Citations de Marc Aurèle (708)
La nature de l’univers tend à la création du monde. Dès lors, ou bien tout ce qui naît, naît à titre de conséquence, ou bien les réalités essentielles, celles vers lesquelles se porte en particulier la partie directrice du monde, sont privées de raison.
Regarde en toi-même ! En toi est la source du bien qui toujours peut jaillir si tu creuses toujours.
Aimer seulement ce qui t’arrive et ce qui est dans ta destinée. Où trouver en effet rien qui te convienne mieux ?
Comme un mort, comme un homme qui cesse de vivre à l’instant présent, il faut vivre selon la nature le surplus de vie qui nous reste.
Le bonheur est un bon démon… Que fais-tu donc ici, imagination ? va-t’en, par les dieux, comme tu es venue.
Il voyait bien la bassesse des hommes; mais il ne se l'avouait pas. Cette façon de s'aveugler volontairement est le défaut des cœurs d'élite. Le monde n'étant pas tel qu'ils le voudraient, ils se mentent à eux-mêmes pour le voir autre qu'il n'est.
C'est chose royale, quand on fait le bien, d'entendre dire du mal de soi.
Ou bien tout provient d'une seule source sensée, comme pour un seul corps, et la partie n'a pas à se plaindre de ce qui arrive dans l'intérêt de tout ; ou bien il s'agit d'atomes et il n'y a rien d'autre que désordre et dispersion. Pourquoi te troubler ? Dis à ta conscience : tu es morte, tu es détruite, tu es abrutie, tu joues la comédie, tu suis le troupeau, tu broutes.
Tels sont les cycles du monde, de haut en bas, de siècle en siècle. Ou bien l'intelligence universelle à une impulsion et, dans ce cas, accepte-la ; ou bien elle n'a eu qu'une seule impulsion dont la suite découle par voie de conséquence, une chose étant induite par l'autre - puisqu'il s'agit d'atomes en quelque sorte. Bref, s'il y a un Dieu, tout est bien ; mais si tout est régi par le hasard, ne va pas toi aussi au hasard. Bientôt la terre nous recouvrera tous, puis elle se transformera et les choses transformées se transformeront à leur tour et ainsi de suite, à l'infini. Si l'on considère les vagues de transformations et de changements ainsi que leur rapidité, on méprisera tout ce qui est mortel.
Quand d'autres hommes te blâment, te haïssent ou expriment des sentiments analogues, va à leurs âmes, pénètre les et vois ce qu'Ils sont au dedans. Tu verra que tu n'as pas à te tourmenter pour les faire penser ceci ou cela de toi. Cependant, il faut leur être bienveillant car, par nature, ce sont tes amis. Les dieux eux-mêmes les aident de toutes sortes de façons (par des songes, des oracles...) à obtenir ce qui leur importe.
Les seules affaires, en effet, dont il s'occupe, ce sont les siennes.
Songer en t'arrêtant à chacun des objets qui tombent sous tes sens, qu'il se dissout déjà, qu'il se transforme et qu'il est comme atteint par la putréfaction et par la dispersion ; ou bien envisager que tout est né pour mourir.
Recevoir sans fierté, perdre avec désintéressement.
Prend garde de ne jamais avoir envers les misanthropes les sentiments qu'ont les misanthropes à l'égard des hommes.
Il ne faut pas s'irriter contre les choses car elles ne s'en soucient pas.
Les hommes sont faits les uns pour les autres ; instruis-les donc ou
supporte-les.
Il faut qu'un œil soit en état de voir tout ce qui est visible, et ne dise pas : « Je veux du vert », car c'est le fait d'un homme aux yeux malades. De même, une ouïe, un odorat sain doivent être prêts à tout ce qui peut être entendu ou olfacté. Une intelligence saine doit aussi être prête à tout ce qui peut arriver. Mais celle qui dit : « Puissent mes enfants avoir la vie sauve ! » ou bien : « Puissé-je, quoi que je fasse, par tous être loué ! » est un œil qui réclame du vert ou des dents qui réclament du tendre.
Dans l'art de l'écriture et de la lecture tu ne peux enseigner avant d'avoir appris. Il en est de même, à plus forte raison, de l'art de la vie.
Marc Aurèle
Va toujours par le chemin le plus court, et le plus court est le chemin tracé par la nature.
Combien de temps encore différeras - tu de te juger digne de ce qu'il y a de meilleur, et de respecter tout ce que décide la raison ? Tu as reçu les maximes envers lesquelles il fallait s'engager,et tu t'es engagé.
Quel maître attends - tu encore pour lui confier le soin de ton amendement ? Tu n'es plus un jeune homme, mais un homme fait. Si maintenant tu te négliges et deviens nonchalant,si tu ajoutes toujours les délais aux délais, si tu renvoies d'un jour à l'autre le soin d'être attentif à toi - même, tu oublieras que tu n'avances pas, et tu continueras à vivre et à mourir comme un homme vulgaire.