La Chasseresse - Kate Quinn
"J'aime comme tu frottes la cicatrice sur le dos de ta main quand tu es inquiet. J'aime la façon dont tu fais d'une épée une partie vivante de ton corps. J'aime quand tu poses sur moi un regard brûlant, comme si tu me voyais pour la première fois. J'aime en toi la noirceur qui veut tuer le monde entier, et la douceur qui le regrette ensuite. J'aime ta façon de rire, comme si tu t'étonnais simplement de pouvoir le faire. J'aime quand tu m'étouffes sous tes baisers. J'aime ta façon de respirer, de parler, de sourire. J'aime que tu me serres si fort que j'en ai le souffle coupé. J'aime ta façon de faire de la mort une danse. J'aime la confusion que je lis dans tes yeux quand tu t'aperçois que tu es heureux. J'aime chaque muscle et chaque os de ton corps, chaque repli de ton âme. Je t'aime tant que je ne peux pas le dire à voix haute en plein jour. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime."
- J'aime bien tes défauts. Mais je suppose qu'on choisit rarement ceux dont les défauts sont assortis aux nôtres. On préfère toujours la personne qui nous convient le moins, n'est ce pas ?
Le travail d'espion est sans doute celui qui apporte la plus grande satisfaction au monde. Les mères vous diront que la vocation ultime est la maternité. (...) Je préfère mille fois prendre le risque de recevoir une balle à la sécurité d'avoir à changer une couche sale.
- Je sais qu'on dit que j'ai peur de mon ombre.
Paulinus sursauta. Une fois de plus, Domitien avait lu dans ses pensées.
- Mais, sachant que la moitié des dix empereurs qui m'ont précédé ont péri de mort violente, je serais stupide de ne pas redouter les assassins. Le métier d'empereur est dangereux.
Ne valait-il pas mieux rêvasser sur un homme dont la vie serait brève ? Il garderait toujours la beauté de sa jeunesse, et si jamais on se lassait de lui, on n'aurait pas à attendre longtemps qu'il s'en aille. P. 17
Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas une question d’âge. Des quinquagénaires se comportent en gamins, des adolescents de quinze ans se comportent en hommes. Tout dépend de leurs actes, pas de leur âge.
Je veux faire ma part.
Qu’y a-t-il de si étrange ? L’été dernier, quand la guerre a éclaté, chaque jeune Anglais brûlait de se joindre au combat, de se rendre utile. Demande-t-on aux hommes quelles sont leurs motivations ?
- [...] A partir d'aujourd'hui, tu combattras pour moi, où et quand je te le dirai. Je suis un laniste. Tu sais ce que ça veut dire ? Non ? [...] Le laniste, mon cher, c'est celui qui entraîne les gladiateurs. Tu seras gladiateur. Ce n'est pas une mauvaise vie... les femmes, l'argent, la renommée... Tu vas prêter serment maintenant et commencer l'exercice dès que tes os seront recollés. Répète après moi : " Je promets de supporter le feu, les chaînes, les coups, la mort par le fer". C'est le serment des gladiateurs, mon ami.
Du safran. Bonne Santa Marta, quand avais-je respiré ce parfum pour la dernière fois ? Et ce doux fumer du canard a la broche qu'on arrose de miel et de jus d'orange ? Une odeur plus piquante : certainement de vinaigre fin, celui qu'on fait venir de Modene, à la fois si aigrelet et si doux à la langue que les larmes vous viennent aux yeux...
Depuis des semaines, l'air autour de moi n'avait que l'odeur âcre de la peur, son goût saumâtre - et voici que je humais ces doux parfums et que la peur avait disparu. Sans meme le vouloir, j'étais passée devant le groupe des apprentis inquiets et j'avais suivi à l'intérieur mon nez transporté. La cuisine était pleine de monde, mais je fermai simplement les yeux et respirai avec ravissement. L'huile d'olive. De la bonne huile qui grésillait dans la poêle au lieu de se gâter tristement dans sa cruche. Une huile a peine sortie du pressoir, qui devait encore couler verte et luisante... La douce brûlure du poivre fraîchement moulu... L'odeur du sel et de fumée du fromage dont on vient d'entamer la roue - je n'avais pas senti un bon fromage depuis plus d'un an. La farine, celle qu'on mond tres fin, si légère qu'elle s'envole dans l'air. Et une chose délicieuse en train de mijoter sous la croûte....
À quel point pouvait-on changer en deux semaines ? Mais était-elle vraiment en train de changer ? Ou devenait-elle celle qu’elle était déjà, au fond ?