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Critiques de Abdulrazak Gurnah (187)
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Près de la mer

Une lecture inoubliable, un chef-d’œuvre, un monument littéraire.

Quelle écriture magnifique, subtile, puissante, avec des traits de pure poésie qui émerveillent, et des horreurs racontées en quelques mots sobres, qui serrent le cœur.

Trois chapitres nous racontent les destins liés de deux hommes exilés de Tanzanie : l'un déroule sa vie, puis c'est le tour du deuxième, et enfin leur rencontre permet à chacun de compléter les blancs de leurs histoires familiales.

Une intrigue qui semble, au début, n'être que prétexte à évoquer l'histoire de Zanzibar, ancienne place forte du commerce dans l'Océan Indien, puis livrée à la colonisation britannique, et enfin son indépendance et les exactions de gouvernements corrompus.

Mais Près de la mer, c'est beaucoup plus que cela.

À travers la destinée de ces deux familles, Gurnah nous dit sur quelles traditions et hiérarchies s'est construit l'Etat tanzanien, et nous fait sentir l'immense difficulté à "faire nation" sur la base de haines recuites, de spoliations d'héritage et de conflits d'honneur.

Ou, comme le souligne l'un des deux hommes : "Je hais les familles."

Parfaite traduction de Sylvette Gleize.

Challenge Nobel

Challenge Globe-trotter (Tanzanie)
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Près de la mer

Voici ma première rencontre avec Abdulrazak Gurnah, récipiendaire du prix Nobel de littérature 2021, mais cela ne sera probablement pas la dernière tant la puissance de son écriture et la finesse de ses personnages m’ont subjuguée.

Saleh Omar, soixante-cinq ans, débarque à l’aéroport de Londres en provenance de Zanzibar et réclame le statut de réfugié en usurpant l’identité d’un autre, Rajab Shaaban. Placé dans une petite ville côtière par un service d’aide aux réfugiés, il s’adapte tant bien que mal à sa nouvelle vie. Mais les circonstances le mettent en contact avec le fils de Shaaban, Ismaïl Mahmud, dit Latif. Le destin de ces deux hommes, ancré dans un passé mêlant injustices, mensonges et non-dits, les conduit à se revoir et à engager une conversation pour dissiper les ombres qui entourent les drames vécus.

On peut attribuer tous les qualificatifs en vogue au roman de Gurnah : littérature postcoloniale, de l’immigration, écriture migrante ou diasporique. Mais ce que j’ai lu est, avant tout, un formidable roman d’aventures. Empruntant la forme du récit au recueil des Mille et Une Nuits et le thème du voyage au conte de Sinbad le marin, chacun des protagonistes va raconter à l’autre ses errances. Le lecteur est alors embarqué dans les voyages des marchands poussés par les vents de mousson, les pérégrinations liées aux études, l’itinérance hébétée des prisonniers ou la fuite vers un asile. Saleh et Latif retracent leurs périples en explorant leur propre paysage intérieur pour sonder leurs remords et leurs colères, et débusquer les faux-semblants d’une mémoire lacunaire.

La singularité du style de Gurnah provient de sa langue poétique qui sculpte la phrase sans que la ciselure ne devienne trop précieuse, artificielle. L’érudition de l’écrivain, habile connaisseur de la littérature occidentale, sert le texte avec une ironie distanciée (ainsi le leitmotiv de Bartleby).

J’ai subi un véritable enchantement avec ce livre, celui qui soumet l'auditoire au conteur avant de succomber à la magie des belles histoires.
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Près de la mer

Grâce à Abdulrazak Gurnah, nous partons à la fois vers la Tanzanie, et plus précisément Zanzibar… mais également vers le Royaume-Uni, où sont arrivés, il y a plus ou moins longtemps, Rahjab Shaaban Mahmud, autrefois appelé Saleh Omar, et Latif Mahmud. Le premier a soixante-cinq ans, et a demandé asile à son arrivée sur le territoire britannique. Le second, plus jeune, y vit et y travaille depuis la fin de ses études. Leur point commun ? Ils viennent tous les deux du même endroit, y ont connu les mêmes personnes et partagent un passé partiellement commun.



La première partie du roman se centre sur l’arrivée de Saleh Omar à Gatwick et sa demande d’asile. Aborder cela sous son point de vue, de manière très vivante et concrète, était une belle entrée en matière. Nous faisons ensuite la connaissance de Latif, et de ce qui l’a amené en Grande-Bretagne, en passant par Dresde, à l’époque en Allemagne de l’Est. La suite du roman, je vous la laisse découvrir…



L’écriture d’Abdulrazak Gurnah est vivante et modulée, et les pages se tournent sans que l’on s’en rende compte. Cet auteur, prix Nobel de littérature en 2021, nous conte ici d’une écriture riche et crédible, le parcours de deux hommes nés à Zanzibar, l’un marchand de meubles, l’autre alors enfant. Il nous raconte en même temps l’histoire de cette île, et son évolution avec tout d’abord son indépendance (Zanzibar était alors un protectorat britannique) puis son rattachement à la Tanzanie.



Il nous raconte également la place de la famille, son poids, parfois, et la place qu’elle prend dans l’identité personnelle. Il nous montre que selon le point de vue, une situation peut être interprétée très différemment, et que parler, échanger, confronter, reste encore la meilleure manière d’ouvrir son jugement à la perception de l’autre et de faire la part des choses. Les personnages de Saleh et Latif sont très bien développés, et leur confrontation face au passé se vit intensément ; le tout est rédigé sans fioritures, mais avec un ton juste. Abdulrazak Gurnah est un vrai un conteur, et j’espère avoir l’occasion de continuer à découvrir son œuvre.   



En résumé, un roman intense, très bien écrit, des parcours de vie et une histoire d’exil qui valent la peine d’être découverts…
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Près de la mer

Étrange, parfois, les hasards de la vie. Je prédisais l'attribution du prix Nobel à Ngugi wa Thiong'o mais, étant dans l'impossibilité de trouver un de ses livres à ma bibliothèque locale, je m'étais rabattu sur Près de la mer, un bouquin d'Abdulrazak Gurnah. Ironiquement, c'est ce dernier qui a été sacré. J'avais lu un de ses livres cet été, j'avais éprouvé de la difficulté à accrocher à l'histoire mais quelque chose m'avait tout de même plu et je m'étais promis de lire autre chose de lui. Voilà pour la petite histoire.



Je ne peux pas dire que ce roman est un coup de coeur mais il m'a laissé une bonne impression, c'était une lecture intéressante, pertinente.



Près de la mer commence avec Saleh Omar, un homme d'un âge certain arrivant à Londres et demandant asile sous une fausse identité, celle de Rajab Shaaban Mahmud. Là, il plonge dans ses souvenirs en racontant son histoire aux autres réfugiés du camp où il a été emporté, sinon au traducteur parlant le kiswahili (langue parlée à Zanzibar) dépêché sur place pour communiquer avec lui. Et ce dernier en fait autant. Éventuellement, la narration passe au véritable Rajab Shaaban Mahmud qui, lui aussi, cherche refuge au Royaume-Uni (plus légalement, via un visa obtenu en Allemagne).



Près de la mer, c'est l'histoire de ces gens, promenés par la vie, par l'existence. C'est surtout l'histoire des membres de leurs familles (pères, grands-pères) et de leurs amis. Ainsi, à travers leurs destins, l'on découvre le Zanzibar et la Tanzanie du début du siècle dernier, avec ses marchands qui commerçaient sur leurs dhows jusqu'en Inde, jusqu'en Malaisie. Cela, jusqu'à ce que les Anglais et autres puissances occidentales ne se montrent de trop féroces compétiteurs, ruinent les marchands locaux.



Tout un pan du roman est supposé faire un lien avec un autre roman (une nouvelle, plutôt) ou son protagoniste, Bartleby the Scribe, mentionné à quelques reprises. J'ai lu ce roman mais il y a tant d'année que l'histoire est un peu floue dans ma tête. Conséquemment, le lien m'est passé au-dessus de la tête. Tant pis.



Pour le reste, Près de la mer, c'est la colonisation anglaise et ses conséquences sur le quotidien des gens. Mais bon, tout n'est pas si mal et certains n'ont qu'eux-mêmes (ou leur propre famille) à blâmer pour leur ruine. Et puis il y a la révolution qui apporte son propre lot de conséquences. Entre autres, la persécution puis la déportation des Omanais (individus d'ascendance arabe). À mon avis, c'est surtout un roman sur l'histoire personnelle, l'identité, la famille et l'exil. Ce dernier thème en particulier, le sort des migrants, leurs conditions, devrait résonner chez plus d'un.



Abdulrazak Gurnah ne fait pas que décrire, raconter la colonisation : il fait le lien avec le présent. Tous les événements racontés sont passés (ils peuvent paraître très lointains pour le jeune lecteur des années 2020), toutefois, ils ont encore des conséquences aujourd'hui. Par exemple, avec cet homme qui cherche asile en Angleterre, sur qui il est et sera. L'histoire n'est pas terminée. L'histoire n'est jamais terminée.
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Près de la mer

« J’ai du temps sur les mains, je suis entre les mains du temps, alors autant que je m’explique. Tôt ou tard, il faut en venir là. »

Et du temps, il en mettra le narrateur, de son vrai nom Saleh Omar, pour nous raconter à sa façon tortueuse et obsédante, ce qui lui vaut, dans sa soixantième année, le statut de réfugié en Grande-Bretagne. Une affaire de jeunes, qu’on lui répète à son arrivée, cette envie de quitter son pays pour recommencer ailleurs. Lentement et inexorablement, le lecteur se voit entraîner dans les filets de la mémoire de ce vieil homme originaire de Zanzibar, entortillé dans les affres d’une sombre histoire de famille dans laquelle s’entremêlent honneur et vengeance.

Un roman des mille et un jour retraçant le destin croisé de deux hommes aux prises avec un passé commun troublé et qui, dans leur nouvelle patrie d’adoption, cherchent enfin la paix et le pardon.

Une narration envoûtante, relevant de l’art du conte, contribue au charme de ce roman évoluant hors du temps. Je me suis perdue avec bonheur dans les méandres de ce récit aux accents douloureux, planté dans un décor exotique, nullement épargné des turpitudes de l’existence.

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Près de la mer

Challenge autour du Monde : direction la Tanzanie et plus précisément l'île de Zanzibar.

Ce livre sauvé in extremis de l'incinérateur est une belle découverte.



Qu'est ce qui pousse un vieil homme à quitter son île de Zanzibar pour demander , sous une fausse identité, l'asile politique en Angleterre? Arrivé dans les années 90 en Angleterre Omar Saleh qui ne semble parler que le Swahili, se voit attribuer par les services d'aides aux réfugiés, un traducteur originaire lui aussi de Zanzibar, Latif Mahmud. Ces deux hommes ne sont pas des inconnus et leur destin est étroitement lié.



Par l'évocation de leurs souvenirs respectifs se met en place, petit à petit, le scénario qui a poussé Omar Saleh à se réfugier en Angleterre

Histoire d'honneur et d'héritage, de trahison et de vengeance, tout ceci sur fond de décolonisation, Vers la mer nous entraîne de l'île de Zanzibar et ses croyances, jusqu'en Angleterre, terre d'exil en passant par l'Orient et ses marchands et la RDA, terre d'accueil pour les étudiants originaires des "pays frères".



J'ai vraiment été séduite par ce livre. On se demande parfois où tous ces souvenirs vont nous conduire mais on se laisse facilement emporter par la belle écriture d'Abdulrazak Gurnah.
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Près de la mer

+++ Lu en VO : By The Sea +++



Dans Près De La Mer les deux personnages principaux viennent de Zanzibar, un archipel au large de la Tanzanie sur la côte est de l’Afrique. Un archipel qui fut sous domination britannique puis qui vécut une post décolonisation difficile, avec un régime socialiste autoritaire. Les après de la décolonisation sont rarement radieux et nos deux personnages, Saleh Omar et Latif Mahmud sont tous les deux partis chercher refuge en Angleterre, à une trentaine d’années d’écart.



Quand Saleh Omar, la cinquantaine, débarque à Gatwick sous un faux nom pour demander l’asile, il décide de ne pas montrer qu’il parle et comprend parfaitement l’anglais. C’est ce qu’on lui a conseillé en lui vendant le billet d’avion. Il est pris en charge par une association, et petit à petit après un passage en centre de réfugiés, on lui procure un logement dans une petite ville près de la mer. Une histoire assez banale de nos jours en quelque sorte et réécrite maintes fois me direz-vous. Sauf que le récit que tisse Abdulrazak Gurnah est très loin d’être banal, et qu’il est maître dans l’art d’entrelacer des histoires dans son histoire. Car, avant d’arriver à son petit appartement près de la mer, nous nous sommes déjà fait embarquer avec bonheur dans une multitude de récits qui retracent en partie la vie de Saleh Omar à Zanzibar avant d’atterrir à Gatwick, et c’est passionnant.



Comme Saleh Omar alias Rajab Shaaban Mahmud avait déclaré ne pas parler anglais, Rachel qui suit son dossier, avait déniché un interprète qui curieusement portait le même nom de famille. Cet homme Latif Mahmud, dont les services n’ont au final pas été nécessaires va tout de même vouloir rencontrer Saleh Omar. Cette rencontre entre les deux hommes forme la deuxième partie du roman et éclairera les zones d’ombres de leur passé à Zanzibar ainsi que leur futur sur cette autre île qu’est la Grande Bretagne.



La trame narrative de ce livre est étonnante et procède par histoires périphériques revenant au récit principal en le faisant gagner en puissance. Le procédé n’est pas inédit, mais Abdulrazak Gurnah le met admirablement en place. L’écriture est fine, précise, élégante, recherchée même ce qui permet à l’auteur d’aborder des thèmes graves ou nostalgiques avec grâce. C’est un bonheur de lecture, une belle découverte que cet écrivain qui a reçu le prix Nobel en 2021.

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Près de la mer

Nous sommes en Angleterre, « près de la mer », nous sommes par l’esprit au Zanzibar, « près de la mer », mais surtout nous sommes dans le monde intérieur de deux hommes – l’un plus âgé que l’autre, tous deux solitaires et déracinés. Chacun porte en lui une bulle de souvenirs, qui se rapprochent au fil du roman, se touchent, se rendent compte qu’elles ont un passé en commun, empli de rancunes accumulées au fil des années et de deux générations.

Le présent du récit se déroule donc dans une petite ville côtière d’Angleterre, où le personnage principal, Saleh Omar – dont la voix nous accompagne tout au long des première et troisième parties du roman – vient d’arriver avec l’intention d’obtenir le droit d’asile. Parmi ses rares possessions, un coffret d’un encens rare, dont le parfum le ramène des décennies plus tôt, dans la ville marchande au bord « d’un océan vert et chaud » où il était établi avant l’indépendance. Bien qu’empreints d’un sentiment de perte qui devient plus douloureux au fil du récit, ces souvenirs sont aussi emplis de la vie de cette ville, rythmée par les vents de l’Océan Indien et par les réseaux marchands et familiaux qui rendent soudain Shiraz et la péninsule Malaise si proches.



En introduisant son deuxième personnage, Latif Mahmud, Gurnah apporte une autre vision non seulement de cette ville, mais aussi des souvenirs de Saleh Omar : les deux familles se sont connues, se sont querellées – des querelles lourdes de conséquences pour les deux générations que représentent les deux personnages. Gurnah soulève aussi, brièvement, un autre pan de l’histoire récente du Zanzibar lorsqu’il fait partir Latif Mahmud en Allemagne de l’Est avec une bourse d’étudiant. C’est un épisode court, et important pour le développement de l’histoire, qui ouvre une autre porte inattendue vers l’Afrique mais qui m’intrigue encore tant il est empli de possibilités romanesques inexploitées. Cet épisode de la vie de Latif Mahmud, et d’autres épisodes plus tardifs de la vie de Saleh Omar, sont ceux où la vie des personnages et les développements politiques se télescopent et donnent une dimension plus cruellement réelle à un récit dont les épisodes les plus lointains semblent, sinon, fixés dans un passé immuable.



Tout cela est dépeint couche par couche, au fil d’un récit qui se livre lentement, patiemment, porté par le rythme des souvenirs de ces deux hommes plutôt que par un besoin de l’auteur d’instaurer un mystère guidant le roman. Outre ce contraste entre les vies d’autrefois et la solitude du présent, c’est cette patience dans le déroulement du récit que j’ai le plus apprécié et qui a fait de By the sea ma meilleure lecture (juste devant Une affaire de femmes) de ce mois africain d’octobre.
Lien : https://passagealest.wordpre..
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Près de la mer

Le roman semble traiter du thème de l'exil, de l'immigration ; ce n'est pas cependant le cœur du livre. Le sujet de la colonisation est également abordé, mais l'auteur décrit plus longuement les atrocités qui ont suivi l'indépendance.

C'est avant tout une histoire de famille et de propriété de maison, et l'intrigue tient en fait en peu de mots ; sur les 372 pages du roman, les répétitions sont donc nombreuses et ce ressassement donne envie d'en précipiter la lecture.

Peut-être est-ce le thème de l'identité qui est le centre de ce roman - c'est du moins l'impression que j'ai eue - : l'un des deux protagoniste emprunte le nom du père de l'autre, et j'ai eu souvent du mal à les différencier dans les dialogues, sans savoir s'il y avait là volonté de confusion de la part de l'auteur.

La langue (l'ouvrage est originellement écrit en anglais) est souple, agréable, proche de l'oral.

Au bilan, un jugement mitigé ; pas sûr d'avoir envie de lire "Paradis" du même auteur.

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Près de la mer

Ma dernière lecture de l'année n'aura pas moins été que le prix nobel tout récent.

Je m'attendais donc à une certaine qualité dès le début.

Je ne vais pas le cacher, j'ai eu du mal à rentrer dedans. Car dans le premier tiers, je ne lui trouvais pas d'originalité. Récit d'un réfugié classique, avec ses souvenirs décousus, parfois une écriture un peu ampoulée...Je le trouvais brouillon.

Puis il y a eu le changement de point de vue. Le lien entre les deux personnages m'est apparu très interessant, et c'est là que j'ai plongé. Je l'ai trouvé très subtil dans sa manière de distiller les liens, le mystère qui prenait forme, je suis arrivée dans tout ce que j'aime. Des drames familiaux dont on essaye de trouver les tenants et aboutissants, et ces 2 personnages qui se cherchent....Les quelques défauts d'écriture ne me dérangeaient plus du tout.

La résolution de fin est très belle. Si il n y avait pas tout le reste, elle aurait paru classique, mais là elle a pris une tournure tragique.

Je ne veux pas en dire plus pour ne pas gâcher la surprise.

Au final, j'ai adoré l'histoire. Il y avait tout ce qu'il faut là ou il faut, et je comprends son attrait.

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Près de la mer

Une histoire de famille ! les deux protagonistes de ce roman originaires de Zanzibar vont se retrouver au Royaume Uni et se conter leur vie , un temps partagée , un peu à la manière de Shéhérazade .Car il pourrait s'agir d'un conte oriental ,tellement les événements, les personnages, s'enchevêtrent avant d'arriver au dénouement final.

C'est un roman sur la mémoire ,il dévoile à la façon d'un miroir ,comment chacun a sa propre version des mêmes faits ,sa propre vérité .

C'est également un roman sur l'exil ,l'immigration .Un des personnages va traverser des pays différents comme la RDA ,certains pays d'Afrique de l'Est avant d'arriver au Royaume Uni où il devient écrivain ,le second ,maltraité dans son propre pays , y demandera l'asile .

Le livre permet de mieux connaître cette partie de l'Afrique de l'Est ,anglophone, mais également la région de l'Océan Indien ,du golfe Arabique ,voire de l'Asie du Sud Est où les peuples commerçaient depuis des siècles .

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Près de la mer

Rien n’est tout à fait noir ou blanc. C’est l’une des grandes forces d’Abdulrazak Gurnah que d’explorer les zones de gris d’où émergent l’Histoire et les comportements humains.
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Près de la mer

Près de la mer : au sud, au nord. Dans ce livre magistral et magique, la vérité des uns est confrontée au vécu des autres. La réalité est parfois plus complexe que prévu. En alternant les points de vue, dans l'espace, dans le temps, l'auteur, sans jamais tomber dans le pathos, donne des leçons de vie et se rapproche de la quintessence de l'humanité : survivre à bien des épreuves et rouvrir son magasin après des années. Puis fuir, finalement, parce que la vie vaut la peine d'être vécue même très loin de chez soi.

Parfois Rachel dit qu'elle va venir et elle ne vient pas. Comme le personnage principal, le lecteur préfère quand elle vient.
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Près de la mer

L'auteur a, apparemment, pour habitude de décrire les différends entre les réfugiés qui fuient leur pays et leurs traditions, et les us et coutumes des pays destinataires. Et ce livre ne fait pas exception : nos deux héros quittent leur pays en plutôt mauvais terme, mais le hasard les fera se rencontrer en Angleterre sous d'autres identités. Après tant d'années, ils vont devoir s'expliquer sur leurs attitudes passées. Écriture d'une grande fluidité grâce à laquelle, en plus, on en apprend sur le colonialisme britannique en Afrique noire. Écriture efficace qui d'ailleurs vaudra à A. Gurnah de se voir décerner le Prix Nobel de Littérature 2021.
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Près de la mer

Un roman raconté à deux voix, qui mêle passé et présent, qui parle de deux personnes venues de Zanzibar et arrivées comme réfugiés en Angleterre dans des circonstances différentes.

J'aime ces romans qui prennent leur temps pour dérouler une histoire petit bout par petit bout. Chacun des personnages raconte, en prenant son temps, la vie à Zanzibar et puis la succession de faits qui vont les mener sur la route de l'exil.

J'ai adoré ces deux premières parties qui sont magnifiquement écrites, dans lesquelles chaque phrase est un régal et l'histoire s'agglomère petit à petit.

La troisième partie est celle la plus intéressante sur l'histoire de Zanzibar et de la Tanzanie après l'indépendance, en tout cas pour moi qui n'y connaît pas grand chose. Malheureusement pour moi cette troisième partie ne possédait pas la même magie que les deux premières et m'a beaucoup moins plu que les deux premières.

Ce livre reste cependant une magnifique découverte.
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Près de la mer

Le Prix Nobel (2021) a fait connaître ce grand écrivain totalement inconnu ici et indisponible alors (les éditeurs se rattrapent depuis). J'ai donc exploré son œuvre en anglais même si Près de la mer épuisé chez Galaad est réédité maintenant chez Denoël. J'ai adoré Paradise et Afterlives qui racontent l'histoire de la Tanzanie du début du XX ème siècle  à l'Indépendance, le premier dans le regard d'un enfant-esclave, le second rappelle la colonisation allemande et le rôle des supplétifs africains dans la Guerre mondiale. 



Près de la mer aborde le thème de l'exil, un vieil homme arrive en Angleterre et demande l'asile, prétendant ne pas comprendre l'Anglais. Il s'est dépouillé de tout, de son identité et voyage sous le nom d'un autre. Seul souvenir de sa vie d'avant : un coffret d'encens qui lui est confisqué. L'encens donne un parfum d'Orient, de voyages très lointain (jusqu'en Indonésie) en passant par la Perse, l'Inde. A lui seul c'est un Conte des Mille et unes nuits dans la réalité très prosaïque de l'Angleterre des demandeurs d'asile. 



Il se trouve que le nom que l'exilé a choisi est celui du père du traducteur que les services sociaux ont trouvé pour communiquer avec celui qui ne parle pas anglais. Si la traduction s'avère totalement inutile, les deux tanzaniens se trouvent, et se reconnaissent. Leur histoire s'est croisée, autrefois. Loin de leur pays d'origine, ils prennent plaisir à reconstituer le puzzle de leurs histoires respectives. Histoires africaines, errances européennes. Un autre objet symbolique : une table marquetée joue un peu le même rôle que le coffret d'encens. Elle renvoie à un moment où le commerce des épices et des belles choses se faisait au rythme de la mousson et des alizés (trade winds) , du cabotage le long des rives de l'océan indien, Pakistan, Aden et Yémen - By the Sea....



Dans la réalité d'aujourd'hui se greffent des histoires anciennes, de commerce, de familles et dynasties, de pouvoirs et d'influences quand le pays est décolonisé. Chez Abdulrazak Gurnah, politique, littérature et contes orientaux s'entremêlent pour le plus grand plaisir du lecteur!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Près de la mer

C'est - finalement, lorsque j'ai fini par y voir clair - un très beau livre. L'écriture est belle, mais la construction est compliquée, ce qui peut être une qualité si l'auteur aide suffisamment le lecteur à ne pas s'y perdre. J'ai probablement le cerveau un peu faible, en particulier quand je lis avant de m'endormir le soir, mais je dois avouer qu'au cours de ma lecture je me suis parfois demandé qui parlait, et à quelle époque.



En effet, le récit entremêle habilement les époques, et aussi le narrateur change, il faut être attentif à bien repérer les noms des personnages (d'autant plus que l'un prend le nom du père de l'autre...). Bref, j'ai terminé le livre en me disant que je n'avais pas bien compris qui était qui et à quel moment. Et c'est grâce à une semaine de Covid que j'ai pris quelques heures pour reprendre tranquillement tout le livre et reconstituer l'histoire. Quand elle s'est enfin éclairée, je l'ai trouvée magnifique.



Le livre nous emmène à travers plusieurs univers différents, tous passionnants à découvrir, mais qui nécessitent de fréquents recours à Wikipédia pour qui comme moi n'est pas familier de l'histoire de la Tanzanie (et l'aide de l'auteur dans ce domaine est très succincte). Nous voyageons en Tanzanie (Zanzibar, Tanganyka...) à différentes époques d'avant et après la révolution de 1964, participons aux disputes entre familles (avec beaucoup de détails juridiques auxquels on s'intéressera si on peut), nous découvrons les tensions entre africains, arabes et indiens dans ces régions, et le récit de l'emprisonnement jusqu'à un séjour extraordinaire dans une île est passionnant. Puis c'est l'exil vers l'Angleterre (dans d'assez bonnes conditions, comme ce fut d'ailleurs le cas pour l'auteur dans la vie réelle), et en trame générale du livre une étonnante histoire de deux "ennemis" d'autrefois qui se retrouvent et s'entraident.



L'auteur a émigré en Angleterre à 18 ans, il s'y est très bien intégré et est devenu professeur de littérature (avec une spécialité pour les études post-coloniales) à l'Université de Kent. Il écrit en anglais, il explique que le swahili ne lui offre pas les mêmes possibilités d'expression. Mon sentiment est que finalement il nous parle de l'Afrique d'assez loin. On trouvera 2 émissions récentes sur lui sur France Culture (La grande table), très intéressantes, et une sur France Inter (Boomerang) où il est plus politique, et développe une critique post-colonialiste qui n'est pas totalement originale. Cela m'a fait penser que le Prix Nobel de Littérature, qui a couronné son œuvre en 2021 (une dizaine de livres si j'en crois Babelio, dont 3 disponibles en français), ne se contente pas seulement de saluer une œuvre littéraire, mais aime aussi à se situer dans les grands questionnements de l'air du temps.
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Près de la mer

C'est l'histoire d'un migrant, Saleh Omar, qui, à soixante-cinq ans, arrive en Angleterre et demande l'asile politique. Il fuit Zanzibar et, bien qu'il parle et comprenne l'anglais, il feint ne rien comprendre. Il faut alors trouver un traducteur connaissant la langue utilisée à Zanzibar.

Dans ce roman, Abdulrazak Gurnah nous raconte la rencontre improbable de deux hommes liés par une même histoire. Un histoire de famille marquée par la jalousie et la cupidité lorsque vient le moment de l'héritage. Il raconte aussi comment un citoyen se retrouve dans les aléas d'une république qui vient d'obtenir son indépendance et où les tenants du pouvoir gouvernent par la force, favorisent leur clique et remplissent les prisons.

Abdulrazak Gurnah prend son temps pour avancer dans son récit, avec des allers et retours fréquents, des personnages qui se parlent sans aller droit au but. J'ai parfois eu l'impression qu'il ne se passait rien. Mais comme je voulais savoir pourquoi Saleh Omar était arrivé en Angleterre après avoir si bien commencé sa vie à Zanzibar, j'ai poursuivi ma lecture. Cela valait la peine même si je reste un peu sur ma faim.
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Près de la mer

Le nom de l’île ne sera jamais dévoilé, mais au fil du texte, nous devinons qu’il s’agit de Zanzibar, autrefois anglaise puis devenu indépendante, en face de la Tanzanie.

J’ai aimé découvrir ce vieil homme qui atterrit à Londres sans visa et qui demande l’asile politique que permet l’ancien pays colonisateur.

J’ai aimé la seconde partie où nous suivons la vie de Latif, jeune homme de Zanzibar, ancien voisin du vieil homme avec qui sa famille a eu des démêlés ; son exil en RDA pour faire des études supérieures, sa fuite en Angleterre où il a pris un autre nom.

J’ai aimé Rachel, même si on la voit peu, qui se démène pour que le vieil homme Rajab Shaaban trouve ses marques dans son nouveau pays.

Les deux hommes se rencontrent et se racontent, levant les voiles d’incompréhensions qui pesaient sur leurs rapports et éteignant la colère.

J’ai aimé les leitmotivs : Bartelby qui préférerai ne pas ; le jeune Latif qualifié de moricaud hilare ; les citations empruntés aux classiques anglais ; le besoin de propreté comme une névrose.

Un roman qui berce, même si certaines actions ne sont pas très belles moralement.

Un récit qui montre qu’il faut savoir se détacher de certains objets, des êtres chers, pour continuer d’avancer vers les belles rencontres.

Une écriture magnifique que je découvre avec ravissement.

Les images que je retiendrai

Celle du coffret de ud-al-qamari et ses senteurs de gomme parfumée que le douanier lui retire à l’aéroport et qu’il ne retrouvera jamais.

Disparait aussi le petite table d’ébène sujet de la discorde entre les deux familles.
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Près de la mer

Un vieil homme de 65 ans, arrive à l'aéroport de Gatwick en provenance de Zanzibar. Les seuls mots anglais qu'il prononcent sont pour demander l'asile politique.



Il est envoyé dans un centre d'hébergement le temps de trouver un traducteur qui permette de le comprendre .



L'assistante sociale qui s'occupe de lui, Rachel, lui trouve une place dans une maison, puis rapidement un logement pour lui seul, dans une petite ville près de la mer.



Il lui avoue alors parler anglais et, quand elle lui donne le nom du traducteur, il lui dit le connaitre.



Après cette brève première partie, le roman se poursuit dans la narration de la vie de cet homme de son enfance, dans une île alors colonisée par les anglais, dans les relations entre colons et africains, dans une ville portuaire où, antiquaire, il récupérait de vieux et beaux objets pour les vendre aux touristes ... 



Quand la parole passe à son traducteur, fils d'une de ses connaissances tanzaniennes, on découvres les tours et détours de leurs vies respectives, les arnaques, vols et détournements et les ressentiments ... 



Mais ce n'est pas l'histoire qui fait le charme de ce roman , mais la langue, l'écriture, le récit hypnotique ou les énoncés d'une partie sont réécrits à la lumière u vécu de l'autre protagoniste qui vient s'opposer au récit déjà lu.



Un roman sur l'exil, le colonialisme, la décolonisation, l'appartenace (ou la difficulté de s'insérer) dans un nouveau pays.



Belle découverte que ce roman du Nobel 2021.



 







 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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