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Critiques de Abdel-Hafed Benotman (35)
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Les Forcenés

C'est Michaël Mention qui avait attiré mon attention sur cet auteur dans Le carnaval des hyènes et depuis lors Abdel-Hafed Benotman trottait dans ma tête continuellement. J'ai donc ouvert ce livre sans rien savoir sauf que c'est « puissant ». L'ouverture commence fort avec cette petite phrase :

« A expulser les enfants de leurs rêves

les adultes les hébergent dans leurs cauchemars... »

Et j'attaque avec un petit truc qui me dit que Mention ne s'est pas trompé, c'est effectivement « puissant ». Je m'aperçois que ce sont des nouvelles. Je ne m'y attendais pas et suis d'autant plus ravie. Dès la première nouvelle je tombe sous le charme. C'est puissant, dur, noir, percutant et poétique dans l'écriture. Un mélange assez incroyable. Il y a des fulgurances chez cet auteur bouleversantes. Un braqueur de banque qui fait presque vingt de taule et apprend l'écriture à cette occasion, quand un mec comme ça vous livre ses cauchemars et ses rêves, il n'y va pas par quatre chemins, une attaque à main armée de la société bien pensante, un casse contre les pourris et une atteinte aux bonnes mœurs pour révéler ce qu'on ne voudrait pas imaginer possible, le tout dans un style qui lui est propre. Peut-être un regret, sans doute Benotman a-t-il manqué de temps pour parfaire plus avant son écriture, qui parfois me donnait l'impression d'un quelque chose de mécanique dans certaines tournures. Mais franchement, il balance.
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Garde à vie

Hugues était dans le coup quand ils ont volé et crashé une voiture pour s'amuser. Mais il ne balancera pas le copain qui a eu cette idée. C'est quelqu'un de bien, Hugues, il est sérieux, attaché à sa maman, c'est pas un voyou. Les forces de l'ordre ne voient pas les choses de cette façon. Il va morfler le petit gars, même s'il n'a que quinze ans.



Garde à vue, flics sadiques qui ne lésinent pas sur les coups bas pour soutirer des aveux. Ou juste pour intimider, cela peut suffire pour faire réfléchir un gamin.

Puis détention. Pas de bol, Hugues partage la cellule d'un dangereux taré, qui l'humilie et l'asservit, menaces à l'appui.



Atroce, cette description de la prison où les codétenus peuvent être vos pires bourreaux, sous l'oeil indifférent des matons : "Déjà entre eux, ils sont sans pitié ! Pourquoi on se gênerait ?".

Atroce, ce système judiciaire et pénitentiaire qui encage des chiots fou-fous avec des pitbulls, au risque de les métamorphoser en chiens enragés ou de les détruire.



Superbe texte - fort, dérangeant, bouleversant, révoltant - parsemé de poésie.

J'ai un peu perdu pied dans les délires oniriques de la fin. Mais peu importe, je garderai l'essentiel en mémoire : un adolescent "pas mauvais garçon, juste un petit peu con, [trop] jeune pour la taule" (p. 13) qu'on pourrait enfermer (pour le remettre dans le droit chemin ? en protéger les honnêtes citoyens ? faute de structures plus adaptées mais plus coûteuses ?) et qui n'en sortirait pas. Ou n'en sortirait pas indemne, quoi qu'il en soit.



• Sur ce thème : 'Scènes de la vie carcérale' (Aïssa Lacheb), 'En chienneté : Tentative d'évasion artistique en milieu carcéral' (Bast)...
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Garde à vie

Les jeunes ne savent rien et les vieux font semblant de savoir…

" La prison ? La première fois ? C’est la leçon !!!

La deuxième fois ? La punition...

La troisième fois ? C’est ta maison ! "

(Proverbe carcéral anonyme)

Hugues, 15 ans, se retrouve en garde à vue suite à une virée nocturne avec un copain. Après avoir volé une voiture pour faire du rodéo, ils ont été pris en chasse par la police. Son camarade, qui était au volant, a paniqué et une course poursuite s'est engagée. Ils ont frôlé à le toucher un passant, par bonheur sans gravité, mais ont fini leur trajectoire dans un abribus. Contrairement à son complice, Hugues, coincé par sa ceinture de sécurité, n'a pas pu prendre la fuite. Suite à une perquisition menée tambour battant dans son appartement, sous les yeux horrifiés de sa mère atteinte d'un cancer, il est transporté au poste de police pour y subir un interrogatoire. Il est reçu par un officier de police judiciaire qui lui explique la gravité de ses actes et le conjure, en vain, de donner le nom de son comparse. Puis il est mis en cellule pour passer sa première nuit dans le milieu carcéral... il va devoir mesurer les conséquences de cet acte fou et se confronter à la vie en prison et à ceux, parfois cruels, qui partagent son sort...

Mon avis : Ce roman noir nous emmène dans l'univers carcéral des prisons pour mineurs. L'auteur a lui-même connu la prison (dès l'âge de seize ans, où il purgera en tout dix-sept années en trois incarcérations) et l'on peut penser que c'est presque un témoignage de son expérience qu'il relate dans ce roman poignant qui fait froid dans le dos et qui ne peut que nous interpeller... En seulement cent six pages, on suit Hugues dans son épreuve, ses regrets, ses peurs mais aussi sa terreur face à son codétenu qui ne cesse de l’humilier et de le menacer. L’écriture est fluide et d’accès facile mais rend très bien l’angoisse du héros et les moments où il se tient face au gouffre, prêt à sauter. On en vient à s'interroger sur le bien fondé des méthodes d'incarcération des jeunes ainsi que sur leur devenir. « Entre réalité fantasmée et hyper-réalisme, une description implacable de ce qui n'est rien de moins qu'une machine à broyer les êtres vivants : la prison ». J’ai vraiment un coup de cœur pour cet ouvrage si fort, et un espoir aussi. Je ne suis pas sans savoir qu’il y a, en médecine, des traitements thérapeutiques et d’autres, tout aussi nécessaires, les traitements préventifs. Je ne peux m’empêcher d’espérer que cet ouvrage aura également un pouvoir préventif, dissuasif, sur ceux qui le liront.

Public : à partir de treize - quatorze ans mais peut aussi grandement intéresser un adulte .


Lien : http://noslivresnosemotions...
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Éboueur sur échafaud

Un premier roman écrit à travers les barreaux, où "Fafa"- Benotman raconte sa jeunesse jusqu'à l'échafaud virtuel promis par son père brutal, analphabète et totalement indifférent à la singularité de ce rejeton mal-né, mal éduqué, incompris.



Si ce livre nous interpelle d'autant plus, c'est parce qu'il utilise la distance impartiale et pudique de la vraie-fausse narration à la troisième personne.



Cet apatride, sans papiers - absurdité administrative- s'est rendu "coupable" de faits d'armes contre des banques, alors qu'il était désarmé.



Son écriture, est, elle, un fait d'armes. Son destin, où se révèle la rédemption par la Littérature, lui a valu nombre considérations d'intellectuels, de romanciers (Oppel par exemple qui le soutint jusqu'au bout) d'amis, de soutiens dont celui de François Guérif (Rivages/noir) qui le publia.



Benotman, mal soigné (?), cardiaque, précaire jusqu'à sa fin, est mort voici 13 mois, d'une ultime crise.

Le lire est le moins qu'on puisse encore faire pour lui. Et pour d'autres.
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Garde à vie

Hugues s'est fait arrêter, la voiture qu'il a volé avec son copain a fini dans un abribus après une séance de rodéo. Son pote réussit à s'échapper, interrogé par la police, il refuse de le dénoncer. Il est mis en cellule où il rejoint un jeune homme nommé Jean qui lui en fait baver...



Ce séjour en prison est synonyme de descente en enfer pour le jeune Hugues, il découvre les "règles de vie" de l'univers carcéral. Rien n'est laissé de côté: violence, sida, suicide... Le mélange entre le réel et l'onirique est savamment brouillé par l'écriture Benotman qui connait bien la prison puisqu'il y a passé une bonne partie de sa vie. Un roman qui parle des réalités de la vie à travers les yeux d'un adolescent. On a qu'une envie à la fin de ce livre, c'est éviter ce genre de réalité.
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Garde à vie

Garde à vie est un roman court mais intense lu il y a quelques jours déjà et qui continue de raisonner dans ma tête tant il est bien écrit et suscite des émotions au lecteur.



Hugues et un de ses amis sont repérés au volant d'une voiture volée. Alors que son acolyte réussi à s'enfuir, Hugues est interpellé et conduit au commissariat pour y être interrogé puis très rapidement il est incarcéré et se retrouve en cellule avec un taulard endurci ... un véritable cauchemar commence alors pour ce jeune homme qui ignore tout du milieu carcéral et de ses codes.



L'écriture est fluide et on se laisse emporter par le conteur percutant qu'est Abdel Hafed Benotman. L'enfermement et la promiscuité oppressante y est parfaitement rendue, on se sent parfois enserré par ce roman noir tellement réaliste ou des thèmes forts y sont traités sans détours : drogue, sida, emprise, suicide, solitude...



L'auteur qui a lui même fait 15 ans de prison dénonce ici les travers de la prison, ses horreurs, sa violence sans jamais tomber dans le moralisme juste dans la réflexion...



Livre à partir de 13 ans selon la maturité de l'ado.


Lien : http://edea75.canalblog.com/..
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Marche de nuit sans lune

Il y a des écrivains qui crachent les mots avec leurs tripes et Abdel-Hafed Benotman et l'un d'entre eux. Ici l'écriture n'est pas un “passe-temps”, elle n'est pas le divertissement d'un bourgeois-bohème, ici l'écriture est survie.

Si la vocation du système carcéral est de “contenir”, le taulard recouvre ici sa liberté par les mots en restituant toute son humanité à des prisonniers trop souvent considérés comme des “sous-hommes”.
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Les poteaux de torture

" Pourquoi un petit marginal comme moi irait-il se réinsérer dans une société aussi grandement criminelle que la vôtre ?

Pour participer à vos crimes Collectifs ?

Non merci !".



Je ne vais pas refaire le curriculum de l'auteur...si ?

Alors en 2/12...les grandes lignes...



_Enfant chapardeur (voleur quoi) au Monop' du coin (histoire de se faire un peu de monnaie en revendant aux élèves de son école, d'un niveau social bien plus élevé que le sien)

_A 16 ans, première admission au centre de jeunes détenus de Fleury

En prison, il (re)découvre la lecture et l'écriture, puis viendra le théâtre.

Il participera à des ateliers d'écriture que le proc lui supprimera par la suite.

En sortiront des nouvelles, des pièces, des romans noirs et des poèmes...(plusieurs obtiendront un prix)

Il animera ensuite, entre deux incarcérations, des ateliers théâtre auprès d'enfants difficiles ou d'handicapés.

Il bossera également sur des scénars cinéma, sera acteur (notamment pour Doillon) ; participera à la création d'une radio libertaire et du journal engagé :"l'envolée" (clin d'oeil aux hélicoptères)

Il fera en tout et pour tout (enfin surtout pour braquages ;-D ) 17 années de prison avant son ultime évasion définitive pour arrêt du coeur à l'âge de 54 ans.

R.I.P



Les panneaux de tortures, c'est 18 nouvelles... noires ; violentes ; touchantes ; provocantes parfois.

Le thème principal : l'enfermement bien sûr, mais pas nécessairement derrière des barreaux...



" La vraie prison est à l'extérieur ;

La misère sociale nous enferme !"



Dans ses nouvelles, il nous amène à côtoyer la folie, la misère sexuelle, la trahison, le suicide, les abus pénitentiaire, des psychos, une mère vengeresse elle même psychotique, de drôles de pigeons... et de l'amour aussi...



Abdel Hafed Benotman à son style, c'est sûr. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il y a un style carcéral, mais son écriture aurait-elle été si percutante s'il s'était trouvé de l'autre côté du guichet banquaire ???



Bien évidemment (et à titre perso), quelques nouvelles sortent du lot.

Je pense à :

_l'obèse aux pigeons

_l'objet du délit

_coup de soleil dans la pupille

_gangrène

_l'oeil du porc

_ le maître des mots (dedans/dehors)



Certaines avec des chutes inattendues, d'autre suscitant de la compassion.

La pédophilie est-elle aussi abordée sous un angle inhabituel.

D'autres au contraire, m'ont laissé sur le bord de la route.



AHB a la plume aiguisée, on y entend des cris, des plaintes, mais sans jamais d'apitoiement.









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Un jardin à la cour

Merci à l'éditeur Francois Guérif d'éclairer notre lanterne en préambule, "un jardin à la cour",

La cour c'est bien sûr la cour d'assises, et le jardin, c'est le box !

Alors "un jardin à la cour", un récit inachevé, des phrases jetées à la suite les unes et les autres, à reprendre, à remachouiller, pour les recracher avec plus de puissance, plus de colère.

Cher Abdel, il t'aura manqué le temps pour pouvoir le faire avec plus d'efficacité, mais est ce important, je crois qu'il faut pour nous, tes lecteurs, t'accompagner dans ta dernière cavale.

A la suite de ce texte, il y a d'autres nouvelles, des textes courts, percutants qui font mal, très mal qui parlent du cul, des fantasmes, des ravages de l'enfermement,

et d'autres de la rue, des rues, celles des gosses de riches qui jouent à se faire peur, et celles des paumés qui se retrouvent là car ils n'ont nulle part où aller ailleurs,

De tes délires, de ton amour d'Erika qui t'a motivé pour avancer, pour ne pas t'embourber où les autres voulaient te condamner.

17 ans d'une vie derrière les barreaux, ça laisse peu de temps pour autre chose, la vie est courte, la vie est est très courte.... Il faut savoir en profiter.

Je n'oublierai pas ton souhait l'ami Abdel et j'essaierai modestement de faire passer tes mots pour que tu puisses encore te "faire conteur car il me plait !

En amicale fraternité.

En fraternelle amitié."

Porter loin et fort tes mots de colère et de bonheur sur ce qu'a été ta vie.

Et merci de tout coeur pour l'espoir que tu nous as donné et que tu continues à nous donner.
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Marche de nuit sans lune

Dan est un coutumier des incarcérations. Au cours d’un entre-deux, entre le palais de justice et la prison, le temps que les juges avalisent une énième mise en taule dudit Dan, il se trouve marabouté par la somptueuse Nadine N’Goma qui s’en va, elle, rejoindre la prison pour femmes. Il note son numéro d’écrou et entame une correspondance assidue avec la belle. A sa sortie, il lui promet de tout faire pour l’aider à retrouver son petit garçon Lou et lui éviter l’expulsion. La tâche de Dan va s’avérer ardue…



« Marche de nuit sans lune » a été écrit par Abdel Hafed Benotman en prison. Mort en 2015, il aura passé 17 années en prison pour des braquages, avec arme mais sans violence. C’est en prison qu’il découvre l’écriture et la voie d’une vie autre. L’auteur, écrivain-braqueur, nous fait découvrir une réalité qu’il connaît de fait intimement - l’univers carcéral - de façon tout à la fois ethnologique, militante et satirique : il prête à Dan bien des opinions auxquelles il souscrit et décrit la façon dont il est passé de l’autre côté de la loi.

Le style de Benotman est particulier, empli d’une noirceur caustique. L’intrigue est entrecoupée de chansons qui naviguent entre violence crue et poésie mélancolique. Benotman, écorché vif, écrit sur un fil tendu entre désespoir et satire caustique, sans jamais perdre l’équilibre. Il en résulte un humour noir souvent jouissif, qui ne laisse pas indifférent.

Mais cette écriture travaillée parfois s’enlise dans du trop plein : trop d’envolées poétiques (notamment en début de chapitres) qui viennent opacifier le sens, trop de dénonciations univoques du système judiciaire, politique, policier, …, ce qui peut lasser ; finalement, parfois trop de manichéismes qui viennent tuer l’humain dans ce qu’il peut avoir de sensible, fragile, ou ambivalent. Mais ce trop est sûrement aussi lié au parcours de vie singulier de cet homme.



Alors, qu’adviendra-t-il de notre petit Dan, perdu, noyé dans cette machinerie judiciaire ? Pourra-t-il sortir sa Nad du mauvais pas dans lequel elle s’est fourvoyée ? Marcher de nuit sans lune n’aide pas trop à mettre un pied devant l’autre…

Avec ce roman noir, Abdel Hafed Benotman offre une œuvre puissante, engagée, emplie d’humour noir et de désir d’ailleurs.
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Marche de nuit sans lune

L'auteur nous entraîne dans le monde carcéral à travers cette fiction proche de la réalité, comme on peut en juger par le rapport sur les prisons françaises paru en ce début d'année.

L'auteur se veut percutant, incisif, mordant par l'expression. et met notre sensibilité à fleur de peau.
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Éboueur sur échafaud

Ce livre se distingue par son écriture terriblement bien maîtrisée, crue et un humour subtil. Abdel Hafed Benotman, l’auteur, nous livre un récit qui semble être autobiographique, dépeignant une enfance cruelle et difficile dans les années 60-70.

Il n’a pas eu une vie facile. Il a passé plusieurs séjours en prison pour vol et braquage et est décédé en 2015 d’une pathologie cardiaque mal soignée pendant son incarcération. C’est en prison qu’il a découvert l’écriture, et il faut dire qu’il avait un talent indéniable. Son enfance n’excuse pas tout, mais elle permet de comprendre le mal-être social qu’il a ressenti face aux discriminations et aux violences qu’il a vécues dans sa famille.

La lecture de ce livre a suscité beaucoup d’émotions en moi, j’ai été très touchée par la force du récit.

Ce livre est un véritable coup de cœur. Malheureusement on n’en entend pas assez parler et il mérite une reconnaissance bien plus grande.
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Les poteaux de torture

Retrouver la plume d'Abdel Hafed Benotman est toujours un moment particulier. Dans ses romans noirs inspirés sur de nombreux points de son expérience carcérale, l'auteur a une façon bien à lui de dépeindre la misère quelque soit ses formes. Que ce soit la misère sexuelle, la frontière fine avec le mal être psychique, les réflexions sur l'enfermement ou encore le poids de la solitude. Les écrits de Benotman frappent fort et dérangent. Dans "Les Poteaux de torture", on découvre plusieurs nouvelles avec des personnages plus marginaux les uns que les autres. Il y a parfois une petite note d'espoir mais globalement la lucidité de l'auteur et de ses personnages sur le monde est désarmante. Encore une fois Abdel Hafed Benotman touche et offre une voix à ceux que l'on entend peu ou pas du tout. Un auteur important à l'écriture singulière.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Les Forcenés

Abdel Hafed Benotman est un auteur à part avec une plume singulière, incisive. Dans "Les forcenés" il s'attarde sur les marginaux, celles et ceux qui déraillent ou qui font dérailler la société dans laquelle ils vivent. Dans ce recueil de nouvelles très sombre et en même temps écrit avec un style remarquable, on croise des personnages laissés pour compte qui n'ont plus grand-chose à perdre. Ce petit bouquin remue et sonne le lecteur au détour de certains passages. C'est âpre et on sent que le milieu carcéral que l'auteur a connu infuse dans certains de ces textes. J'avais beaucoup aimé "Éboueur sur échafaud" de l'auteur et la lecture de ce recueil est tout aussi prenante. Un auteur à découvrir.



PS : La très belle préface de Jean-Hugues Oppel complète bien le tableau.



Extrait : "Il m’est arrivé de vouloir me réinsérer mais, à force de tourner en rond, pendant des années, dans les cours de promenade des prisons, il est dur de marcher droit du jour au lendemain. Ça en devient presque biologique. D’ailleurs ça l’est puisque la taule s’imprime à l’intérieur, et je mettrais ma main de voleur à couper que mon âme doit porter en filigrane un numéro d’écrou."
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Un jardin à la cour

Entre une grammaire malmenée et des formules imagées, sa langue argotique fait ici des merveilles
Lien : http://www.lexpress.fr/cultu..
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Marche de nuit sans lune

Dan est envoyé en prison et lors d'un transfert pénitentiaire, il croise Nadine, une détenue de la prison pour femmes. Il note son numéro d'écrou et entame une correspondance avec elle derrière les barreaux. Lorsque Dan sort avant Nadine il tient sa promesse et ne l'oublie pas, à tel point qu'il va entrer dans une spirale où la violence guette. Abdel Hafed Benotman écrit un très beau roman noir sur le milieu carcéral, avec une plume reconnaissable entre mille. "Marche de nuit sans lune" est un livre à forte teneur autobiographique, écrit par l'auteur lorsqu'il était incarcéré. On retrouve cette façon bien à lui de camper l'atmosphère et de décrire les marginaux, mais aussi les crasses d'une société qui n'épargne rien aux détenus, que ce soit dans les murs ou à l'extérieur. Tout cela est fait avec beaucoup de justesse et les images qui défilent derrière ce roman noir sont saisissantes, tout comme l'histoire entre Nadine et Dan.



extraits : "Ils se remettent à trimer tandis que l'eau du robinet coule sous alibi de rafraîchir l'atmosphère. Sous prétexte de se croire à la mer en écoutant la cascade. le ronron de l'eau fait le guet dans toutes les cellules d'affranchis pour vite jeter par la fenêtre ou avaler ce qui est prohibé, car, s'il cesse brusquement, c'est que le cyclone de la fouille générale arrive droit sur eux et que les matons viennent de neutraliser, en coupant l'arrivée d'eau, les chasses des W.-C. par lesquelles on peut évacuer le peu de drogue qui circule en détention."



"Dans un quart d'heure, lui a dit le surveillant. Il descend aux libérables et là il croisera les arrivants. Interchangeables. Vases communicants, ils prendront les uns l'espoir et le rêve, les autres la peur et la souffrance. le temps d'une nuit mitoyenne, puisqu'ils ne seront pas dans les mêmes cellules cérébrales, juste dans les mêmes salles d'attente crâniennes."
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Éboueur sur échafaud

Constitué par les souvenirs d’enfance du petit Faraht (surnommé Fafa), ce roman nous emmène dans les années 60-70, au cœur du 6ème arrondissement de Paris, où les Bounoura représentent l'unique famille d’immigrés et d'extraction ouvrière, "perdue au milieu de la population de fonctionnaires, de petits cadres, de petits bourgeois et de gros bourgeois même" d’un bel immeuble HLM tout neuf.



Etre le fils -ou la fille- de Benamar et Nabila Bounoura (les parents de Faraht) n'est pas une sinécure : le père est extrêmement brutal, et la mère, perturbée, sombre dans la folie, infligeant à elle-même et à ses enfants des scènes d'une rare violence. Chacun des quatre jeunes Bounoura endure à sa façon les coups et les humiliations. Nourredine s’accroche à ses rêves de théâtre, Karima s'implique à fond dans les études, et Nadia se réfugie dans le silence. Quant à Fafa, il s'endurcit, commet ses premiers larcins pour s'octroyer les cadeaux que ses parents ne lui offrent pas, et tombe peu à peu dans une inéluctable délinquance.



Cette lecture m’a fait l’effet d’un coup de poing. Elle suscite en effet beaucoup d'émotion, qu'il s'agisse d'affliction face aux brimades et aux injustices subies par les enfants Bounoura, aussi bien au sein de leur foyer qu'à l’extérieur, où ils sont en butte à la discrimination raciale (la guerre d'Algérie n'est pas loin) et sociale, ou bien d'attendrissement devant l'amour qui lie les frères et sœurs, par exemple.



Toutefois, le ton du récit est empreint d'un tel humour, d'une telle énergie, que jamais il ne tombe dans le misérabilisme. Certes, "Éboueur sur échafaud" est rédigé à la troisième personne, mais c'est avec les yeux de Fafa que l'auteur analyse et commente le monde qui l'entoure, avec toute la candeur, la spontanéité et l'absence de concession que cela suppose. Donc, on rit, aussi... Abdel-Hafed Benotman déploie une verve qui se fait tour à tour gouailleuse et littéraire, où se mêle accents populaires et métaphores poétiques.



On sait pourtant que tout cela va mal finir... quand les institutions hypocrites et moralisatrices (l'école, puis la justice) évitent de chercher des explications à la face tuméfiée de Fafa, préférant s'attarder sur les conséquences de ses actes pour ne pas devoir en traiter les causes, comment pourraient-elles le sauver ?



Ce ne sera certainement pas ma dernière rencontre avec Abdel-Hafed Benotman... Rendez-vous au prochain épisode !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Les Forcenés

Je pensais lire un roman, et je me suis trouvée face à un recueil de nouvelles... Non pas que je sois réfractaire à ce genre littéraire, sauf que comme je l'ai déjà écrit ici, il nécessite d'autant plus de talent de la part de l'écrivain que celui-ci a peu de temps pour nous convaincre. Et je dois avouer que certains textes des "Forcenés" m'ont laissée sur ma faim : trop brefs, trop elliptiques, leur sens m'a parfois complètement échappé (je pense notamment à "La gravure" ou à la chute de "La montgolfière").



Toutefois, ce bémol n'empêche pas qu'à l'issue de cette lecture, j'ai bien envie de découvrir davantage l'oeuvre d'Abdel-Hafed Benotman, et ce pour deux raisons.



La première est motivée par son écriture, que j'ai trouvée très belle, expressive, à laquelle il est capable d'insuffler à la fois violence et poésie, dureté et émotion.



L'autre raison qui me fera rouvrir un livre de cet auteur, tient dans les thèmes qu'il choisit d'aborder dans "Les forcenés". Il y met en scène des personnages atypiques, socialement inadaptés du fait de leurs comportements déviants ou de leurs anomalies physiques, certains étant même atteints de graves troubles mentaux. La notion d'enfermement est récurrente également dans ces nouvelles, soit au sens littéral du terme, ou de façon plus imagée, l'individu subissant ses pulsions, ou donnant l'impression de vivre dans un monde à part, dans lequel la morale et la conscience de l'autre sont inexistants.



Certains de ces récits sont très forts et très durs, car ils décrivent des scènes de violence de façon détaillée, et surtout parce qu'en prenant le parti de faire de ces "forcenés" les narrateurs de leur histoire, Abdel-Hafed Benotman nous immerge au plus près de leur folie et de leur perversité.
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Éboueur sur échafaud

Son père disait de lui qu’il finirait sur l’échafaud, au mieux éboueur et finalement, il deviendra écrivain même si sa vie va être échelonnée par quelques séjours en prison.

Ici je découvre la jeunesse de l’auteur sous les traits du jeune Faraht Bounoura dit Fafa qui vit dans une tour parisienne auprès de sa famille, dysfonctionnelle entre une mère folle, un père violent, son frère et ses deux sœurs.

Son histoire n’est pas toujours joyeuse et le jeune Fafa s’égare sur le chemin de la délinquance. Un roman autobiographique qui ne laisse pas indifférent par son style direct, accrocheur et teinté d’humour et qui m’a permis de découvrir un écrivain parti bien trop tôt.

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Ca ne valait pas la peine, mais ça valait le ..

Hafed Benotman braqueur-sans arme a passé dix-sept ans en prison entre 1976 et 2007. Durant ces années de prison, il a démontré qu’il était aussi un auteur talentueux de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre, de chansons qui ont toujours eu comme sujet l'opposition viscérale à toutes les formes d'enfermement.

En 2001, il participe à la création de L'Envolée, un journal et une émission de radio

À sa mort en 2015, l’équipe du journal a décidé de lui rendre hommage et publiant ce livre qui est un condensé de textes et lettres qu'il a écrit pour ce journal.



A travers ces 26 lettres, Hafed Benotman va nous faire part de ce qu’il pense de l’univers carcéral et notamment de son efficacité ainsi que son impact sur l’être humain. C’est sa manière de lutter contre la justice et la prison. Il nous fait découvrir un univers avec ses propres codes où règne un microcosme qui nécessite d’être en permanence vigilant car la moindre faiblesse peut s’avérer périlleuse et où l’entraide, la solidarité ont un prix. Et, outre le fait de devoir gérer une promiscuité parfois délicate, il faut aussi gérer les gardiens qui parfois (souvent?) abusent du pouvoir que leur donne leur profession. L’univers carcéral est donc un monde bien à lui, qui laisse des marques à tous ceux qui ont la malchance (le malheur) d’y passer.



J’ai beaucoup aimé ce livre qui peut être relu et donc certaines lettres marquent plus que d’autres car mettant plus en exergue la question du bien fondé de la privation de liberté sur l’amélioration de l’homme. Vouloir « casser » un homme pour qu’il rentre dans des cases est il la solution ? Ce livre est une porte qu’il faut oser pousser et qui oblige à sortir de sa zone de confort.
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