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3.48/5 (sur 136 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 08/04/1974
Biographie :

Cypora Petitjean-Cerf est professeur de lettres et coordinatrice d’une classe-relais ZEP.
Elle a reçu le prix Louis Cros pour son ouvrage : L’Ecole de la dernière chance.

Source : www.canalacademie.com
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Bibliographie de Cypora Petitjean-Cerf   (9)Voir plus


L`entretien de Cypora Petitjean-Cerf avec Babelio : "La belle année"

"La belle année" est le récit de la vie de Tracey, une jeune collégienne âgée de 11 ans, sur une période d`un an. Pourquoi avoir pris le cadre temporel d’une année scolaire ?

J’avais l’idée d’un roman d’apprentissage, de transformation. Ce roman est l’histoire du passage de l’enfance à l’adolescence. A l’origine, je ne m’étais pas forcément dit que le récit allait se dérouler sur une seule année mais le roman a pris cette forme-là. Ce que je voulais aussi c’était montrer les différents visages de la ville. Pour moi la ville de Saint-Denis c’est un personnage à part entière. Que le récit se déroule en une année me permettait de montrer les différents visages de la ville en fonction des saisons.


On voit effectivement plusieurs aspects de la ville de Saint Denis où se déroule le roman. Votre portrait de Saint-Denis est moins négatif que ce qu’on a l’habitude de lire ou d’entendre sur la ville. Était-ce une volonté de votre part de sortir des sentiers battus ?

C’est une ville très contrastée. Le centre historique est très joli alors que certaines cités sont particulièrement moches. La violence de la ville est réelle. Quand on sort de la gare de Saint-Denis par exemple, on peut voir des flèches dessinées au sol qui indiquent où se trouvent les dealers... Mais ce n’était pas cet aspect de la ville que j’avais envie de montrer. Il est inutile de revenir encore sur ces clichés que l’on voit partout. Je voulais dépeindre un autre visage de cette ville.


Vous êtes-vous basée sur vos propres souvenirs de la ville, lorsque vous y enseigniez dans un collège difficile ?

C’est un mélange. Certains de mes anciens élèves m’ont aidée en me livrant leur vision de Saint-Denis, ils m’ont aiguillé sur certains aspects de la ville pour que le roman soit le plus réaliste possible mais au final, ma restitution de la ville de Saint-Denis est un mélange de souvenirs, du récit de mes élèves ainsi que de mes impressions de la ville lorsque j’y suis retournée pour l’écriture du roman. Il en résulte un portrait à la fois réaliste et fantasmé de la ville qui ne prétend pas être la topographie réelle de celle-ci. L’action est par exemple censée se dérouler dans la « cité des 4000 » en 2009 alors qu’à cette période, la cité avait déjà été rasée. Mais ce n’est pas grave, au contraire. C’est un Saint-Denis intérieur.


On retrouve votre volonté d’aller à rebours des clichés dans la construction des personnages. Tracey pense immédiatement que le père de Rabah, un de ses camarades de classe, est un intégriste religieux, puis son regard change…

C’est la vision d’une petite fille qui n’a pas tout compris ! Elle part du cliché que le musulman est forcément un activiste religieux. Puis elle se rend compte que cet homme n’est même pas musulman du tout ! Elle n’avait pas écouté Rabah, qui lui disait pourtant le contraire, s’en remettant uniquement à sa propre croyance. Son regard change au fur et à mesure que l’année s’écoule et qu’elle découvre vraiment Rabah et sa famille.


On note d’ailleurs, tout au long du récit, une évolution assez positive de la situation des élèves. Un choix symbolique ?

C’est basé sur mon expérience. Quand j’étais à Saint-Denis j’ai vécu des débuts d’années chaotiques, très difficiles. Le plus dur pour un professeur, c’est de rester. Mais si tu es encore là à la fin de l’année scolaire, ils te remercient. La deuxième année a été beaucoup plus facile. Je ne suis plus dans ce collège aujourd’hui mais j’ai gardé beaucoup de contacts avec mes anciens élèves et leurs parents. Certains m’ont aidée pour l’écriture de ce roman.


Le personnage de Rabah, qui devient le petit copain de Tracey, semble incarner totalement cette évolution.

Je crois que c’est mon personnage préféré. Au début il est un peu primaire puis on découvre une vraie bonté en lui. Cela peut paraître étrange pour un écrivain mais j’aime beaucoup la suggestion, le non-dit. Je n’aime pas toujours mettre des noms sur des choses. Rabah ne parle pas beaucoup mais ses actes en disent long.


On voit dans votre roman, que la violence ne naît pas toujours dans la cour d’école. Pensez-vous qu`elle naît avant-tout dans le cadre du cercle familial ?

Tout à fait. Quand tout va mal dans l’école, c’est souvent que tout va mal aussi en dehors de l’école. Les violences à l’école, ce ne sont que des symptômes.


L’école semble d’ailleurs assez peu présente dans le livre, finalement. La plupart des scènes se déroulent en dehors du collège.

Ce n’est effectivement pas un roman sur le collège mais c’est un élément important dans la réalité d’une jeune fille de 11 ans.

Revenons à Tracey justement, le narrateur de ce roman. Comment avez-vous construit ce personnage ? La langue assez riche de Tracey peut surprendre le lecteur…

J’ai tout de suite voulu en faire un enfant précoce pour éviter de tomber dans la caricature. En faire une enfant précoce me permettait d’employer des mots un peu plus proches de mes mots de vocabulaire et de construire ainsi un langage moins « artificiel ». Cet aspect est également important pour le personnage de Tracey qui a un regard un peu décalé sur les autres. C’est une fille assez seule, assez différente des autres. Après, Tracey est un mélange. D’une part elle est basée sur une observation de mes élèves et de mes souvenirs de l’époque où j’enseignais à Saint-Denis, et d’autre part elle a été façonnée à partir de mes souvenirs personnels. C’est un amalgame : il y a en elle des morceaux de moi et d’autres de plusieurs élèves. Je crois que c’est comme cela que l’on créée un personnage, c’est-à-dire en prenant des morceaux un peu partout.


Tracey a 11 ans au début du récit. Pourquoi avoir choisi cet âge-là ? Est-ce un âge crucial selon vous ?

Pour moi c’est vraiment le passage de l’enfance à l’adolescence. C’est l’année de la mutation.


Sauf que vous, vous réfutez un peu cette idée selon laquelle il s’agit-là de l’âge ingrat. C’est au contraire, pour vous, une « belle année » ?

Il se trouve que j’ai un rapport très particulier avec les adolescents. Je les adore alors que je n’aime pas du tout les enfants en revanche. Les enfants m’exaspèrent alors que j’ai vraiment des états de grâce avec mes élèves. Sans hurler, j’arrive à avoir une autorité particulière sur eux. L’adolescence c’est commencer à accéder à un début d’identité.


Avez-vous eu des réactions d’élèves et de professeurs ? Se reconnaissent-ils dans les personnages du roman ?

J’ai eu des retours très positifs de certains professeurs mais je ne sais pas s’ils se reconnaissent… Peut-être n’ont-ils pas envie de se reconnaître, d’ailleurs. Je décris une situation tout de même très difficile, au cœur de la cité. Je suis aujourd’hui dans un collège qui est moins dur que celui décrit dans le roman. Je n’ai en revanche pas encore eu le retour de mes élèves !


Cypora Petitjean Cerf et ses lectures

Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

La Virevolte de Nancy Huston. Ce n’est pas seulement un livre qui m’a donné envie d’écrire, c’est un livre qui m’a appris à écrire. Je n’étais pas la même après avoir lu ce livre alors même que j’écrivais depuis longtemps. Avant, ce que j’écrivais n’était pas génial. Après avoir lu ce livre, je savais écrire.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

« Un amour » de Dino Buzzatti, que je cite d’ailleurs dans le roman. Je l’ai découvert quand j’avais 16 ans et je l’ai relu d’innombrables fois. C’est extrêmement bien écrit


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

J’aurais aimé lire beaucoup plus de romans de Marcel Proust mais je n’en ai lu qu’un seul, « Du côté de Chez Swann », et je n’en suis pas fière. Mais pour le coup, lui il est écrasant comme auteur. C’est un génie. Je crois que c’est le plus grand écrivain que je n’ai jamais lu.


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

« Stallone » d’Emmanuèle Bernheim. C’est un livre sorti il y a 10 ans qui est tout simple, sans aucune fioriture mais qui est très fort. C’est également un livre qui m’a appris à écrire. Je le conseille d’autant plus qu’il est aujourd’hui disponible en poche.


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

Ce n’est pas une citation mais je trouve que « Puisque rien ne dure », le titre d’un roman de Laurence Tardieu, est absolument magnifique. Je crois que c’est extrait d’une chanson de Michel Berger. Je me le répète souvent. Je le trouve à la fois très beau et très vrai.


Et en ce moment que lisez-vous ?

Je lis « Pastorale américaine » de Philip Roth mais j’ai hâte de le finir et de lire autre chose ! La langue est de grande qualité, la traduction est géniale mais je n’accroche pas du tout. Je trouve ça trop bavard, trop ennuyeux. Après, je vais attaquer Haruki Murakami dont je suis une grande lectrice ! J’ai hâte !


Découvrez "La belle année" de Cypora Petitjean-Cerf aux Editions Stock


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Cypora Petitjean-Cerf - La belle année .
A l'occasion du Salon du Livre de Paris 2012, Cypora Petitjean-Cerf vous présente son ouvrage "La belle année" aux éditions Stock.http://www.mollat.com/livres/cypora-petitjean-cerf-belle-annee-9782234071766.htmlNotes de Musique : Taiko Les tambours de Tokyo - 8 - Sukeroku Bayashi

Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Je m'appelle Tracey Charles et j'ai onze ans. Je viens d'entrer au collège Jean-Lurçat qui se trouve tout près de mon ancienne école. L'école des Cosmonautes est la plus pourrie de la ville, tout le monde le dit. Je suis né en 1997 à l'hôpital Delafontaine qui est à deux cents mètres de l'école des Cosmonautes et à quatre cents mètres de mon collège. Cet hôpital a la plus mauvaise réputation du département. Il paraît que des trucs bizarres se passent dans les sous-sols. On raconte des histoires de bébés morts et de femmes à huit bras. Mais cette dernière partie est fausse, évidemment. Certaines personnes peuvent naître avec un tout petit bras minuscule sur le côté genre pince de crabe, mais c'est tout. Il ne faut pas non plus prendre des gens pour des imbéciles.
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« J’ai passé trois jours de suite dans la salle de bains. Mon chevalet dressé près de la baignoire, mes tubes de peinture disposés sur un tabouret, j’ai peint la sirène. Elle semblait ravie. Je ne l’avais jamais vue rouler ces yeux-là. A tel point qu’à un moment une chose incroyable s’est produite : elle s’est mise à chanter. Mais pas comme les sirènes qui rendent les marins fous et font échouer leurs bateaux, non. Ca ressemblait à une plainte d’animal, modulée pour former des notes. A la place des paroles, elle chantait des sons inarticulés de bête, mais très beaux. Sur le moment, ça m’a bouleversée. J’ai dû m’asseoir. Je me suis arrêtée de penser, de vouloir, de désirer, de craindre. Je l’écoutais. Quand elle a cessé de chanter, j’ai recommencé à peindre. Ses joues avaient rosi et j’ai dû changer un peu mes couleurs. »
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Le jour ou la peur aura disparu de ma vie, je serai devenue une autre.
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Huguette avait préparé des crêpes et des galettes aux pommes. Elle avait acheé du cidre doux. Au dernier moment, par réflexe, par habitude, elle avait confectionné un kouign amann. toute cette préparation pour le goûter le distrayaitet la déchirait en même temps. La dernière fois qu'ele avait reçu Lamia, Crystal était là. Huguette repensait à l'embryonde Louison enterré dans le jardin.Elle avait envie de dénicher, elle aussi, un petit endroittranquille pour enterrer le bébé qu'elle n'avait pas eu. Huguette avait bien vu Paris. Elle connaissait la gare Montparnasse, la rue d'Alésia, le jardin du Luxembourg, Saint-Denis et le périphérique. C'était suffisant.Elle avait envie de retourner en Bretagne , maintenant. son potager devait être dans un état!
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Prier ne changera pas la fin du livre mais, puisque la religion permet de demander l’impossible, autant ne pas se priver. C’est l’un des avantages de la foi.
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Je l'aime, donc je n'ose pas le regarder. Son visage vacille, se tord et se perd au milieu des visages que je lui invente. Manger les vrais traits, oublier, reconstituer : c'est le travail absurde de la mémoire qui tricote l'image d'amour.
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J'ai créé une religion. La religion du Chiffre Huit. Pourquoi ce chiffre en particulier ? D'abord parce que je suis née un huit août. Ensuite parce que je pèse quarante-huit kilos pour un mètre cinquante-huit. Enfin parce que le chiffre huit évoque un corps féminin.
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Après une demi-journée de séparation, on a encore plus envie de se voir. Le cœur bat, les jambes et les mains tremblent un peu. On sait qu'on est en vie.
"Même sans ça, on le sait, a souligné Rabah.
- Oui, mais là, on le sent. C'est mieux."
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"Vous savez que deux hommes se battent pour vous avoir ?" dit Sophie.
Huguette eut un sursaut d'inquiétude.
"Quels hommes ?
- Des directeurs de galeries. Ils veulent tous les deux votre portrait !"
Les doigts d'Huguette se crispèrent autour du sucrier.
"Et heu...mais...ah bon ? Et où qu'elles sont, d'abord, ces galeries ?
- A Paris."
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Cette semaine j'ai lu deux romans au pied de notre cerisier, la nuque pressée contre l'écorce. "Ma pauvre Tracey, à commenté maman, il faut vraiment avoir la tête en vrac pour lire dehors au mois de novembre. Remarque, j'aime autant que tu restes dans le jardin. Pendant ce temps là, on est tranquilles à l'intérieur."
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— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

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