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EAN : 978B001C6JG4M
Nelson (30/11/-1)
3.79/5   12 notes
Résumé :
Jean de La Brète, pseudonyme d’Alice Cherbonnel, est une écrivaine française née à Saumur en 1858 et morte en 1945.

Reine vit aux Buissons entre sa tante, Mme de Laval, vieille femme acariâtre qui lui fait la vie dure, et son curé qui est son précepteur et son conseiller. Le hasard veut qu'un accident d'auto fasse arrêter le cousin de Reine, Paul de Comprat, aux Buissons. Reine, enchantée, veut faire durer le séjour de Paul et démolit sa voiture à co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Mon oncle et mon curé » a été écrit par une jeune femme, Alice Cherbonnel, de son pseudo Jean de la Brète. Née en 1858 à Saumur et décédée en 1945, Alice Cherbonnel était d'un caractère souriant et mesuré. Sa douceur angevine lui venait de sa mère mais elle tenait probablement son humeur taquine, provocatrice, voire belliqueuse de la ville d'Avranches dans laquelle elle résidait, ville qui s'est fait connaître par sa résistance à l'ennemi et à ses assauts. Quand elle écrivit « Mon oncle et mon curé », Alice Cherbonnel était triste et en deuil : ce livre est donc au croisement du sérieux et de la mélancolie.

L'histoire ? Reine de Laval, seize ans, vit dans un « trou paumé » (intitulé « aux Buissons ») entre sa tante, Mme de Laval, vieille femme acariâtre qui lui fait la vie dure, et son curé qui est son précepteur, son conseiller et son unique confident : son curé a le rayonnement des êtres supérieurement simples et totalement bons. Reine rêve à l'amour, même imaginaire : ses lectures (notamment « La Jolie Fille de Perth, de Walter Scott) lui procurent une demeure spirituelle indépendante et protectrice. Reine se révolte contre sa tante qui la dénigre, la méprise et la bat : elle me secoua (page 30) à m'en disloquer l'épaule. Un jour, le cousin de Reine, Paul de Comprat, vient à s'arrêter aux Buissons : il est si beau ! Reine tombe amoureuse du jeune homme. Les deux jeunes gens se plaisent, mais ne se l'avouent pas. Reine s'enfuit après un coup de colère contre sa tante et demande l'hospitalité chez l'oncle de Paul, M. de Pavolles (l'oncle paye entre les mains de Mme de Laval et de ses propres deniers l'éducation de Reine). M. de Pavolles accueille Reine dans son château. Là, elle rencontre Blanche, sa cousine, une superbe jeune femme qui est profondément aimée de Paul. Désespoir de Reine : on souffre à seize ans (page 235) comme on souffre à tout âge. Comment ne pas se sentir insignifiante dans l'ombre d'une telle déesse ? Parce qu'elle est ravissante et vive comme un elfe, parce qu'elle est pétrie de tendresse et d'humour, Reine a cependant de nombreux prétendants (on la demande cinq fois en mariage), mais aucun ne l'émeut. Blanche rencontre lors d'un bal un homme dont elle s'éprend : le mariage a lieu dans les mois qui suivent. de dépit, Paul de Comprat accepte un poste en Russie. Quelques années s'écoulent. Il revient et tombe dans les bras de Reine, qu'il demande en mariage. Reine et Paul s'aimèrent et eurent de nombreux enfants !

Roman « à l'eau de rose » ? Roman un peu « nunuche » ? Roman délicieusement désuet, pour jeunes filles ? Peut-être. En tous cas, voici un roman écrit en 1889. Vous êtes en pleine province française. L'histoire est simple et classique. Vous avez une ingénue (Reine), une duègne (la tante), une servante (Perrine, fille de basse-cour ; Suzon, cuisinière) un personnage un peu bébête (Jean, fermier) et un jeune premier tout à fait séduisant. le style est vivant, très imagé, sans digression et assez original puisque c'est Reine qui raconte elle-même ce qui lui arrive. Certaines expressions prêtent à sourire par leur fraîcheur ou par le côté caustique qui les sous-tend. Il faut dire que Reine n'a pas sa langue dans sa poche : elle contredit, réplique et donne son opinion à tous propos et sans ménager son interlocuteur, quelque soit son sexe, son âge ou sa condition sociale. Bref, elle « envoie de l'air » !

Reine pourrait se résigner, renoncer et se sacrifier aux conventions, acceptant sa condition de jeune fille, attendant sagement et docilement la venue du prince charmant. Il n'en est rien. Elle voit clair et elle n'a pas sa langue dans sa poche. Ainsi, sa tante (page 69) a le goût d'une femme du peuple ; d'origine plébéienne, elle est ignorante comme une carpe (page 47), elle a (page 43) l'air gracieux d'un dogue auquel on a pris un os. Suzon (page 32), aime sincèrement sa maîtresse mais elle a la mine rébarbative d'un voleur de grands chemins. Jean (page 54) est un phénomène de bêtise. Paul, son héros, est gras (page 89), bien vivant et joyeux : quand il mange, il a (page 94) une faim de cannibale. Reine a une haute opinion d'elle-même : enfant (page 12), elle avait déjà un goût inné pour l'ordre, une voix douce et musicale (page 12) ; son écriture (page 15) était nette et son style facile ; elle avait des qualités petites, grandes et moyennes, et de défaut, il n'était point question (page 119). Pas plus haute qu'un elfe (page 126), elle est diablement jolie et si on lui tourne autour, c'est parce qu'une dot importante est en jeu : avec une jolie dot (page 142), vous constituez un plat parfait et rare.

Reine dénonce les idées toutes faites : quand les enfants se mêlent de raisonner (page19), les mortels entendent bien des sottises ; discuter est un pêché d'orgueil (page 19) ; la raison (page 19) est la plus belle faculté de l'homme (on n'a pas dit de la femme) ; les jeunes filles (page 49) ne doivent parler que lorsqu'on les interroge. Reine glisse de temps en temps un jugement personnel : les hommes (page 51) sont des mécréants, des sacripants, des gens qui ne pensent qu'à jouir et à manger. Parfois, c'est assez provocant : ainsi, elle évoque (page 82), l'ennui des sermons à l'église, église dont les saints (page 76) se contemplaient avec surprise, étonnés d'être si laids ; le mariage (page 149) est considéré par les hommes comme une institution qui livre une victime (l'homme) à son bourreau ; plus loin, elle tourne la philosophie, le gouvernement, les légitimistes, les républicains, les impérialistes, les révolutionnaires, les bonapartistes et les parlementaires en dérision, prenant même le lecteur à témoin (nous sommes au début de la IIIème république); respecter l'étiquette (page 161) c'est la moitié du temps dire ce qu'on ne pense pas, et cacher ce qu'on pense ; puis, les curés (page 213) sont comme des rats dans un fromage car ils ignorent les catastrophes qui peuvent fondre sur la tête des gens.

Dans certains cas, Reine énonce toutefois de grosses sottises : elle considère que son ancêtre le Chevalier de Laval qui défendait le Mont Saint-Michel des assauts des anglais (page 176) était un gros nigaud ; plus loin, elle dit à son oncle, alors qu'elle est en train de continuer à danser lors d'un bal donné en son honneur, qu'on ne l'emmènera (page 177) que par la force des baïonnettes ; puis, jalouse de sa cousine Blanche, elle s'évertue à dénoncer Paul (page 192) qui a baillé pendant que Blanche jouait au piano ; enfin, furieuse, elle annonce (page 209) que la plus charmante position dans la vie c'est celle de veuve.

Ce roman est une peinture de la société de la fin du 19ème siècle. Sur fond d'amour platonique entre une jeune fille et un beau jeune homme, l'auteur nous démontre avec sa sensibilité féminine et beaucoup de provocation que la noblesse est probablement la seule chose qui vaille mais que les conventions constituent un carcan qu'il faudrait desserrer : (page 227) « Je tiens pour certain qu'il n'y a que les sots, les poseurs et les gens sans coeur qui prétendent ne jamais sacrifier des lois de convention à un sentiment vrai et profond ». Sans prétention, cet ouvrage offre de bons moments de lecture. Pour information, cette histoire fut portée avec succès à l'écran en mars 1939 par Pierre Caron (dialoguiste Jean Nohain, directeur de la photographie Willy Faktorovitch).
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Il faut lire ce livre !
Je sais, c'est une brocante ( éd. 1889), mais on peut peut-être l'avoir sur internet en "liseuse" ?
Il y a tout : un style fluide et même "bondissant", un livre très agréable à lire, car l'héroïne, Reine, 16 ans, est décalée et franche, elle a de l'aplomb, est logique et effrontée, a de la répartie, et elle fait fi des convenances, dans ce monde de province d'étiquette et du "qu'en dira-t-on". Elle fouine dans la bibliothèque interdite.
Jean de la Brète ( 1858-1945), nom de plume d'Alice Cherbonnel, a surtout beaucoup d'humour : je me suis éclaté !
Voilà la situation :
Reine de Lavalle, lilliputienne élevée par sa tante aigrie qui la frappe, menace de le révéler à son cher curé, son précepteur.
"Reine est une belle plante qui a poussé dans un terrain ingrat".
Arrive Paul de Comprat, qui vient se réfugier chez eux un jour de pluie. Pour Reine, "c'est un homme, un vrai, comme François Premier"! Elle s'éprend de lui. La tante décède, Rose va vivre chez son oncle, voisin de Paul.
.
Oui, il y a beaucoup d'humour, comme par exemple, quand Rose, innocente, découvre dans un livre que "le beau François Premier aimait les femmes" : c'était donc un homme bon ! Et le curé qui lève les bras au ciel, et s'arrache les cheveux ! Enfin, l'auteure décrit ce passage beaucoup mieux que moi :)
Il y a dans ce livre, beaucoup de comiques de situation, dignes de Molière ;
l'auteur décrit aussi d'une belle plume, toute l'émotion dégagée entre Rose et son cher curé, la seule personne (avec Paul et son oncle), qu'elle respecte, quand la jeune fille le quitte pour aller vivre chez son oncle, qui sera son deuxième confident ;
enfin, il y a une belle analyse sentimentale de Rose.
.
Et on se pose la question jusqu'à la fin :
qui Paul va-t-il choisir ? Reine ou "Junon" ?
.
Bref, une auteure oubliée qui mérite largement de revenir sur le devant de la scène ! Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde !
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Un livre que j'allais pêcher régulièrement dans le grenier de ma mère, puisque je le remettais à sa place après chaque (re)lecture. Un livre qu'elle avait lu à l'âge où à mon tour je le découvrais.
Histoire d'une toute jeune provinciale, grandie dans la maison d'une tante acariâtre, radine et revêche, instruite par un bonhomme de curé qui s'est pris d'affection pour cette orpheline, fine et futée. C'est elle qui narre l'histoire, c'est pétillant, drôle.

Je retrouve l'impertinence de la narratrice avec plaisir. Les réflexions et l'humour de la jeune personne, ignorante de la vie en société mais raisonneuse en diable, sont séduisants. Mais je dois bien reconnaître que la description de son milieu – à la fin de l'avant dernier siècle peut-être – reste superficielle et totalement réactionnaire. Vivre de ses rentes est la norme, le mariage est la vocation revendiquée par les jeunes filles, les domestiques sont des caricatures à la limite de la débilité.

Petit ouvrage, édité pour la première fois en 1889, pour l'édification souriante des jeunes personnes de bonne famille. Tout juste désuet...

Reste pourtant le plaisir de la langue de nos anciens, une ancienne en l'occurrence, qui savaient l'écrire avec élégance, sans omettre l'imparfait du subjonctif qui coule de source, cerise sur ce gâteau léger, romanesque et moqueur à la fois.
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J'avoue que je ne m'attendais pas à un tel régal en entamant ce livre! Le personnage de Reine est assez impressionnant, hallucinant! Ignorante, naïve, intrepide, audacieuse, altière, et de tout cela, il faut ajouter qu'elle est mal élévée, comme on le dirait dans le monde. Ce qui aurait pu faire d'elle une sauvageonne, elle devient, en fait, en quelque sorte, une sauvageonne éclairée...l'auteure se sert d'elle pour critiquer le monde aristocratique où les vrais sentiments sont reprimés et seule l'hypocrisie règne en maître. Je viens de passer un moment agréable avec cette Reine que j'ai vraiment adoré!
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Quelle amusante lecture, à la fois parce qu'il y a pas mal d'humour dans le texte, et parce que c'esst tout à fait charmant de lire une histoire aussi ancienne
Curieusement, j'ai eu l'impression que c'était bien plus vieux que Jane Austen, alors que ça a presque un siècle de moins.
C'est tout de même joliment désuet.

Reine, seize ans, vit totalement à l'écart du monde, chez une vieille tante qui l'a recueillie pour son héritage, qui la maltraite et l'humilie.
La seule personne qu'elle a le droit de voir, à part les domestiques, est "son" curé, qui lui sert de précepteur, et qui, par chance, est une très belle personnalité, à la fois bon, intelligent et plein d'humour. Ce qui probablement sauve la fillette.
Par hasard, elle rencontre un lointain cousin, dont elle tombe forcément amoureuse, puisque c'est le seul garçon de sa connaissance.
A la mort de sa tante, elle est recueillie par un oncle, chez qui elle va revoir fréquemment le jeune homme. Elle y gagne aussi une charmante cousine.
Intrépide et vive, elle montre beaucoup de naïveté, et aussi beaucoup d'impolitesse. Elle n'a pas appris en vivre en société, et les moeurs de l'époque sont assez strictes.
Elle est parfois amusante, mais m'a agacée aussi, par son extrême naïveté en se vantant de tout savoir.

En fait, on a l'impression qu'elle a plutôt douze ou treize ans que seize, reflet d'une époque lointaine sans doute.

Je dois dire que je me suis bien amusée à cette lecture, que j'ai dévoré en rien de temps. Drôle, mais on y apprend beaucoup de choses sur l'époque.

Merci à Effe qui m'a demandé si je connaissais ce roman. J'ai cherché, découvert qu'il était dans le domaine public (donc gratuit en numérique), et immédiatement commencé à le lire !

Je note un peu plus d'extraits que d'habitude, pour se rendre compte du style.
Lien : https://livresjeunessejangel..
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
page 163
[...] Quand je me regardais dans la glace, je constatais que mes yeux bruns avaient un éclat nouveau, que ma bouche était plus fraîche et que mon teint de Méridionale prenait des tons rosés et délicats qui excitaient chez moi une vive satisfaction. [...]. Je m'épanouissais dans un milieu sympathique à tous mes goûts; je me chauffais aux rayons de mon bonheur, comme un lézard aux rayons du soleil. [...]
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(Mon curé)

Sa bonne âme placide, tranquille, amie du repos, de la routine, de ses ouailles et du corps qui la possédait, n’avait jamais, au grand jamais, rêvé le martyre. Je le voyais pâlir, autant du moins que ses joues roses le lui permettaient, en lisant le récit des supplices infligés aux premiers chrétiens.
Il trouvait très beau d’entrer dans le paradis d’un bond héroïque, mais il pensait qu’il était bien doux de s’avancer tranquillement vers l’éternité sans fatigue et sans hâte. Il n’avait pas de ces élans exaltés qui inspirent le désir de la mort pour voir plus tôt le souverain des mondes et du temps. Oh ! point du tout ! Il était décidé à s’en aller sans murmurer quand son heure arriverait, mais il désirait sincèrement que ce fût le plus tard possible.
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– Ah ! bah ! les gens malheureux le sont le
plus souvent par leur faute, parce qu’ils prennent
la vie à l’envers. Voyez-vous, le malheur n’existe
pas, c’est la bêtise humaine qui existe.
– Mais voilà déjà un malheur, répliqua le curé.
– Assez négatif en lui-même, monsieur le
curé, et, de ce que mon voisin est bête, il ne
s’ensuit pas que je doive l’imiter.
– Vous aimez le paradoxe, monsieur ?
– Point ; mais j’enrage quand je vois tant de
gens assombrir leur existence par une
imagination maladive. Je suppose qu’ils ne
mangent pas assez, qu’ils vivent d’alouettes ou
d’œufs à la coque, et se détraquent la cervelle en même temps que l’estomac. J’adore la vie, je
pense que chacun devrait la trouver belle et
qu’elle n’a qu’un défaut : c’est de finir, et de finir
si vite !
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C’est un grand bonheur d’avoir une jolie figure, mon cher curé, beaucoup plus grand que vous ne vouliez bien me le dire ; on plaît à tout le monde et, quand je serai grand-mère, je raconterai à mes petits-enfants que c’est là la première et ravissante découverte que j’aie faite en entrant dans la vie. Mais nous avons le temps d’y penser.
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Dans la nuit, je rêvai que ma tante, transformée en dragon, luttait contre François Ier qui la pourfendait de sa grande épée. Il me prenait dans ses bras et s'envolait avec moi, tandis que le curé nous regardait d'un air désolé et s'essuyait le visage avec son mouchoir à carreaux.
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