Propos recueillis par Le Monde en 2012 :
-- Abdennour Bidar , vous croyez en l'homme mais vous croyez aussi aux progrès de l'humanité .....
-- Quand j'avais 20 ans , je n'avais pas foi en l'homme . J'étais pessimiste , accablé par le matérialisme ambiant . Puis , il y a eu un déclic dans ma vie à l'âge de 30 ans , qui a suivie ma sortie de la voie SOUFIE . En quittant cette structure initiatique , j'ai traversé une période de crise personnelle extrêmement profonde , j'ai eu la sensation physique et psychique de mourir .
Mais il fallait en passer par là , couper le cordon ombilical avec la religion , intérieure et extérieure , initiatique et sociale . C'est dans l'expérience difficile de ce vide total que tout à coup j'ai trouvé tout ce dont j'avais besoin ......... Après , j'ai regardé les autres autrement , et j'ai trouvé chez eux la même puissance créatrice en attente d'éruption et de valorisation .
Mais la confiance en l'homme est difficile parce qu'on a beaucoup de mal à voir les progrès que fait l'humanité . Parce qu'ils sont chaotiques , et parce que nous jugeons un processus général à partir de l'échelle de notre existence individuelle durant laquelle il ne se passe finalement pas grand chose .
C'est le défi spirituel de notre temps: convertir et faire converger tous nos moyens au service de l'homme créateur, et pour cela donner une dimension spirituelle à tout un ensemble de progrès qui ne sont pour l'heure que matériels.
Incroyants et croyants ressentent l'impasse de la religionet de l'athéisme. Ils ont aussi l'intuition qu'une nouvelle forme de viespirituelle est possible
Ce que je n'accepte pas dans le discours de gens comme Tariq Ramadan, c'est la volonté cousue de fil blanc de masquer la question religieuse à travers cette analyse sur la condition sociale des populations musulmanes.
Nous ne pouvons plus nous contenter de sagesses de l'humilité.
A des sagesses de créature, nous devons substituer une sagesse de créateurs. Nous préparer à pouvoir créer et détruire des univers
Débat quelle école pour grandir en humanité ?
Philippe MEIRIEU, Abdennour BIDAR, Aurélien ARAMINI au 35e festival du Livre de Mouans-Sartoux