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Critiques de Agathe Saint-Maur (58)
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De sel et de fumée

Vie et mort de Lucas



Pour son premier roman Agathe Saint-Maur s’est mise dans la peau d’un homme pour raconter une passion homosexuelle et le drame qui vient mettre fin à leur relation. Entreprise risquée, mais parfaitement maîtrisée.



Roman de passion et de feu, histoire d’amour et de mort, De sel et de fumée est magnifique et bouleversant. Quand, sur les bancs de Sciences-Po Paris, Samuel rencontre Lucas, rien ne laissait prévoir qu’ils allaient vivre l’une de ces histoires incandescentes qui marquent une vie. Car sur bien des points, ils sont à l’opposé l’un de l’autre. Samuel est parisien, Lucas vient de province. Samuel est issu d’une famille bourgeoise, Lucas d’un milieu modeste. Samuel est juif, Lucas est catholique. Samuel est lié à Claire, même si leur relation s’étiole, Lucas est célibataire. Samuel est un intello un peu timide, Lucas est engagé dans la lutte au sein des Antifas, arborant fièrement son bandana rouge. Mais tout cela, on va l’apprendre par la suite, car le roman commence avec la déchirure, avec la mort de Lucas. Battu à mort, Samuel retrouve son cadavre: «Je l’ai vu échoué sur un trottoir, où le sang se confondait à son foulard dans une variation de rouges digne des plus belles palettes, je l’ai contemplé habillé de la chemise en papier de soie bleue du service de réanimation, et entièrement nu sur la table du funérarium. Je l’ai vu le soir où on l’a trouvé sous la lumière des lampadaires, et le matin dans l’éclairage blafard des néons de l’hôpital. Je sais la manière dont on l’a nettoyé en soins intensifs, et préparé à la morgue. Je l’ai vu passer du présent à l’imparfait, de l’actif au passif.»

Agathe Saint-Maur va dès lors faire d’incessants allers-retours, racontant les jours durant lesquels ils se sont côtoyés, apprivoisés, amis avant d’être amants. Puis la passion a tout emporté, laissant les deux hommes hébétés. Avant que ne viennent s’immiscer les instants de doute, d’incompréhension qui vont ronger leur relation. Il faut dire que Samuel a beaucoup de peine à choisir entre la femme qu’il continue d’aimer et l’homme qui partage désormais son lit. Il faut dire que Lucas n’a pas dit non aux avances de Mélanie. Une bisexualité qui fera des ravages. Et qui, dans le regard des autres, sonnera comme une condamnation. Viendra encore la sidération de la perte, la souffrance de se retrouver seul. «On n’imagine pas à quel point c’est effrayant, la solitude, avant de l’avoir vécue. Je veux dire vraiment vécue.» Mais il faut bien tenir. Il faut bien trouver un moyen de ne pas se laisser avaler par cette souffrance.

Les pages durant lesquelles Samuel regarde la mort en face sont les plus fortes, les plus riches de sens. Avec cette découverte: « La mort a ceci de terrible entre autres choses, toutes également déplaisantes qu’elle crée des représentations nouvelles, devenant ainsi paradoxalement, malgré sa toute-puissance létale, source de naissance.» Je vous le disais, magnifique et bouleversant.


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De sel et de fumée

L'espace de trois ou quatre pages, j'ai eu peur de "De Sel et de Fumée", peur que ce roman qui me semblait si prometteur ne soit qu'un énième texte prétentieux et faussement intello, un truc un peu parisien et très germanopratain, du genre à faire tomber en pâmoison les plumes les plus acerbes de Télérama, un livre où les personnages enquillant les verres et les cigarettes se prendraient pour Jean-Pierre Léaud -que j'adore pourtant- dans un film de François Truffaut -que j'idolâtre pourtant.

Un roman poseur.

Il y a dans ces premières pages des effets de style qui m'ont heurtée, une recherche syntaxique qui ne sonne pas toujours juste, des aphorismes faciles, naïfs. Des maladresses.

Et pourtant, pourtant, j'ai continué parce que quelque chose de plus fort, quelque chose de sublime me retenait.

Parce que je pressentais qu'il y avait aussi et surtout dans "De Sel et de Fumée" cette incandescence à laquelle j'allais me brûler en même temps que ses personnages.

Cette ardeur. Cette passion.

C'est étrange comme parfois un livre vous agace et vous attire en même temps.



J'ai ainsi poursuivi ma lecture et j'ai presque tout pardonné: les aphorismes naïfs et les maladresses, d'autant plus aisément que passées les premières pages, la langue se dénude et devient plus brute, plus maîtrisée. En un mot efficace.

Et douloureuse, agressive.

Elle prend le lecteur d'assaut, s'en saisit et s'enroule autour de lui comme une vague, une lame de fond qui le meurtrit et qui le laisse essoufflé, dévoré par le sel qui appuie là où ça fait mal.

Et c'est bon.



Samuel et Lucas se sont rencontrés sur les bancs de Sciences-Po à Paris. Rien ne le destinait à vivre l'une de ses passions dont la fin souvent violente laisse exsangue et plus morts que vifs. Et pourtant.

Samuel est parisien, juif, ouvertement bisexuel. Il est issu de la meilleure bourgeoisie de gauche, de celle qui s'enorgueillit de posséder une maison de famille dans une province où les lieux-dits ont des noms en "ac". Un peu gauche, un peu timide, un peu fragile. Un peu intello aussi.

Lucas vient d'un milieu modeste, d'une autre classe sociale que celle de ses camarades et ne l'assume pas vraiment. Hétérosexuel, il a la beauté du diable et un charme félin, ravageur qu'accentue son ardeur et celle de ses engagement tout entiers symbolisés dans son inséparable bandana rouge.



Ils ont été amis avant d'être amants, avant que le désir ne leur tombe dessus avec la violence d'une déflagration et ils ne sont pas préparés, pas vraiment. Leur histoire oscille entre la passion la plus absolue et une haine inextinguible qui ne sait pas s'expliquer; entre la félicité et les petites mesquineries d'une histoire mise à mal par le temps et tout le reste. L'amour succède aux coups et les coups à la tendresse.

Jusqu'à la mort de Lucas, engagé aux cotés des antifas et contre la Manif pour tous, jusqu'aux blessures dont il ne se remet pas. Dévasté, Samuel entreprend alors de se souvenir de leur histoire et de mettre des mots sur son désespoir et ce deuil qui le déchire.



"De Sel et de Fumée" est une histoire d'amour fulgurante et sublime.

Une passion foudroyante, violente dont il est impossible de se remettre, une passion qui tue et qui consume.

Qui brûle.

Qui dit la fougue et la brutalité du désir et ses errements. Qui dit la déchirure que cause l'absence, le poison de l'absence.

Qui en dit la beauté.



C'est aussi celle de la perte et du deuil dont Agathe Saint-Maur se saisit avec autant de finesse que de puissance. L'absence et le vide trouvent sous ses mots toute leur authenticité, leur beauté et leur ineffable cruauté aussi. C'est enfin le roman d'aujourd'hui et celui de la jeunesse qui se croit éternelle et si puissante et qui s'étiole de se rendre compte qu'elle aussi aura une fin et qu'elle aura le gout du sang et des larmes.

Qui se rend compte encore que les moments de grâce, de beauté et de bonheur aussi seront plus longtemps et plus sûrement des souvenirs que des instants vécus.



C'est un roman amer et brûlant qui a la saveur de l'aube des nuits sans sommeil.
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De sel et de fumée

Ce roman est une ode à la passion dévorante et un rappel que la mort rôde et menace de dévaster l'éphémère, le fragile équilibre amoureux. Agathe Saint-Maur se glisse dans le corps d'un jeune homme endeuillé, son narrateur, qui se rappelle. Il raconte Lucas, son amant, et ses éclats, sa candeur farouche et sa fougue. Lucas qui n'est plus là.

Malgré l'acuité des sentiments décrits, les longues métaphores filées, si longues, si amples, ont parfois tendance à alourdir un texte qui aurait pu être simplement beau (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/05/13/de-sel-et-de-fumee-agathe-saint-maur/)
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De sel et de fumée

Je pressentais une plume moderne et mordante, une douce folie, une incandescence à laquelle j'allais me brûler en même temps que les personnages ; je ne me suis pas trompée.



Deux garçons. Samuel, vivant, raconte Lucas, décédé, et leur relation.

Sidération, solitude, souffrance. Samuel explique comment son corps et son esprit apprivoisent l’absence, le manque, la mort de Lucas.



Dans “cette conscience aiguë d’être vivant qui nous étreint parfois” et un douloureux va et vient entre la vie (avec Lucas) et la survie (sans Lucas), Samuel déroule le fil de cette histoire d’amour fulgurante et sublime, livre ses réflexions ou plutôt ses pensées qui se bousculent, considérations philosophiques sur la vie et la mort, l’amour et de désamour, la présence et le vide, le désir et l’absence de désir, les exigences du corps et l’évanescence des sentiments, les stigmates de la vieillesse, les fugaces moments de grâce qui se transforment en précieux souvenirs, l’impermanence, finalement, de tout ce qui n’est pas la mort.



Servi par une écriture sinueuse, douloureuse, De sel et de fumée est un roman maîtrisé, magnifique, bouleversant. Un roman intense, brûlant, qui nous emporte et nous éprouve, qui nous laisse exsangue et hébété comme une nuit sans sommeil . Un coup de maître et un véritable coup de coeur.
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De sel et de fumée

Chère Agathe,



Je ne trouve pas les mots, je crains de ne pas utiliser les bons, les justes, ceux qui peuvent tout retranscrire, ceux qui rendent hommage avec précision, ceux qui expliquent sans trop en dire, ceux qui décrivent, décryptent, ceux qui résument sans réduire, ceux qui disent tout... Il y tant, tellement, autant de précisions, autant de phrases sur lesquelles revenir inlassablement, et comprendre un peu plus, le sens qui n’en est à chaque relecture que plus accru, plus saisissant, plus évident.



Il y a l'amour, l'avant, le pendant et l'après, la fin et le début, les tendres murmures et les cris, les larmes, les embrassades et les corps qui s'étreignent, le poing qui blesse et la caresse d'une main, les corps qui s'enlacent si fortement, si puissamment jusqu’à ne faire qu’un, les corps qui s'éloignent quand ils ne rêvent que de se rejoindre.



Il y a la passion, son extase et sa morsure, le cœur qui bat, qui s'emballe qui défaille quand l'autre s'éteint.



Il y a les autres, ce qu’on leur cache et ce que l’on ose, les regards qui s’égarent, ceux qui manifestent leur indignation, l’insolence de la provocation, celle qu’on affiche et celle que l’on tait.



Et puis il y a moi qui te lis et m’émeus, qui m'imprègne de ton texte, qui reste suspendue à ta plume, ligne après ligne, qui ne peux que succomber, le talent à cet effet sur moi, qui savoure autant de virtuosité. La justesse du propos, les idées qui défilent et percutent sans cesse, la maîtrise de la langue, le style qui éblouit, et la révélation, un premier roman tout simplement excellent !!
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De sel et de fumée

Ils s’aimaient. Lucas mort, reste Samuel dont les souvenirs vifs et charnels heurtent le présent.

Premier roman à l’écriture époustouflante, « De sel et de fumée » file sur la rencontre amicale puis amoureuse de deux hommes que tout oppose. Mise à nue des sentiments et de l’intime jusque dans les excès, il cogne le regard aux maux d’une jeunesse en quête d’équilibre dans un monde en mutation où le sens de l’existence se cherche. Le texte se pose tel un kaléidoscope brillant ou non selon ses facettes, passé-présent mélangés sans ordre chronologique précis comme des photos mises en vrac sur une table que l’on piocherait une à une pour en faire le récit. Les instantanés s’imbriquent évoquant tour à tour l’amour, la jalousie, la colère, l’amour encore, le chagrin. La vie, la mort. La fumée et le sel.

Une lecture puissante.


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De sel et de fumée

Récit de désir et d’amour, de la mort qui vient tout briser, du souvenir qui rappelle le corps et l’éclat, récit d’une jeunesse en bataille, entre pamoisons, hésitations et commotions, à goûter le sel et le foutre, à respirer les idées et la fumée.



Il y a du style dans cette histoire, une maturité et un sujet étonnants pour une autrice de vingt-sept ans, même s’il ne faut jamais juger une œuvre à l’aune de la main qui l’écrit. Souhaitons-lui d’avoir une carrière plus longue que celle des membres du Club des 27 auquel elle fait référence, rappelant que jeunesse, beauté et talent peuvent disparaître en un claquement de doigt, qu’un corps vivant et battant à un instant peut devenir néant l’instant d’après. Sauf si la mémoire opère, prêtant au mort une substance nouvelle…



C’est ainsi que Samuel, fils d’une famille bourgeoise de gauche, se rappelle l’amour avec Lucas, issu d’un milieu plus populaire. L’un doute de lui, l’autre est solaire. Tous deux sont étudiants à Sciences-Po. C’est à l’époque de la Manif pour Tous et Lucas défile avec ses potes « antifas », portant fumigène et bandana rouge pour s’élever contre ceux qui vomissent leur haine. Une haine qui aura raison de sa vie. Alors Samuel se rappelle la vie de Lucas, celle qu’il a partagée avec lui, il se rappelle le sexe sauvage et les dommages collatéraux, les soirées entre amis, à chercher le miroir dans l’autre et si possible davantage qu’un miroir aux alouettes. Samuel a quitté Victoire pour Lucas, Samuel et Lucas se sont aimés, puis Lucas a cédé à la tentation de Mélanie, quittant Samuel avant de quitter le monde tout court.



Agathe Saint-Maur retrace l’errance mémorielle de Samuel, avec une chronologie chaotique aussi saltatoire que peuvent l’être les souvenirs. La plume est pleine d’une aise ronde et de pensées bien senties sur l’altérité, la perte et les faux-semblants, mais j’ai parfois eu l’impression qu’elle tournait en rond cette plume, peut-être à l’instar de Samuel qui tourne en rond dans ses souvenirs. Et si le style prend par moments le pas sur l’histoire, cela ne gâche pas la qualité certaine de ce premier roman.
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De sel et de fumée

Première chose à surligner, c'est le premier roman d'Agathe Saint-maur et franchement la plume est super affirmée. J'ai eu un peu peur dès le départ que ce soit un peu trop "bobo parisien" c'est le cas mais finalement ce n'est pas grave... 



On découvre donc l'histoire d'amour de Samuel et Lucas, rencontrée sur les bancs des Sciences Po ... d'abord mais avec leur vie sentimentale de leurs côtés hétérosexuelle mais finit par tomber amoureux. Un amour destructeur, percutant... Beaucoup de passion mais beaucoup de violence... de la jalousie... des non-dits. La personnalité problématique de Lucas... L'omniprésence de Victoire dans la tête de Samuel.



Dès le départ on apprend que Lucas est décédée... Et on alterne les moments où il est encore vivant et les périodes où Samuel est en deuil... Parfois pas simple de s'y retrouver... C'est ce qu'il m'a un peu dérangé et qui a freiné mon potentiel coup de coeur...



J'ai aimé la personnalité de Lucas très engagé, manifestante, peur de rien ... qui aura causé sa perte... Et aussi le questionnement perpétuel de Samuel pendant sa phase de deuil... Un très bon livre, prometteur pour la carrière de sa jeune auteure ... 
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De sel et de fumée

Le sel, c'est Samuel et Lucas, S + l'dans un coeur brûlant – et la fumée, celle de cette manif, dont Lucas ne reviendra pas. Histoire d'une passion dévorante, de sel et de fumée raconte ces deux jeunes hommes fous d'un amour incompréhensible, magnifique et violent, un de ces amours qui durent toujours – jusqu'à ce que la mort les sépare. Alors que Lucas vient de succomber aux coups qu'il a reçu lors d'une rixe, Samuel cherche à retrouver les prémices de leur histoire, leurs doutes et leurs moments de bonheur, il essaie de mettre des mots sur ce qu'ils ont vécu, cette histoire qui semblait ne jamais devoir finir.



Uppercut littéraire, ce premier roman d'Agathe Saint-Maur ne laisse pas indifférent. Dès les premières pages, c'est la mort de Lucas qu'on se prend en pleine face, son inconcevable et soudaine absence, alors qu'il reste si vivant dans l'esprit de Samuel. Comment continuer à vivre quand l'être aimé n'est plus ? C'est cette difficile question, à laquelle Samuel doit faire face, alors qu'il traverse toutes les étapes sordides qui suivent la perte d'un être cher. Dans le désordre, il dévide l'histoire de leurs vies entrelacées, peinant à réaliser que, non, Lucas ne passera plus la porte un sac de croissants à la main pour se faire pardonner. Ce sont des moments incroyablement émouvants que nous décrit le narrateur, la naissance des sentiments, la magie de leur réciprocité, la découverte de l'autre, pleine de gaucherie et charme naïf, la communion des esprits, qui n'ont plus besoin de parler pour se comprendre.



En toile de fond de la romance de Lucas et Samuel, il y a la question des catégories, des cases dans lesquels chacun d'eux souhaite entrer. « Hétérosexuel », « Gay », « Intellectuel », autant de mots qui ne définiront jamais pleinement qui ils sont – qui il était. Lucas est le cliché de l'homme hétérosexuel, issu de la petite classe moyenne, plein d'idéaux à défendre et de fausse confiance en lui. Pour autant, ça ne l'empêche pas de tomber amoureux d'un garçon juif, parisien de souche, de la classe aisé, bisexuel assumé. A quoi bon les ranger dans des cases, quand tous les deux sont tellement plus que ce qu'ils semblent être ? Un beau message, porté par une prose attendrissante et vraie, comme un cri du coeur.
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De sel et de fumée

Premier roman époustouflant de la rentrée de janvier, De sel et de fumée est un des plus beaux textes que j'ai lus ces dernières années ! L'incipit ravageur donne le ton. Annonciateur d'un roman fulgurant, d'une histoire d'amour tragique portée par une langue sèche, contenue, brute, parfaitement maîtrisée, incisive, creusant des sillons chargés d'émotions. Une lame de fond d'une puissance inouïe qui ravit, laisse exsangue, vidé, le lecteur assiégé. [...] Agathe Saint-Maur saisit avec acuité la fugacité des relations et retranscrit brillamment l'impermanence de nos existences. La rapidité avec laquelle l'autre peut nous échapper et l'amour s'évaporer, pour laisser place à l'effroi d'habiter un monde privé de l'être aimé. Une vie tronquée enveloppée d'un sentiment d'insécurité qui ne la quittera plus jamais. Chapeau bas !


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De sel et de fumée

Tu viens, lecteur ? Prends ton bandana rouge, et met 2-3 fumigènes dans ton sac à dos. Aujourd’hui, on va dans la rue, et on va dire au monde entier qu’on est jeunes, qu’on a soif de vivre, et qu’on a toute la vie devant nous. On leur dira cette incandescence qui nous brûle depuis qu’on s’aime, cette fulgurance improbable qui nous ronge, cette violence qui nous anime et nous épuise tout à la fois, on leur gueulera à la tête des slogans intarissables, et ils verront cette jeunesse impétueuse qui enfourche la vie à pleine dent.



Allez, viens, tu pourras mater mon petit cul moulé dans un slim et t’évanouir à l’affut du grain de beauté qui surligne ma lèvre, on fumera des clopes, si tu veux, et on s’enivrera l’un de l’autre, on s’aimera sous toutes les coutures, on se cognera aussi, un peu, et on mettra du sel sur nos plaies, après. Et si t’es sage, j’te ramènerai des croissants demain matin, je nicherai ma tête dans le creux que forment tes clavicules, et on aura le monde à nos pieds.



J’en peux plus lecteur, de pas partager avec toi cette vigueur vibrante qui parcourt l’ensemble de ces pages, déambulation solitaire dans l’intimité brûlante de ce couple à fleur de peau. Et j’en suis encore à me demander, des jours après la fin de ma lecture, comment une gamine de 19 ans a pu saisir avec autant de justesse la puissance du sentiment amoureux ; comment une femme a pu s’immiscer avec tant de virtuosité au sein d’un amour masculin, comment j’ai pu ne pas me noyer dans ce flot ininterrompu d’une pensée qui sombre. Et je n’en suis toujours pas revenue…

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Si tu veux, lecteur, nager en eaux troubles encore un peu, rejoins-moi aussi sur Instagram :
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De sel et de fumée

Piquant et gustatif. Goûteux quand le sel est dosé, corrosif quand il n’y plus que lui. Dans la mystique il est à la fois purificateur et maléfique, symbole de justice pour Pythagore, cendres pour les alchimistes. Ces cristaux représentant l’amitié, là il est l’amour. Mais il partira en fumée après les flammes qui ont jailli entre Samuel et Lucas.



Lucas est parti, Lucas est mort. Samuel, dévasté, raconte. Raconte cet amour perdu, cet amour fait de passion et de colère, de larmes, de sang, de joie. Lucas n’est plus, il ne reviendra pas ; Samuel ne pourra pas lui dire que la porte est à nouveau ouverte, lui qui l’a mis dehors peu de temps avant son trépas. Les croissants ne pourront pas le faire ressusciter même si Lucas pensait que les viennoiseries réparaient tout. L’intolérance, la haine a tué Lucas, ce Lucas, hétérosexuel, qui n’avait aimé que des femmes et qui s’était mis en couple avec Samuel plus orienté vers la bisexualité. Amis à Sciences Po ils étaient devenus amants, torrides amants. Tout les séparait et pourtant tout les a unis, le paradoxe qui rassemble, à coups d’étincelles, de baisers brûlants et de sexe incandescent. Incandescence des flammes, étincelles de l’amour, cendres des ténèbres de la mort.



En dépit de quelques errances, un premier roman qui porte tous les espoirs d’une plume explosive. Agathe Saint-Maur. Retenez ce nom, son écriture et son imagination ne peuvent qu’interpeller. Elle ne se regarde pas dans un miroir en glissant les mots, elle crée des personnages de romans qui sont plus authentiques que des vrais. Intéressant cette capacité à se fondre dans le corps d’un homme puis à faire tenir le lecteur malgré le manque d’action réelle. Tout est basé sur cette relation de soufre et de désir et les quelques longueurs ne finissent que par se convertir en de nouvelles pistes pour un tourbillon incessant. La jeune autrice a choisi d’alterner la vie d’avant et la vie d’après, Samuel avec Lucas, Samuel sans Lucas, ce qui laisse une large place au thème du deuil, au vide après la disparition d’un être aimé et aux sentiments contradictoires de la vie et de la mort : l’éternité n’est pour personne mais les regrets rongent celui qui reste pris dans l’étau de la tristesse et de la culpabilité.



Sodome et Gomorrhe, détruites par le feu et le soufre, Loth transformé en statue de sel ; l’histoire de la mer Morte version XXI° siècle du temps de la Manif pour Tous… Et un amour perdu, brisé.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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De sel et de fumée

Toujours en quête de nouvelles plumes, de nouvelles sensibilités, de fraîcheur littéraire, je privilégie très souvent les premiers romans. Je les aborde sans les a-priori positifs ou négatifs qui peuvent entacher les œuvres d'un auteur connu, l'esprit et le cœur libres, prête à accueillir toutes les émotions. Et la rencontre avec "De sel et de fumée", à cet égard, fut percutante.

Samuel, fils de la bourgeoisie de gauche, dont l'amour pour Claire, sa compagne s'étiole, rencontre Lucas, de milieu modeste, qui milite à Action antifasciste, magnétique, étincelant, qui dévore la vie avec un certain égoïsme. Leur amitié évolue vite vers une passion ravageuse, destructrice.

Le roman, dont les changements de temporalités peuvent être très déstabilisants (il faut parfois quelques minutes, qui font retomber l'émotion, pour comprendre quand on se situe), commence avec la mort de Lucas, roué de coups, suite à une rixe avec des manifestants de La Manif pour tous. Samuel se raccroche à ses souvenirs, sa passion, ces petits moments qui seront à jamais attachés à Lucas.

La plume incandescente, incisive d'Agathe Saint-Maur tourne le couteau dans la plaie qui suppure. Elle nous fait ressentir au fond de nous-mêmes les affres de Samuel face à la passion mais aussi la jalousie, les déchirures, les interrogations.

Les thèmes de la mort et de la vieillesse, vus par des jeunes de 20 ans, sont très présents. J'ai été remuée par ces pages terribles sur la vieillesse, sombres, désespérées, et pourtant empreintes d'une certaine lucidité. Elles m'ont rappelé la phrase de de Gaulle à ce sujet : "La vieillesse est un naufrage". La mort y est présentée comme plus souhaitable que la déchéance de la vieillesse.
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De sel et de fumée

Dans "De sel et de fumée", c'est l'histoire de Samuel et Lucas, de Samuel qui raconte Lucas, leur amour, le désamour, la violence, le désir, l'adoration, l'amour après la mort. Dès les premières pages, l'uppercut, Lucas est mort dans la fleur de l'âge lors d'un défilé de la Manif pour Tous.



Samuel et Lucas, deux jeunes hommes que tout oppose, tout sépare, deux milieux différents et pourtant sur les bancs de Sciences Po, ces deux êtres, ces deux corps s'attirent, se percutent, se dansent, se mêlent.



Deux êtres humains qui s'unissent, qui se déchirent car la jalousie est présente. Oui, car il y a aussi Victoire dans cette histoire, Samuel l'a aimée et ne l'a jamais oublié et Mélanie, qui attire dans ses filets le beau Lucas.



Agathe Saint-Maur traverse la fumée de cette rentrée littéraire avec un premier roman fort, puissant, éblouissant qui dépeint la jeunesse d'aujourd'hui, qui s'affranchit totalement des codes, des milieux, des genres.



Les mots, les phrases, les images sont fortes, riche de sens, à la plume stylisée, brillante, émouvante. L'histoire d'un amour fulgurant, foudroyant qui se termine à peine commencée. Une auteure au jeune âge mais au premier roman d'une réussite incroyable.



Un ouragan dans un Paris en feu, un amour qui déchire le coeur, une passion qui brule Samuel et Lucas. Une Agathe Saint-Maur qui roule sur le talent, car quel exploit de se mettre dans la peau d'un jeune homme amoureux d'un autre homme avec autant de justesse.



Bref, premier roman prometteur, puissance de l'écriture et histoire magnifique, qui vous laissera sur les lèvres un gout de sel et de fumée !
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De sel et de fumée

Pour faire simple : j'ai franchement détesté ce premier roman d'Agathe Saint-Maur.



Pour détailler un peu plus : mon problème vient principalement de son style. Ce style d'écriture m'insupporte réellement, c'est surfait, pseudo-poétique et faussement profond, c'est prétentieux et creux, c'est vide et agaçant et on se retrouve avec 228 pages qui ne disent pas grand chose. C'est parfois vulgaire et parfois pompeux, toujours prosaïque et franchement ennuyeux. C'est son premier roman alors il y a sûrement une marge d'amélioration, d'autant plus que clairement l'écriture s'améliore au long du livre lui-même, mais franchement... c'est extrêmement lourd. J'ai mis du temps à le finir et n'y ai pris aucun plaisir.



Un point qui me gêne aussi, mais c'est personnel, c'est bien le fait qu'une femme écrive des relations qu'elle ne connait pas, sous un oeil clairement fantasmé et romancé à outrance. Je me suis très très souvent senti extrêmement mal à l'aise face à cette vision étrange et datée qu'elle a, pas aidée par des passages qui n'ont pas de rapport mais qui sont tout aussi absurdes et gênants. Et puis tout simplement... le fait que ça se finisse de façon tragique. Comme toujours que ce soit dans la littérature, les films ou autre quand on parle de relations homosexuelles. C'est d'un lassant. Aucune émotion si ce n'est l'agacement et la lassitude de ce genre de travaux pour ma part.



Vraiment pas un bon livre à mes yeux.
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De sel et de fumée

Poignant. Intense. Dévastateur.

Je n'arrive pas à croire que c'est le tout premier roman de l'auteure tant les mots sont puissants. L'amour que porte Samuel à Lucas est un ouragan qui nous déchire le cœur. C'est poétique et ardent, passionnant et bouleversant.



Ce roman, c'est une conversation pendant une nuit d’été. C'est une tendresse qu’on n'attendait plus. C'est un cyclone/un séisme/un tsunami. C'est Samuel qui brûle pour Lucas. C'est l’incandescence d’une jeunesse d'aujourd’hui qui veut vibrer et qui découvre les fins. Frappant ! Foncez
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De sel et de fumée

Cher Samuel,



Comment ne pas être bouleversée par ton histoire ? Et ce, dès l’incipit d’une violente beauté ?

Samuel, tu aimes Lucas à t’en faire éclater le cœur et c’est le sien qui meurt. Injuste tragédie quand elle percute le destin des premières amours.



Ton deuil, tu dois le faire alors même que tu es, que vous êtes, encore sous le joug de cette passion grisante des premières fois. C’est exactement ce dont il est question dans ce roman et c’est bien cela qui nous brouille les yeux : la puissance des débuts et de toutes ces premières fois dont les souvenirs chatouillent toujours au creux de soi.



Première dispute sérieuse, première réconciliation, première dispute futile, première présentation, premier week-end en amoureux, première fois entre vous, entre hommes même pour Lucas, premier baiser, premiers pas l’un vers l’autre.

À rebours et avec une maladresse et une candeur qu’on excuse volontiers à ce premier roman, tu nous confies votre histoire à la lumière des souvenirs dont tu devras désormais te contenter… Raison de plus pour chérir chacun d’eux. Et s’ils font mal dorénavant, si le vide qui s’ouvre sous tes pieds quand tu réalises que vous n’en écrirez plus d’autre est démentiel, ils restent autant de preuves de l’histoire que vous avez vécue.



Ces moments de votre passé commun, tu en fais des réminiscences ternies par ton désespoir. Tu les noircies de tes remords et surtout du regret de ne pas les avoir vécus encore plus fort. Mais ils ont été, Samuel. Malgré la dureté de l’épreuve que tu traverses, tu mesureras un jour la chance que tu as eue d’en connaître l’ivresse.

Crois-moi, le temps apaise tout. Parole d’une idiote qui ne prétend pas pouvoir te donner les conseils d’un vieux sage… mais pour qui les émois des premières fois semblent parfois loin. On en fait tous le deuil, je crois.

Je te le promets, un jour, à nouveau, tu aimeras.



A Lucas,

Et à toi,



Céline
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De sel et de fumée



De sel et de fumée, de rires et de larmes, d’amour et de désir, de manque et de solitude... de souvenirs.

Il y a tout cela dans ce premier roman tellement abouti qu’on pourrait s’y méprendre. D’une écriture fine et ciselée, précise et même crue parfois, l’auteure nous entraine dans l’histoire d’amour de Samuel et Lucas.

Ils se rencontrent sur les bancs de Science-PO, et c’est une évidence, eux que tout oppose, d’abord leurs origines sociales, leurs personnalités.

Sam l’amoureux de Victoire.

Lucas qui butine de conquête en conquête, de l’une à l’autre.

Sam et Lucas, une amitié d’abord, une attirance ensuite puis une histoire d’amour où on réinvente les codes. S’affranchir alors, des regards, des idéaux, de soi, des autres, une histoire à la fois d’hier et d’aujourd’hui, faite de ruptures et de réconciliations, de désir, de sexe, de violence, et de pardon.

Sam raconte Lucas, les souvenirs, l’amour vertigineux et puis le manque, les gestes qui ne seront plus, les images aussi jusqu’à ce bandana rouge qu’il exécrait tant.

La Manif pour Tous, des esprits qui s’échauffent et puis Lucas, au mauvais moment au mauvais endroit, son rendez-vous avec le destin.

Il y a cela aussi dans ce roman, l’après... Comment vit-on après ? comment survit-on ? Empêtré dans la douleur, dans le souvenir Sam raconte, conscient que l’on ne changera pas le fil de l’histoire, on l’écoute suspendu aux mots de l’auteure.



« Je me suis souvent demandé, les illusions de l’aube dissipées, si les gens qui avaient perdu un proche revivaient aussi chaque matin les pires moments de leur histoire. Je sais maintenant que c’est le cas(...) Lucas se présente chaque nuit, avec obstination, dans le monde de me songes. »



Beaucoup de maturité dans la narration, je suis malgré tout, restée à distance des personnages.





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De sel et de fumée

Pourquoi ne peut-on mettre que 5 étoiles ..... Ce roman en mériterait tellement plus....

Les trois premiers mots de la quatrième de couverture suffisent pour tout dire "Samuel raconte Lucas" .... Oui, 228 pages qui vont nous "raconter" Lucas mais aussi Samuel mais aussi Samuel et Lucas .... rencontre- hésitations- désir- passion- rires- ruptures- jalousie- mort- deuil .....

Un texte époustouflant .... d'une beauté renversante, d'une profondeur extrême ....

Une écriture d'une force, d'une maîtrise, d'une puissance ....

Pas un mot de trop, pas une seule phrase inutile ....

Sentiments, ressentis, questionnements .... sont disséqués, décortiqués ....

Impressionnant qu'une aussi jeune femme ait été capable d'écrire ainsi, avec tant de justesse, de force mais aussi de violence verbale la passion de deux hommes.

Le premier chapitre, ce texte de 2 pages qui introduit le roman est d'une puissance, d'une beauté telle que je l'ai relu 3 fois !

Il faut se remettre d'une lecture pareille !

Un premier roman très, très prometteur ....

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De sel et de fumée

Trop de tout ....... à tel point que je me suis perdue dans cette avalanche d’adjectifs et consorts .

Il m’est ,littéralement tombé des mains. Probablement un style d’écriture qui ne me convient pas alors qu’il me fut, Hautement recommandé par ma libraire......Snif. 
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