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Critiques de Babouillec (25)
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Voyage au centre d'un cerveau d'autiste

"Comme un funambule, j'ai arpenté les fils secrets du mystérieux balancement des pensées en équilibre entre le plein et le vide."

Funambule, un des très beaux mots de la langue, un des plus imagés : le murmure-t-on, on se trouve déjà en équilibre, on trébuche, on tremble, on se rattrape, on retrouve l'aplomb, on avance... en silence.

Le funambule marche sur le fil au lieu de choisir le sol ferme, il communique en utilisant une autre façon d'évoluer, presque une métaphore pour penser qu'il s'exprime en utilisant d'autres mots, d'autres phrases, il est autre, il est différent...

Babouillec est funambule et elle en est la sensible incarnation dans sa fragilité et sa détermination (in)consciente.



Dans l'art, ce qui sort de la banalité est convoité, devient précieux. Si la nature crée une perle plus grosse, plus irisée que ses voisines, on l'admire pour son côté unique, pour son originalité et les trèfles à quatre feuilles, étrangetés au pays du végétal, portent bonheur car ils sont rares…

Babouillec est un joyau dont l'éclat nous aveugle.



Chez les humains, celui qui n'a pas franchi la porte de ce qui a été érigé comme normalité, celui qui marche sur les chemins de traverse, celui qui qui oscille sur le fil de sa vie est banni, rejeté... Pourquoi ?

La différence crée funambule, la différence devrait, loin d'exclure, obliger celui qui la repousse.

"Je crie ligotée dans vos yeux, paralysée dans votre visage à miroir déformant."



On n'apprend rien de la banalité, de celui qui se tient pieds sur terre, persuadé de la légitimité de sa valeur. On peut tout recevoir du funambule si on lève les yeux vers lui, recevoir sa leçon de fragilité, sa mesure de l'éphémère.

Le rencontrer en vérité nous fait l'accepter, découvrir un monde, le funambule, cet "autre" qui nous tend imperceptiblement mais perpétuellement la main et qui nous convie à le suivre et à cheminer d'une autre façon qui nous est inconnue. A ses côtés, deviennent disponibles les clefs d'un monde dans lequel le regard contemple d'autres images ou les mêmes de manière différente, d'autres couleurs…

A le suivre, on ne peut que s'enrichir, quitter l'uniformité et ses codes et explorer de nouveaux territoires, poser les yeux sur de nouveaux paysages, ceux d'un monde autrement perceptible.

Apprenons, ce sera notre liberté, comme l'autiste silencieux construit ses rêves qu'il ne dévoile, apprenons à esquisser un pas sur le fil…

"Voyager dans l'infinie dimension d'un ailleurs inconnu jette l'homme dans sa mémoire de déraciné. En équilibre suspendu, ombres et silhouettes se cherchent dans cette déportation de leur identité, loin des repères appris, enregistrés."



En lisant le texte de Babouillec, j'ai au départ eu l'impression de pénétrer un monde étranger, de découvrir une langue que je ne possède pas mais en même temps, je ne cessais de m'extasier devant sa force, sa richesse, sa subtilité toute incisive à dire et décrire ce monde qu'elle ressent. Une admiration pour ces mots et ces phrases telle qu'il me fallait lire et relire comme pour m'en imprégner, m'y enfouir, m'immerger dans cette perception et cette mélopée qui la décrit. Cette langue, s'écrivait ainsi en évidence, et un peu comme la langue étrangère apprise nous ouvre les portes d'une culture à découvrir, celle de Babouillec m'a irrésistiblement attirée vers cet ailleurs où tout s'écrit ou se ressent autrement, vers des contrées inexplorées où tout se colore arc-en-ciel parce qu'en perceptions beaucoup plus vives, plus intenses, vers cet ailleurs qui nous oblige à quitter l'environnement codé et les pensées formatées, vers cet ailleurs qui m'a enlacée mais je l'étais sans doute déjà… un peu…



Soixante pages pour lire une invitation à la compréhension d'un autre regard, d'une autre attitude, lire ce petit livre de Babouillec nous remplit d'une certitude : c'est dans notre monde et non dans celui des autistes que les pieds s'emmêlent dans les fils tendus et que le funambule tombe de sa légèreté.

Soixante pages de poésie, soixante pages d'apesanteur….
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Algorithme éponyme et autres textes



Trublionne de la société normative, Babouillec a répondu "non" à un karma conformiste. Dite autiste, très empêchée selon les toises en vigueur, elle est née les pieds dans les marges, d'où elle nous nargue d'un sourire malicieux et séditieux.



Elle a raté sa maternelle, ou aussi bien la maternelle l'a ratée; l'école, ce projet à grande échelle qui loupe fatalement ses extrêmes, les trop ou pas assez. Tous ces recalés, peu Science -Pôsables, fils et filles illégitimes du chausse-pied éducatif, devront tracer leur piste de jungle, comme ils pourront.



‌J' admire au passage la ténacité d'une mère qui jamais ne lâchât le morceau et grâce à qui un univers parallèle et stupéfiant nous est révélé .



On conclut naturellement d'une absence de langage à une absence de pensée. Pas de réponse ? c'est plié, t'es teubé. La honte nous cramoisit en pensant à nos jugements expéditifs face à des personnes qui ne collent pas à nos grilles prêt-à-penser au petit-pied.





Quelles pensées fulgurantes fusent du cerveau de Babouillec ! A notre tour de rester coi face à ses percutantes réflexions sur la vie, la société et l'univers, qui pourraient être délivrées par un grand maître bouddhiste. L'humour qui les perfuse est là pour prouver s'il le fallait que l'esprit le plus lucide abreuve la galaxie de ce cerveau qui a suivi sa propre trajectoire. L'exo-planète Babouillec nous vient d'un très-ailleurs et on se sent terriblement ringard dans nos combinaisons étroites de pensée, à la cosmos 99, des fats se rengorgeant de bien peu de choses.





Nous vient ensuite une taraudante question : en transposant sur un autre plan, qu'en est-il de tous les autres grands silencieux , les autres êtres vivants , n'ont-ils pas finalement des pensées bien plus élaborées que celles que nous leur prêtons ?



Babouillec qui a accepté de se livrer à travers notre prosaïque alphabet nous oblige à élargir notre empan de conscience et franchir d'autres frontières. Les "ténors du silence", magnifique expression.

Babouillec nous vient d'un monde crypté où ce qui se tait est prolixe sous d'autres canaux, longueurs d'ondes trop sportives pour nos modes routiniers.



Follement déstabilisant, l'alphabet de Babouillec brouille nos évidences et desserre les casques. Merci à elle, transfuge du cosmos et ambassadrice de tous les silences.
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Voyage au centre d'un cerveau d'autiste

«Les bodhisattvas qui ont compris l'Éveil parfait et pur savent, grâce à cette conscience d'Éveil pur, que la nature de la conscience d'Éveil, les organes des sens et les domaines des sens sont des métamorphoses illusoires. Ils produisent des illusions pour éliminer les illusions (…) Comme celui qui contemple l'illusion n'est pas identifié à l'illusion ni à la contemplation illusoire dans laquelle tout est illusion, il est dégagé pour toujours de la marque de l'illusion.»

(Bouddhisme Mahayana / Madhyamaka : Sutra de l'Eveil parfait)





VOYAGE AU CENTRE D'UN CERVEAU D'AUTISTE, que son auteure, Hélène Nicolas, alias Babouillec, née en 1985 et «diagnostiquée autiste très déficitaire» en 1999, nous présente comme étant «une parenthèse obscure sur les entrailles du cerveau», est un objet littéraire hybride, inclassable et, de mon point de vue, absolument fascinant. Une oeuvre touchée par la grâce, tissée par une de ces écritures rares qui arrivent « à illuminer le trou (du réel) et permettent de jeter un coup d'oeil rapide à l'intérieur», selon la superbe formule employée par Rosa Montero. Ecritures qui réussissent à se faufiler en quelque sorte derrière les mots, là où d'habitude il n'y que cette immense vacuité que nous persistons à combler, à rhabiller avec d'autres mots, créant cette ronde interminable des définitions du dictionnaire, boucle lexique circulaire autour d'une réalité dont nous nourrissons la plupart du temps l'illusion d'en posséder les… «mots de passe»! Je pense notamment, ici, à certains poètes ou grands mystiques -tous bords confondus-, ou encore à des auteurs tels Simone Weil ou Clarice Lispector (des femmes aussi, serait-ce pure coïncidence?), que je tiens tout près de mon coeur sauvage (sic) et auxquelles Babouillec m'a fait beaucoup songer durant cette lecture. Tenez, à propos de « mot de passe » par exemple:



« J'arrive à l'altitude de pouvoir tomber, je choisis, je tremble et renonce, et, finalement, en me consacrant à ma chute dépersonnelle, sans voix propre, finalement sans moi – voilà que c'est tout ce que je ne possède pas qui est à moi. Je renonce et moins je suis plus je vis, plus je perds mon nom plus on m'appelle, mon unique mission secrète est ma condition, je renonce et plus j'ignore le mot de passe plus j'accomplis le secret, moins je sais plus la douceur de l'abîme est mon destin. Et alors j'adore. » (Clarice Lispector)



Et,



«Une petite lumière rouge clignote dans la boîte crânienne, explose l'espace libre pour réfléchir et mot de passe s'affiche. Sûr d'avoir choisi le bon vous essayez à nouveau différent. Petit moment de répit, rien ne se passe, peut-être que le cerveau s'habitue. Illusion passagère, l'alarme repart de plus belle pour éradiquer définitivement cet espace inadapté. La lumière rouge clignote de plus en plus fort dans la boîte à penser comme une cote d'alerte transgressée. Le moment est douloureux et la mémoire s'active. Les souvenirs remontent à la surface. Vous l'avez vu tout à l'heure après les infos dans une pub, le médicament qui éteint la lumière rouge qui clignote dans le crâne. Vous allez à l'armoire à pharmacie et avalez sans plus attendre le fameux mot de passe qui guérit tous les mots. » (Babouillec)



Une condition me semble néanmoins indispensable à toute possibilité d'immersion dans ce type d'écriture : procéder à une lecture, elle aussi, par moments quasiment mot par mot, à l'image de ce que fait ici leur auteure, qui, privée de tout accès à la verbalisation et à l'écriture cursive, s'est servi d'un jeu de lettres en carton découpé, confectionné par sa fidèle assistante et mère, pour les assembler, lettre à lettre, l'une après l'autre, les forgeant au fur et à mesure dans leur matérialité propre, puis, les uns s'agrégeant aux suivants, pour détacher enfin les phrases de la masse concentrée et indistincte de l'esprit. C'est pouvoir donc, en tant que lecteur, s'investir en une entreprise permettant de soulever délicatement («métamorphoses illusoires des sens»…?) un petit coin de ce lourd voile de Maya recouvrant chaque mot de la langue, afin d'épier, derrière ceux de Babouillec, l'empreinte fugace laissée par le réel, imprimée grâce aux circuits neuronaux atypiques régissant le traitement de l'information et la parole chez elle. «Dans la file d'attente des mots, certains ne verront jamais la lumière du jour, d'autres sont la lumière du jour».



Au cas où lecteur n'aurait néanmoins pas compris que, à défaut de les rejeter comme étant tout simplement des mots abscons, alignés sans-queue-ni-tête, son esprit, en les soupesant avec patience et bon soin, risque de s'égarer et de «sillonner la ligne de démarcation entre le réel, l'imaginaire, l'obscurité, la lumière», pour enfin «se faufiler dans les limbes, assoiffé de visiter le paradis dont il ne connaît pas l'adresse», l'auteure prend tout de même le soin de nous prévenir : «Attention, cerveau aux territoires acquis, je pourrais t'aimer, te polir, te démunir, te dévêtir»…

Car s'abandonner à la connaissance directe du « centre d'un cerveau d'autiste » en train de pratiquer l'écriture et, par cette ruse, d'habiter l'illusion d'un Je (« Sans crier gare, je suis née en apnée de corps dopaminé poète. L'écriture rode dans mes circuits »), nécessite, en contrepartie, de nous autres lecteurs, détenteurs précautionneux du «code secret de nos corps», de pouvoir accepter de l'oublier momentanément, et de s'expatrier provisoirement de notre Je afin de partir, en compagnie de Babouillec, en «randonnée à ciel libre d'esprit».





Petit livre hors norme (!?), cosmogonie personnelle à géométrie lilliputienne, mais aux résonnances cependant multiples et universelles, VOYAGE AU CENTRE D'UN CERVEAU D'AUTISTE relève à la fois du témoignage autobiographique, de l'exploration métaphysique, de la «narration poétique», voire même, à certains de ses passages, de la diatribe politique («Pourquoi certains nous reniflent comme des êtres à enfermer. Pourquoi dans la classification ethnique un humain est un humain et dans la classification sociale le mot classe est mis en lumière, le mot humain est éteint»).



«Bip, bip. À toi déchainé du vivant, capteur ascensionnel du subtil d'être au monde,

je suis honorée d'être née dans ta tête»



Bip, bip. Oui, Babouillec, en ce qui me concerne, moi, Eduardo, alias Creisifiction, le message est très bien reçu. Cinq (étoiles) sur cinq! Bienvenue à une grande auteure!





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Algorithme éponyme et autres textes

Les larmes coulent sur mes joues alors que je referme ce livre tant je suis éblouie par la beauté du texte. Et voilà que je me sens investie d'une mission, celle de vous présenter Hélène Nicolas alias Babouillec. A l'occasion de la semaine du cerveau, je suis allée voir le film « dernières nouvelles du cosmos ». C'est là que j'ai fait la connaissance de cette jeune femme, autiste dite « très déficitaire ». le film relate le chemin parcouru par sa mère, son amour et sa détermination pour trouver un moyen, une connexion, un passage pour communiquer avec sa fille. Et elle y est parvenue ! Hélène, sans jamais avoir appris, sait lire et écrire mais, trop handicapée pour tenir un stylo, ne peut rédiger. Sa mère a alors l'idée d'inscrire les lettres de l'alphabet sur de petits carrés de papier qu'Hélène n'a plus qu'à associer pour créer les mots puis les phrases. Je n'en dirai pas plus sur le film mais je vous invite à le découvrir.

« Seule enfermée dans l'alcôve systémique, nourricière souterraine de la lassitude du silence, j'ai cassé les limites muettes et mon cerveau a décodé votre parole symbolique, l'écriture. » Forte de cette nouvelle possibilité, Hélène commence à écrire des textes et révèle peu à peu sa pensée et le plaisir de la communiquer : « L'écriture a rempli mon espace et j'adore la sensation de me sentir en vie dans cette extase identitaire de partager mes mots. ». « Algorithme éponyme », son livre, est la compilation de ces textes. Elle nous offre là une porte ouverte sur son monde, principalement intérieur mais aussi son regard sur le nôtre. Son oeil amusé nous observe et nous renvoie une image d'êtres stéréotypés enfermés dans nos propres limites. Elle analyse son état d'autiste, dont elle est parfaitement consciente et commente le regard que les autres portent sur elle. Son écriture est d'une magnifique poésie (j'y trouve entre autres l'influence de Baudelaire) et d'une profondeur sans fond. Sa puissance est telle qu'elle m'a complètement retournée.

Hélène si je m'adressais à vous je vous rappellerais cette dame qui à la fin du film vous déclare « Tu me fais rêver », et je vous dirais que je me joins à elle mais qu'en plus je vous dis Merci. Pour avoir réveillé mon être intérieur, projeté un éclairage sur les questions essentielles sur lesquelles j'avais tendance à m'endormir, m'avoir secoué à m'en faire trembler des pieds à la tête, pour avoir déversé en moi ces cascades de lumière et de couleurs. Pour cette flamboyante épopée dans l'intra-muros de votre « boîte crânienne », merci !

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Rouge de soi

Miss Eloïse Othello est danseuse, et travaille avec ses potes Mario et Loubie, des marionnettistes, sur une création, à l’espace des sciences. Mais miss Othello sort d’une rupture, Moshé l’a quitté. Sur les conseils d’une amie, elle rencontre Mme Sanchez, et entame une thérapie. Grâce à cette dernière et à ses quelques ami(e)s, notamment Tonio, Eloïse trouvera le chemin de la guérison, et l’envie à nouveau, de se connecter au monde.

Après avoir lu « Algorithme éponyme », et avoir été éblouie, j’étais impatiente de lire une autre œuvre de Babouillec, autiste peut-être très déficitaire par le corps mais certainement pas par l’esprit. Voici que sort « Rouge de soi », son premier roman. Bon, pour être honnête, on comprend tout de suite que la trame narrative n’est là que pour servir de support aux réflexions de l’auteure, et de ce point de vue, je n’ai pas été déçue. J’ai retrouvé la même hypersensibilité, la même vision claire du monde et de la société, la quête d’identité et de notre place au milieu de tout ça, avec cette fois une approche des sentiments amoureux. J’ai davantage perçu les variations d’humeur et l’isolement que peut ressentir parfois Babouillec, prise au piège de ses pensées et de ses émotions, ou même de son corps. Les dialogues sont souvent surréalistes, on croirait lire une conversation entre psy ou entre philosophes ! Je l’ai lu deux fois, pour bien m’imprégner du langage et comprendre le fond, le sens profond des phrases, et de nouveau, c’est un éblouissement. Hélène Nicolas (Babouillec) écrit maintenant des pièces de théâtre, j’ai hâte de les voir !

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Algorithme éponyme et autres textes

La poétesse est une autiste qui n'a jamais parlé ni appris à lire. Mais un jour, elle a montré qu'elle savait écrire. À l'aide de lettres cartonnées qu'elle aligne sur des feuilles blanches, elle compose des textes qui interrogent sur les limites. Dans la préface, le metteur en scène Pierre Meunier salue un talent original et quasi miraculeux. « Sauvés de la confusion par son effort de nous les transmettre, ils surgissent, animés de la force vitale propre aux rescapés. » (p. 7)



« Poète sans papiers, sans origines littéraires, sans règles sociales. » (p. 12) C'est ainsi que Babouillec se présente. Elle joue avec la langue, voire la langue étrangère, avec la mise en page, avec la casse. Avec les mots tout simplement. Elle parle de l'enfermement en soi-même, de la bataille pour se libérer, de la nécessité évidente de ne pas correspondre aux normes sociales, de l'identité. « Je tue mes démons silencieux dans les tentatives singulières des sorties éphémères de ma boîte crânienne. » (p. 11) Avec un lexique immense, Babouillec porte un regard précis sur la société et la course du monde. Elle exprime aussi un humour très fin et impertinent, une moquerie douce et éclairée, mais qui tend parfois à la raillerie quand l'agacement prend le dessus. Elle noue à ses paroles des références littéraires, filmiques ou musicales : elle les distille l'air de rien, ce qui est la preuve d'un esprit ouvert au monde, curieux et avide, et qui intègre tout ce qu'elle touche pour le faire sien.



J'aime les textes des êtres qui battent le validisme en brèche. Ils dégagent une vérité brute et immédiate, ils délivrent un sens évident. Cette lecture me permet de vous conseiller le lumineux témoignage de Thomas Mandil, La joie de vivre ma vie. Mais bon, soyons honnêtes, résumer ou analyser de la poésie, c'est franchement impossible et tout à fait couillon. On ne condense pas l'émotion pure, on la ressent.
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Voyage au centre d'un cerveau d'autiste

De loin, la meilleure découverte de l’année. Un petit livre de 50 pages . Une écriture unique, complexe , poétique et déroutante

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L’ histoire d’une autiste qui ne parle pas , n’ a jamais appris à écrire, un vrai fardeau jusqu’à l’ âge de 14 ans , où elle découvre la pince pouce index et donc la possibilité de piocher les lettres en carton bricolées par sa mère . Et là, surprise ,elle se met à écrire lettre par lettre Le résultat est bouleversant. Je l’avais emprunté à la médiathèque , je l’ai acheté version papier car c’est un livre qu’il faut lire ligne par ligne .Vous pouvez aller sur You Tube pour découvrir cette « handicapée » atypique

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Voyage au centre d'un cerveau d'autiste

« Je me sens prisonnière dans un bocal, un aquarium à taille humaine. » Difficile de parler de ce petit livre d’Hélène Nicolas, surnommée Babouillec. Cette trentenaire a été diagnostiquée autiste très déficitaire dès son plus jeune âge. Elle est enfermée dans le silence, incapable d’écrire, de parler, du fait d’une habilité motrice insuffisante. C’est sa mère qui va lui apprendre pas à pas, durant des années, à utiliser les 26 lettres cartonnées qu’elle lui a confectionnées, pour lui permettre d’exprimer ses pensées. Un documentaire a d’ailleurs été réalisé sur cette expérience d’un « apprendre à apprendre » inédit ; « Dernières nouvelles du cosmos ». Il a été nominé aux Césars 2017 du meilleur film documentaire.



« Toutes ces années à user tes fonds de culotte sur les bancs de la certitude ne racontent pas toujours la profondeur, ni la taille des espaces aménagés pour comprendre. » Babouillec a tout à fait conscience de sa différence. Elle a suivi l’école maternelle durant deux ans, et elle sait que c’est dans les établissement scolaires que l’on est censé apprendre. Là où elle ne peut pas aller. Mais aucun regret : elle a compris que son cerveau n’était pas modelé comme le voudrait la « norme sociale ».



« Le cerveau stimulé depuis la naissance dans le processus de ressemblance apprend.

Il apprend la grandeur de l'autre dans sa loi des limites humaines, la survie sociale. » La jeune femme est capable de formuler une analyse extrêmement éclairée de ce qu’elle vit au quotidien. Et c’est troublant !



« Tout est noir dans l'escarcelle du cerveau reptilien. Pas de croas, croas dans ma mémoire animale. » Babouillec assume sa différence ; la regarde même avec humour. Ce n’est pas parce qu’elle ne peut pas parler à voix haute, ni écrire d’un geste fluide sur une feuille ou sur un ordinateur qu’elle va refreiner ses envies de s’exprimer, de partager ses réflexions sur le monde, sur ce qu’elle ressent dans son corps, dans son âme.



« C'est tous feux éteints que sans crier gare, l'esprit se faufile dans les limbes, assoiffé de visiter le paradis dont il ne connait pas l'adresse. » Emplis de poésie, ces courts textes m’ont fait sourire, m’ont fait réfléchir, m’ont perdue aussi parfois, mais je ressors de cette lecture très émue, et troublée. Une auteure à découvrir !

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Algorithme éponyme et autres textes

Nous sommes à l'étroit. A l'étroit de notre langue, de nos corps, si forcément à l'étroit que nous en vivons parfois à l'envers de nos pensées. Rapprochement de l'autre. Identité de soi. Extérieur nuit. Intérieur libre. Nous sommes à l'étroit, étroitement recroquevillés dans nos incapacités. A l'étroit de nous mêmes. Nous sommes muets.

Possibilité, créativité..infinité. Kiêthon . Khiêthon vraiment. Nous n'osons imaginer tout ce qui nous dépasse. Tout ce que nous ne percevons pas. Incapable de silence, coupables de bruit. Nous sommes in-sensés, les yeux ouverts et le regard baissé.

Babouillec s'est une étoile filante, une écriture vive, poétique.Une oiseau de liberté.

Une voix d'une profondeur incroyable. Des mots qui par magie sont arrivés en une année lumière jusqu'à nous. C'est un cri poussé vers le ciel, un espoir, un champs immense de paroles. J'avais commencé à souligner les passages que je préférais, que j'estimais devoir noter.

Mais tout vole en éclat lorsque vous vous apercevez que vous avez presque souligné le livre entier.

« Je suis équipée d'un autre sens de cet enchantement d'être en vie ».

« J'appartiens à une espèce en voie d'apparition, dépourvue du sens social sécuritaire, bannissant les codes interrompant les accès aux mystères de la vie. ! Une espèce fantaisiste où règne un désordre tonitruant.

Équipée de codes indéfinissables brouillant les radars des formats en tout genre, j'appartiens à cette espèce étrange qui ne rentre nulle part, qui ouvre la passerelle des impossibles en torturant les repères sociaux.

J'observe sans relâche les codes d'appartenance et je défis les pièges à la pensée.

Mon monde est tel que je l'ai construit, sourd à la ritournelle anesthésiant les cerveaux débranchés, sourd aux compteurs affables, sourd aux paroles plombées tombées du ciel par temps orageux, sourd à la violence et à la haine. ».

Il y a des moments comme cela. Des moments d'intense lecture. C'est presque un vertige. Le vertige que seul la beauté sait vous donner. Un océan qui vous entre dedans. Et l'on se sent fort, et l'on se sent riche. On se sentait à l'étroit, et puis il vous prend l'envie de retrouver, de partager, de semer, de voler. Avec des mots, des lettres d'images, des paquets lumière de lettres. L'immensité d'une lettre-voyage. Oui, c'est une espèce en voie d’apparition. Ça valait la peine de faire tout ce voyage pour connaître ça. Bing bang – métafusion ! Babouillec fait nous rêver encore et en corps, donne nous les clés !

Astrid Shriqui Garain



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Algorithme éponyme et autres textes

Un livre qu'il ne faut surtout pas lire "avec raison". C'est comme les "dialogues avec l'ange" de G. Mallasz. Cela parle à un autre niveau de conscience.

Comme elle dit dans "Rouge de soi", "la plupart des humains ne croient que ce qu'ils voient, alors là forcément c'est raté". Pauvres humains...



C'est tellement dense, tellement "vrai", tellement alien, tellement autre, tellement...

Je me sens comme une larve emprisonnée dans un cocon là où Babouillec est un papillon resplendissant.

Regarder "dernières nouvelles du cosmos", lire les livres de Babouillec : et paf, un retournement de point de vue total sur qui est handicapé et qui ne l'est pas.

Un renversement de situation.

Une ouverture de l'esprit et du cœur.

Inouï.

On peut plus avoir de mots après une telle lecture, tellement on se sent "limace" là où elle vole avec grâce et légèreté, tout en étant d'une densité presque insupportable. Donc je me tais.
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Algorithme éponyme et autres textes

Algorithme éponyme, et autres textes, Babouillec

Ecrit par Cathy Garcia dans La Cause Littéraire

Je viens enfin de terminer un livre de Babouillec. En fait, je ne savais pas exactement ce que j’allais lire mais je savais que ce serait une claque et puis au final c’est une formidable résonance. Je retrouve tellement de mes propres ressentis, de mes questionnements, mes révoltes même, dans ses mots, que je me dis que moi aussi je dois être autiste, camouflée derrière une apparente normalité et que nous sommes même peut-être tous des autistes plus ou moins intégrés dans la normalité, et alors la question s’impose : qu’est-ce que ça veut dire « être normal » ? La question que nous posent, parfois comme un flingue sur la tempe, tous les dits « anormaux », tous les « différents », peut-être pour nous montrer à quel point nous sommes éloignés, coupés de nous-mêmes, de notre être véritable, unique et extraordinaire dans son anormalité.



Qu’est-ce que ça veut dire « être normal » ?



C’est la question qui vient nous remettre en question justement, qui vient nous réveiller. Une question qui dérange notre sommeil, une sorte de sommeil collectif hypnotique.



Dans la folie de l’obéissance d’être en vie, j’accuse l’infinie gourmandise jubilatoire de mon cerveau, de m’inonder du désir impalpable de jouer avec les lettres et raconter l’invisible qui vit en moi.



(…)



L’enjeu systématique de l’appartenance sociale inhibe ta résonance au monde, à toi-même, à elle-même. (…) Fantômes itinérants et sans bagages, les corps s’alignent sur le modèle disponible.



Je suis arrivée dans ce jeu de quilles comme un boulet de canon, tête la première, pas de corps aligné, des neurones survoltés, une euphorie sensorielle sans limites. Les oreilles stand-by à la jacasserie humaine, les mains et les pieds sens dessus dessous, les yeux dans les yeux de moi-même. Modèle dispersé, gratuitement mis au monde par besoin de casser la mécanique culturelle.



(…)



Le regard des autres : à qui devons-nous appartenir ressembler (…) Quality Street boulevard de notre déambulation linéaire alignés docilement par peur du vide. Ronde infernale high Tech ces rencontres compulsives moulinées dans nos boites à dialogue sous haute surveillance.



(…)



On décore mal le paysage, jamais à la bonne place, dans la bonne attitude, bonne posture, bonne gueule de l’emploi. (…) Sortons les handicapés dans la rue et faisons une grande fresque vivante.



Nous ne sommes pas des anges, la preuve, nous n’avons pas deux ailes pour fuir ce monde hostile.



(…)



Il faut se souvenir que nous ignorons l’origine du bing bang cellulaire.



Apocalyptique pari illicite, cet éclatement des éléments pour fabriquer la mécanique humaine obsolète sous Prozac.



Cathy Garcia




Lien : http://www.lacauselitteraire..
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Rouge de soi

Ce roman est l’histoire toute simple d'Éloïse, surnommée Miss Othello. Elle est danseuse. Elle travaille avec des amis, Mario et Loubie qui sont tous deux marionnettistes. Ensembles, ils préparent un spectacle.

Mais Miss Othello ne va pas bien car elle vient de rompre avec Moshé, son amoureux et elle veut se faire aider. Liz, une de ses précieuses amies lui conseille de consulter et c'est ainsi qu'elle croise Mme Sanchez.

Elle a une vie la plus "normale" possible, sort avec ses amies, regarde la TV le soir, discute des soirées entières pour refaire le monde, ou chercher à le comprendre.

Mais c'est dans l'écriture qu'elle va trouver, un bénéfique salut qui lui permettra non seulement d'oublier ce qui se passe dans son cerveau "embrouillé"...mais aussi de guérir.

Si Éloïse a la chance d'être autonome dans la vie, de pouvoir travailler et vivre libre, ce qui n'est pas le cas de Babouillec, elle n'en est pas moins son double, son miroir, celle qu'elle voudrait être et c'est aussi pour cela que ses propos nous touchent...

D'ailleurs le livre qu'Éloise écrit dans le roman, s'appelle aussi "Rouge de soi" ("Rouge comme les interdits, le sang, l'intimité, l'émotion suprême, la timidité, le dépassement de soi dans la profondeur de l'identité, le carrefour des sens interdits"page 125).



Comme je vous l'ai dit ce roman est indescriptible et ne rentre dans aucune case.

L'histoire n'est que le prétexte à de nombreuses réflexions philosophiques qui nous font pénétrer dans la bulle de l'auteur. Une bulle qui n'est pas du tout synonyme d'enfermement mais d'ouverture, de créativité et de poésie.

Chaque court chapitre indique clairement le sujet des réflexions : l'intention, le plaisir, la raison, le tri, la vie, la délivrance...

Barbouillec à travers le personnage d'Éloïse nous observe, elle cherche à comprendre le monde, à trouver sa propre identité au sein de notre société complexe. Elle philosophe, nous explique sa vie avec humour, s'amuse de nous et de nos travers.

Et nous ne pouvons nous empêcher de nous questionner...

Qui est réellement différent, elle ou nous ?

Qui a la tête embrouillée...elle ou nous ?

Qui est -elle vraiment ? Qui sommes-nous ?



J'ai été charmée et émue par ses questionnements incessants et la poésie de ses propos.

J'ai été surprise par les tournures de phrases, les références littéraires, le vocabulaire soutenu, mais je ne mets nullement en doute la véracité de l'écriture, en disant cela.

Les phrases sont courtes et percutantes. Il y a beaucoup de dialogues rendant ainsi l'appropriation des idées, plus facile.



Un court roman sur la difficulté de vivre quand on est différent...142 pages à découvrir absolument !



Pour en savoir plus sur l'auteur, rendez-vous sur mon blog...




Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Algorithme éponyme et autres textes

Après avoir vu au cinéma, à sa sortie, le très émouvant documentaire sur Hélène Nicolas auto-surnommée "Babouillec", j'ai eu envie d'essayer de connaitre un peu mieux les pensées de cette extraordinaire (dans tous les sens du terme) jeune femme et de découvrir un de ses recueils de textes.

Bien m'en a pris ! C'est tout à la fois beau, questionnant, dérangeant, surprenant, drôle... un univers bien à part dont on ressort forcément un peu chamboulé et avec un regard différent sur le monde qui nous entoure.

J'aimerais beaucoup avoir l'occasion d'assister à une représentation des pièces de théâtre crées à partir de ses ouvrages.
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Voyage au centre d'un cerveau d'autiste

"Pourquoi doit-on punir les errances mentales nées d’un cerveau différent. Pourquoi certains nous reniflent comme des êtres à enfermer. Pourquoi dans la classification ethnique un humain est un humain et dans la classification sociale le mot classe est mis en lumière, le mot humain est éteint.

Quelle est la classe des énergumènes répertoriés très déficitaires mentalement dont le mutisme renforce l’obsolescence. […]

Dans le mystère des ombres palpite l’incandescence.

Les êtres loin du regard ouvrent le secret d’une existence."





Ouvrir un roman de Babouillec, c’est ouvrir une porte sur l’infini. Un plongeon dans l’incommensurable, dans le grandiose, le grandiloquent, le merveilleux, la différence.





Le Je, le Elle, le Chaos, se croisent, se décroisent dans ce ballet aux règles non définies. Où le validisme n’est rien, où la normalité n’a rien de normale, où la différence n’est qu’un reflet d’une société à sens unique.





Babouillec s’arme de ses plus mots pour transcrire sa vie avec un œil critique. Babouillec vous invite dans son monde où le rien et le tout ne forment qu’une idée vague et subjective. Un monde où les questions affluent où les réponses résonnent, limpides et foudroyantes.





Babouillec aime explorer l’infinité de son monde silencieux, de son monde si majestueux et si juste. Elle piétine nos idées reçues, nos idéaux, nos convictions comme une vulgaire poussière. Elle nous pousse dans nos retranchements intérieurs, intimes et nous ouvre la voie de la bienveillance.





Lire Babouillec c’est intégrer un univers plural. Un univers de couleurs, de rire, de larme, de maux.





Lire Babouillec c’est se donner la chance de rencontrer une personne unique.





En bref :

* Un court roman immersif

* Une plume exceptionnelle

* Une lecture que je vous invite à lire à voix haute, vous serez transpercez par la sonorité des mots

* Un voyage exceptionnel où la différence prend toute sa valeur

* Un regard critique et sarcastique sur notre société

* Une auteure de génie à découvrir sans faute





Une ode puissante à la liberté, à la pluralité de notre société et à l’acceptation d’un monde mouvant. Babouillec détonne dans ce monde presque aseptisé.





"Comme une funambule, j’ai arpenté les fils secrets du mystérieux balancement des pensées en équilibre entre le plein et le vide."
Lien : https://misschocolatinebouqu..
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Algorithme éponyme et autres textes

« Je suis une enfant du ravin de ce monde ployé sous les sentiers en déséquilibre entre le vide et le plein. » Ainsi parle Hélène Nicolas dite Babouillec fragilisée par un autisme très déficitaire.

On pourrait parler de rencontres. Entre une mère et sa fille. Entre l'auteure et le lecteur. Entre notre monde et celui de l'autisme.

A travers ce livre on pénètre dans une dimension poétique très particulière qui ouvre des portes sur des dimensions dissemblables.

Le moyen de communiquer par lettres de carton donne à Babouillec l'occasion d'exprimer tout un monde : le sien et par la même nous offre la possibilité d'atteindre une partie de celui-ci.

« Et d'abord, c'est quoi le Silence ?

Le Silence

Le Silence ouvre les portes de l'absolu

Le Silence temps mort entre nos doutes

Temps mort dans le doute

Le Silence

Temps vivant dans l'instant

Le silence

Doute absolu vivant dans le temps mort d'un instant de silence. »



Formidable témoignage, pépite pleine d'énergie bouleversante, Algorithme éponyme raconte les mots d'une jeune femme murée dans le silence de l'autisme. Chaque texte posé, chaque phrase met en lumière une dimension poétique qui surprend, interroge, ébranle, touche.

« ET, quel plongeon…

Je me vois chaque fois les deux pieds calés sur ma rambarde de sécurité et le corps flottant près de me lâcher. Mon imaginaire totalement pris au dépourvu grimpe dans les tours et apparaît la belle image du plongeon de mon gratte-ciel, tête la première. »



D'une écriture forte, l'intention de dire avec une rare acuité est puissante. « Perdue au fond de mon corps j'observe sans relâche le monde »

Intense et fragile, sensible et lucide ce petit livre est un concentré d'émotions poétiques qui ne demande qu'à émerger. « Je suis une enfant du ravin de ce monde ployé sous les sentiers en déséquilibre entre le vide et le plein. »



Intensément vivant.

Ne vous privez pas de le découvrir.





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Voyage au centre d'un cerveau d'autiste

Ouhla, c'est cosmico-intérieuro-impalpable. J'ai eu du mal à lire environ la moitié du livre, devant lire, relire et relire encore pour comprendre le sens que je voudrais bien y trouver.

Mais je constate par instants, par fulgurances que je partage cette vision totalement déconstruite, à la limite de l'illisible ou de l'incompréhensible.



Je me demande si ce livre est accessible à tout le monde, voire même, je serais curieux de percevoir ce que chacun y trouve, probablement à chaque fois un message différent.



Alors il me semble que c'est un ovni, et je conseille à chacun d'aller y picorer ce qu'il peut y trouver. Et merci à cet esprit hors du commun de mettre des mots sur ce que les intuitions peinent quelquefois à décrire.
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Rouge de soi

Comment parler d’un livre qui est inqualifiable ? Comment mettre ses propres mots sur « Rouge de soi » ? Exercice compliqué tant les mots me manquent et dont je ne maîtrise pas. Comment rendre à sa juste valeur, un roman qui bouleverse, transcende ?









Ma première rencontre avec « Rouge de soi » s’est faite sur les réseaux sociaux (béni les dieux (pour une fois) qui ont su insufflés aux hommes la création des réseaux sociaux). Cette vidéo qui a attiré mon regard et là j’ai vu et j’ai regardé. Babouillec en pleine création ! Cette joie de vivre en communiquant avec ces lettres. Ce regard, loin d’être éteint mais au contraire plein de malice. La fascination m’a de suite frappée. Et j’ai voulu absolument connaître l’immensité de Babouillec. Celle contenue dans cette bulle qui ne demande qu’à être explorée.

Et puis j’ai voulu ouvrir ce roman par ce que je suis maman d’un petit garçon (qui sera un adulte un jour) qui présente des troubles du spectre autistique. Un combat de tous les jours sans relâche.









« Rouge de soi » c’est l’histoire de nous, de vous, d’eux, d’elle et de Miss Othello. C’est l’histoire dans l’histoire ! Une place dans la place de la société. C’est l’identité individuelle dans l’identité collective. Un monde, une bulle dans l’anarchie organisée de notre société. C’est tout un tas de questions, de remises en questions, de vagabondages dans les multitudes, des prises de consciences, des insouciances, des rêveries, des réalités, des créations. C’est ultime, renversant. C’est une bulle d’où tu explores chaque recoin qui n’existe pas mais qui fait parti d’une réalité tragique incompréhensible. C’est l’acceptation de la différence mais qui n’est pas en même temps une différence. C’est comprendre cette différence. Miss Othello t’ouvre son monde, sa bulle, sans en être vraiment une. T’enfiles avec elle, ta tenue de scaphandrier et tu plonges dans le tumultueux de l’océan. Tu découvres des trésors enfouis et quand tu lèves la tête de cette profondeur, tu rencontres l’immensité noire des étoiles, de la vie. C’est cosmique ! C’est le bing bang !





Babouillec ne gribouille pas. Elle narre, elle philosophie, elle raconte son immensité, elle ouvre les esprits étriqués. Elle joue avec les mots parfois avec beaucoup d’humour, elle s’amuse. Elle te parle.









Je termine mon petit billet modeste par les mots de Julie Bertucelli :





« Plus je lis Babouillec, plus je suis émue et pense profondément qu’elle est l’une des plus grandes poétesses-écrivaines-autrices du XXIème siècle avec sa fulgurante écriture, ses questions intarissables surgissant des profondeurs, sa soif d’élucidation enthousiasmante, ses paroles inouïes, ses histoires uniques et de plus en plus concrètes, toujours différentes, ses dialogues ciselés, son humour renversant et sa pensée qui voyage et nous transporte si loin. Elle nous ouvre la vie en grandissime, en multidimensionnel, en ultrasensible, en surpassionnant, en infiniméthaphysique, en extrapoétique… Je ne la remercierai jamais assez d’être ce qu’elle est et d’être venue sur terre pour nous rencontrer ! »




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Voyage au centre d'un cerveau d'autiste

Quelle écriture, cet agencement de mots qui n'appartient à personne d'autre. Je n'ai jamais aimé la poésie en vers, en rimes ou si rarement, je préfère celle de la prose qui voltige, qui dérape, qui crisse, ou qui agence des mots qui n'ont pas l'habitude d'être placés ensembles, de créer, ensemble, des idées originales, qui n'appartiennent qu'au génie de leurs auteurs. Babouillec pur style.
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Voyage au centre d'un cerveau d'autiste

Déséquilibrer le verbe formé dans le cerveau et que la bouche peine à expulser pour devenir parole, voilà l’objectif prôné par Babouillec dans ce texte court qui consiste à revoir notre jugement sur l’autisme. Une pathologie dont tout le monde a entendu parler, que peut connaissent vraiment et pas toujours aisée à diagnostiquer. Elle-même atteinte de troubles du comportement, l’autrice a décidé de se raconter et de prouver que tout un chacun a le droit de disposer de la parole pour s’épanouir. Par la violence des émotions, et par le dépeçage de son corps, elle secoue notre phobie de la différence, cette peur qui pousse à se défier de ce qui est dissemblable et dont nous nous défions parce que nous ignorons ses tenants. Assurément, l'étendue et la gravité des symptômes est très variable. Généralement, elles reviennent à appréhender les interactions sociales, se marquent par des intérêts obsessionnels et des comportements répétitifs. Mais pas que …
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Algorithme éponyme et autres textes

Une poésie déconcertante, semblable à une sorte d'art brut littéraire.
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🎬 Alors qu'il s'apprête à démissionner de ses fonctions de shérif pour se marier, Will Kane apprend qu'un bandit, condamné autrefois par ses soins, arrive par le train pour se venger. Will renonce à son voyage de noces et tente de réunir quelques hommes pour braver Miller et sa bande. Mais peu à peu, il est abandonné de tous... Ce film de Fred Zinnemann, avec Gary Cooper s'intitule "le train sifflera ... "

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