Louis II de Bavière : le trône et la folie
Catherine Decours
Éditions Fayard
Janvier 2019
Biographie sur la vie tumultueuse du quatrième roi de Bavière qui régna entre 1864 et 1886, établie à partir de témoignages, de la correspondance et du journal du souverain. Sa passion pour Wagner, ses liens avec Sissi, son rôle dans la gouvernance de son pays ainsi que les circonstances de sa mort sont notamment abordés. ©Electre 2019
Le vendredi 31 juillet 1683, la Reine mourut, à l'âge de quarante-cinq ans, après seulement quelques jours de maladie. La Cour était partie à la fin de mai pour un voyage en Bourgogne et en Alsace. Les efforts faits par madame de Maintenon pour ramener sinon le cœur de son amant, du moins son amitié, vers l'épouse de celui-ci réussissaient. Le Roi avait pour la Reine des attentions et des égards auxquels elle n'était pas accoutumée et qui la rendaient plus heureuse qu'elle n'avait jamais été. La Reine crut devoir manifester sa reconnaissance en faisant don à madame de Maintenon, un jour de Saint-François, de son portrait. Celle-ci en conçut une joie inconcevable.
- Ce présent est, dans mon esprit, une distinction infinie, eut-elle l'audace de confier à Bonne d'Heudicourt qui courut me le rapporter, madame de Montespan n'a rien eu de semblable.
- Certes non, répondis-je, il me semble que cela ne m'eût pas paru du meilleur goût. Peut-être suis-je trop délicate. Qu'en pensez-vous, Bonne ?
Les années qui souvent épaississent les femmes avaient desséché la marquise d'Heudicourt qui ressemblait à ces grands oiseaux qu'on appelle les demoiselles de Numidie. Cet oiseau-là savait fort bien quelle était la sorte d'amitié qui existait entre le Roi et madame de Maintenon, aussi me fit-elle un petit sourire qui ferma le ban.
Il semble que les deux parents aient eu une préférence pour Otto, plus joueur, plus gai, plus simple, en somme l'enfant qui leur ressemblait. L'aîné [futur Louis II], sensible, rêveur et très introverti, les déconcertait. Ils ne comprenaient pas sa frénésie de lecture, ses larmes à l'opéra, son besoin d'apprendre par cœur les livrets de Wagner, son désir d'être seul pour rêver. Un jour, son précepteur le surprenant inoccupé lui demandant s'il ne s'ennuyait pas. « Je ne m'ennuie pas du tout, répondit l'enfant, j'imagine des choses très belles qui m'amusent. » Sous bien des aspects, Louis était un peu le cygne dans une couvée de canards. Très vite il se sentit différent et eut conscience de la fragilité dont il était porteur. La différence qui l'inquiétait le rejetait dans une grande solitude.
Le matelot qui remontait la glène criait:
-Six brasses.
Les officiers et les marins fixaient le commandant. L'air égaré, les joues tremblotantes, Chaumareys répétait:
- Ce n'est pas possible! Pas possible!
Portant la main à son front, pour essuyer une sueur froide, il réussit à dire:
- Un quart sur tribord. Serrez au vent!
- La sonde! beugla Maudet...
Tous regardèrent la glène tomber. On la remonta aussitôt.
- Quatre brasses.
Le visage du commandant de La Méduse devint blanc comme un suaire. Sa bouche s'ouvrit plusieurs fois avant d'articuler:
- A trib...
Le choc, accompagné d'un bruit sourd pareil à celui d'un lointain coup de canon, ébranla la frégate depuis la coque jusqu'à la cime du mât de misaine. [...] Quelqu'un émit un rire strident, convulsif, puis le silence s'abbatit sur La Méduse.
Le mercredi 24 avril 1793, une jeune fille de quinze ans, belle comme le jour, timide et modeste comme il se devait, se mariait dans une capitale en effervescence.
Il a l’imagination vive, la repartie heureuse, de la gaîté et un ensemble de qualités qui le font aimer de ceux qui le connaissent ; la bienveillance qu’il inspire a toujours fait son bonheur.
Ce bon vivant était célibataire et avait des liaisons, ce que la prude sœur traduit par : « Son cœur naturellement sensible avait souvent éprouvé des sentiments assez vifs, mais peu durables pour plus d’une belle.
Le talent et le génie attiraient Mme Récamier plus sûrement que l’aimant attire le fer. Comme « il était dans sa nature d’aimer passionnément ce qu’elle admirait », elle se trouva liée aux deux grands génies littéraires de l’époque : Mme de Staël fut son amie, presque sa sœur, et Chateaubriand l’homme avec lequel elle devait former, à travers bien des vicissitudes, un couple.
A l’issue de la Révolution, la bourgeoisie avait sans doute assis son pouvoir, mais la société n’était pas encore recomposée. Les nouveaux riches qui tenaient le haut du pavé ne pensaient qu’à augmenter leur fortune et à s’amuser. Les premières années du Directoire virent le triomphe des modes extraordinaires lancées par les merveilleuses et les muscadins, jeunesse dorée qui, pour avoir manqué de perdre la tête, l’avait tout à fait tournée. Le costume grec, un temps laissé aux actrices et aux filles, gagna toute la gent féminine, en partie parce qu’il offrait l’avantage de supprimer les inconfortables corsets. Ceux-ci disparurent, puis les jupons, puis les manches, puis les souliers remplacés par des semelles attachées de rubans croisés. Les tuniques d’abord légères devinrent immatérielles.
Tous ceux qui préparaient l'expédition au Sénégal, depuis le ministre de la Marine jusqu'au dernier des bataillonnaires, savaient que l'on allait reprendre un bien, ce qui est toujours une satisfaction et même une jouissance. On ne connaissait guère l'étendue de cette possession, aussi chacun l'imaginait-il à sa façon. A vrai dire, nos colonies du "Sénégal et dépendances" ne comportaient que la ville de Saint-Louis à l'embouchure du Sénégal : entre cinq et dix milles habitants, personne ne savait exactement, et les revenus du commerce de la gomme sur le fleuve. On évoquait aussi le comptoir de Portendick, plus au nord, mais, aux dernières nouvelles, délaissé par les Maures et envahi par les sables, il avait disparu
Toutes les femmes qui ont voulu l’imiter sont tombées dans l’intrigue et dans le désordre, tandis qu’elle est toujours sortie pure de la fournaise où elle s’amusait à se précipiter. Cela ne tient pas à la froideur de son cœur, sa coquetterie est fille de la bienveillance et non de la vanité. Elle a bien plus le désir d’être aimée que d’être admirée.
Ce « je n’en suis point amoureux » fait quelque peu pendant à la phrase de Mme de Staël disant de son mari : « De tous les hommes que je n’aime pas, c’est celui que je préfère. » Les deux femmes épousèrent sans les avoir choisis des hommes plus âgés auxquels elles ne furent jamais liées par des liens amoureux.