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Citations de Alain Deneault (81)


Le diagnostic d'une vaste transformation perverse de l'université est si juste qu'il s'observe jusque dans l'incapacité de l'institution à répondre à ses détracteurs, parmi lesquels quelques professeurs courageux en sein.
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« Ceux qui se soumettent à la formation [universitaire] seulement parce qu'elle les liera plus efficacement au grand mécanisme économique et bureaucratique utilisent leurs meilleures années et leurs facultés comme moyen d'auto-asservissement. Il saisissent des opportunités pour obtenir plus de moyens économiques et se conformer aux autres. »

citant le professeur de lettres canadien Marshall McLuhan
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À force de négliger l'écriture, qui est pourtant indissociable de la pensée elle-même, les universitaires finissent par méconnaître leur propre métier, et même par mépriser le genre de l'essai pour la simple raison qu'il regroupe des ouvrages démocratiques voués à faire avancer la pensée autant chez l'initié que chez le profane.
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Il est aussi pris comme un gage de modération que de fabriquer des substantifs à partir de participes présents, tels que la « migrance », la « consultance », la « survivance », la « militance » et la « gouvernance ». Ce temps de verbe est passif et il renvoie par conséquent à un état de fait sans histoire — une fois ramené à un nom, il traite des choses sur un mode désincarné.
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Une règle implicite prévaut dans l'écriture universitaire — et on ne tarde pas à l'expliciter dès lors que quelqu'un y déroge—, à savoir qu'est digne de science une prose dans le ton est neutre, posé et calibré. Terne, si possible. Du point de vue du style, un propos affichant des prétentions au savoir doit osciller autour de l'axe du juste milieu. Si ce n'est pas le cas, un malaise s'installe.
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La présomption des gestionnaires du savoir est toujours la même : jouer à celui qui domine la langue, faire comme si on maniait à sa guise les signaux auxquels on la réduit pour chercher par eux à persuader ses pairs le canaliser l'argent vers soi. On retirera de son formulaire tel mot qui est passé de mode, mais on misera sur une telle référence qui est sur toutes les lèvres, bien qu'on ne la connaisse guère, puis on exécutera tout un slalom lexical dans la case au nombre de termes contingenté pour contenir pêle-mêle le chaud et le froid, l'ange et le démon, la vénalité et l'éthique, le consensus et la révolution. Enfin, la crânerie s'observera dans la promesse d'une toute autre attitude le jour où on aura enfin constitué le proverbial trésor. Je ne crois pas un mot du baratin de ma demande de subvention, mais qu'on me donne l'argent et on verra de quel bois je me chauffe... Comme si on était plus fort que les mots avec lesquels on a pactisé, comme si on détenait le langage et non l'inverse.
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En s'arrimant sans réserve aux grandes entreprises ainsi qu'aux institutions de pouvoir, les institutions de recherche ne se sont pas contentées de vendre du savoir à leurs clientes. Elles se sont aussi faites les partenaires d'entreprises de manipulation. Les universités demeurent une carte maîtresse pour les firmes de lobbyisme, bien que leurs pratiques se révèlent hautement problématiques.
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Un philologue patenté, donné en exemple par Simmel, produira ainsi de la connaissance, massivement et sans perspective aucune.
La technique philologique par exemple s'est développée d'un côté jusqu'à atteindre une liberté insurpassable et une perfection méthodologique, mais de l'autre, le nombre des objets dont l'étude représente un intérêt véritable pour la culture intellectuelle ne s'accroît pas à la même cadence, ainsi les efforts de la philologie se muent en micrologie, en pédantisme et en travail sur l'inessentiel — comme une méthode qui tourne à vide, une norme objective continuant de fonctionner sur une voie indépendante qui ne rencontre plus celle de la culture comme accomplissement de la vie. Dans beaucoup de domaines scientifiques s'engendre ainsi ce que l'on peut appeler le savoir superflu [...]. Cette offre immense de forces jouissant également de faveurs de l'économie, toutes bien disposées, souvent même douées, pour la production intellectuelle, a conduit à l'auto-valorisation de n'importe quel travail scientifique dont la valeur, précisément, relève souvent d'une simple convention, même d'une conjuration de la caste des savants.
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La multiplication galopante des références obstrue l'esprit dans son travail d'assimilation lente et intime. La médiocrité s'installe alors. Tétanisé devant la montagne de référence qui le précède et face à l'infinie petitesse de la question qu'on lui propose de creuser, le chercheur perd l'esprit. Il ne semble plus y avoir de sens à accomplir une œuvre supplémentaire dans le corpus de la culture en méditant ce que les anciens ont réalisé avant soi. Apparaissent plutôt une horde de gratte-papier se satisfaisant de produire à leur tour du savoir en série, sans se soucier du sens profond que pourrait représenter leur démarche.
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La pensée se fait médiocre lorsque ses chercheurs ne se soucient pas de rendre spirituellement pertinentes les propositions qu'ils élaborent.
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Cette « gouvernance » de l'université ne fait pas que tourner à vide, elle corrompt complètement l'institution. Comme l'illustrait en 2012 le sociologue québécois Gilles Gagné dans le quotidien Le Devoir, « si j'invente un procédé pour faire des tomates carrées et qu'une entreprise qui trouve ça génial me l'achète parce que ça rentre mieux dans son hamburger carré, est-ce que je contribue à la formation générale ? Non. Je contribue à la formation du gars qui va aller travailler à faire des hamburgers carrés pour le compte de la compagnie qui a financé sa recherche de tomates ».
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Le médiocre devient dès lors pour le pouvoir l'être-moyen, celui par lequel il arrive à transmettre ses ordres et à imposer plus fermement son ordre.
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La professionnalisation se présente socialement à la manière d'un contrat tacite entre, d'une part, les différents producteurs de savoirs et de discours, et, d'autre part, les détenteurs de capitaux. Les premiers fournissent et formatent sans aucun engagement spirituel les données pratiques ou théoriques dont les seconds ont besoin pour se légitimer.
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Ne se donne pas les moyens qui veut. La perfection technique sera même indispensable pour masquer l'inénarrable paresse intellectuelle qui est en jeu dans autant de professions de foi conformistes. Et cet engagement exigeant dans un travail qui n'est jamais le sien et dans des pensées qui restent toujours commandées fait perdre de vue leur peu d'envergure.
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La conformité d'un acte à son mode moyen, lorsque obligée et universelle, confine toute une société à la trivialité. Le moyen renvoie étymologiquement au milieu, notamment celui de la profession comme lieu du compromis, voire de la compromission, où nulle oeuvre n'advient. Cela se révèle insidieux, car le médiocre ne chôme pas, il sait travailler dur.
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Karl Marx l'avait relevé des 1849, le capital, en réduisant le travail à une force, puis à une unité de mesure abstraite, et enfin à son coût (le salaire correspondant à ce qu'il en faut pour que l'ouvrier régénère sa force), a rendu les travailleurs insensibles à la chose même du travail. Progressivement, ce sont les métiers qui se perdent.
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Se satisfaire de dissimuler ses carences par une attitude normale, se réclamer du pragmatisme, mais n'être jamais las de perfectionnement, car la médiocratie ne souffre ni les incapables ni les incompétents.
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Rangez ces ouvrages compliqués, les livres comptables feront l'affaire. Ne soyez ni fier, ni spirituel, ni même à l'aise, vous risqueriez de paraître arrogant. Atténuer vos passions, elles font peur. Surtout, aucune « bonne idée », la déchiqueteuse en est pleine. Ce regard perçant qui inquiète, dilatez-le, et contractez vos lèvres — il faut penser mou et le montrer, on parle de son moi en le réduisant à peu de choses : on doit pouvoir vous caser.
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C'est à l'échelle mondiale que se mesurent aujourd'hui les torts de cette législation [canadienne], et c'est donc à cette échelle qu'il importe maintenant d'en prendre conscience. (30)
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en 2015, Oxfam affirmait que 62 personnes possédaient à elles seules les mêmes richesses que 3,6 milliards de personnes,soit la moitié la plus pauvre de l'humanité . Cet écart se creuse à un rythme accéléré , puisqu'il y a seulement cinq ans, on parlait de 388 personnes.

p.94
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