Citations de Boileau-Narcejac (307)
Eh bien, je crois que le pressentiment du malheur attire autant les couples que l'espérance du bonheur. Le vertige. L'appel du vide ! Et peut-être un obscur besoin de haïr, aussi fort que le besoin d'aimer !
La greluche, au fond, c’était quoi ? Un prof ! Le symbole d’une autorité, d’une contrainte. Un mannequin qu’il était amusant de bousculer ! Mais, quand il lui avait saisi les jambes…
À mon âge, quand on perd une femme, on perd en même temps ce qui vous reste de jeunesse.
Quand on est affligé d’un imbécile de ton acabit, on s’excuse.
C’était si agréable de rêver qu’on tenait sous clef l’ennemie détestée ! Même si le projet ne devait jamais aboutir, il suggérait tant d’images plaisantes qu’on se sentait déjà à demi vengé. Le temps viendrait où l’on se dirait, avec Hervé : « Tu te rappelles quand on a failli kidnapper la greluche ? Ce qu’on pouvait être gonflés, quand même ! »
Un coup à aller en tôle, ni plus ni moins. Mais peut-être un coup plus facile à réaliser qu’il ne le croyait. Après tout, les journaux étaient pleins d’histoires d’enlèvement et aucune ne ratait, du moins au début. Après, oui, il y avait souvent des complications, mais pourquoi ? Parce que les agresseurs exigeaient une rançon. Et puis, surtout, parce qu’ils s’attaquaient à des personnages importants. Et puis, aussi, parce que les victimes étaient séquestrées longtemps, ce qui permettait aux policiers de déployer un énorme dispositif. Mais dans le cas d’un petit bout de femme insignifiant et sans défense ? Si elle disparaissait pendant deux ou trois jours, au début d’un congé scolaire, qui s’en apercevrait ? On ne pourrait même pas parler de disparition. Il s’agirait tout juste d’une espèce d’éclipse, d’une absence pour des raisons privées.
Cessez de vous croire responsable du monde. Vous êtes partiellement responsable de vous, et c’est suffisant… Je me fous en totalité de pouvoir ou non faire partager mon point de vue aux autres… Je hais mes études, parce qu’il y a trop d’imbéciles qui savent lire… Un homme digne de ce nom ne fuit jamais. Fuir, c’est bon pour un robinet…
Boris Vian.
Il ne manque de rien, notez bien. Son père gagne certainement beaucoup d’argent. Mais l’argent ne suffit pas. À quinze ans, on a besoin d’affection et j’ai bien peur qu’en fait d’affection…
Le professeur est une espèce de mandarin qui ne doit jamais perdre la face. Voyez-vous, l’autorité, cela ressemble à la pesanteur. C’est comme une pression qui nous aide, à notre insu, à tenir debout. Qu’elle vienne à se relâcher et il n’y a plus d’équilibre. Tout se met à flotter, comme dans une capsule spatiale.
S’il l’avait osé, il lui aurait conseillé de s’habiller autrement, de porter des vêtements moins ajustés. Elle ne se rendait pas compte qu’elle s’exposait imprudemment aux regards de trente petits mâles faciles à exciter. Un beau brin de fille, malgré les taches de rousseur et les lunettes. Savait-elle seulement croiser les jambes sous son bureau ? Il aurait fallu tout lui apprendre, à mots couverts, pour ne pas l’effaroucher. Et c’était elle, le professeur ! À vingt-quatre ans, elle paraissait plus jeune que ses élèves.
On épouse une femme qui se prétend riche, qui vit, en tout cas, largement, et l’on découvre que le plus clair de ses revenus provient de la pension alimentaire que verse l’ancien mari.
La félonie de Sylvain Daurelle… Ou bien : La trahison… Ou bien : La perfidie… Ou bien : La traîtrise… Les mots qui font saigner.
Deux rivaux qui se réconcilient sur le champ de bataille. La vie les a opposés. Le cinéma les rapproche.
Si tu t’arrêtes à la luxure, tu tombes sur l’histoire rebattue du noble cœur perdu par une maîtresse insatiable.
L’avarice, c’est le nourrisson de l’ambition.
On ne demande pas à un cancéreux des nouvelles de sa santé.
C’est effrayant, un baiser ; ça engage. Ça ne peut pas se distribuer au petit bonheur. Il y a des femmes qui ouvrent la bouche, tout de suite, impudiquement, et qui s’amusent de le sentir défaillir. Il a envie de les battre et de les violer.
Il sent qu’il se rabougrit, qu’il se dessèche, qu’il s’étiole ; comme une plante guettée par l’hiver. En un sens, il n’est plus Daurelle. Il n’est que Sylvain. Un parmi les autres. Un du troupeau.
Au fond, qu’est-ce qu’il aimait dans le succès ? L’argent, bien sûr. Il en a suffisamment gagné pour n’être pas trop inquiet de l’avenir. Il peut encore tenir. La notoriété ? On se lasse assez vite d’être reconnu dans la rue, au café… les autographes… les signatures griffonnées sur un menu… oui, c’est amusant, c’est capiteux. La puissance ? Les voitures de luxe… la valetaille obséquieuse des palaces… Ça aussi, ça compte !…
La vérité, il faut la regarder en face. Je suis toujours un débutant. Mais si ! Pendant quelques années, ça a été le coup de folie. Daurelle par-ci ! Daurelle par-là ! Je commence à comprendre, maintenant, que l’engouement est juste le contraire du succès. Prends quelqu’un comme Bourvil… eh bien, justement, il n’a jamais été la coqueluche du public. Il a grimpé régulièrement ; on l’a trouvé sympathique, et puis on l’a estimé, et puis on s’est aperçu qu’on l’aimait, et tout cela s’est fait sans tam-tam.