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Citations de Alain Mascaro (97)


Porte cette pierre autour de ton cou, Anton, et touche-la ou regarde-la à chaque fois que tu douteras de toi. Car les âmes blessées sont semblables à cette pierre, mon garçon. Les fêlures intimes sont comme ces cristaux de rutile dans le cristal de roche : des cheveux d'or pris dans la matière... Les âmes rutilées sont infiniment précieuses, bien plus que les âmes intactes... Regarde, on appelle aussi ces cristaux des cheveux d'anges... Crois-tu que cette pierre aurait la même valeur sans ces fils d'or qui la parcourent en tous sens ? Oui, ces infimes cristaux sont la marques des âmes blessées qui ne sont pas brisées. Celles qui ont résisté à l'agression, aux pires coups, à la douleur, au sang versé, à la mort, que sais-je encore, sans rien perdre de leur intégrité ni de leur pureté. Pourquoi certaines âmes se brisent-elles et d'autres non, pourquoi certaines sécrètent-elles ces délicates cicatrices rutilantes ? Je l'ignore. C'est une merveilleuse alchimie en vérité, comme celle qui a présidé à la naissance de cette pierre. Si tu creuses la terre, tu trouveras mille cristaux ordinaires avant d'en trouver un parsemé de ces cheveux d'or. Il en va de même avec les âmes. Seules les âmes rutilées me sont chères, Anton ; Et la tienne est infiniment précieuse.
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Lorsqu’il arriva en vue des faubourgs de la capitale autrichienne, il eut la brève tentation de continuer à marcher tout droit vers le soleil levant, à travers l’Europe et l’Asie centrales. Mais il y avait plus que des frontières à traverser maintenant, il y avait un rideau de fer, et ce que Jag avait fait en temps de guerre, il était désormais impossible de le faire en tant de paix, si l’on pouvait appeler cela la paix. Quel étrange et absurde monde que celui des gadjé ! Il allait falloir louvoyer, être malin, trouver des interstices, des subterfuges, d’infimes trous de souris pour pouvoir se glisser jusqu’aux steppes lointaines et retrouver la lumière, le feu, le sang de l’enfance, peut-être la délivrance.
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A chaque alerte aérienne, on les voyait se hâter comme au ralenti vers les vastes terrains vagues, lugubres déserts qui avoisinaient l’usine. Couchés à même le sol, agglutinés, empilés os contre os, ils semblaient former un extravagant charnier, préfiguration du destin qui les attendait presque tous.
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Certains jours, quand le vent soufflait vers la Buna, l'air apportait ces âcres cendres, cette odeur charnue, insoutenable. On respirait la mort. "Inspire ! Inspire ! Disait encore Katok. Garde cet air-là au fond de tes poumons. Garde cette poussière d'âmes. Un jour, bientôt, tu iras les libérer ailleurs, tu leur donneras une vraie sépulture: le vent des steppes, le foehn ou le simoun, que sais-je ? Mais respire! Respire les morts! Ils t'en sauront gré!"
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« Dis-moi, mon garçon, qu'est-ce qui est mieux pour un mouton, le berger ou le loup ?
- Le berger.
- Et qui tond le mouton ?
- Le berger.
- Et qui le tue pour le manger ?
- Le loup !
- Non, Anton. C'est encore le berger. [ ... ] Mais qui donc protège le mouton quand le berger vient l'immoler ?
- Personne.
- Et pourtant de qui a peur le mouton : du berger ou du loup ?
- Du loup !
- Oui mon garçon, voilà bien tout le drame des hommes : ils sont exactement comme les moutons. On leur fait croire à l'existence des loups et ceux qui sont censés les protéger sont en fait ceux qui les tondent et les tuent. »
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C’était un fabuleux conteur qui connaissait par cœur des centaines de récits du monde entier, notamment et surtout ceux des peuples sans écriture. Il affirmait avec véhémence que la vérité du monde était tout entière inscrite dans les mythes et les contes de tradition orale, qu’ils procédaient par images, par figures, pour formuler les équations essentielles qui régissaient les existences humaines
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Quoi qu'il en soit si tu veux obtenir quelque chose d'un homme, parle au Fils du vent qui est encore en lui, et non pas à tout ce qui l'entrave. Enlève la selle et le mors à ton cheval; enlève aux hommes leurs oripeaux sociaux, leurs chaînes et tout ce qui les entrave : considère les nus et tu sauras qui ils sont...
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« Hier c’était l’enfance, murmura-t-il, et voilà que je m’en vais ! »
Et il s’est éteint doucement en prononçant ces mots, assis au bord du feu, comme une étoile qui peu à peu disparaît du ciel. (p.244)
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En vérité, je suis un arbre errant. Si l'on me fiche en terre, je mourrai !
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« Dis-moi, mon garçon, demandait Jag qui aimait les fables, qu’est-ce qui est mieux pour un mouton, le berger ou le loup ?
–le berger.
–Et qui tond le mouton ?
–Le berger.
- Et qui le tue pour le manger?
–Le Loup !
–Non, Anton. C’est encore le berger . Il est bien rare qu’un loup parvienne à tuer un mouton, parce que le berger veille, et il a de gros chiens. Mais qui donc protège le mouton quand le berger vient l’immoler ?
–Personne.
–Et pourtant, de qui a peur le mouton : du berger ou du loup ?
–Du loup!
–Oui, mon garçon, voilà bien tout le drame des hommes : ils sont exactement comme les moutons. On leur fait croire à l’existence de loups et ceux qui sont censés les protéger sont en fait ceux qui les tondent et qui les tuent. »
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Elle s'était peu à peu libérée de corsets qu'elle ignorait porter, l'idée de ses propres limites, la peur de trébucher, la peur de l'autre, du regard de l'autre, l'angoisse de ne pas avoir de toit au-dessus de soi, juste le ciel vaste. Cette libération avait été lente et douloureuse comme un enfantement.
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Ainsi le vieux Johann était-il mort trois jours plus tôt. Jamais il ne connaîtrait l'enfant à venir.
Ce jour-là, le jour où le son père s'en était allé, Stevan avait appris que lui-même allait devenir père. Une vie pour une vie, tel était le tribut à payer depuis toujours. Dès qu'une âme s'envolait, une autre se posait dans le creuset d'une mère, sur l'orbe d'un ventre rond comme un monde. C'était si étrange de connaître la douleur, la tristesse et la joie en même temps !
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Et pourtant de qui a peur le mouton: du berger ou du loup?
Du loup!
Oui mon garçon, voilà bien tout le drame des hommes : ils sont exactement comme les moutons. On leur fait croire à l'existence de loups et ceux qui sont censés les protéger sont en fait ceux qui les tondent et les tuent.
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La mort était abstraite, inimaginable, on ne savait pas de quoi elle était faite; peut être de néant, d'un incommensurable vide; en tous cas, c'est ce qu'elle laissait chez les vivants.
p 69 et 70.
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Ce soir-là, la musique était une fugue où tristesse et espoir se poursuivaient l'un l'autre. Elle faisait des voltes et des cabrioles, partait, revenait, disait le vent des steppes libres, la neige et la glace, les torrents médusés de l'hiver et ceux, bavards, du printemps ; elle disait la peur, l'angoisse des seuils au visage d'ombre, la mort et le sang, la fragile palpitation de la vie. C'était un air bien singulier en vérité, sans nationalité particulière mais empreint des traits les plus profonds des pays et des peuples embrassés par Jag : résignation et exubérance des steppes, fierté andalouse, jubilation tzigane, jaune et safran du Rajasthan, allégresse triste des Ashkénazes, cavalcades mongoles, plaintes berbères...
Lorsque le violon se tut, il abandonna derrière lui une brutale et longue traîne de silence.
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Tout homme normalement constitué devrait faire un séjour en prison, pour comprendre et mesurer le prix de la liberté.
p 157
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Le voyage dura quatre jours. Souvent, le train s’arrêtait des heures en rase campagne, en plein soleil, pour une raison inconnue. Dans les wagons, la chaleur était atroce, la soif une torture ; l’air chargé d’odeurs acres et piquantes, urine, sueur, dysenterie, brûlait la gorge et les poumons. Certains étaient morts debout et le restaient, coincés entre les vivants formant linceul.
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Porajmos, l'engloutissement, la dévoration: c'est bien ainsi que les tziganes désigneraient par la suite le génocide dont ils avaient été victimes, mais très peu en parleraient, à quoi bon? Pour triompher du malheur, il faut le profaner. Et quelle plus belle profanation que la vie elle-même ? Que la force vive de la vie ? Reprendre les voies du vent, faire des enfants, essaimer des tribus sur les chemins d'Europe et du monde, triompher de la mort en s'en riant!
p 142 et 143
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On s'était habitué à la mort à une vitesse effrayante.
On s'était habitué à laisser partir les proches sur une charette, sans cérémonie, presque sans pleurs. On était comme anesthésié, hébété. La mort était devenue banale. Mais elle n'avait rien de familier.
p 66
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Dans les wagons, la chaleur était atroce, la soif une torture ; l’air chargé d’odeurs âcres et piquantes, urine, sueur, dysenteries, brûlait la gorge et les poumons. Certains étaient morts debout et le restaient, coincés entre les vivants formant linceul. (p.97)
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