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Citations de Alain Deneault (81)



A propos du livre , comparaison avec celui de Tariq Ali " The extreme centre , a Warning " :

1 -- Depuis les années 90 , la démocratie a pris en occident la forme d'un centre extrême dans lequel centre-gauche et centre droite s'entendent à préserver le statut quo ; Une dictature du capital qui a réduit les partis politiques au statut de morts-vivants .
2-- Les politiciens craintifs et dociles qui font tourner le système et se reproduisent entre eux sont ce que j’appelle " l'extrême centre " de la vie politique dominante en Europe et en Amérique .
3-- Nous vivons dans un pays dépourvu d'opposition .... ce qui entraîne : Oui à l'austérité , aux guerres impériales , oui à une Union Européenne en échec et à des mesures sécuritaires croissantes et oui pour rafistoler le modèle néolibéral détraqué .
4-- On parle des dangers de l'extrême droite et de l'extrême gauche , mais le vrai danger aujourd'hui vient de l'extrême centre .
1 2 3 4 : Tariq Ali

5-- En se présentant comme " normal " et en faisant de cette normalité l'ersatz de son programme François Hollande aura surtout réussi à décréter comme pathologique tout ce qui n'en ressort pas , il restaurait alors quasi formellement un régime d'extrême centre , extrémisme se traduisant là par une intolérance à tout ce qui ne cadre pas avec un juste milieu arbitrairement programmé .
5 : Alain Deneault
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Impuissante à transformer le grand monde, la critique s'est aussi parfois ingéniée à en construire de petits, des microcosmes d'utopie inversant les rapports d'autorité en se marginalisant du monde dont il n'y a plus rien à attendre, pour se placer soi-même au centre d'un petit tout. Ces mondes plébéiens, féconds en idées et en initiatives, parfois exemplaires dans leur renouvellement gracieux de moments démocratiques, peuvent aussi se développer comme des repaires de confusion où on réinvente l'eau chaude, recompose des "contrats sociaux" qui comportent tous les travers des anciens et se livre à la violence des fondations originelles qui, à leur échelle, n'ont rien d'étranger à certains régimes totalitaires. A la critique succèdent alors le prosélytisme et le manichéisme.
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Il faut voir comment, dans les milieux de pouvoir, comme les parlements, les palais de justice, les institutions financières, les ministères, les salles de presse ou les laboratoires, des expressions telles que « mesures équilibrées », « juste milieu », ou « compromis » se sont érigées en notions fétiches. Tellement, qu'on n'est même plus à même de concevoir quelles positions éloignées de ce centre peuvent encore exister pour qu'on participe, justement, à cette proverbiale mise en équilibre. N'existe socialement d'emblée que la pensée à son stade pré-équilibré. Si sa gestation la prépare déjà dans les paramètres de la moyenne, c'est que l'esprit est structurellement neutralisé par une série de mots centristes, dont celui de « gouvernance », le plus insignifiant d'entre tous, est l'emblème. Ce régime est en réalité dur et mortifère, mais l'extrémisme dont il fait preuve se dissimule sous les parures de la modération, faisant oublier que l'extrémisme a moins avoir avec les limites du spectre politique gauche-droite qu'avec l'intolérance dont on fait preuve à l'endroit de tout ce qui n'est pas à soi. N'ont ainsi droit de cité que la fadeur, le gris, l'évidence irréfléchie, le normatif et la reproduction.
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La principale compétence d’un médiocre ? Reconnaître un autre médiocre. Ensemble, ils organiseront des grattages de dos et des renvois d’ascenseur pour rendre puissant un clan qui va s’agrandissant, puisqu’ils auront tôt fait d’y attirer leurs semblables. L’important n’est pas tant d’éviter la bêtise que de la parer des images du pouvoir.
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Si le terme "économie" ne s'était pas trouvé dévoyé par d'autoproclamés "économistes", jamais celui d'"écologie" n'aurait eu à s'inventer.
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C'est d'une certaine manière formelle, au nom d'une politique du projet national d'enrichissement, récupérée dans l'ordre du discours et du droit, que se structure en réalité la tendance à l'enrichissement des uns et à l'appauvrissement conséquent des autres.
p. 64
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La médiocratie est l'ordre en fonction duquel les métiers cèdent la place à des fonctions, les pratiques à des techniques, la compétence à l'exécution. [...] Le travail devenant un moyen de subsistance pour les pauvres et un moyens de faire produire de la valeur marchande pour les riches, il s'entend qu'il devait être formaté à son tour sur un mode moyen.
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page 26, Lux Éditeur, coll. Pollux: "la médiocratie est l'ordre en fonction duquel les métiers cèdent la place à des fonctions, les pratiques à des techniques, la compétence à de l'exécution."
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Alain Deneault
Être libéral-mais-de-gauche, c’est pratiquer un militantisme de l’exemple : conduire une voiture, mais petite, boire du lait de vache, mais heureuse, se laisser aller à la consommation, mais « équitable », appliquer les théories du management, mais conviviales, vendre agressivement des marchandises, mais nobles, prendre l’avion, mais munis de crédits de carbone, voter pour des partis capitalistes, mais liberals. Le slogan : Si seulement tout le monde faisait comme moi… De la politique, on prend son parti. Ce dernier apparaît sous le jour de l’éthique personnelle. Dégageant son moi de toutes les médiations sociales qui l’étouffent, l’individu en vérité apparaît comme une victoire sur l’histoire. Et ce, bien que l’individualisme ne soit en rien l’œuvre d’individus, mais une construction idéologique rendue possible par un mimétisme de pauvres.
Cette conception de soi, qui n’émane pas de soi et ne va pas de soi, tend à produire un sujet s’essayant forcément à se sauver lui-même en cultivant le narcissisme de la petite différence. Soutenir un orphelinat au loin ou collectionner les théières chinoises sera au centre d’une distinction plus importante que tout. Dans une telle époque, il deviendra de toute façon impérieux de se constituer un moi fort et de combler l’absence de justice sociale par la référence à des communautés fondées sur un dénominateur sociologique jadis émancipateur : le « genre », la couleur, la religion, l’orientation sexuelle… C’est à partir de ces critères croisés que le sujet tissera sa singularité dans un maillage unique.
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Alain Deneault
La gouvernance, qui depuis a fait florès, est une forme de gestion néolibérale de l’État caractérisée par la déréglementation et la privatisation des services publics et l'adaptation des institutions aux besoins des entreprises. De la politique, nous sommes ainsi passés à la gouvernance que l'on tend à confondre avec la démocratie alors qu'elle en est l'opposé.
Dans un régime de gouvernance, l'action politique est réduite à la gestion, à ce que les manuels de management appellent le « problem solving » : la recherche d'une solution immédiate à un problème immédiat, ce qui exclut toute réflexion de long terme, fondée sur des principes, toute vision politique du monde publiquement débattue. Dans le régime de la gouvernance, nous sommes invités à devenir des petits partenaires obéissants, incarnant à l'identique une vision moyenne du monde, dans une perspective unique, celle du libéralisme.
Jouer le jeu veut pourtant dire accepter des pratiques officieuses qui servent des intérêts à courte vue, se soumettre à des règles en détournant les yeux du non-dit, de l'impensé qui les sous-tendent. Jouer le jeu, c'est accepter de ne pas citer tel nom dans tel rapport, faire abstraction de ceci, ne pas mentionner cela, permettre à l'arbitraire de prendre le dessus. Au bout du compte, jouer le jeu consiste, à force de tricher, à générer des institutions corrompues.
La corruption arrive ainsi à son terme lorsque les acteurs ne savent même plus qu'ils sont corrompus.
Comment résister à la médiocratie ?
Résister d'abord au buffet auquel on vous invite, aux petites tentations par lesquelles vous allez entrer dans le jeu. Dire non. Non, je n'occuperai pas cette fonction, non, je n'accepterai pas cette promotion, je renonce à cet avantage ou à cette reconnaissance, parce qu'elle est empoisonnée. Résister, en ce sens, est une ascèse, ce n'est pas facile.
Revenir à la culture et aux références intellectuelles est également une nécessité. Si on se remet à lire, à penser, à affirmer la valeur de concepts aujourd'hui balayés comme s'ils étaient insignifiants, si on réinjecte du sens là où il n'y en a plus, quitte à être marginal, on avance politiquement.
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Alain Deneault
La gouvernance, qui depuis a fait florès, est une forme de gestion néolibérale de l’État caractérisée par la déréglementation et la privatisation des services publics et l'adaptation des institutions aux besoins des entreprises. De la politique, nous sommes ainsi passés à la gouvernance que l'on tend à confondre avec la démocratie alors qu'elle en est l'opposé.
Dans un régime de gouvernance, l'action politique est réduite à la gestion, à ce que les manuels de management appellent le « problem solving » : la recherche d'une solution immédiate à un problème immédiat, ce qui exclut toute réflexion de long terme, fondée sur des principes, toute vision politique du monde publiquement débattue. Dans le régime de la gouvernance, nous sommes invités à devenir des petits partenaires obéissants, incarnant à l'identique une vision moyenne du monde, dans une perspective unique, celle du libéralisme. [..]
Jouer le jeu veut pourtant dire accepter des pratiques officieuses qui servent des intérêts à courte vue, se soumettre à des règles en détournant les yeux du non-dit, de l'impensé qui les sous-tendent. Jouer le jeu, c'est accepter de ne pas citer tel nom dans tel rapport, faire abstraction de ceci, ne pas mentionner cela, permettre à l'arbitraire de prendre le dessus. Au bout du compte, jouer le jeu consiste, à force de tricher, à générer des institutions corrompues.
La corruption arrive ainsi à son terme lorsque les acteurs ne savent même plus qu'ils sont corrompus.
Comment résister à la médiocratie ?
Résister d'abord au buffet auquel on vous invite, aux petites tentations par lesquelles vous allez entrer dans le jeu. Dire non. Non, je n'occuperai pas cette fonction, non, je n'accepterai pas cette promotion, je renonce à cet avantage ou à cette reconnaissance, parce qu'elle est empoisonnée. Résister, en ce sens, est une ascèse, ce n'est pas facile.
Revenir à la culture et aux références intellectuelles est également une nécessité. Si on se remet à lire, à penser, à affirmer la valeur de concepts aujourd'hui balayés comme s'ils étaient insignifiants, si on réinjecte du sens là où il n'y en a plus, quitte à être marginal, on avance politiquement.
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On comprend également, au vu de cette approche, que les paradis fiscaux ne se laissent en rien réduire à cette image exotique d’îles lointaines où l’on se contente de planquer son butin, avant de l’intégrer aux circuits de l’économie licite. Au contraire, les législations de complaisance constituent les assises hors-la-loi du capitalisme. La spéculation par les mathématiques et l’informatique qui y a cours est déconnectée des enjeux sociaux, tandis que l’opacité des législations de complaisance permet à des administrateurs de mener en toute quiétude des manœuvres que d’aucuns considèrent de fait comme criminelles.
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Les législations de complaisance retournent la loi comme un gant et rendent licite ce qui est interdit ou normalement sujet à contrôle ailleurs.
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Il suffit d’avoir fréquenté le cinéma de masse, les romans à suspense ou les bandes dessinées d’espionnage pour être tombé, dès l’adolescence, sur les références aux paradis fiscaux les plus usitées: la Suisse, le Luxembourg, Singapour, Hong Kong, les Bermudes ou les Îles Caïmans… La conscience publique a progressivement intégré le fait qu’en marge des États traditionnels (le Canada, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, le Mexique, le Brésil, l’Australie, le Japon…) se profile un réseau d’États parallèles permettant de mener des opérations en marge de la loi, et ce, de façon massive. Celles-ci consistent en des détournements de fonds, des actes de corruption, des tactiques d’évitement fiscal ou encore des pratiques répréhensibles dans des domaines aussi variés que le transport maritime, la fusion d’entreprises multinationales, le blanchiment d’argent ou la finance à risque.
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Rangez ces ouvrages compliqués, les livres comptables feront l'affaire. Ne soyez ni fier, ni spirituel, ni même à l'aise, vous risqueriez de paraître arrogant. Atténuez vos passions, elles font peur. Surtout, aucune bonne idée, la déchiqueteuse en est pleine. Ce regard perçant qui inquiète, dilatez-le, et décontractez vos lèvres – il faut penser mou et le montrer, parler de son moi en le réduisant à peu de chose : on doit pouvoir vous caser. Les temps ont changé (...) : les médiocres ont pris le pouvoir
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« Au fond, est maître tout ce qui nous provoque, et aussi éventuellement tout ce qui vous souffle des réponses par rapport à la provocation. Cette double fonction de vous provoquer et de vous souffler des réponses, elle passe par une multitude de textes qui peuvent aller des prières d'enfant jusqu'à Kant et à Hegel et par toutes sortes de rencontres offertes par des personnes comme par des textes. »

citant Jacques Rancière
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L'expert, auquel se confond aujourd'hui la majorité des universitaires, s'érige bien entendu comme la figure centrale de la médiocratie. Sa pensée n'est jamais tout à fait la sienne, mais celle d'un ordre de raisonnement qui, bien qu'incarnée par lui, est mû par des intérêts particuliers. L'expert s'emploie alors à en transfigurer les propositions idéologiques et les sophismes en objets de savoir apparemment purs — cela caractérise sa fonction. Voilà pourquoi on ne peut attendre de lui aucune proposition forte ou originale.
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Chaque génération aura dénoncé le phénomène en tant qu'il s'amplifie, témoins les carnets du poète Louis Bouilhet cité par son ami Gustave Flaubert ; « Ô médiocratie fétide, poésie utilitaire, littérature de pions, bavardages esthétiques, vomissements économiques, produits scrofuleux d'une nation épuisée, je vous exècre de toutes les puissances de mon âme ! Vous n'êtes pas la gangrène, vous êtes l'atrophie ! Vous n'êtes pas le phlegmon rouge et chaud des époques fièvreuses, mais l'abcès froid au bords pâles, qui descend, comme d'une source, de quelques carie profonde ! »
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Si on est minimalement rigoureux, le racisme ne peut donc pas se comprendre autrement que sur un mode systémique. On se défend d'être raciste forcément lorsque le phénomène sévit, comme on se défendra beaucoup moins de discrimination envers les chauves qu'envers les Noirs, parce que le fait social de la discrimination envers les premiers est bien moins prégnant socialement. Aurait-on l'idée tout à coup de se moquer d'eux ou des gens qui ont des cheveux frisés ? Un trait distinctif aussi banal ne porte pas dans notre société et, assurément, la remarque tomberait à plat. Elle ne serait soutenue par aucun gaz social. L'invective raciste n'est jamais une affaire individuelle, de celui qui, pour lui-même, l'est ou ne l'est pas. Sa codification transcende la simple liberté individuelle. (16)
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Coincé entre le colonisateur, qui définit en fonction de ses intérêts le dessein colonial, et le colonisé broyé par l'entreprise de pillage, voire d'extermination, que celui-là met en œuvre, le colon apparaît comme le strict agent du projet d'exploitation. Au Canada, il cherche une légitimité historique et morale entre l'establishment financier qui l'exploite et les peuples d'origine qu'il spolie. (14)
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