Citations de Agathe Colombier-Hochberg (149)
Soudain, Violette entend Élise pleurer, et se précipite vers elle pour la découvrir aux prises avec un petit garçon qui lui a jeté du sable dans les yeux. Un homme blond I'a devancée, il gronde l'enfant en allemand tout en lui jetant à son tour du sable dans les yeux. Puis il laisse son fils à ses larmes, et s'éloigne dignement après avoir salué Violette de la tête. «L'Allemand est efficace, se dit-elle en lui rendant son salut. Un peu radical, mais efficace. »
En général, leur père faisait le premier pas, il ne supportait pas la moindre brouille entre eux et, dès qu’il le pouvait, il attrapait sa main à son passage et embrassait le bout de ses doigts. Toute la délicatesse de cet homme pudique s’exprimait dans ce geste. Leur mère se déridait aussitôt, c’était magique.
Rien n’a depuis qu’il s’est assis seul à cette table mais en se faisant embarquer au cœur du trio reconstitué, Stan ressent une joie qu’il accueille et il se laisse porter.
Ce matin, la douleur l’emporte, le tourbillon noir s’est transformé en ouragan, pour finalement laisser la place à un grand vide. Ce qui s’est produit était prévisible, mais la rupture a tout de même la brutalité de l’inattendu et lui a coupé les ailes.
Il leur voue un amour pur, inaltérable et a l'impression de deviner toutes les nuances de leur âme, mais leur relation n'est pas exempte de non-dits. Et depuis qu'ils sont réunis ici, son regard sur son cadet évolue ; il l'a toujours trouvé si fragile, mais en s'éloignant de sa famille, il a peut-être trouvé la paix qu'ils ne connaîtront jamais.
La gaieté, ce n'est pas l'agitation permanente, (...) ce n'est pas la consommation effrénée à toute heure. Pour moi, la gaieté c'est la sérénité, la contemplation. Ca fait moins de bruit, mais c'est tout aussi bien.
Quelqu’un aurait dû se charger de le tenir au jus : eau et électricité ne font pas bon ménage. Cloclo, fidèle à sa légende de grand maniaque hyperactif, a voulu régler deux problèmes à la fois : se savonner énergiquement […] tout en remettant à sa place une applique assez provocatrice pour avoir les fils dénudés. Était-ce un défi ? Était-il sous tension ? Était-il au courant des principes physiques les plus élémentaires ? Trop survolté pour s’en soucier ? Déconnecté du réel à cause d’un sentiment de toute-puissance inhérent à sa réussite foudroyante ? On ne le saura jamais, car la sanction fut immédiate...
[…] il décède prématurément des suites d’une grosse colère. Celle-ci se produit un matin de 1906, où l’honorable chef d’entreprise se trouve dans l’impossibilité s’ouvrir son coffre-fort. La raison ? Il a oublié la combinaison. Il essaye à plusieurs reprises, insiste, s’énerve, et finit par donner un gros coup de pied dedans. Son orteil fracturé s’infecte, ne cicatrise pas, et la gangrène emporte Jack au terme de cinq années de souffrance.
Ce n'est pas un calendrier qui doit me dicter mon emploi du temps et encore moins me dire quel jour je fais des cadeaux aux gens que l'aime.
Un petit miracle, un peu comme les fois où l’on fait tomber un objet sous un large meuble et qu’en tendant la main à l’aveuglette, on le trouve là, tout de suite, sous nos doigts qui n’ont même pas eu besoin de tâtonner.
Chez toutes les personnes âgées qu’elle connaît, il y a des guéridons, des bibelots partout, des petits tapis aussi glissants qu’inutiles, des napperons hideux, des fleurs en plastique, et la télé est allumée en permanence. Rien de tout cela ici. Les rares objets semblent avoir été soigneusement choisis, en particulier une statuette représentant trois singes qui se couvrent chacun une partie du visage : les yeux, les oreilles, la bouche. « Ne rien voir de mal, ne rien entendre de mal, ne rien dire de mal », récite mentalement Elsa, déplorant la présence de ce symbole asiatique de la sagesse qui n’augure rien de bon quant à la loquacité de sa propriétaire.
Écrire la biographie d’une star de cinéma n’est pas franchement ce qu’on attend d’un enseignant-chercheur, et dans le milieu universitaire, ce genre de démarche est accueilli avec beaucoup de mépris ; alors si j’écris ce livre, il faudra absolument que je prenne un pseudo.
Ce n’est pas uniquement pour ses talents de comédienne que les gens l’adorent ; j’en suis certaine. Elle a fait rêver des générations entières, et aujourd’hui, avec la carrière qu’elle mène au théâtre, elle touche un public beaucoup plus intello. La cible est très large.
Elle ne s’est jamais mariée, et elle n’a pas d’enfant. Quel que soit le domaine, une discrétion absolue la caractérise. Pour certains, le portrait succinct qui s’en dégage est la définition même de l’ennui ; pour Elsa, un tel mystère est forcément synonyme d’une personnalité riche et singulière.
La vision du couple qu'ils forment avec leur enfant frappe l'adolescente de plein fouet. Pour la première fois, elle prend conscience de leur statut de parents. Et de famille. Le trio qu'ils avaient composé avec elle lui semble soudain bancal, alors que celui-ci es parfait. Et par définition, elle n'y a plus sa place. Est-ce cela qui la gêne le plus, ou bien l'absence de figure maternelle dans ce tableau d'un couple entourant un enfant? Impossible à dire, tout ce qu'elle sait, c'est qu'un sentiment encombre soudain son esprit.
Léo s'abstient de claquer la porte -manquerait plus qu'elle réveille le divin enfant- et entre dans le salon où elle se laisse tomber dans son fauteuil de prédilection. L'heure de son arrivée est désormais grevée d'un enjeu majeur, puisqu'elle ne détermine plus le temps qu'elle partagera avec son père, mais celui qu'elle pourra consacrer au charmant nourrisson qui passe environ vingt heures sur vingt-quatre à dormir. Selon les jours, elle bénéficie de l'immense privilège consistant à changer sa couche, lui donner son bain ou le biberon, lui faire faire son rot et accessoirement se faire vomir dessus, ce qui n'émeut ni son père ni Alex. De manière générale, les soucis et le quotidien de la jeune fille ne semblent plus préoccuper grand-monde dans la maison paternelle, ce qui l'arrange plutôt compte tenu de ses notes en chute libre.
Avec le recul, le plus difficile à vivre avait été la réaction de leurs amis. L'onde de choc qu'avait causée la nouvelle parmi eux était immense; non contents d'évoquer le sujet à longueur de dîners, leur curiosité était sans limites. Est-ce que vraiment elle ne s'était rendu compte de rien? N'avait-elle jamais surpris Paul posant un regard lourd de convoitises sur un autre homme? Et s'agissant de leur vie sexuelle, n'y avait-il rien qui aurait pu éveiller ses doutes? Pour tous ces couples que cet événement avait rassurés dans leur normalité, son identité se résumait à l'amie qui avait épousé un homo sans le savoir et dont la fillette allait au-devant d'un mal-être inéluctable.
Pour finir ce portrait (Brigitte Bardot) , laissons la parole à Jacques Charrier, son ex-mari et père de l'expatrié, qui connaît la dame un peu plus que nous : « Pour elle, l'humanité se divise en trois : les êtres humains (race inférieure et méprisable), les animaux (dignes d'être aimés) et elle-même (digne d'être adulée). »
Réjouissez-vous si une femme vous dit que vous n'avez rien d'un prince charmant, car en réalité un prince charmant c'est juste un homme qui est assez intelligent pour posséder toutes les richesses et les qualités de ce monde mais qui est complètement idiot pour les offrir a quelqu'un qui n'a jamais levé le petit doigt pour les mériter.
Quand suivre la mode revient à porter un uniforme c'est plutôt pathétique.