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Citations de Alain Caillé (21)


Une société régie uniquement d'en haut et à partir du passé, par la règle et l'obligation, doit s'effondrer dans la stérilité, le formalisme ou l'horreur.
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Il est vain, nous objecte-t-on parfois, de chercher une "essence" du don. Critique à laquelle la réponse est au fond assez aisée. Si les sciences humaines et sociales ne tentaient pas d'établir l'existence d'invariants anthropologiques, sociologiques ou culturels, elles feraient bien de fermer aussitôt boutique et de cesser d'ennuyer le monde avec leurs histoires.
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Pour avoir exposé un certain nombre de thèmes de ce livre devant des publics très variés ces dernières années, je vois bien tout d'abord qu'une des difficultés principales qui s'opposent à la compréhension et à la réception d'un "paradigme du don" est le mot don lui-même. Quelques précautions que l'on prenne pour rappeler que le don étudié par Marcel Mauss et sur lequel se fonde le paradigme est au moins au départ un don agnostique, une guerre, un défi ou un match de générosité et de splendeur, l'acceptation religieuse du terme est si fortement implantée dans les esprits que rien ne permet de la dissiper.
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Tout à coup, face à cet homme, je fis le contraire de la charité. Au lieu de lui dire “Viens, je vais t’aider, te donner quelque chose”, je lui ai dit “Écoute, de toute façon, tu n’as plus rien à perdre, viens plutôt m’aider”.
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LE TIERS PARADIGME
Le terme de "paradigme du don", quoique juste, est cependant trop restrictif et donc potentiellement trompeur. Nous venons de le suggérer à l'instant, il serait tout autant possible de parler de paradigme de l'alliance et de l'association. Or la pensée de l'alliance et de l'association n'est qu'une autre dimension de la pensée de ce que nous avons appelé par ailleurs le politique.
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Depuis l'origine, les sociétés huamaines s'organisent en rendant obligatoire un don qui n'est ni un achat ni un sacrifice. Quel est donc de don intermédiaire entre l'achat et le sacrifice, ce don proprement humain, par trop humain au sens de Bourdieu, pas supra-humain au sens de Derrida? Comment fonctionne-t-il? Le texte de Marcel Mauss [Essai sur le don], par sa réflexion anthropologique sur les sociétés premières, peut nous aider à le comprendre.
Le don "premier" qui structure de part en part la triple obligation de donner / rendre / recevoir, n'est pas de l'ordre de la charité ni de l'amour. Il est, pour Marcel Mauss, de l'ordre de la rivalité. Dans cette société première, chacun rivalise pour donner, chacun se bat avec l'autre pour donner. A qui sera le plus généreux? Nuançons: à qui se montrera le plus généreux, car l'est-il réellement? Les motivations de cette lutte de tous contre tous pour donner sont bien évidemment des motivations "interéssées", comme le dit très crûment Marcel Mauss. Il s'agit d'apparaître le plus beau, le plus fort, le plus généreux, le plus splendide - ce qui est d'une égocentrisme radical.
Cependant, ce don se marie de manière toujours complexe avec ce qu'on pourrait appeler un don partage. Il y a d'un côté le partage et de l'autre la rivalité pour donner. De ce mélange, triomphent malgré tout des valeurs d'amitié, d'union, qui prennent le pas sur les valeurs de guerre et d'hostilité. La dimension de liberté, de générosité, de spontanéité prend le pas sur la dimension d'obligation rituelle.
Un autre trait fondamental du don archaïque pratiqué dans les sociétés premières est le caractère politique du don, au sens où ce don est le ressort constitutif de la société. Il se pratique sur le mode de l'alliance. Ce don est d'une part un don horizontal qui est fait entre les jeunes guerriers, entre les jeunes mâles qui jusque-là se défiaient par les armes; alors qu'ils étaient dans le registre de la guerre, ils décident de suspendre le combat et, au lieu de se défier, ils choisissent de se confier. Le don est en quelque sorte l'opérateur premier qui permet de passer de la défiance généralisée - dans tous les sens du mot défiance; on se défie, on se méfié - à la confiance. On dépose les armes et on passe du registre de la guerre à celui de la paix. Le don apparaît donc ici comme un convertisseur de guerre en paix par le biais de l'alliance.
Comme l'avait vu Marcel Mauss mais surtout, dans son village, le grand anthropologue Claude Lévi-Strauss, cette alliance horizontale se pratique à titre principal entre les jeunes guerriers et se conclut par le don des femmes (des soeurs et des filles). C'est en contractant un mariage que l'on sort du registre de la guerre, de l'inimitié et de l'étrangeté pour basculer dans le registre de l'amitié et de la familiarité.
Avec ce don des femmes pratiqué par les guerriers pour passer de la guerre à la paix, de la défiance à la confiance, s'ouvre un deuxième registre de l'alliance; un alliance verticale, intertemporelle, entre les générations passées (les ancêtres) et les générations futures, puisque les femmes donnent la vie et la font circuler à travers les générations dans le cadre de la parenté.
Puis, à des degrés variables, on voit apparaître dans les sociétés humaines un troisième registre de l'alliance, qu'on pourrait qualifie de diagonal. Il concerne l'alliance avec les entités supérieures ou les divinités. Cette troisième alliance ouvre l'axe du religieux; les divinités auxquelles on sacrifie le cas échéant, pour obtenir des bienfaits en retour.
Voici donc le mécanisme du donner / recevoir / rendre, les trois dimensions constitutives de tout rapport social, en tout cas dans la société dite première. C'est en ce sens que le don doit être considéré comme un opérateur proprement politique. Il est ce qui fait que la société se constitue comme société.
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Face à la défaillance de la gauche, on se tourne vers l'extrême droite qui devient une sorte de gauche par défaut.
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Dans ce désarroi général, la gauche et les idéaux démocratiques et humanistes perdent leurs repères, laissant la place à la déferlante des multiples variantes de la droite extrême.
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Tandis que le pouvoir se polarise, l’insatisfaction se généralise. La chance qui nous est donnée de créer pour tout le monde plus de bonheur avec moins d’abondance est reléguée au point aveugle de la vision sociale
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L’homme a besoin d’un outil avec lequel travailler, non d’un outillage qui travaille à sa place. Il a besoin d’une technologie qui tire le meilleur parti de l’énergie et de l’imagination personnelles, non d’une technologie qui l’asservisse et le programme
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Par-dessus tout, je veux m’attacher à montrer ceci : les deux tiers de l’humanité peuvent encore éviter de traverser l’âge industriel s’ils choisissent dès à présent un mode de production fondé sur un équilibre post-industriel, – celui-là-même auquel les nations sur-industrialisés vont être acculées par la menace du chaos
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Chaque jour, les experts découvrent avec effarement et consternation que leur scénarios les plus pessimistes étaient peut-être trop optimistes encore, et que les dégradations environnementales s’accélèrent à un rythme vertigineux.
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Pour redonner vie à l’idéal démocratique en évitant qu’il ne fasse des soubresauts d’un extrême à l’autre — du déni des identités à leur exaltation, de l’égalitarisme à l’inégalitarisme extrêmes, de la clôture des peuples sur eux-mêmes à leur dilution, etc. —, et ne s’auto-détruise, il faut le mettre en mesure d’affronter à la fois la panique identitaire, la panique économique et la panique écologique. Cela ne pourra se faire que si nous prenons clairement conscience que ces trois paniques sont alimentées par la domination mondiale d’un capitalisme rentier et spéculatif légitimé par l’idéologie néolibérale. Cette domination a crée un nouveau type de société fonctionnant sur le mode de ce que j’ai proposé d’appeler un totalitarisme à l’envers, ou encore un parcellitarisme.
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La difficulté principale ici vient de ce que le totalitarisme à l’envers, par nature, tend à détruire tout ce qui est de l’ordre du collectif et qu’il rend donc particulièrement problématique la coordination de toutes celles et ceux, pourtant nombreux, qui voudraient s’opposer à lui.
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Le cœur de cette philosophie politique convivialiste, réside dans l’impératif catégorique de lutter contre la démesure, l’illimitation, contre ce que les anciens Grecs appelaient l’hubris.
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Dieu pouvoit aux besoins de l'homme
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La seule solution à la crise écologique est que les gens saisissent qu’ils seraient plus heureux s’ils pouvaient travailler ensemble et prendre soin l’un de l’autre
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L’éducation produit des consommateurs compétitifs ; la médecine les maintient en vie dans l’environnement outillé qui leur est désormais indispensable ; et la bureaucratie reflète la nécessité que le corps social exerce son contrôle sur les individus appliqués à un travail insensé
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A la menace d’une apocalypse technocratique, j’oppose la vision d’une société conviviale. La société conviviale reposera sur des contrats sociaux qui garantissent à chacun l’accès le plus large et le plus libre aux outils de la communauté, à la seule condition de ne pas léser l’égale liberté d’accès d’autrui
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Car l’austérité n’a pas vertu d’isolation ou de clôture sur soi. Pour Aristote comme pour Thomas d’Aquin, elle est ce qui fonde l’amitié (…) une vertu qui n’exclut pas tous les plaisirs, mais seulement ceux qui dégradent la relation personnelle
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