Le 29 avril dernier, nous étions présents pour la deuxième édition de l'Offensive sur la Littérature Urbaine : Abdel Hafed BENOTMAN
Plus tard - plus loin - plus nous et moins quelque chose, comme tous les buveurs d'étoiles, pauvres noctambules, nous avons réuni nos monnaies en l'attente d'un taxi, d'un carrosse.
Ami bois au goulot
La mort salit les vers
« Je suis ta montgolfière de peau tendue et fière
De te porter partout dans ta nacelle de fer
Jette tout, brûle tout, qu'on s'envole plus haut
Allégés du poids triste de notre lourde peine
Nous serons si légers délestés de nos mots
Entre un soleil obèse et une terre naine. »
Dans mes rêves d'enfant la nature était belle
Mon père indifférent mit l'avion dans le ciel
M'effaçant l'arc-en-ciel
[citation d'introduction au premier chapitre]
La cigarette, compagne du taularde jusqu'au bout et, jadis, jusqu'à l'exécution capitale. Le désir de téter autre chose que son pouce. De pouvoir pleurer en se piquant les yeux à la fumée ou, alibi, s'étrangler de toussotements en se raclant la gorge pour se purger de larmes. (p. 31)
L'auteur a choisi de tronçonner deux poèmes pour les mettre en tête de chapitre. Voici le second dans sa globalité :
LES ENFANTS QU’ON N’A PAS
Les enfants qu'on n'a pas
Nous mélangent des nuits
A faire naître des fruits
De velours et de soie
Nous envahissent le cœur
De cette tendre peur
Bleue ou rose en neuf mois
Les enfants qu’on n’a pas
Nous apprennent les mots
Qui bercent les berceaux
Où dorment des petits chats
Et descendent des greniers
Les fantômes des jouets
Oubliés de nos doigts
Les enfants qu’on n’a pas
Nous brisent à genoux
Quand coule sur une joue
Une larme de reine ou de roi
Nous humilient les yeux
Sur tous ces petits dieux
Qui crèvent sous nos pas
Les enfants qu’on n’a pas
Puisent dans nos regards
Comme des larmes d’espoir
Sur leur chemin de croix
Quand ils taisent un matin
Que celui du voisin
Est mort de faim de froid
Les enfants qu’on n’a pas
Prennent les rendez-vous
Des hospices de fous
Où nous sommes déjà
Nous glissent au coin des lèvres
Tous les prénoms de rêves
Étrangers à nos voix
Les enfants qu'on n'a pas
Il nous faut les attendre
Et pour mieux les comprendre
Aux autres ouvrir nos bras
En les aimant d'amour
Car ils viennent au secours
Des enfants qu'on aura
A expulser les enfants de leurs rêves
les adultes les hébergent dans leurs cauchemars...
A.-H.B.
L'auteur a choisi de tronçonner deux poèmes pour les mettre en tête de chapitre. Voici le premier dans sa globalité :
DANS MES RÊVES D'ENFANT
Dans mes rêves d'enfant la nature était belle
Mon père indifférent mit l'avion dans le ciel
M'effaçant l'arc-en-ciel
Dans mes rêves d'enfant la vie rebelle et fière
Mon père indifférent m'instruisit du contraire
En m'inventant les fers
Dans mes rêves d'enfant dieu était mon voisin
Mon père indifférent à genoux me fit nain
Face aux statuts des saints
Dans mes rêves d'enfant Ève restait l'indomptable
Mon père indifférent me la livra coupable
Entre mes doigts de sable
Dans mes rêves d'enfant la guerre s'armait de rire
Mon père indifférent faillit m'en faire mourir
De trop de souvenirs
Dans mes rêves d'enfant le temps comptait si peu
Mon père indifférent me le mit dans les yeux
A voir passer des vieux
Dans mes rêves d'adulte mes pères sont assassins
Le mien mourut inculte de n'en savoir rien
Son enfant dans le poing
Ils prennent l'escalier pour descendre dans les caves où les gardés à vue hurlent après une clope, supplient après un médicament ou s'enragent en maugréant à haute voix sur l'injustice qui les frappe, camouflant en destin la bêtise qui les a conduits là : dans l'impasse.
Qu' est-ce qu'une liberté qui se marchande... ?
Un paradis carcéral.