AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.85/5 (sur 93 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1966
Biographie :

Né en 1966, enfant de l’Assistance publique passée par douze familles d’accueil, Philippe Krhajac est comédien. Il a joué dans des pièces de théâtre, des films ou des séries pour le cinéma ou la télévision.

"Une vie minuscule" est son premier roman.

Ajouter des informations
Bibliographie de Philippe Krhajac   (3)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Entretien avec Philippe Krhajac à l'occasion de la rencontre entre l'auteur et les lecteurs de Babelio.com dans nos locaux, le 8 février 2018. Découvrez les 5 mots choisis par l'auteur pour évoquer son roman "Une vie minuscule" La page du livre : https://www.babelio.com/livres/Krhajac-Une-vie-minuscule/997486 Retrouvez-nous sur : F A C E B O O K : Babelio T W I T T E R : @Babelio I N S T A G R A M : @babelio_ P I N T E R E S T : Babelio S N A P C H A T : babelio_off


Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
— Qui je suis ? Tu me demandes qui je suis ?

Je sens bien, au-dessus de mon crâne, l'ouverture entre le ciel et moi. Mes amis d'enfance, mes sequoias ?
En tout cas, empli de cette puissance imperceptible, j'entre, sans le vouloir, dans une transe logorrhéique et, nourri par le désir d'en finir, livre ma danse archaïque sans retenue à la famille Lacroix :

— Je suis Phérial Chpapjik qui a appris, alors qu'il ne savait pas encore bien lire, la scène de la lande dans Le Roi Lear. J'avais décidé, tonton, de la taire à ma façon, tant ce monsieur Shakespeare m'avait, pour ainsi dire, collé au plafond. Aussi, quand je la jouais, Je vibrais comme une feuille au vent et mes émotions décuplées m'éloignaient de moi-même. Alors, poussé par une force invisible, obligé d'être un autre. Je me suis senti bien plus beau et plus héroïque que je ne l'ai jamais été. Recevant par les paroles de l'auteur l'énergie nécessaire, une transformation s'est opérée, me permettant de comprendre sans comprendre qui était vraiment ce triste roi. Sa douleur m'écartant finement de ma propre histoire, j'ai pu accepter calmement l'infortune de ce bon père que j'aurais aimé connaître. J'entrevoyais soudain d'autres souffrances que les miennes et fus triste pour de bon. C'est là que j ai su ta misère. C'est là que j'ai pris ma décision : rendre à tonton Lacroix son malheur et ses obsessions. Je ne peux rien expliquer de plus, je ne peux rien dire, sauf que je me sens bien moins malade qu'autrefois. Et pardessus tout, grâce au généreux Shakespeare, un enfant délaissé par papa, maman, peut enfin pleurer un père, un roi imaginaire que ses enfants ont écarté ignoblement. Un abandon dans le sens contraire. Jamais vu ça auparavant. Merci le théâtre, merci Shakespeare.
Commenter  J’apprécie          150
J'avance en tâtonnant vers ce jour où je voyagerai sans contrainte parmi les âmes de nos ancêtres. Retour au premier descendant qui, dans son sourire d'enfant, exprimera à la mère d'aujourd'hui : n'aie point peur petite mère, n'aie point peur. Et juste avant ton dernier souffle, qu'en slave on dit doucha, regarde comme ce sourire d'un âge lointain n'est jamais mort. Regarde ma mère, il vit encore.
Commenter  J’apprécie          110
[...] dans cette histoire d'éducation d'enfants sans parents, tout le monde, au fond, veut faire de son mieux, du moins au départ. C'est un renouveau pour chacun et trop souvent une déconvenue pour tous. Il semblerait que seul le temps soit le garant de nos réussites. Le temps passé ensemble, le temps partagé, vécu. Mais apparemment personne ne l'a, ce temps. Apparemment, personne ne semble savoir ce qu'est vraiment le temps.
Commenter  J’apprécie          100
Bouleversé, je revois mes années d’enfance bafouées, solitaires, tout comme l’ont été celles de mes petits camarades. Petits camarades chétifs d’alors, désœuvrés, promenés en train, en ambulance, d’un établissement à un autre, d’une famille à une autre, avec cette particularité de n’avoir pour elles, tortionnaires d’enfants, absolument aucune identité. Cette solitude, sans cesse... et qui fut mise à terre, envahie, violée, piétinée. En un éclair, les coups anciens ont ressurgi autant que les injures, la brutalité. Qu'importe, puisqu’en un éclair, M. Josef est devenu comme un père aimant, attentionné, ici dans ce théâtre de la petite ville d’Alcalá de Henares qui a vu naître Cervantès lui-même. Qu'importe, puisque notre lien et notre entente, jusqu’au dernier jour, furent ceux d’un fils et d’un père qui n’ont eu aucune hésitation à s'aimer. p. 266
Commenter  J’apprécie          90
Savez-vous ce que c’est de tournoyer dans les étoiles sans être une des leurs? Savez-vous ce que cela implique lorsque les bras et les mots manquent chaque jour à l’appel. Je suis enfermé en moi-même, madame Mireille, mes yeux sont mes propres miradors, mes pensées sont mes violences et mes désirs sont réduits au strict minimum. Manger, dormir surtout pour arriver, un jour, à ne plus avoir peur. Je suis perdu, perdu dans le monde des hommes. Je ne me sens ni l’un d’eux ni comme eux. Je dérive dans l’espace où mon nombril ne se prend pas pour le centre de quoi que ce soit, de qui ce soit. Détaché à jamais, j’erre comme un clochard dans l’univers insondable avec, pour plainte, un torrent de haine et d’amour envers ceux qui m’ont fait ça, me laisser là, sur le carreau, devant les autres stupéfaits. J’ai mal à la tête.
Commenter  J’apprécie          70
Je pense à Branko. Alors, il est parti en guerre ?
Je pense encore : c'est son combat maintenant. Oui, c'est devenu personnel. Chaque individu de cet atroce conflit veut donc se venger de son voisin ? Est-ce là la véritable origine des conflits sur terre ? Se résument-ils tous à : Ta tête ne me revient pas. Toi, tu as violé ma sœur et, toi, tu es le fils de l'ordure qui a tué mon grand-père et vous allez mourir sans que votre Dieu n'y puisse rien faire. Ensuite, je découperai le sommet de votre crâne pour en extraire votre âme et que jamais le paradis ne vous atteigne. Mourez ! Mourez tous comme les chiens qu'ont été les parents de vos parents, dans la douleur de toute ma haine !
Commenter  J’apprécie          70
Il est toujours étrange d'entendre un docteur en psychologie parler de soi, surtout quand il ressemble à Barbe-noire. Son " plutôt intelligent " me fait chaud au cœur. En plus, il a l'air de bien savoir qui je suis, moi qui ne saurais même pas dire quoique ce soit sur ma petite personne. Donc, voilà sûrement à quoi çà sert, les adultes : à bien parler pour les enfants.
Commenter  J’apprécie          70
Dans l’encadrement d’une fenêtre, la silhouette d’une machine gigantesque qui soulève des masses de matières, une grue peut-être. Le soleil, si fort à l’extérieur, plonge la pièce dans une obscurité singulière. Allongé dans un lit d’enfant, enfant moi-même, je regarde la lumière, la grue qui s’agite avec force, les matières dans les airs, le noir de la pièce.
Tout à coup, deux mains, deux bras, suivis d’un énorme vieux visage s’approchent, m’enlacent et me soulèvent. De mon lit, je décolle. C’est une dame, très vieille dame, qui souffle fort, profond, qui peine, qui sent la vieille et qui m’emporte. J’arrive à son rythme dans le monde. Gens, voitures et vent, tout va plus vite qu’elle.
On a beau regarder…
La neige tombe,
Les nuages sont absents.
Ainsi, grâce à la lenteur de ma vieille, dans ses bras, les infimes variations nous traversent : un chien qui s’arrête, dresse l’oreille, les branches qui s’agitent dans le vent, cet arbre qui semble soutenir la petite maison de ma vieille. Et, au milieu du mouvement, des changements de direction des uns et des autres, sans cesse, nous, vieille et enfant, avançons dans le soleil, doucement mais tout droit, comme si ensemble nous allions au même endroit…
Le souvenir s’évanouit là, dans un trop de choses, un trop de lumière.
Combien naquirent sur les sols boueux de nos campagnes, en plein sable, dans la tempête, sans eau et sans lumière ? Le voyage n’est-il donc pas pour tout le monde le même ?
Qu’importe. Le temps qui nous est accordé ne nous semblera infini que si l’amour s’en mêle. Et peut-être, de nos larmes dernières ayant troublé la poussière, reviendrons-nous, phosphorescents, de l’au-delà.
Une vie minuscule contre l’éternité.
Commenter  J’apprécie          51
Des pensées lugubres m'atteignent et me rongent. Je commence à sombrer. Je fomente de terribles plans de vengeance, mais, très vite, mesure que la vengeance ne me servirait à rien, qu'il me faut faire plus injuriant : ne pas donner raison à ceux qui nous jugent et les démunir de leurs certitudes, en ne retournant jamais derrière les barreaux. Quoi faire sans vendetta ? Vivre pépère et trimer dans le dénuement ? Non, il doit exister autre chose. Vivre sans se faire prendre. Je trouverai, car la mort de mes compagnons de bagne m'a fait sentir aussi que la vie est pleine de vies, de plusieurs vies, au choix. Etre gangster, boulangère ou sur la ligne, funambule entre leur bien et leur mal. Si seule ma vie est un miracle, alors j'ai peur de perdre quelque chose. Si ma mort est aussi un prodige, ma peur s'évanouit. On ne peut plus rien me faire et je peux entrevoie de vivre autant de vies différentes qu'il me plaira.
Commenter  J’apprécie          41
Je remarque que personne ne demande à petit Claude d'arrêter cette fois-ci. Non, on le laisse. Il pleure pour nous tous et on lui en est bien reconnaissants, parce que ce n'est pas si facile de pleurer devant les autres, devant les copains ou son amoureuse. D'ailleurs, je me souviendrai toujours de petit Claude pour le courage de ses larmes. C'est lui qui nous a appris à ne plus retenir les nôtres, c'est lui qui nous a dévoilé un grand secret, un grand trésor. Ce secret, c'est que toute peine mérite son chagrin.
Commenter  J’apprécie          40

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Philippe Krhajac (148)Voir plus

Quiz Voir plus

Pluriel de quelques mots composés (2e)

Les carottes sont crues

des épluche-légume
des épluches-légume
des épluche-légumes
des épluches-légumes

12 questions
73 lecteurs ont répondu
Thèmes : vocabulaire , orthographe , Accords , pluriel , noms , motsCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}