AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Daniel-Rops (13)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Histoire sainte, tome 2 : Jésus en son temps

Nul n'écrirait plus une vie de Jésus comme le fit Daniel-Rops, de son vrai nom Henri Petiot (1901-1965), connu aussi pour une Histoire de l'Église, elle aussi fort datée. Et pourtant, Dieu sait qu'il se surpassa pour ce Jésus en son temps, publié en 1945 : visites des Lieux Saints, très nombreuses lectures, forte documentation.

C'est de la belle littérature, mais à trop coller aux textes évangéliques, avec le regard d'un homme de foi qui ne prend pas assez de distance pour mieux traiter son sujet, l'ouvrage qui se veut un mélange de biographie et d'analyse biblique des actes, gestes et paroles de Jésus, peut être regardé comme un écrit qui pouvait certes satisfaire et combler des lecteurs convaincus et admiratifs quand la page de la Seconde Guerre mondiale se tourna, mais qui ne peut plus aujourd'hui être considéré comme un ouvrage de référence. On peut encore trouver dans ce livre des pages somptueuses quant à la description des lieux dans lesquels s'inscrivirent les itinéraires du fils de Joseph et de Marie parti pour accomplir sa mission, et l'on s'y croirait presque, tant les mots rendent bien les couleurs, les odeurs et les choses du quotidien dans cette partie du Moyen-Orient. Mais c'est aussi ce qui fait se poser des questions, car cela est bien trop beau pour refléter, au détail près, la stricte réalité, même si l'on s'en approche. Il en va de même pour la chronologie, maintes fois revue depuis. Daniel-Rops est tombé dans le piège d'une forme de "littéralisme" en voulant faire coïncider des phrases-clés, des lieux précis et des dates. De ce qui semblait être des probabilités, il a trop semblé faire des quasi-certitudes. Le fait miraculeux est certes analysé avec précaution mais l'on sent bien que Daniel-Rops n'envisage jamais de le prendre pour symbolique, et finit toujours par le tenir pour un fait avéré, au travers duquel des humains ont pu faire des actes qui révèlent la croyance et l'adhésion à la personne de Jésus-Christ.

De la Transfiguration à l'Ascension, en passant par la Passion et la Résurrection, ce n'est pas seulement d'un parcours humain qu'il est question, mais d'un accomplissement des Écritures en la personne d'un individu qui révèle déjà une autre nature et se voit progressivement reconnu comme Fils de Dieu. Un livre de ce genre convenait parfaitement à un croyant bon teint, animé par ce que l'on pourrait définir comme la foi du charbonnier, mais ne pourrait plaire aujourd'hui à un chrétien exigeant, soucieux de tenir compte des objections soulevées par ceux qui ne reconnaissent pas en Jésus-Christ leur Sauveur.

Les écrits sur Jésus donnent lieu en effet, de nos jours, à des travaux plus subtils et plus approfondis.

Daniel-Rops est le représentant d'une école qui avait, au milieu du XXème siècle, de nombreux adeptes dans le monde du catholicisme, et il fut un grand témoin de cette époque.

Commenter  J’apprécie          645
Mort, où est ta victoire ?





Mort où est ta victoire ? Daniel-Rops

Amour et désamour : le bien et le mal.

Dans la nuit froide et de brouillard, Laure Malaussène a choisi de fuir le château de Barterand où l’avait recueilli Lodoïs Detrérieux un ami de son père qui s’est suicidé naguère au moment où il appris que sa femme Germaine le quittait pour un autre homme. Laure a vingt ans : elle est encore une enfant mais déjà marquée par les drames de la vie.

Detrérieux que sa femme Marguerite a quitté a un fils, Thierry et une fille Pia.

Pia, ombre douce et fragile, et Laure, une fille qui éprouve une immense frénésie de vivre sont très liées et la jalousie de Thierry rend l’atmosphère irrespirable : il est attiré par Laure et tout comme le père voit en elle une proie facile.

Elle a la sensation horrible d’être mise en pâture, d’être un lot de marchandage. Pour elle, c’est cela le mal.

Mais Laure dont la liberté est le plus cher de ses vœux, refuse tout rapprochement et avant qu’elle ne soit forcée, quitte nuitamment le château avec juste une petite valise, sans but précis. Exaltée et courageuse, elle court dans la nuit.

Recueillie par un abbé dans la nuit sur le bord d’un chemin, épuisée et glacée elle est soignée et logée dans un institution religieuse.

Deux ans plus tard, elle est enseignante à l’institution Sainte-Mechtilde.

Elle se lie avec Marcelline une élève de terminale et avec Irène, enseignante comme elle, qui bientôt se marie avec Jacques Malessert.

Les élans mystiques et le tumulte intérieur qui animent Laure n’ont que faire de la cour que lui fait Jacques lors d’un séjour d’été à Cressin dans la propriété familiale des Malessert.

Il semble souvent à Laure que sa vraie vie devrait se dérouler sur un plan imaginaire auquel les vivants n’auraient pas accès et où seul rode la confuse menace de la révolte et du désespoir.

Quand elle voit Irène jeune mère de famille apparemment heureuse, elle se dit :

« Est-ce donc cela, le bonheur, cet ensevelissement dans le confort, la routine, l’oubli, dans cet égoïsme candide et niais des jeunes mères ? »

Laure a 25 ans à présent. C’est « une très belle femme au teint clair, à la lourde chevelure rousse, la poitrine haute et mince, les épaules étroites… pleine de grâce »

Et Jacques ne désarme pas :

« Ce qu’il y a de beau en vous, c’est cette force, cette grandeur tragique. »

Un jour dans le train elle découvre un petit carnet noir tombé entre deux sièges.

Dans ce petit carnet sont consignées des citations, en particulier de Nietzsche apprendra-t-elle plus tard et notamment celle-ci qui inconsciemment va guider sa vie : « Ce qui se fait par amour se fait par delà le bien et le mal. »

Dans le train qui la conduit aux cours de piano qu’elle donne, elle rencontre l’homme qui va bouleverser sa vie, Jean Paleyzieux.

« Les jours qui suivirent la rencontre du train furent pour Laure pleins d’un trouble indéfinissable. Ce qu’elle éprouvait, elle ne l’avait jamais auparavant ressenti : un soulèvement de tout son être, une aspiration puissante vers une lumière et une chaleur nouvelles. »

Jean Paleyzieux, un bel homme, est marié à Mathilde Bélignat, un mariage malheureux, un mariage d’argent, mais avec trois enfants.

Nous somme en 1892 et Laure a la trentaine. Une beauté fulgurante.

Les leçons de piano qu’elle va donner aussi aux enfants Paleyzieux vont susciter la jalousie de Mathilde qui n’est pas une belle femme, en des termes choisis :

« Vous êtes grands tous les deux, et beaux, n’est-ce pas ? Il est beau. Vous, vous êtes belle comme une chienne. »

Peu à peu une attirance irrépressible naît entre les deux êtres :

« Il n’est pas besoin de mots pour qu’entre un homme et une femme se lie cette complicité tacite des âmes qui précède l’amour, qui le fait naître. »

Laure d’un tempérament bouillonnant s’exalte :

« Dans son imagination qu’elle ne pouvait pas toujours tenir en bride, elle se laissait aller à construire une vie nouvelle… Son tempérament exalté la faisait passer de l’espérance la plus vive au plus pénible désespoir. »

Les mots de Jean l’impressionnent : « Avant toute morale, il y a celle qui nous oblige à nous accomplir nous-mêmes. Notre responsabilité la plus haute, c’est celle que nous avons à l’égard de notre destin propre… »

Il semble à Laure et Jean que tous ces instants passés ensemble durant lesquels l’amour cherche sa voie, abolissent tout sens critique. Dans ces moments, un regard a plus d’importance qu’un mot. Pour Laure, la vie c’est cette sourde exaltation des sens, et l’amour, interdit et victorieux, un amour né pour rester secret.

Laure et Jean, finissent par déchirer le voile d’une artificieuse amitié et céder à leur mutuelle passion. En des lignes sublimes, Daniel Rops écrit :

« Depuis qu’elle s’était donnée à Jean, dans la fougue d’un amour sans calculs, Laure éprouvait le sentiment d’être emportée par une force terrible, contre laquelle elle ne cherchait pas à lutter. Elle avait atteint ce point tragique du bonheur où l’être sait que la moindre incertitude risque de le perdre, que la moindre défaillance conduit au désespoir. Elle aimait Jean. Elle l’aimait de toute sa chair longtemps chaste, et la frénésie de son amour devait à sa longue pureté, une violence particulière. »



Un très beau passage de réflexion sur le bien et le mal, le juste et l’injuste : c’est la dernière et inoubliable entrevue entre Laure et le vieil abbé Pérouze, son confident et sa conscience, un très grand moment riche de dialogues admirables.

Laure qui a lu Pascal et Sainte Thérèse d’Avila se heurte au début à l’athéisme nietzschéen de Jean. Mais peu à peu emportée par la passion elle subit son ascendant, la religion lui rappelant trop son ancienne vie et la soumission qui en découlait. Maintenant elle se révolte.

Mais jusqu’où peut-elle aller dans ce sens ? Jean est marié et la route est barrée.

Et puis elle perçoit indistinctement et à l’insu de Jean une faille dans leur amour, comme quelque chose qui ne serait jamais accompli. Débute alors un combat sournois et feutré entre sa conscience liée à son éducation, et la morale sans scrupule des Jean : ils n’ont pas la même conception de la vie.

Un avenir plein de doute s’ouvre alors devant Laure.

Suit une seconde partie dans laquelle Laure nous livre le fond de son cœur dans une manière de journal intime. Après l’amour, la haine : une haine féroce et réciproque lie Laure et Jean après la mort de sa femme. Seuls Raphaël et Alix, deux de ses beaux-enfants apportent un rayon de bonheur à Laure qui vit des aventures fugaces et décevantes et qui torturée songe au suicide.

Laure reverra Thierry, un Thierry bien différent qui s’apprête à rentrer dans les ordres. Leurs conversations hautement spirituelles la marqueront à jamais.

La troisième partie prolonge la première et nous conte la vie de Laure qui a à présent quarante ans. Elle est habitée par un désir de rédemption et d’effacement de ces années de passions violentes qui avaient envahi son cœur tout au long de sa vie de déchirements. Après le désarroi, elle aspire de tout son être à la paix et le contentement : la voie pour y atteindre s’ouvrira tout naturellement quoique tortueuse.

Un livre puissant au style magnifique tout empreint de morale chrétienne.

Un des plus beaux romans d’amour qu’il m’ait été donné de lire, et ce pour la troisième fois, avec toujours la même passion.

Et aussi un récit de l’émancipation d’une femme et de sa recherche du bonheur.

Un récit prenant, qui ne vous lâche pas de la première à la dernière ligne. Un peu dans le style haletant et passionnel des nouvelles de Stefan Zweig ; mais il s’agit d’un immense roman de près de 600 pages que Daniel Rops a mis cinq ans à écrire, et publié en 1934.

Un chef d’œuvre oublié, un de plus.
Commenter  J’apprécie          373
L'Eglise des Apôtres et des Martyrs

Rops Daniel



Oui, je sais, je n'aurai pas des dizaines de "j'apprécie" pour cette critique. Mais c'est un bon livre et il mérite qu'on en parle.



J'ai acheté ce livre pour satisfaire à ma curiosité. J'entendais tellement de choses sur cette époque que j'ai voulu aller à la source. Une source du moins.



Ce n'est pas un livre pour lire en attendant l'avion. Il est aride et fait référence à beaucoup de matériel de première main. Je dois cependant avouer que je n'ai pas eu de difficulté à me rendre à la fin parce qu'il répondait à mes questions.



Quand je serai d'humeur à lire quelque chose très de sérieux. Je vais lire la suite.



A ne lire que si le sujet vous intéresse. J'oubliais. Il n'y a pas de propagande religieuse dans ce livre.
Commenter  J’apprécie          172
L'âme obscure

Un livre injustement méconnu et pourtant très bien écrit (Daniel-Rops était à juste titre membre de l'Académie Française) qui décrit de façon très personnelle certains états d'âme de l'adolescence et de la post-adolescence.



Pourquoi certains êtres sont-ils incapables de saisir la chance du bonheur lorsque celui-ci s'offre à eux ? Pourquoi cette complaisance, voire cette attirance, à l'égard des instincts les plus sombres de sa propre personnalité est-elle à certains moments irrépressible ? Comme dans Smoking/No smoking, le double film d’Alain Resnais qui montre comment les événements de la vie peuvent s’enchaîner différemment selon que l’on allume ou pas une simple cigarette, le héros de l’âme obscure nous tient en haleine jusqu’au bout : quel est le petit détail qui le fera basculer dans la joie ou, au contraire, dans le malheur ?



L’âme obscure est un livre aux accents mystiques que l’on ne quitte plus une fois que l’on est entré dans le récit mais qu’il convient de ne pas mettre entre toutes les mains…
Commenter  J’apprécie          160
L'âme obscure

Reprendre la lecture de Daniel Robs peut paraître étrange, mais il est difficile d'oublier que le XXème siècle a donné à la France des auteurs qui savaient écrire. Le style, les couleurs, les mots choisis: tout est ici parfait.

Reste le fond. Et là, on est un peu déconcerté. Que le héros, Blaise, soit de façon permanente perturbé par le secret qui a entouré la mort de sa mère, on le comprend. Sa recherche est l'un des thèmes du livre, dont l'intérêt s'accroît quand l'on pressent que le père de Blaise à pu jouer un rôle dans cette disparition.

Autre thème: Blaise et les femmes. Il n'a aucune difficulté à les séduire, et sait apprécier ce jeu. Mais il a, dans ce domaine, une nette propension à détruire ce qu'il a construit.

Autre approche, complexe: le rapport qu'a Blaise avec la religion, qui a structuré son éducation. Là, on se perd un peu.

D'où le titre: Blaise a une âme obscure. Toujours insatisfait, inquiet, ne se contentant pas des bonheurs simples pourtant à sa portée, il évolue et s'enferme dans le brouillard qu'il construit lui-même autour de lui.

Reste la façon dont tout cela nous est présenté. Chacun appréciera: certains s'ennuieront ferme, d'autres seront séduits par la finesse de l'étude psychologique.

Relire Daniel Rops est par conséquent une expérience à tenter. Et chacun se fera son idée.
Commenter  J’apprécie          40
Mort, où est ta victoire ?

étude éblouissante vous emportant dans ses analyses ,percutantes, des évolutions psychologiques des personnages mis en scène au vu de la morale restrictive de l'époque qui s'imposait alors

roman des questions éternelles sur la vie, ses rapports à la mort et comment face à Elle tenter de vivre ou revivre

impressionnant
Lien : https://www.0673921266@orang..
Commenter  J’apprécie          30
L'Église de la Renaissance et de la Réforme, t..

A son crédit, remarquons d'abord que l'objectif de Daniel-Rops est formidablement ambitieux puisqu'il consiste à reconstituer et éclairer l'histoire du christianisme de ses origines jusqu'au XXème siècle, inscrite dans les événements de chaque temps. Il écrira plus d'une dizaine de volumes, de 5 à 600 pages chacun, vers le milieu du XXème siècle.

Capitalisant sur la récupération de plusieurs d'entre eux chez des grands-parents, je me suis lancé dans le présent volume - sous-titré "Une révolution religieuse : La réforme protestante" - motivé par l'intérêt de comprendre la genèse de la Réforme du double point de vue de l'histoire et de la théologie.



La matière est là. Incontestablement, l'ouvrage est très précisément documenté; les événements, les idées majeures et les préoccupations géopolitiques, administratives, économiques et culturelles des XVème et XVIème siècles en Europe sont rapportés et analysés dans un style plutôt érudit mais très lisible et parvenant avec un certain talent de conteur à soutenir l'intérêt du lecteur.



Malheureusement, je me suis assez vite rendu compte que l'auteur ne peut en aucun cas être qualifié d'historien.

En effet, tant que les thèmes abordés sont sans rapport direct avec la religion, l'information est riche et factuelle et il n'y a pas lieu d'en suspecter la véracité. En revanche, dans tous les autres cas, nous avons affaire à un chrétien catholique qui ne craint pas d'exprimer ses propres convictions religieuses, jugeant à l'aune de sa foi du caractère positif ou négatif de telle circonstance et attribuant à Dieu, à la Providence ou à l'Esprit-Saint le dénouement des événements.

C'est évidemment insupportable pour qui n'a d'autre but que d'approfondir ses connaissances historiques. En réalité, Daniel-Rops ne cherche pas à tromper son monde, sa démarche ne relève en rien de la manipulation. On comprend qu'il fait oeuvre de panégyriste en toute quiétude et fierté, comptant sans doute qu'elle sera portée à son crédit dans le grand livre de Pierre. Dans l'immédiat, l’œil instancié de Pierre veillant, Daniel-Rops a soin d'obtenir des autorités catholiques l'imprimatur et le nihil obstat pour ses publications.



Dans ce contexte défavorable mais non irrémédiablement compromis, ajustant mes filtres de lecture de façon adéquate, je suis allé au bout de mon chemin de Canossa, quelque peu laborieusement mais pourtant pas inutilement. De fait la masse d'informations historiques non suspectes collectées reste considérable; leur focalisation sur le thème choisi -ici la réforme protestante- est précieuse et permet de bien comprendre l'enchaînement des faits et la maturation des ingrédients qui ont permis l'explosion tant déplorée par l'auteur.



Un lecteur prévenu en valant deux ....
Commenter  J’apprécie          30
Mort, où est ta victoire ?

Bien que ce soit au final, un roman (militant? Mais si littéraire...) qui promeut la religion catholique (Daniel-Rops était un écrivain chrétien), j'avais bien aimé ce roman lu après avoir vu un vieux film avec Pascale Audret (je crois), en jeune heroïne

éprise d'absolu, révoltée... et finalement, victime... et Jean Desailly (son amant, puis mari.)



L'héroïne court vers l'abîme pendant les 3/4 du roman, mais longtemps après, à Paris,lors d'un concert, elle rencontre son premier tourmenteur, celui qui l'a "chassée" de Barterand, la maison où on l'avait accueillie. C'est une âme forte et tourmentée, et avide de connaissance, (les femmes comme les hommes subissent son ascendant.) Elle passe par différentes étapes. Avant de rencontrer l'homme qu'elle va aimer, elle est répétitrice dans un pensionnat (Sainte Mechtilde.)



Par exemple, du jour où elle se sacrifie (en cédant aux avances du médecin qui doit établir un certificat de décès), pour sauver son amant de l'accusation d'avoir hâté la mort de sa femme, elle cesse de l'aimer. Et l'épouse quand même. Mariage raté, bien sûr.



Bon. Son premier tourmenteur (rencontré au concert) est rongé de remords. Ils vont beaucoup parler. Elle va pardonner. Elle entre au Carmel, où elle se dégagera de tout ce qui l'encombrait. Je peux bien dévoiler la fin parce que je suis à peu prés sûre que plus personne ne lira jamais ce livre.



Il m'a fait parfois penser à Thérèse Desqueyroux, et pourtant, ce sont deux histoires totalement différentes.



Peut-être que ces héroïnes se ressemblent finalement. Elles sont en quête d'absolu. L'une semble l'atteindre enfin à Paris, (mais c'est une impression trompeuse...) et l'autre dans la foi.



"Igne me exaministi..." - je traduisais cela par "tu/vous m'as/m'avez fait passer par l'epreuve du feu..." cela revient comme un leitmotiv. Et c'était une formule qui, à vingt ans, me plaisait.
Commenter  J’apprécie          22
L'épée de feu

L’épée de feu /Daniel Rops (1901-1965) Académie française

Abel a fui. Fils cadet de Maximilien Deaucourt, un homme de la haute finance, il a quitté la demeure familiale. On apprend ensuite que Jean-Louis, son frère aîné a fui cinq ans plus tôt ce père rongé par le culte de l’argent, propriétaire d’un bel hôtel particulier rue Vaneau au cœur de Paris. La sœur Sylvie est mariée à Pierre Jaligny, un homme assez froid qui la rend malheureuse en lui manifestant simplement une méprisante inattention Elle n’est pas heureuse et n’a pas oublié Rémy Pésaro qu’elle a connu naguère au sanatorium avant d’être mariée et qui a été emporté par la maladie en laissant à son père un cahier de confidences dans lequel Sylvie occupe une grande place et où il révélait son amour pour Sylvie sans jamais le lui avoir avoué. Les rencontres entre M. Pesaro père et Sylvie sont des grands moments du livre. Au terme de l’une d’entre elles, Sylvie retrouve l’espoir : les paroles de M. Pesaro effacent sa solitude et elle sait alors qu’elle traversera désormais la vie escortée d’une invisible et miraculeuse sauvegarde. À présent Sylvie et Pierre laissent s’établir dans leur ménage le rythme artificiel des affaires et des réunions mondaines faisant naître une subtile mésentente. Sylvie revoit aussi parfois dans des soirées Serge Odié qu’elle a aimé dans sa jeunesse.

La mère des trois enfants, Mathilde, alors qu’ils étaient encore jeunes a semble-t-il été chassée par Maximilien, tombant ensuite malade et perdant la vie. Ce n’est qu’au cours du roman que l’on découvre peu à peu le calvaire de cette femme auquel n’est pas étrangère la gouvernante Nathalie Sucre.

Abel vient donc de franchir le pas et suivre les traces de son frère : il a quitté incognito le domicile paternel et retrouve des amis à qui il se confie. Depuis un certain temps, il refusait cet entourage et cette éducation basée sur le fait que seul l’argent à gagner importait. Il restait cependant dans l’incertitude totale et terrible sur ce qui pourrait donner un sens à sa vie, ce qui avait le don d’exaspérer son père au cours de discussions très tendues entre eux.

« Qu’est-ce qu’on m’a appris depuis que je suis gosse, à aimer, à estimer ? L’argent peut-être. Mais la vie, est-ce que c’est cela ? »

Abel est en révolte contre sa classe et son argent, mais ce n’est là que l’apparence et l’occasion d’un dégoût plus général qui lui monte aux lèvres, venu de si profond en lui qu’il ne sait d’où. À présent, réfugié dans un petit hôtel de quartier, il éprouve un certain plaisir, car il est maître de son destin. Il hésite encore à choisir sa route tant qu’il n’a pas revu son frère Jean-Louis, son modèle en quelque sorte. Et puis il y a Hedwige, cette femme qu’il a rencontrée il y a déjà plusieurs années alors qu’il avait 20 ans. C’était en 1931. La trentaine, elle venait de divorcer. Et Abel dans sa révolte a choisi de rompre avec Hedwige mais il n’est pas certain que cette double brisure suffise à le libérer.

Les retrouvailles avec Jean-Louis sont chaleureuses et celui-ci lui fait comprendre qu’il a commencé à vivre le jour où il a deviné qu’il ne vivait pas. Et cela ne doit pas mener au désespoir. L’inquiétude est une promesse et Abel comprend que l’angoisse est une renaissance. Ils reparlent de Mathilde et du drame de cette mère absente. Jean-Louis avait dix ans lorsqu’elle s’est enfuie. Abel retrouve donc son frère Jean-Louis à qui il se confie. Jean -Louis vit avec Nadja Pavlovna, une fille d’origine russe et ensemble ils fréquentent les milieux anarchistes et le cercle d’études marxistes au grand désespoir de la famille de Nadja qui hait les bolcheviks. Bogdan est le confident de Nadja. Russe lui aussi, il l’aime. Nadja le sait et s’interroge sur qui elle doit choisir.

« L’anarchie, ça ne sauvera pas l’homme, ni même le monde. Mais ça sauvera peut-être quelque chose : la dignité de l’homme. » Tel est le credo du groupe.

Abel cherche à présent du travail en compagnie de son ami Albin et l’entrevue avec un patron embaucheur tourne au burlesque avant de finir dans la violence tant la turpitude de l’individu visiblement exploiteur enflamme Albin. Peu à peu sa quête vaine d’un sens à donner à sa vie le mène au désespoir…

Paulin, le beau-frère, un homme très croyant, tente d’ouvrir les yeux de Maximilien sur sa responsabilité dans le drame qui se noue au fil des pages et qui va voir la famille se regrouper un temps quand la mort rôde autour de la rue Vaneau…

Ce magnifique roman de Daniel-Rops, écrivain chrétien, publié en 1939 peut être considéré comme la chronique d’une famille de la haute finance au début du XXe siècle, rongée par le culte de l’argent. La révolte des trois enfants animés par des désirs antagonistes anime les pages de ce livre au très beau style.

À signaler pour la petite histoire que Daniel-Rops avait chez lui à Tresserve en Savoie une bibliothèque de 10 000 livres ! Il fut un des écrivains les plus lus dans la France d’après-guerre. J’ai lu relu son chef d’œuvre « Mort où est ta victoire ». Mais c’est une autre histoire !











Commenter  J’apprécie          10
Mort, où est ta victoire ?

Fin du 19e siècle. Une jeune orpheline recueillie dans une famille bourgeoise est accusée de relation inappropriée avec la fille de la famille et agressée par le fils. Elle s'enfuit et parvient cependant, au gré des rencontres, à refaire sa vie dans le monde bourgeois du début du 20e siècle.

Cette rencontre initiale avec "le mal" restera gravée en elle et nourrira un mal-être persistant qu'elle finira par surmonter au bout d'un cheminement douloureux.



Il y a les classiques, qui traversent les décennies et les siècles.



Il y a la production du moment.



Et il y a les beaux textes de leur époque, qui n'ont pas surfé sur le temps et qui sommeillent sur les étagères et dans les chineries. Celui-ci en fait partie.

On ne va pas se mentir, c'est assez difficile d'accès.



C'est dense, c'est touffu, il y a peu d'action, l'objet étant une étude psychologique, dans la lignée du Lys dans la vallée ou de Madame Bovary, le mythe en moins.



Il est également nécessaire de comprendre le positionnement très religieux de l'auteur, académicien par ailleurs, qui donne une couleur bien particulière au propos.



La deuxième partie, qui est le journal écrit par l'héroïne, donc rédigé à la première personne, est magnifique.



J'ai eu pendant un moment le sentiment d'une réminiscence que je ne parvenais pas à situer. J'ai finalement fini par comprendre qu'elle rappelait la petite musique de Yourcenar et de Chandernagor, cette langue si douce et féminine qui glisse entre les yeux.



Très belle performance d'auteur que d'être ainsi parvenu à véritablement écrire "par son personnage".



Un texte qui contentera les amateurs du genre et fera souffrir les autres 😅, cependant à chiner car plus édité.
Commenter  J’apprécie          10
L'histoire sainte des petits enfants

Livre lu dans l'enfance qui se transmettait de génération en génération. De très beaux dessins, saisissants quelquefois, comme la traversée de la mer rouge par le peuple hébreux. Un texte qui se lit comme une succession de belles histoires. Les personnages bibliques sont magnifiés, donc ne pas prendre au premier degré.
Commenter  J’apprécie          10
L'Eglise des Apôtres et des Martyrs

Il aura fallu quatre ans (1944-1948)1 à Daniel-Rops pour écrire ce qui deviendra le premier tome d'une magistrale histoire de l'Eglise, et il m'aura fallu près d'un an pour lire les 696 pages de ce livre trouvé par hasard, d'occasion. Il y a longtemps que je voulais lire l'histoire des premiers Chrétiens, et notamment des martyrs, je pense avoir eu de la chance de tomber sur ce libre admirable, complet, fin et passionnant.



Ce n'est pas par désintérêt que j'ai mis du temps à lire ce livre, au contraire, je l'ai trouvé très bien écrit, tendre et juste à la fois, qui ne pose pas sur les hommes un jugement anachronique mais tente de se mettre à leur place, dans leurs faiblesses et à l'aune du champ de leurs possibles. A la fois chronologique et thématique, il arrive parfois qu'on se perde dans les événements, ayant à se référer au tableau chronologique de fin de volume pour replacer les événements. On aurait aimerait avoir parfois plus de cartes pour se plonger plus entièrement dans la géographie de ces combats et de ces transformations. Ou approfondir plus que ne le fait déjà l'auteur – au risque de ne jamais en finir – certaines questions de théologie (la question de la Trinité notamment qui traverse la Chrétienté de mille controverses) ou l'étude des mœurs anciennes ou du paganisme (comme le mithriacisme ou le Manichéisme). Mais plus eût été trop. Ce fut passionnant et surtout quel cheminement parcouru depuis Pierre, Paul et Jean jusqu'à Théodose, des catacombes et de la persécution subie jusqu'à l'établissement du Christianisme comme religion d'Etat d'un Empire chancelant, et la tentation de la persécution assénée ! Arrivé au chapitre XII, on est pris de vertige à se souvenir le premier chapitre et les affres des apôtres pris entre les Juifs et les Romains, ne sachant pas encore qu'après trois siècles l'Eglise – corps mystique du messie crucifié – allait réaliser un long miracle collectif.



Quel cheminement aussi, en considérant que Daniel-Rops, fédéraliste convaincu, croyait en cette nouvelle Europe naissante qui devait surgir aux lendemains de la Seconde Guerre Mondiale, cet « ordre nouveau » (du nom de ce groupe de chrétiens réformistes auquel adhéra un moment l'auteur et Académicien français) qui devait amener la paix dans une Europe encore chrétienne, et ce déclin de l'Empire américain (dont l'Union Européenne sous pilotage allemand n'est que l'extension et la créature) sombrant dans le technototalitarisme néo-païen, transhumain et devenu complètement fou depuis la manipulation covidique de 2021, qui est le nôtre. L'Eglise éclipsée depuis son apostasie de Vatican II, plus que jamais cette histoire des premiers apôtres et des martyrs doit nous inspirer, et nous souffler l'idée que les miracles sont toujours possibles, que l'Eglise pourra se redresser et illuminer encore ce monde en proie aux ténèbres du luciférisme, lorsque les Hommes se prenant pour Dieu, du moins une micro-élite bénéficiant de la puissance financière et de la technologie la plus avancée pour asservir le bétail humain voué au contrôle permanent dans une extension sans borne du système de crédit social mis en place en Chine, est en train de créer un Enfer sur Terre.
Lien : http://san3tiago.com/eglise-..
Commenter  J’apprécie          00
L'âme obscure

L'angoisse de la jeunesse, sa révolte, ses tourments. Cette colère dans le sang dont parle Rimbaud, tel est le sujet de ce roman. A travers les expériences les plus diverses, parfois les plus étranges, Blaise Orlier cherche sa route en se déchirant les mains aux ronces. Le pur amour de Marie-Claire, les appels pathétiques d'un homme de Dieu arriveront-ils à l'arracher à ses ténèbres, les ténèbres de l'amour de soi.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Daniel-Rops (162)Voir plus

Quiz Voir plus

Fantômes

Dans quelle pièce de W. Shakespeare le héros est confronté avec le spectre de son père ?

Le marchand de Venise
Richard II
Hamlet
Titus Andronicus

10 questions
133 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}