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Citations de Abdennour Bidar (221)


Je crus comprendre alors que sa grandeur résidait dans sa simplicité extrême, dans sa simple humanité. Tous autour de lui croyaient qu'il était grand grâce au divin qui se serait ajouté à cette humanité, comme si elle avait été recouverte par quelques chose de surhumain; en réalité, il était grand parce que son humanité était nue. Au lieu d'ajouter, il avait enlevé. Loin d'être devenu un dieu vivant, il avait accepté d'être un homme, seulement un homme, seulement lui-même, ce que presque personne ne sait faire. Car tous veulent au contraire s'élever au-dessus d'eux-mêmes d'une façon ou d'une autre - devenir plus riche, plus fort, plus beau, plus puissant, plus sage,… A commencer par tous ces disciples qui veulent devenir "plus obéissant", "plus soumis", "plus proche", "plus purs" et que sais-je encore. Plus un disciple est disciple, plus il est loin de son maître. Car l'état de disciple est l'état de celui que n'est pas satisfait de lui-même et qui veut devenir un autre. Or le maître est précisément celui qui ne veut devenir personne.
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Vivre pour gagner sa vie, pour construire son petit confort "perso", sans se soucier ni de son moi profond, ni des autres, les "jeunes d'aujourd'hui " n'en veulent plus. La jeunesse qui vient est naturellement tisserande. Certes, une partie d'entre elle demeure captive de la fascination de l'argent, des valeurs matérialistes, des modèles de réussite sociale, des "grands refrains " politiques. Mais la majorité de cette jeunesse est en rupture radicale avec le monde dans lequel elle a grandi : elle veut être inspirée par quelque chose de bien plus grand, de bien plus vaste-du sens, elle veut du partage, elle veut du collectif à la place de l'individualisme régnant. Elle ne ressent donc que désintérêt, voire dégoût et mépris pour un système qui, dès le plus jeune âge à l'école et tout au long de la vie, conditionne à cet individualisme.
Premièrement, chaque petit éleve apprend trop souvent à travailler uniquement pour sa propre réussite, presque jamais en équipe, le plus souvent tout seul devant sa feuille de contrôle... autrement dit jamais donc dans la coopération, toujours dans la comparaison et la rivalité. Deuxièmement, toute l'existence sociale se passe à conquérir laborieusement sa petite place au soleil, ce qu'on a nommé mille fois le règne de l'avoir et du paraître, au détriment de l'être : avoir sa voiture, son bout de jardin, sa maison, son bouquet numérique, ses joujoux à la pointe de la technique, etc. Ce n'est pas l'être humain par nature qui est égoïste, mais notre civilisation qui le conditionne à vivre replié sur son confort et ses petits plaisirs privés, tel un Bernard-l'hermite réfugié dans une étroite coquille.
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A jean Valjean le bagnard, rejeté de partout, méprisé, battu, avili, l'évêque de Digne ouvre sa maison. Et lorsque Jean Valjean lui dit : "Monsieur, comment pouvez-vous ainsi accueillir chez vous, sans méfiance, un homme à la mine aussi sauvage que moi, et dont vous ne connaissez même pas le nom?", l'évêque répond ceci -qui est sublime et devrait nous inspirer tous : "Si, je le connais ton nom, tu t'appelles mon frère." Voilà la petite histoire que nous a léguée le grand Hugo et qu'il faudra transmettre encore et encore pendant mille générations.
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Les générations qui arrivent veulent trouver du sens à leur vie et lui en donner - pas se contenter de la gagner. (...) Elles sont en demande de tout ce qui ranime la flamme de l'espérance personnelle et de tout ce qui rassemble les peuples par-delà les vieilles frontières. Comment donc allons-nous aider toutes les jeunes consciences de notre temps à nourrir leur aspiration à plus de sens ? Qu'avons-nous à leur apporter ?
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Fais à autrui tout le bien que tu voudrais qu'il te fasse.
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[…] il n'y a rien de plus difficile que la liberté. Rien n'est plus difficile en effet que de se poser la question : "De quoi ai-je besoin spirituellement ?" Car cela réclame de savoir mener un véritable examen intérieur, de savoir rentrer en soi-même, de méditer, de se demander où l'on en est exactement par rapport à sa foi, à sa pratique, à Dieu. Et au contraire, rien n'est plus facile que d'appliquer mécaniquement la loi religieuse… En se contentant de dire "Dieu l'a ordonné". Est-ce là de l'obéissance à Dieu ou de la paresse spirituelle ?
p.227
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Abdennour Bidar
Nous sommes de jeunes dieux enivrés par leur toute-puissance, mais qui ne savent pas encore s’en servir de manière éclairée. Sur sept milliards d’êtres humains, la moitié vit avec moins de 5,5 dollars (4,5 euros) par jour.

Le monde
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Misère du communautarisme... Aujourd'hui, c'est la France entière qui se met à classer les individus selon leur groupe ethnique, religieux, culturel, comme s'il fallait d'abord considérer chacun à travers cette appartenance. Comme s'il fallait respecter le musulman, le juif, le Noir, l'homosexuel, avant tout pour cette différence ! Comme si l'on était musulman, etc., avant que d'être humain !
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Je suis croyant. Mais je ne crois pas plus ni moins en un Dieu qui serait celui des musulmans que celui des juifs, des chrétiens ou des hindous. Je crois que tous les chemins mènent à l’homme – c'est-à-dire au divin en l’homme, en tout être humain, et là on n’est pas très loin de la fraternité.
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Comme l'avait bien vu René Girard autrefois, le sacré assouvit ainsi la violence inscrite dans la nature humaine en lui trouvant une "victime émissaire " que son rituel ou son ordre aura pour fonction de sacrifier: c'est ainsi qu'en terre d'islam, cette violence naturelle en l'homme a trouvé dans le système culturel de la religion un double assouvissement, "masochiste" dans la servitude théologique que tous subissent, "sadique" dans celle qui est infligée par les puissants, souvent "au nom de Dieu ", à tous les autres - femme, le sujet du pouvoir autoritaire, le croyant obéissant aux religieux.
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C'est le défi spirituel de notre temps: convertir et faire converger tous nos moyens au service de l'homme créateur, et pour cela donner une dimension spirituelle à tout un ensemble de progrès qui ne sont pour l'heure que matériels.
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Concentrez-vous par exemple sur l'eau qui coule. Le plus modeste ruisseau suffira. Voyez avec quelle ingéniosité et persévérance ce petit malin poursuit sa route sinueuse malgré tous les empêchements petits et grands. Rien ne l'arrête, il contourne le rocher pesant, sautille sur les cailloux, érode patiemment ce qui lui fait barrage et finit toujours par traverser...
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Trouvez-vous étrange ce livre où il est question autant de politique que de sagesse? Oui, c'est délibérément un livre étrange, un drôle d'essai de spiritualité politique et un traité de politique spirituelle. J'essaie en effet d'être un "méditant engagé ", qui considère les deux engagements comme inséparables. Nous ne pouvons plus nous permettre de les dissocier. Leur réunion marquera d'ailleurs notre véritable entrée dans le XXIe siècle. Le lien entre contemplation et action, que la modernité a dénoué, est encore un lien à renouer, dans un monde humain qui verra tous ses grands domaines se rapprocher après deux siècles au moins de séparation: le spirituel du politique, mais aussi de la science, l'art, La culture dans son ensemble. À cette fin, il paraît impératif...d'écrire un nouveau genre de livres transversaux, transdisciplinaires, qui allient la question de la vie sociale et la question de la vie intérieure; et d'autres (ou Les mêmes) dans lesquels le savoir scientifique et la sagesse s'inspireront mutuellement. Je n'ai rien , bien sûr, contre ceux qui se cantonnent dans un seul domaine, qui écrivent soit des traités de vie intérieure, soit des ouvrages de réflexion politique. Mais je crois qu'il est temps de passer à autre chose, de faire dialoguer tous les champs de l'investigation du monde par l'esprit humain et de les faire se féconder.
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Avec une étonnante aisance, Iqbal circule sans arrêt entre les deux univers culturels de l'Orient et de l'Occident, entre les deux registres de la pensée religieuse et de la pensée profane. Sur la trame de ce dialogue permanent, il tisse son projet de ce qu'il nomme la "reconstruction de la pensée religieuse de l'islam". Mais le résultat dépasse ses intentions. Car son inspiration est si riche et si diverse qu'il ne pouvait produire à l'arrivée une philosophie de l'homme qui aurait été seulement "islamique" et comme telle seulement aussi à l'usage des musulmans. Il conduit si loin le dialogue avec l'Occident, et donne à son projet de reconstruction une telle ampleur critique et créatrice, que celle-ci semble le soulever bien au-delà de son intention initiale pour le déposer finalement bien au-delà. Il propose une conception de l'islam et de la religion d'une telle originalité , si radicalement distincte des formes et des significations que nous avons l'habitude de leur donner, qu'au terme de la lecture de ces conférences de Reconstruire nous avons même du mal à reconnaître ces objets "religion" et "islam". Non pas qu'il les oublie en route, ni qu'il les trahisse ou les dénature. Mais il les arrache à leurs compréhensions usuelles.
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La fraternité est restée pendant trop longtemps la grande oubliée de notre devise républicaine. Or, elle en est le cœur secret : sans elle, la liberté et l'égalité sont un idéal vide, parce que si je ne perçois pas l'autre comme mon frère, que m'importe en réalité son droit à la liberté, et en quel sens abstrait serait-il mon égal ?
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Si tu ne m'écoutes pas cette fois, tant pis. D'autres, de plus en plus nombreux, viendront te dire la même chose. Ils te diront bien mieux que je ne l'ai fait ici, et tu finiras bien par devoir les entendre. Laisse-moi ajouter seulement que moi, ton fils éloigné et peut-être ton fils indigne, je crois en toi, je crois en ta contribution à faire demain de notre planète un univers à la fois plus humain et plus spirituel.
Salâm, que la paix soit sur nous tous, soeurs et frères humains.
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Frères et soeurs humains de tous bords et de toutes origines,
Je vous écris cette longue lettre, ce Plaidoyer, pour vous parler de l'urgence d'oeuvrer tous ensemble maintenant à quelque chose de très simple, de très beau et de très difficile à la fois : la fraternité. La fraternité tout court, et pas seulement la fraternité de tel sang ou de telle religion.
Pourquoi la fraternité? Elle est ce qui manque le plus à notre vivre-ensemble, et ce dont l'absence - ou la rareté - nous fait le plus souffrir.
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HUMANISME
Un seul souci anime ma critique de l'islam. L'aider à se réaffirmer comme grande culture, grand humanisme, grande intellectualité
page 58 in Plaidoyer pour la fraternité.
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[…] je compris à quel point cette mort et ce vide dont l'avais fait l'expérience au cœur de l'islam régnaient également sur l'Occident. Plus je lisais les philosophes contemporains, plus je m'apercevais qu'ils sont comme des spectres sur un champ de ruine…. Comme pour l'islam, je trouvais un héritage en lambeaux. Car la principale valeur de notre culture, l'humanisme, a été assassinée. Et je voyais que nos philosophes ne tenaient désormais dans leur mains que sa dépouille, désemparés et impuissant à la ranimer.

p.176-177
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Enfin, l'Occident n'est pas du tout devenu - contrairement à ce que j'ai cru moi aussi pendant un certain temps - un désert spirituel, ce que j'appelais dans mes jeunes années "un cimetière de l'âme". Je crois au contraire que son nihilisme, son athéisme, son esprit critique, bref tout ce qu'il comportait en lui de puissance de négation a eu une vertu immense : elle nous a débarrassés de tout ce que les religions avaient accumulé d'obscurantisme, de superstition, de formalisme. L'esprit critique de la modernité a dissous tout cela comme un acide purificateur. Il n'a pas détruit la dimension spirituelle de l'existence, mais l'a complètement nettoyée du fatras religieux qui s'y était aggloméré et incrusté comme le font des parasites dans la chair.
p. 151-152
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