Je n’ai jamais su aimer, confessa-t-il d’un ton amer et vaincu. Je ne sais pas prendre soin ni être gentil. Je ne crois pas aux sentiments parce que je suis incapable de me lier à quelqu’un… Mais si l’amour existe, alors il a tes yeux, ta voix et tes maudits pansements sur les doigts.
" J'espère que vous pourrez comprendre que...
Pleurer est humain. Pleurer signifie ressentir et il n'y a rien de mal à cela, il n'y a rien de mal à flancher et à exprimer ses sentiments. Cela ne veut pas dire qu'on est faible, cela veut dire qu'on est vivant, que notre cœur bat, s'inquiète et brûle d'émotions. "
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- Ce n’est pas vrai que tu es mauvais. Moi, je sais comment tu es à l’intérieur. Et il n’y a rien de laid ni d’effrayant. Tu n’es pas comme ça, murmurai-je. Moi, je vois en toi tout le bon que tu ne parviens pas à percevoir.
- C’est typique de toi, ça, entendis-je alors dans mon dos. A toujours chercher la lumière partout comme un papillon.
Il était sur le seuil, à présent. Les ombres rendaient son visage douloureusement beau, mais son regard était éteint, sans vie.
- Tu la cherches même là où elle n’est pas, dit-il lentement. Même là où elle n’a jamais été.
Je secouai la tête et le regardai avec des yeux impuissants.
- Chacun de nous brille de quelque chose, Rigel… De quelque chose que nous avons en nous. J’ai toujours cherché ce qu’il y avait de bon dans le monde. Et je l’ai trouvé en toi. Et peu importe quelle est la vérité, parce que la seule lumière que je vois, désormais, c’est toi. Partout où je regarde, à chaque instant… je ne vois que toi.
Rigel m’a appris beaucoup de choses. Pas grâce à ce que nous échangeons, mais grâce à ce que nous choisissons de ne pas dire, au contraire. Car se taire est parfois le plus grand des sacrifices. Il m’a appris qu’il y a des occasions qu’il faut saisir est d’autres où il faut tout simplement s’effacer. Accepter de ne pas pouvoir changer la nature des choses, parce que la façon dont elles nous tiennent à cœur correspond à notre capacité à nous en priver pour les protéger de loin. Il m’a appris que les choses auxquelles nous tenons le plus se reconnaissent au courage dont nous faisons preuve pour y renoncer.
Quand j’étais petite, j’avais entendu dire que la vérité colore le monde. Tel est le compromis. Tant que tu ne la connais pas, tu ne peux jamais appréhender la réalité avec toutes ses nuances. Maintenant que je les voyais, maintenant que je savais tout ce que j’avais toujours ignoré, j’aurais dû regarder les couleurs brillantes du monde comme quelqu’un qui, finalement, est capable de comprendre.
Mais certaines vérités ont des nuances qui nous détruisent.
Certaines vérités ont des histoires que nous ne sommes pas prêts à laisser partir.
Et je n’étais pas prête à lâcher la mienne.
- Ton prénom n’est pas un poids… Il est spécial. Comme toi. Qui irradies seulement pour ceux qui savent où regarder. Qui es silencieux, profond et complexe comme la nuit.
Je reliai les extrémités par une trace invisible.
- Tu n’y penses jamais ? demandai-je en souriant. Moi, je porte le nom d’un papillon. La créature la plus éphémère du monde. Mais toi… Tu portes le nom éternel d’une étoile. Tu es rare. Ceux qui sont comme toi brillent de leur propre lumière, même s’ils l’ignorent. Et ce prénom de Rigel fait de toi… exactement ce que tu es.
- Tu sais ce qu’est la plante que je t’ai apportée ? Une amarante. Son nom signifie « qui ne fane pas », car elle est immortelle. Comme ce que j’éprouve pour toi.
Je fermai les yeux en souriant.
- Elle aussi est différente de toutes les autres fleurs. Elle a besoin de très peu d’attention, elle a un aspect atypique et elle est très résistante. Elle est forte, exactement comme toi. Et unique, exactement comme toi.
Un jour, je leur dirais que les histoires n’existaient pas que sur les pages des livres. Il existe des histoires invisibles, tues et cachées, qui vivent en secret et meurent sans être écoutées. Des histoires sans final, destinées à rester éternellement incomplètes.
Peut-être, un jour, leur raconterais-je la nôtre.
Parce que nos âmes resplendissaient avec la force de mille soleils.
Et, exactement comme des constellations millénaires, notre histoire était écrite là.
Dans ce ciel infini.
Parmi des ouragans d’infortune et des nuages de poudres d’étoiles.
Éternelle et indestructible…
Au-delà de toute mesure.
En les regardant sur mes mains, je compris que, même si l’amour pouvait prendre différentes nuances, chacune d’elles faisait vibrer les mêmes cordes : celles du cœur. Et toutes ensemble, elles mettaient en mouvement une force unique et invisible, que seule l’âme était en mesure de ressentir.