il est toujours dangereux, pour des courtisans, de ne pas comprendre les désirs secrets de leur souverain. Mais il est souvent plus funeste encore de les avoir trop bien compris.
De tout temps la politique a été la science de l'absurdité.
L’insouciance est la grâce de l'enfance.
La bataille est leur plaisir, la jalousie leur mobile, l'ambition la pensée de toute leur vie.
Les Stuart sont constamment obligés de se battre contre l'ennemi du dehors, contre l’ennemi du dedans et contre eux-mêmes.
Cette éternelle misère est une plaie suppurante sur le corps de l'Écosse par laquelle s'échappe sa puissance politique. En raison de la nécessité et de la cupidité de ses rois, de ses lords, des ses barons, cet État sera toujours un jouet sanglant entre les mains des puissances étrangères.
L'humiliation qu'on vient de lui infliger transforme son caractère, et ce pour toujours. Dans la forge ardente de cette terrible expérience où son insouciance s'est vue trahie à la fois par son époux, son frère, ses sujets, tout, chez cette femme ordinairement douce et tendre, se trempe et acquiert la dureté et l'inflexibilité d'une épée. Mais comme toute bonne épée a deux tranchants, le caractère de Marie Stuart montre deux faces à partir de cette nuit où prend naissance la série de ses malheurs. La grande et sanglante tragédie a commencé.
Après bien des années d'attente calme et patiente, la femme s'est éveillée en Marie Stuart. Jusqu'alors elle n'avait été que fille, femme et veuve de roi, le jouet de volontés étrangères, une docile créature de la diplomatie. Mais maintenant, un sentiment véritable vient d'éclore dans son coeur, elle veut disposer librement de son jeune corps. Elle n'écoute plus les autres. Elle n'entend plus que les pulsations de son sang, elle n'obéit plus qu'au désir et à la volonté de ses sens. Et c'est ici que commence l'histoire de sa vie intérieure.
La vie d'Elisabeth personnifie l'énergie d'une nation qui veut conquérir sa place dans l'univers ; la fin de Marie Stuart, c'est la mort héroïque et sublime d'une époque. Mais dans ce combat chacune d'elles réalise parfaitement son idéal : Elisabeth, la réaliste, vainc dans le domaine de l'Histoire, Marie Stuart, la romantique, dans celui de la poésie et de la légende.
La couronne nous est venue avec une femme, elle s’en ira avec une femme ! _ derniers mots de Jacques V