenilles râpées, de ses chaussures usées, alors qu'elle découvre avec émerveillement un milieu riche, fastueux, élégant, dès que sa tante a renouvelé sa garde-robe et son allure.
Elle prend le nom, de consonance noble, van Boonen, de ses oncle et tante, et connaît cette ivresse de la métamorphose qui donne son titre au roman : elle goûte pleinement les plaisirs liés à l'aisance matérielle, transforme sa morosité en allégresse et sociabilité, et attire sur elle l'attention des jeunes gens de la station. Elle en oublie son ancienne condition sociale, qu'elle va jusqu'à renier, tout en s'interrogeant sur elle-même, sur sa personne.
Enthousiaste jusqu'à la désinvolture, elle ne se rend pas compte de ce qui se trame dans son dos, l'attirance pour les promesses d'héritage qu'elle suscite, ou la jalousie de personnes dont elle prend la place. La réalité de sa condition modeste est révélée, la société de la station la désavoue, et Christine est chassée par sa tante, effrayée par le scandale qui menace. C'est piteusement qu'elle quitte Pontresina.

De retour chez elle, Christine enterre sa mère qui vient de mourir, et reprend sa vie de misère. Lors d'une escapade à Vienne, elle rencontre Ferdinand, un jeune homme qui a perdu onze ans en captivité, a été amputé de deux doigts. Infirme qui travaille pour un salaire minable, il se présente avec des sautes d'humeur, une virulence tournée vers la société de l'argent, les élites, les bourgeois, les injustices, les détournements perpétrés par l'État voleur. Christine et Ferdinand se voient tous les dimanches, se réconfortent l'un l'autre, mais ne peuvent que faire le constat de leur pauvreté, de leurs limites, de leur manque de perspectives. Ils sont animés par la même révolte et le même désir de revanche. Jusqu'au jour où se dessinent une intention démoniaque, un projet crapuleux pour sortir de cette vie de misère, la perspective de devenir riche en volant la Poste et l'État. Plan risqué, mais minutieusement étudié par Ferdinand, et sur lequel s'arrête le roman. Vont-ils inverser une tendance à perdre ? On ne saura pas, tandis que l'arme pour se suicider est prête, en cas d'échec.

Stefan Zweig est parfaitement convaincant dans ses descriptions d'une société opulente comme des bas-fonds urbains, dans ses analyses psychologiques comme dans leurs évolutions, dans la détermination à lutter contre l'injustice, la guerre, les égoïsmes. Finalement, roman psychologique ou pamphlet sociologique ? L'écriture de Zweig se reconnait vite, toute en finesse, limpide, cristalline, elle épouse son propos sans s'encombrer de fioritures, mais s'attachant à être juste, précise, circonstanciée.
Un roman parfois un peu redondant, avec quelques démesures, gérées avec aisance et habileté. Un roman exaltant, vivifiant, nourrissant.
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