Elle le regarda en riant. Lui aussi la regardait, sans pouvoir se détacher du joli visage frais tourné vers lui. Et, comme il ne faisait aucune attention au chemin de traverse qui était très mauvais, la roue droite se prit dans une ornière et la petite charrette pencha brusquement, jetant sur lui Denyse, qui se raccrocha de toutes ses forces à son bras. Ils restèrent un instant balancés, puis la roue sortit tant bien que mal du trou profond où elle était serrée, et le cheval reprit son train rapide.
croyez-vous que cela suffit d'être un bon mari, si on n'a pas une bonne femme ?
C'était une très jolie petite personne rondelette et capitonnée de fossettes. Ses cheveux bruns frisottaient sur un front plat aux contours mous. Elle avait de grands yeux chocolat très câlins, un nez correct, une toute petite bouche, – charmante, lorsqu'elle ne s'ouvrait pas, – et un teint superbe. Les épaules sortaient blanches et grasses de la robe décolletée à l'excès. Le haut des bras s'engorgeait un peu. L'oreille plate et incolore s'attachait mal, trop renversée et trop éloignée des cheveux.
Telle quelle, Chiffon comprenait, – bien qu'elle n'aimât pas du tout ce genre de femmes, – que madame de Liron était très jolie et devait plaire beaucoup.
– C'est Hugues de Barfleur – dit-il tout à coup, en indiquant le jeune homme à Chiffon – un de mes anciens élèves...
Elle répondit sans enthousiasme :
– Je sais... je le connais...
– C'est un de nos fidèles... – continua le père de Ragon – il vient ici chaque jour pour y entendre la sainte messe... c'est une belle âme... qui ne fait que ce qui est agréable à Dieu...
– Je ne sais pas... – s'écria la petite malgré elle – si ça lui est si agréable que vous dites que M. de Barfleur vienne flirter ici avec madame Delorme... au bon Dieu ?...
Le Jésuite eut un geste de protestation indignée et de surprise sincère.
– Alors, vous ne voulez pas de moi ?...
Chiffon avait envie, à cette question bien nette, de répondre nettement non.
[...]
De sa belle voix grave, très émue, M. d'Aubières reprit :
– Je vous parais vieux... mais je vous offre un cœur très jeune... un cœur qui n'a jamais été à personne...
– Oh ! ... – fir Coryse, effarée, – vous n'êtes pas arrivé à votre âge sans aimer quelqu'un... voyons ?...
N'ayant pas, à proprement parler, de type déterminé, la marquise s'en était créé un à beaucoup d'images diverses et banales. Elle avait appris à parler au théâtre et à penser dans les romans.
- Malheureusement, les farces, ça n'amuse que ceux qui les font ...
- Et encore ! ...
– On ne se marie pas pour que ce soit drôle !