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6 livres recommandés par Amélie Fléchais et Jonathan Garnier, auteurs de Bergères Guerrières
Découvrez les coups de cœur littéraires des bédéastes

Article publié le 26/01/2024 par Nathan Lévêque

 

La série Bergères Guerrières a été lauréate du Fauve Jeunesse en 2022, et s'affirme depuis comme un beau succès de librairie auprès des enfants. Mais elle est d'abord conçue par les auteurs comme une saga aux thématiques sombres et aux émotions fortes pouvant plaire à tout lecteur. Autant de raisons qui font que ces bandes dessinées ont séduit des centaines de lecteurs et lectrices sur Babelio, qui la notent en moyenne 4,40/5. À quelques jours de l’ouverture du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, où une exposition ludique et immersive leur est consacrée, nous avons rencontré le scénariste  Jonathan Garnier et l'illustratrice Amélie Fléchais pour en savoir plus sur leurs inspirations et glâner des recommandations de lecture.

 


Les auteurs de Bergères Guerrières ont tous deux vécu plusieurs vies avant de se lancer en bande dessinée… et continuent d’accrocher plusieurs cordes à leurs arcs !
 

Jonathan Garnier a fait des études de graphisme et de bande dessinée, et travaillé dans les mondes du jeu vidéo et de l’édition avant de se lancer en tant qu’auteur. S’il a d’abord publié dans le recueil DobbyBags, c’est avec Momo, cosignée par Rony Hotin, qu’il se fait remarquer du public et remporte, en 2017, une Pépite au Salon du Livre Jeunesse de Montreuil. Ce dyptique bourré d’émotions emmène le lecteur dans un univers très réaliste, contrairement aux autres séries qu’il a publiées depuis : Timo l'aventurier, qui porte bien son nom, et bien sûr Bergères Guerrières, qui allie également fantasy et aventure. En parallèle, il se consacre à l’écriture de projets numériques ainsi qu’à la photographie.


Amélie Fléchais, de son côté, a commencé par faire ses armes dans le cinéma d’animation, domaine dans lequel elle travaille encore de temps en temps. Concept artist sur de nombreux projets que vous avez certainement vus sur grand écran, elle a par exemple travaillé pour Le Chant de la Mer, Trolls ou encore En avant ! Elle entre en bande dessinée avec Chemin perdu, en 2014, qui avait été sélectionné au FIBD d'Angoulême pour le Prix BD des collégiens de Poitou-Charentes, suivi par Le petit loup rouge et L'homme montagne, tous deux multiprimés. Bergères Guerrières, a rencontré le succès retentissant qu’on lui connait, si bien que son travail dans l’animation l’amène maintenant à travailler sur l’adaptation de sa propre série... Elle travaille aussi pour la presse jeunesse et expose régulièrement en Europe et aux États-Unis.

 

Avec les 6 recommandations de lecture qui vont suivre, ils nous ouvrent les portes de leur imaginaire foisonnant. Par le biais de ces quelques titres qui ne vous seront pas tous inconnus, ils nous livrent les clés de leurs mondes référencés mais superbement inventifs, de leurs personnages vivants et émouvants, de leurs idées enthousiasmantes et immersives.

 

 
Philip Pullman, À la Croisée des Mondes  
Gallimard jeunesse, 1 136 pages, 29,90 €, traduit de l'anglais par Jean Esch

 

 

Amélie Fléchais : « Il fait partie des livres qui m'ont marquée quand j'étais adolescente. J’aimais bien ce mélange entre le fait de mettre en scène une héroïne plutôt jeune tout en brassant des thématiques très matures. Pullman ose le drame et fait en sorte de ne pas trop protéger ses lecteurs... »



J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux
Pocket, 768 pages, 9,20 €, traduit de l'anglais par Daniel Lauzon

 

Jonathan Garnier : « Quand j'étais jeune, j'habitais à la campagne et il n’y avait pas forcément de grosses librairies autour de moi, j'avais donc beaucoup à découvrir. Au lycée, des camarades de classe m'ont fait découvrir Tolkien et cet été-là, j’ai tout lu : Le Seigneur des anneaux, Le Hobbit, Le Silmarion, etc. J'ai tout achevé d’une traite.

 

Une des choses que je trouve chouette dans cet univers-là, en tout cas du point de vue de l'écriture, et qui nous a même guidés dans Bergères Guerrières, c'est le fait de mettre en scène des héros à hauteur des lecteurs. Que ce soit dans Bilbo ou dans Le Seigneur des anneaux, les héros sont des hobbits, qu'on prend le temps de découvrir dans leur habitat, dans leur confort, dans leur quotidien. Par ce biais, on peut vraiment s'attacher à eux. Ils constituent à peu près le seul peuple qui n'est pas guerrier dans cet univers, et les voilà arrachés à leur quotidien pour sauver le monde - ni plus ni moins.

 

Dans Bergères Guerrières, on a des enfants qui doivent accomplir de grandes choses. Mais on a fait en sorte de prendre le temps de les installer en tant qu'enfants : ils ont des camarades, des professeurs, on voit leurs parents... On a fait en sorte qu'ils resent vulnérables, en fait. »


Osamu Tezuka, Demain les oiseaux 
Delcourt Tonkam, 336 pages, 19,99 €, traduit du japonais par Patrick Honnoré


Amélie Fléchais : « J'ai découvert Tezuka lors de ma première année d'études, c'était à Angoulême d'ailleurs, aux Beaux-Arts. Mon père était passionné de bande dessinée, mais plutôt franco-belge. Découvrir Tezuka, ça a été une vraie claque à cette époque-là. Il cassait tous les codes que je connaissais ! Que ce soit dans la narration, dans les thèmes abordés, dans le graphisme... On a une espèce de mélange entre un dessin très naïf, un peu Disney, et des thèmes assez durs, puisqu'il parle notamment d'extinction animale. C'est vraiment un récit qui m'a beaucoup marquée dans les codes graphiques, dans la manière de raconter des histoires, etc. Comme souvent chez Tezuka, le récit est assez dur, vraiment adulte. Il va au bout de ses thématiques. C'est assez fascinant ! »


Yukito Kishiro, Gunnm, tome 1  
Glénat, 224 pages, 7,90 €, traduit du japonais par Daniel Deleule

 

 

Jonathan Garnier : « C'est un manga que j'ai piqué à mon grand frère et qui m'a assez vite fasciné. Encore une fois, l'univers est très riche, très violent, mais il est mis en scène de façon incroyable. Et c'est l'écriture des personnages, en fait, qui m'a vraiment beaucoup plu et marqué. J'ai eu du mal à retrouver ça dans d'autres récits de ce type-là... On a des personnages qui luttent contre leur destin, leur condition sociale, leurs doutes. Ce sont des personnages assez torturés, notamment l'héroïne, Gally, qui évolue énormément, et vraiment très marquants, comme Desty Nova, un savant fou qui aurait pu être un savant fou comme on en a vu mille, mais qui est hyper profond. Et évidemment, restent le graphisme et la mise en scène que j'ai trouvés très classes. »

 

Fabien Vehlmann & Kerascoët, Jolies ténèbres
Aire Libre, 112 pages, 27,95 €

 

 

Amélie Fléchais : « Quand j'étais étudiante, ça a été une grosse claque. D'abord graphiquement : le dessin est dans un entre-deux entre des influences européennes et japonaises. Et encore une fois, on a une histoire qui mélange beaucoup de choses : un récit un peu innocent, des personnages d'apparence assez enfantine et un réalisme très cru. Je crois que c'est ce mélange-là qui me plaisait bien. Le fait qu'on ne soit pas obligé de cloisonner : ce n'est pas parce qu'on fait des personnages mignons qu'on est obligé de faire une histoire mignonne. Et puis Jolies ténèbres te laisse vraiment un arrière-goût étrange... Tu ne sais pas ce que veut dire la fin, tu te poses encore beaucoup de questions après et je trouvais ça très intéressant. Le récit n'est pas complètement clos. Ça a été une grosse source d'inspiration au début de ma carrière ! »

 

Richard Thompson, Cul de sac, tome 1 : Sortie de secours

Glénat, 224 pages, 7,90 €, traduit du japonais par Daniel Deleule

 

 

Jonathan Garnier : « Dans les premières BD que j'ai lues, il y avait Snoopy, du comic strip américain, donc, qui m'avait déjà pas mal fasciné. J'ai retrouvé ça dans Cul de sac. J'aime bien ce genre de BD, je suis assez admiratif des auteurs qui arrivent à raconter des choses avec 3-4 cases seulement. Moi, pour Bergères Guerrières, il m'a fallu 300 pages ! C’est un autre travail - j’aimerais bien m'y frotter un jour d'ailleurs, mais il faut que je trouve le bon projet, les bons personnages pour ça. J'aime beaucoup le fait de construire des personnages par petites histoires, parfois anodines, ou juste drôles. On peut créer une vraie familiarité avec ce format-là comme dans Snoopy, Calvin et Hobbes, ou même, en France, Titeuf ou Lou. C'était vraiment une découverte parce que j'ai l'impression que c'est arrivé tardivement en France et que ce n'est pas du tout aussi connu que Snoopy, Mafalda ou Calvin et Hobbes… Et en tant que scénariste, je me dis c'est un défi d'arriver à faire ça ! »

 

 

Bonus : l'exposition « Bergères Guerrières : la grande quête de Jonathan Garnier et Amélie Fléchais »

 

 

« C'est vraiment un honneur d'avoir suscité l'intérêt du festival, nous confient les auteurs. On a un peu de mal à réaliser parce que la série est jeune et courte par rapport à d’autres. Mais c’est vraiment l’une des plus grandes reconnaissances qu’on puisse avoir dans notre métier ! »

Et c’est effectivement une grande exposition ludique, entièrement aux couleurs de Bergères Guerrières, que propose le mythique festival d’Angoulême pendant quatre jours. Décors immersifs, planches originales, jeux pour petits et grands, plongée dans les coulisses du travail des auteurs, influences et inspirations… les cinq salles qui la composent sont riches de beaucoup de contenus et se terminent même sur la possibilité de se faire prendre en photo en tant que Bergère Guerrière !

« On a vraiment été bien accompagnés par Benjamin Roure, le commissaire d'exposition et Elodie Descoubes, la scénographe. Ils n’ont pas mis de côté certaines thématiques un peu dures du récit ; on apprécie qu’ils n’aient pas cherché à édulcorer sous prétexte que ça peut être une série avant tout jeunesse. »

 


L’exposition, visible dans le Quartier Jeunesse du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême jusqu’au dimanche 28 janvier 2024, marque une étape importante dans l’aventure des Bergères Guerrières… qui est loin d’être terminée !

« Quand on bouclait le dernier tome, on avait l'impression d'avoir des ados à la maison : on avait hâte qu'ils partent pour avoir un peu de temps pour nous. Quand ça a été fini, nous avons ressenti un peu de nostalgie, comme quand la maison se vide… Mais aujourd’hui [avec cette exposition, un album jeunesse et la série animée qui arrivent], les ados sont revenus ! »

La promesse, pour leurs nombreux lecteurs et lectrices, de repartir à l’aventure avec Molly, Liam et les autres !

 

 


Merci à Amélie Fléchais et Jonathan Garnier d'avoir pris le temps de nous répondre !

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