Ai pensé, avant d'y entrer, à Alexandre le bienheureux, même registre pour le côté dru, paysan, mieux traduit par les mots, mais en lisant : différence dans le refus du travail qui pour Alexandre est fuite devant tout effort, pour Zozo un recul obstiné, même quand maladroit, devant toute subordination, parce que s'active Zozo, et glorifie ses actes. Roi du chômage obstiné (et l'auteur spécifie bien que cela se situe à l'époque où il fallait se donner du mal pour l'obtenir ce chômage, où il n'était pas imposé comme en nos jours), mais aussi roi du mensonge orné, superbe, auquel personne ne croit mais que l'on savoure. de quoi entrer dans la légende, même petite, à son échelle.
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Il n'a pas beaucoup de lecteur mais ce livre est une petite pépite, des images et des odeurs, pimenté par un bon argot local et surtout des portraits au vitriol ! À découvrir absolument !!
C'est léger en étant philosophique, c'est fin et subtil de sens derrière des grossièretés, c'est du bon humour noir et décalé comme je les aime.
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drôle haut en couleur mais pas forcément très bien écrit
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Chaque hiver Zozo ressortait donc un des livres du tiroir du buffet et en parcourait lentement le récit avec toujours le même émerveillement attentif.
Il revoyait en pensée le vieil instituteur et le tout jeune Zozo, les sorties communes sur les champs cendreux de septembre ou dans les taillis fangeux de novembre et il murmurait que, nom de dieu, jamais il n'avait rencontré depuis un autre bonhomme de cette trempe là.
Il n'était pas très fier, Zozo, même si la perspective de voir un sanglier en vrai l'excitait. Il n'était pas fier parce qu'il prévoyait ce qu'il redoutait le plus de la société des hommes, l'affrontement. Il serait seul face à une bande de propriétaires arrogants et de chasseurs chevronnés qui avaient manoeuvré pour l'exclure.
finalement sur son lit où il demeura étendu une bonne huitaine de jours avant de reprendre, claudiquant sur des béquilles et rasant les murs, le chemin de la basse-cour et du toit à cochon, puis, discrètement, la clef des champs à la découverte des moeurs estivales du gibier, en prenant toutefois bien soin d'éviter par de larges détours à travers les sous-bois les chantiers maudits de l'adduction d'eau.
Il tirait des oiseaux ! Autant qu'il en voyait et il en voyait beaucoup ! Poussées par un petit vent frisquet de l'est, les grives étaient de passage, les merles fourrageaient sous les pommiers ou dans les arbustes à baies, des bandes erratiques de gros bruants jaunes s'abattaient sur les jeunes labours et des passereaux de toutes sortes butinaient par petits vols saccadés les dernières miettes éparpillées sur les champs dénudés de l'automne.
ça devait arriver un jour ou l'autre avec tout ce pinard, mauvais comme tout, en plus ! Zozo était foutu, il avait des visions. Bientôt viendraient les rats, les serpents et les araignées. Pauvre homme ! On s'enquit tout de même, pour rire un peu, où est-e qu'il était accroché, son pendu ? Aux primevères !