Citations de Bartabas (74)
J'irai toujours, confiant en mes rêves, tant qu'il y aura des chevaux pour les porter.
Les animaux sont des médiums, ils captent l'électricité des âmes.
Nous ne sommes vraiment que lorsqu'un astre se lève en nous. Partager cet instant avec l'autre, c'est lui avouer qu'il en est la source, l'origine.
j'ai toujours pensé que j'écrirais sur l'aventure zingaresque le jour où je ne monterai plus à cheval. Mais l'époque m'a rattrapé.Il m'a semblé qu'aujourd'hui la notion d'engagement avait un peu perdu de son sens....
...pour moi, la danse, c'est corps et âme, sinon ce n'est pas la peine de s'en approcher ,
Se confier à un cheval réveille des sensations si primitives que petit à petit grandit en nous un sentiment qui, pour survivre, doit rester à l’ombre de nous même.
Que reste-t-il de ma nuit ? s'interroge le veilleur.
La vie s'écoule, et ce qui se perd à chaque instant demeure en nous inoubliable. Faire revivre ce qui repose en moi, c'est être fidèle à ce qui disparaît ; une façon de régler mes comptes avec le vécu. Si je feuillette le passé, c'est pour tenter d'ouvrir un nouvel espace, plus large et hors du temps, ample comme une seconde vie.
Nous arrivons chez Micha Figa. L'ange est là, immobile dans sa nudité d'ambre. Il semble nous attendre et le manifeste par les oreilles : lui aussi est un timide (...) Elle se tourne vers Micha Figa, avec ses yeux noisette et sa robe lunaire, il lui déshabille le coeur.
Seule la mort fait de moi leur égal. Comme eux je suis mortel, déjà mort, destiné à la mort. Comme eux je vis pour la mort. Douée d'une énergie éternelle, à la fin c'est toujours elle qui triomphe; elle est immortelle.
Nous ramenons à nous
ce que nous voulons immortel.
Sans les chevaux, jamais je n'aurais osé fouler ces lieux où l'on n'entend que la voix des hommes.
" Avec lui je découvre par la pratique que c’est le corps qui s’accorde au mouvement de l’âme. Il m’apparaît alors comme un miroir, et c’est en frère que je le reçois, car je sais trop ce que l’on peut nourrir de violence quand on manque d’assurance. Ne vais-je pas moi aussi par à-coups sur les chemins de la vie ? Brutales et parfois violentes, mes bravades d’Artaban, mes humeurs de Bar-tabac sont les ruades d’un timide qui ne se résout pas à prendre sa place parmi ses congénères."
Rien de ce qui a été vécu n'a été oublié. Me souvenir de toi, c'est honorer le sentiment de notre éternité.
Il est parti... Encore un, parti... Ils sont tous partis, comme on s'endort, sans peur... Et, moi, je reste. Encore un peu et je m'en irais et la mémoire avec.
Toute cette énergie, cette sueur, ces combats, cet engagement n'auraient aucune valeur, ne seraient aucunement admirables en soi s'ils ne trouvaient leur raison d'être dans la beauté du geste, du geste d'une vie, ou peut-être d'un seul geste, travaillé tous les jours, sans répit, avec les autres.pour essayer d'atteindre, à force de répétitions et de discipline, ce qu'on pourrait appeler la grâce.
"Le cheval est le sujet que je mets devant le verbe pour agir à ma place."
Cris de reconnaissance, de défiance, de provocation ou d'attirance. Je savais aussi que s'ils gardaient le silence, un silence porté par la soif, la faim ou la solitude, c'était qu'il n'y avait rien à en dire. Ils n'avaient pas la nécessité d'évoquer leurs existences, ils naissaient avec leur savoir et n'avaient pas à se justifier d'être, il leur fallait juste vivre et mourir pour enrichir leur mémoire ancestrale.
Je n'étais pas comme eux.
Un matin, alors que je consultais le chant brumeux des corbeaux, je fus saisie de l'indéfectible nécessité de dire je, de le dire au présent mais aussi au passé et bientôt au futur. J'irais cueillir des mots pour aller trouver l'autre et parler de moi-même.
Nous sommes tous des bêtes tourmentées qui errent dans la nuit.
Je suis sorti de mon rêve à regret, comme on quitte sa jeunesse en sachant que ce qui a été vécu ne sera pas revécu.
Sans préméditation je cède à l'appel et m'en vais avec pour seul bagage ma solitude.
Aussi précis et tranchant qu'une note de cymbalum, il s'élance au galop, jarrets ployés et tête immobile. Il a le galop souple et rond, limpide comme un choral de Bach. Je l'accompagne de mes hanches. Il est celui que j'attendais.