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Critiques de Abdellah Taïa (141)
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Un pays pour mourir

Zahira est une déracinée. Elle a quitté sa maison au pied de l’Atlas, au Maroc, fuyant le souvenir d’un père qu’elle a laissé mourir seul, essayant en vain d’échapper à la culpabilité. Installée à Paris, elle vend son corps aux plus démunis, aux laissés-pour-compte qui viennent frapper à sa porte. Elle sait comment les soulager de leur peine et de leurs malheurs, même un bref instant. De la même manière, elle soutient Aziz et l’accompagne dans son changement de sexe. Aziz qui sera bientôt Zannouba, qui pense l’avoir toujours été, depuis son plus jeune âge, et qui ne se doute pas qu’il peut se perdre en voulant changer d’identité… Et puis il y a Mojtaba, le bel iranien, obligé de fuir son pays parce qu’il est homosexuel, parce qu’il prône la liberté d’expression, et qui se retrouve perdu dans Paris… Heureusement, Zahira est toujours là lorsqu’il s’agit de tendre la main, de recueillir les brebis égarées, Zahira qui ne se doute pas que son ancien amant vient d’apprendre qu’elle se prostituait et qu’il vient pour elle, pour laver le déshonneur… Enfin il y a l’énigmatique Zineb, disparue depuis longtemps, mais qui continue à hanter la mémoire familiale…





Roman de l’exil, « Un pays pour mourir » reprend des thèmes chers à Abdella Taïa, tels que le déracinement, le tabou lié à la sexualité, l’homosexualité et le désenchantement envers un monde qui a oublié, délaissé les plus démunis. Cinq personnages portés par le rêve d’un avenir meilleur, ailleurs, loin de leurs racines et qui se retrouvent hantés par leur passé, incapables de se reconstruire et de trouver le bonheur dans une société qui les rejette, qui ne veut pas d’eux.



Les phrases sont courtes, le rythme saccadé tandis que l’écriture est brutale, violente. Elle bouscule le lecteur, le malmène pour mieux pénétrer en lui et le bouleverser. Car, parmi ces instantanés de vie qui nous sont dévoilés, se cache une tendresse, une nostalgie emprunte de poésie qui nous touche et nous émeut. Des personnages d’horizons différents, mais meurtris par la vie. Si certains ont perdus leurs espoirs, d’autres rêvent encore d’un avenir meilleur, mais chez Abdellah Taïa, seule la réalité crue compte et les « happy end » n’existent pas… Un roman d’autant plus fort et bouleversant qu’il est court. « Un pays pour mourir restera une lecture marquante…





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Un pays pour mourir

Écoutez-les...

Écoutez les voix venues de là-bas, de l'autre côté de la Méditerranée...

Elles nous parlent d'exil, d'espoir, de désillision mais aussi d'amour et d'amitié.



Zahira, prostituée à Paris, se souvient. Elle se souvient des derniers jours de son père, mort là-bas au pays, au Maroc. Ce père malade isolé au premier étage de la maison et que la mère ne voulait plus que ses enfants approchent. Ils ont accepté sans rien dire, sans un geste. Mais depuis, Zahira lui parle. Elle a besoin de sa présence, de son pardon.



Zahira, prostituée au grand coeur, qui s'occupe des immigrés sans le sous, déracinés comme elle, perdus comme elle. Zahira, une amie pour Zannouba, une transsexuelle qui a besoin de son soutien pour changer de sexe et pour contenir sa haine des hommes, des autres, des nantis, des qui voudraient bien avoir l'air. Zannouba qui, elle aussi, se souvient de son enfance quand petit garçon, ses sœurs l'habillaient en fille.



Zahira qui rit mais dont les yeux sont deux lacs immenses et tristes. Zahira qui vient en aide à son prochain et recueille un jeune migrant iranien qui a dû fuir son pays et qui ne lui demande rien en échange.



Et puis, il y a encore Allal, l'amoureux éconduit de Zahira, resté au pays et qui apprend le déshonneur de sa belle. Lui aussi partira pour la rejoindre.



Enfin, il y a Zineb, la tante de Zahira. Qu'est-elle devenue ? Est-elle partie elle-aussi ?



Un très beau roman aux personnages fragiles qui ont fui leur pays d'origine pour différentes raisons. Une écriture crue parfois, mais jamais vulgaire. Une écriture qui fait mal, qui vous remue, qui vous émeut. Des tragédies pour tous ces personnages aux vies minuscules, des destins brisés mais une grande compréhension et acceptation de l'autre quand il se retrouve perdu dans un ailleurs, ici en France, qui ne ressemble pas au paradis attendu, au paradis salvateur.

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L'armée du salut

On ne peut comprendre le pourquoi et le comment de ce court roman si l'on n'a pas à l'esprit ces mots :

-" Le pain nu de Mohamed Choukri, qui m'a révélé à la littérature, c'est lui. Qui d'autre chez nous, sinon Abdelkébir, aurait pu acheter un livre pareil et, parce qu'il était interdit à l'époque, lui enlever sa couverture et le cacher, sous la bibliothèque, au milieu de ses slips tâchés de sperme ? J'ai lu et relu sans m'en lasser ce roman de la vie dure et terrible de Mohamed Choukri à Tanger."

Ces mots écrits par Abdellah Taïa disent tout de la raison pour laquelle il a écrit - L'armée du salut -, ainsi que comment et pourquoi son livre autobiographique a pu voir le jour, vivre sa vie littéraire sans être inquiété par la censure.

Mohamed Choukri, l'illustre référence avait déblayé le chemin, fait sauter les verrous de l'inquisition marocaine et détabouisé pour partie la sexualité et ses multiples composantes tels l'inceste et l'homosexualité ; il était devenu possible ( est-ce toujours le cas ? ) grâce à son roman - Le pain nu -, que les plumes puissent se délier et que les auteurs abordent sans crainte des sujets jusque-là voués aux gémonies, à l'ostracisme, voire pire encore !!!...

À présent je suis perplexe car habitué à essayer de faire des présentations qui disent certaines choses, qui achalandent ou pas des lecteurs, vous révéler ne serait-ce qu'une infime partie de cette oeuvre très courte, n'est-ce pas priver le lecteur d'un peu ( mais ce peu est peut-être déjà trop ...) du plaisir auquel il a droit en acquérant ce livre sans savoir ce que disent les mots qu'Abdellah Taïa a confiés à chacune de ses pages et qui en constituent le sel de ce que sera votre découverte ?

Sachez néanmoins que le roman est en deux parties.

La première traite de l'enfance de l'auteur, son quotidien au sein d'une famille "aux liens très, très étroits", avec des parents et une fratrie très "typés"...

Ses relations de grande proximité de cadet avec son frère aîné.

Sa sexualité dans un contexte où le sexe est vécu d'une certaine façon.

Son adolescence et son homosexualité assumée.

La seconde relate un séjour en Suisse où l'auteur a obtenu une bourse pour parfaire ses études littéraires.

Son ami et amant devait l'attendre ; il n'est pas au rendez-vous.

Quelles vont être les conséquences pour ce Marocain de cette défection ?

C'est à vous de le découvrir.

Après la tempête Choukri, nous sommes dans des eaux qui peuvent paraître troubles... mais de l'eau a coulé sous les ponts du Maroc et d'ailleurs.

J'ai aimé lire les deux parties.

Celle marocaine est plus excitante, plus romanesque, peut-être parce que anthropologiquement, sociologiquement et culturellement plus exotique.

Mais la seconde a peu à lui envier, sinon le fait d'être un peu moins riche... un peu plus "européanisée" ou européanisante.

En conclusion, je vous conseille de lire d'abord - Le pain nu - avant de vous attaquer aux sandwichs au gruyère de - L'armée du salut -
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Mon Maroc

J’ai une opinion assez mitigée à propos de Mon Maroc. Abdellah, le personnage central, porte le même prénom que l’auteur, Abdellah Taïa. Est-ce une autobiographie ? Ça en a tout l’air, les épisodes dévoilent des informations parfois très personnelles et leurs parcours sont assez similaires. Toutefois, la préface et le résumé en quatrième de couverture sont plutôt flous sur le sujet. En tant que lecteur, j’aurais aimé être fixé. (Comme j’écris ces mots, j’espère ne pas avoir bêtement négligé des indices flagrants !)



Chaque petit chapitre de Mon Maroc est une tranche de vie. La famille, la circoncision, les objets occidentaux qui font leur apparition dans le quotidien des Marocains (radio, télé…). D’autres moments de famille, de famille élargie, incluant oncles, tantes, cousins. Le premier amour. Les livres. Évidemment, le but est de décrire le quotidien, pas de vendre un Maroc de cartes postales ou de décors à la Mille et une nuits. Toutefois, je n’ai pas été aussi dépaysé que je l’aurais cru et/ou souhaité. Tout est bien décrit, et réalistement, peu de place à l’évocation.



Les épisodes où il est question de la famille d’Abdellah, pris isolément, ne sont pas inintéressants, ils sont parfois même cocasses, ils permettent au lecteur de se faire une tête, d’imaginer plus facilement à quoi ressemblait une famille marocaine des années 80 et 90. Toutefois, ils ne font pas progresser l’histoire. Ce n’est qu’une suite d’anecdotes sans liens. Le seul fil conducteur à travers plusieurs chapitres, c’est l’intérêt que le garçon porte aux livres et à la culture occidentale, intérêt toujours plus important, l’amenant à poursuivre sa scolarité en Europe.



Finalement, cette histoire qui aurait pu se passer à Casablanca, Alger, Tunis et pourquoi pas Pondichéry ! J’exagère mais à peine. Les chicanes de familles, les mères protectrices, les sorties au cinéma, etc. Rien de très exclusif au Maroc. Bref, je n’ai pas suffisamment senti ce en quoi consiste être un Marocain pour Abdellah Taïa. À tous ses souvenirs, évidemment, mais n’importe qui en a de semblables qui le rattachent au coin de pays qui l’a vu naitre et/ou grandir. Non ?
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Celui qui est digne d'être aimé

Roman constitué de 4 lettres : 1°) celle de Ahmed à Malika (sa mère) - 2°) Vincent à Ahmed (un amour court et fort) - 3°) Ahmed à Emmanuel (son amant de longue date) - 4°) Lahbib (ami d’enfance) à Ahmed.

Au travers de ces lettres nous apprenons, peu à peu, la vie de Ahmed, jeune marocain pauvre et homosexuel. Comment il s’est fait séduire, à 15 ans, par un français, comment en est-il arrivé à occulter son pays, comment en est-il arrivé à s’oublier.

L’écriture est fluide, le sujet intéressant, la construction est bien menée. Le tout en fait un bon roman de cette rentrée 2017, tout en sensibilité et révolte.

J’apprends que « Abdellah Taïa a grandi dans un quartier populaire entre Salé et Rabat où son père est employé dans une bibliothèque, mais sa mère ne sait ni lire ni écrire. » Sans commentaire !

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Celui qui est digne d'être aimé

Sonnée.

Ce roman m’a sonnée.

Aussi court que puissant. Aussi puissant que violent.

« Un bon gros uppercut dans ta face ! », comme dirait un ami.

Et on sent dans chacune des lettres le besoin urgent, quasi vital de les avoir écrites.

Ca transpire, ça prend toute la place.

Du coup, on les lit presque avec cette même urgence, cet empressement affamé.

On découvre cette mère tyrannique et obscène. Cet amoureux blessé. Cet Emmanuel qui a fait de lui un gentil et docile petit parisien, l’étouffant, le colonisant.

On découvre aussi cet ami d’enfance, avec son lot de blessures et de cris silencieux.

A la fin du livre, on aimerait tellement le retenir, le prendre dans nos bras.

Prendre aussi dans nos bras Ahmed/Abdellah. Ahmed enfant, Ahmed adulte.

Lui dire que non, l’amour ce n’est pas cela.

L’amour, ce n’est pas souffrir et faire souffrir pour se venger.

Magistral !
Lien : https://livresetbonheurs.wor..
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Un pays pour mourir

Depuis qu’elle a quitté son village au pied de l’Atlas pour la France, Zahira se prostitue. Elle est en fin de carrière et a parfois du mal à joindre les deux bouts mais sa générosité reste inébranlable. Elle joue les confidentes pour son meilleur ami Aziz, un algérien qui se rêve en fille et qui bientôt, par la grâce d’une opération, se réveillera en Zannouba et quittera le « territoire maudit des hommes » : « Je la coupe. Sans bite. Sans verge. Sans zob. Sans excroissance. Sans sperme. Sans couilles. Sans cette chose inutile entre les jambes qui me bousille la vie depuis toujours ». Zahira recueille aussi Mojtaba, homosexuel chassé d’Iran, perdu dans les rue de Paris. Elle passera avec lui un merveilleux mois plein de complicité, avant qu’il disparaisse sans crier gare. Mais Zahira va également devoir faire face à la rancœur d’Allal, son premier amour resté au Maroc et qui cherche, coûte que coûte, à la retrouver…



Des vies brisées. Abîmées. En fragments. Des voix aux accents incantatoires qui disent le désespoir, la honte, la pauvreté, l’exil, le passé qui vous poursuit toujours, partout, le rêve impossible d’une existence et d’un ailleurs meilleurs. Les monologues, fiévreux, habités, se succèdent et s’enchâssent pour brosser le tableau dérangeant, aussi cru que poétique, de migrants fugitifs, précaires, sans pays et sans illusions. Point de misérabilisme, aucune caricature. Les phrases courtes bousculent et apostrophent, l’économie de moyens donne à la confession de chacun une puissance narrative impressionnante. J’en suis sorti groggy…




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Infidèles

Des monologues de plusieurs narrateurs sur le Maroc où ils vivent : une prostituée, son fils, un militaire, et autres. Ils y parlent de prostitution, d’ homosexualité, surtout l’enfantine très dérangeante, de tortures, d’Islam, etc. Seulement, le lecteur attend un échange entre eux... qui ne vient jamais. Confus.
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Celui qui est digne d'être aimé

Elle est cruelle la vie d'Ahmed, jeune Marocain homosexuel élu ou dragué (les deux à la fois) par un intellectuel parisien qui le ramène en France et sera pour un temps son amant et son protecteur.

Dans ce roman épistolaire, le narrateur exprime de la rancune, de la révolte envers son environnement. Mais au fond c'est la vie qu'il a choisie et qui lui a tout de même permis d'être éduqué et de sortir de la pauvreté à laquelle son milieu familial l'aurait contraint.

Est-il vraiment honnête en reportant sur les autres son malaise intérieur ?





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Vivre à ta lumière

Un livre qui ne m'a pas totalement embarqué, peut être est-ce l'écriture directe qui m'a gêné. Un roman découpée en trois parties : trois moment fort de la vie de Malika.

Femme de la campagne marocaine, elle nous raconte son premier amour parti en Indochine, sa fille qui veut devenir la bonne d'une femme française aisée et son agression par un jeune homosexuel sortant de prison.

Plusieurs passages m'ont énervé mais c'est la preuve que l'écriture est forte.

Une lecture en demi-teinte
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Lettres à un jeune marocain

Montrer à la jeunesse marocaine que les choses peuvent bouger », même dans un pays sclérosé qui les écrase ou les ignore. Hanté par cette idée, l'écrivain Abdellah Taïa a demandé à 17 de ses compatriotes, écrivains de renom ou inconnus de talent, d'écrire une lettre à un jeune Marocain. Certaines sont désespérées, d'autres drôles, âpres, ou érudites ; elles parlent de politique ou du Coran, de sexe, de visa ou de dimanches d'ennui à rêver d'amour. Leur diversité en fait la richesse, leur liberté de ton en fait le prix.

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L'armée du salut

Ce récit autobiographique est très touchant. L'auteur se dévoile, nous partageant des souvenirs intimes, des sentiments, des expériences, mais tout en pudeur. J'ai beaucoup apprécié sa plume qui est belle et douce, ainsi que le rythme qu'il a donné au récit, entremêlant des époques et des souvenirs.

J'ai été quelque peu étonné par autant de franchise et par la façon dont il évoque des sujets "tabous", notamment l'amour excessif qu'il porte à son grand-frère (que l'on pourrait considérer comme de l'inceste), et l'homosexualité qui est encore un sujet sensible au Maroc. Ce jeune homme découvre la vie, il aime la littérature et désire aller vivre à Paris, mais il se rend compte que cela ne se passe pas toujours comme nous le souhaitons. Il aime un homme qu'il ne comprend pas toujours, et se retrouve un peu perdu loin de chez lui et de sa mère.

J'ai été un peu étonnée par cette franchise quelque peu glaçante parfois, notamment concernant le regard que l'auteur porte sur certain(e)s de ses compatriotes prêts à tout pour quitter le pays (comprenez par là mettre le grapin sur un Occidental).
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L'armée du salut



Ce livre est clairement un récit autobiographique plus qu'un roman, l'auteur est cité par son propre nom et visiblement tout ce qu'il raconte est très proche de la réalité.

J'ai beaucoup aimé la prose de l'auteur, la sensualité évidente de sa plume, et sa façon qu'il a a de décrire, par petites touches impressionnistes ses sentiments avec naturel et délicatesse. L'auteur est animé d'une vrai plan de carrière et ne doute pas de ses aspirations, mais il va s'aperçoit que la vie décide différemment... Le romancier fait montre de beaucoup de pudeur et de tact pour aborder des sujets aussi délicats que l'inseste ou l'homosexualité dans une culture qui a beaucoup de mal à l'accepter. Sans jamais tomber dans les clichés, le livre véhicule aussi un amour pour la littérature et la liberté d'assumer ses choix qui fait plaisir à lire !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Infidèles

Les tribulations d’une Marocaine et de son fils.

Elle se prostitue, son fils baignant dans cette atmosphère se fait pourvoyeur de « clients ».

L’un d’entre eux, militaire déserteur, bouleversera involontairement leur vie en disparaissant.

Elle qui en chemin découvre la foi et la paix, lui en rencontrant un jeune garçon qui le trouble sentimentalement au point de l’entrainer vers le gouffre.

Un parcours dramatique, violent et sinueux mêlant la prostitution, l’amour, l’homosexualité, la foi en l’islam pour s’achever dans un imaginaire fantasmatique de l’au-delà…

Un livre parfois dérangeant servi par la plume percutante et éblouissante d’Abdallah Taïa.

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L'homme blessé

De l’homosexualité au Maroc.

Un soir de Ramadan dans la ville de Rabat, le narrateur, étudiant à l’université, promet à sa mère de rentrer tôt pour lui tenir compagnie. En effet, elle a des crises d’angoisse et ne supporte plus la solitude depuis la brutale disparition de son mari.

Mais maman s’endort sur le canapé et notre étudiant, grâce à la parabole, va tomber sur le film de Patrice Chéreau qui passe sur Arte. Un amour violent et libre entre deux hommes qui va le subjuguer et le tourmenter au plus haut point. Et si sa mère se réveillait, là, maintenant, est-ce qu’il assumerait son trouble ? Mais demain …

Ce film interdit dans son pays va changer sa vie.

Un texte très court comme une fulgurance.

Abdellah Taïa voue une passion pour le cinéma, j’ai appris qu’il aurait souhaité devenir réalisateur et dans plusieurs de ses livres cinéma et littérature s’entremêlent comme les deux amants de l’homme blessé, un film culte paraît-il que je n’ai pas encore vu.



Challenge Multi-Défis 2023

Challenge Riquiqui 2023.



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Infidèles

Lecture hyper décevante de cet ouvrage qui mêle, au ressenti du lecteur: vulgarité, dénonciation de l'analphabétisme liberticide et obscurantisme, Marilyn Monroe, les chanteuses égyptiennes, la marche verte, les tortures dans les prisons marocaines, la conversion de chrétiens à l'Islam, terrorisme et "explosion sublime",comme une manière de brouillon informe et indigeste. (simple opinion)
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Celui qui est digne d'être aimé

Le récit est constitué de quatre lettres, trois sont écrites, la dernière ne le fut pas mais elle reflète la pensée de son auteur. Quatre lettres qui nous font remonter dans le temps ( août 2015, juillet 2010, Juillet 2005, Mai 1990) et nous donnent à comprendre le mal être d’Ahmed.



Ahmed a quinze ans en 1990, il vit à Salé dans un milieu pauvre. Sa mère voulait le tuer dans son ventre craignant d’enfanter une nouvelle fille. C’est la prémonition du frère aîné, le préféré qui l’arrêta. Est-ce pour cette raison qu’il sera homosexuel?

Un jeune garçon homosexuel au Maroc rêve de rencontrer un riche français qui le sortira de sa misère. Pour Ahmed, ce sera Emmanuel. Emmanuel qui va le « coloniser« , l’éduquer, l’amener à effacer toutes ses racines, à renier son identité.



La première lettre est celle d’Ahmed à Malika, sa mère morte en 2010. C’est une lettre de haine et de reproche.

» J’ai 40 ans et je suis devenu un jaloux calculateur et froid. »

Pour l’adulte blessé qu’il est devenu, Malika n’était qu’une femme cruelle, autoritaire qui usait de ses charmes pour assujettir son mari, un brave homme ensorcelé par le sexe prêt à tout accepter pour un regard de sa femme.

» Et malheureusement pour moi, je suis comme toi…Je suis froid et tranchant comme toi. Malin, calculateur, terrifiant parfois. Dans le cri, dans le pouvoir, dans la domination. Exactement comme toi. »



La seconde lettre est celle d’un amant à Ahmed. Vincent vient de découvrir ses racines marocaines. Dans le métro parisien, il tombe sous le charme d’Ahmed. Ahmed, l’homme qui emmènerai Les lettres portugaises dans la mort, un livre qui parle d’amour et d’abandon. Sombre prémonition.



Vient ensuite une lettre de rupture adressée à Emmanuel écrite en juillet 2005 par Ahmed. En treize ans de vie commune, Emmanuel a sorti Ahmed de son village, de son pays, il a fait son éducation mais il l’a aussi débaptisé, contraint à renier ses origines, à oublier sa culture. Comment ne pas faire le parallèle entre cet homme et le pays?

» Confronté, tu ne cessais de te dérober, Emmanuel. Tu n’es ni un raciste ni un conservateur, tu votes toujours à gauche et tu ne caches rien aux impôts. Pourtant, tu n’as eu aucun scrupule à reproduire sur moi, dans mon corps, dans mon coeur, tout ce que la France refuse de voir : du néo-colonialisme. »



La dernière partie est sans aucun doute la poignante confession qui aide à comprendre le comportement torturé d’Ahmed.



Ce récit fortement inspiré de l’histoire de l’auteur est fort et violent parce que le jeune Ahmed est à ce point de révolte où il ne supporte plus cette liberté acquise, ne supporte plus ce que l’on a fait de lui. Avec des phrases simples de l’écriture épistolaire et les mots crus, Abdellah Taïa fait parfaitement ressentir la complexité de son personnage. Ahmed a cru en la liberté offerte grâce à l’attention de ce riche parisien, il a profité de cette aubaine se soumettant à la fois par amour et par intérêt. Avec le décès de sa mère, il perd son assurance, se rappelle comment les techniques de séduction, de possession de Malika ont causé le malheur de son père.

Ce roman est un cri de révolte mais aussi une façon de montrer comment un homme peut perdre sa dignité en acceptant de renier ses racines pour s’intégrer dans un autre monde.

» Non seulement il faut s’intégrer de force dans la société française, mais si, en plus, on réussissait à faire oublier notre peau, notre origine, ça serait parfait. »



Style, construction, sujet, je recommande cette lecture.
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Infidèles

Je ne connaissais pas du tout l’œuvre d'Abdellah Taïa, jeune auteur marocain, avant de lire Infidèles. Dans ce roman divisé en quatre parties, des voix s'élèvent, et j'ai eu l'impression que personne ne les écoute, personne ne les entend, pas même ceux à qui ils s'adressent. Ainsi, Slima ne réagit pas aux paroles pleines d'amour de son fils, qui tente de la faire réagir. Chaque personnage semble muré dans sa solitude - solitude à deux pour Jallah et sa mère - et ne jamais parvenir à s'en sortir.

Le mot n'est jamais prononcé, pourtant la fatalité domine. Chaque lueur d'espoir est très vite étouffée, quand elle ne plonge pas les personnages dans une douleur plus grande encore. Slima, enfant abandonnée, a été recueillie - sa mère adoptive en a fait très rapidement sa domestique, puis l'a vouée à la prostitution, lui ôtant ainsi tout avenir. Un soldat, parmi les nombreux clients de Slima, avait apporté un peu de réconfort à la mère et au fils, il sera la cause involontaire de l'emprisonnement de Slima. Même l'amour n'apporte rien de véritablement bon, parce que les êtres aimants semblent ne pas réellement regarder la personne qu'ils disent aimer.

Les phrases sont courtes, simples, rythmées, scandées comme des cris de douleur et de rage parfois. Les mots sont crues, aussi, et m'ont mis mal à l'aise, notamment en ce qui concerne Slima et son fils, et ce que celui-ci a très certainement subi de la part des clients de sa mère. Il est question aussi de la violence - officielle - du sort des femmes - lire le dialogue entre le coiffeur du Caire et Slima - de la religion, de l’extrémisme. Et de Marilyn Monroe aussi, trait d'union entre la mère et le fils, consolation pour les malheureux.

Infidèles est un roman désespéré.
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Un pays pour mourir

Un pays pour mourir Abdellah Taïa



C'est un texte sur l'exil, la souffrance, la perte de sa culture et de ses repères culturels mais c'est aussi de l'espoir et des rêves.

Zahira la prostituée, Azziz-Zannouba le transsexuel, Mojtaba l'iranien qui a fui son pays pour échapper à la mort. Tous ces gens se croisent, vivent ensembles plus ou moins longtemps, s'apprécient, s'aiment et rêvent malgré la misère et la vie difficile qui est la leur.

Ce sont des tragédies, des petits morceaux de vie de tous ces personnages et d'autres dont nous parlent l'auteur, lui aussi exilé. L'amitié et l'amour courent le long de ces pages, mais aussi la tolérance et l'espoir de s'en sortir un jour.

C'est un texte à la fois sombre et triste mais rempli de réalisme qui nous fait prendre conscience que vivent près de nous et autour de nous des humains déracinés qui souffrent et qui rêvent de vies meilleures.



J'ai aimé ce texte et je pense que je vais lire d'autres romans de cet auteur
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Infidèles

Abdellah Taïa a publié trois romans au Seuil qui sont traduits ou en cours de traduction en Espagne, Hollande, Italie, Suède, Roumanie et aux États-Unis. Il a également dirigé la publication de Lettres à un jeune Marocain (Seuil, 2009). Par ces livres et par ses prises de position publiques, à visage découvert pour défendre l’homosexualité et la liberté des personnes dans son pays, il est devenu une sorte d’icône au Maroc et dans les pays musulmans, violemment attaqué par les islamistes et encensé par les jeunes et les moderniste.



Récit à plusieurs voix écrit dans un style télégraphique qui ne manque pas de poésie, l'histoire est rythmée par les nombreuses ruptures temporelles et les rencontres des deux antihéros.

uN joli roman qui nous fait découvrir la jeune vague de la littérature marocaine.

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