AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Alain Vircondelet (129)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Albert Camus : Fils d'Alger

Albert Camus et l'Algérie : une histoire d'amour, tellement intense qu'elle lui inspire ce pressentiment : "Ma terre perdue, je ne vaudrais plus rien" (Carnets III 1951-1962)... Source majeure de son inspiration, l'Algérie est en effet le théâtre de deux de ses principaux ouvrages, celui qui ouvre son oeuvre littéraire, Noces, écrit en 1936 et 1937, et celui qui la clôture, dont le manuscrit est retrouvé dans sa sacoche lors de l'accident qui lui coûte la vie en 1960, le premier homme ; le premier homme, comme une inlassable quête des "premiers jours du monde" (page 212), du "premier sourire du monde" (page 200), et finalement, de la splendeur originelle de la Création. J'ai spontanément pensé aux magnifiques vers de Charles Péguy, évoquant dans "Ève" le paradis terrestre :

"Et la vasque et la source, et la haute terrasse / Et le premier soleil sur le premier matin".



Admirer et aimer, deux des principes qui lui sont chers, Albert Camus va justement trouver dans son pays natal, auquel le lie un attachement charnel, le cadre pour les mettre en pratique.

Admirer les sites romains de Tipasa et de Djemila, dont il fait le thème de deux des quatre chapitres de Noces, ou la baie d'Alger et son anse parfaite, à partir des hauteurs d'El Biar, du Télemly, ou de la terrasse de la "Maison devant le Monde" (page 162). Tipasa, que les premières lignes de Noces décrivent ainsi : "Au printemps, Tipasa est habité par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes". Tout à son admiration, Camus précise que "la terre, au matin du monde, a dû surgir dans une lumière semblable". Ce site romain a été pour Albert Camus source d'émerveillement, de bonheur et de paix. Une stèle y est d'ailleurs gravée avec d'autres mots de Noces : "Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure", une pensée directement inspirée de Saint-Augustin, autre grande figure de l'Afrique du Nord, qui disait que la mesure de l'amour, c'est d'aimer sans mesure...



Aimer les humbles, ceux qui sont de la même extraction que lui, au premier rang desquels sa mère, tous les damnés de la terre, notamment ceux dont il dénonce le sort dans Misère de la Kabylie dès 1939. Aimer les femmes aussi, auprès de qui son charme opère naturellement et parmi lesquelles il multiplie les conquêtes : Simone Hié, dont il divorce peu de temps après le mariage, Christiane Galindo, Blanche Balain, Francine Faure, l'épouse avec qui il aura ses enfants, Yvonne Ducailar, et celles qu'il rencontre après la seconde guerre mondiale, Maria Casarès, Catherine Sellers, Mette Ivers, et d'autres peut-être... Conscient de son donjuanisme, il s'interroge d'ailleurs dans ses Carnets 1935-1942 sur la manière de "renoncer à cette servitude qu'est l'attirance féminine" et invoque la chasteté : "Chasteté, ô liberté" (Cahiers). Aimer enfin le théâtre, dont il apprécie le travail collectif des répétitions, et où ses pensées prennent vie, cette vie solidaire qui l'épanouit.



Dans les années 1950, Albert Camus s'inquiète de la montée des revendications des Arabes et, par contraste, de l'inaction persistante de la France. Par voie de presse, il alerte sur la nécessité d'agir pour davantage de justice en Algérie, pour le bien des deux communautés. Après avoir quitté le parti communiste parce que ce dernier prend fait et cause pour une communauté contre l'autre, Albert Camus s'éloigne aussi de Jean-Paul Sartre, très critique lors de la parution de l'homme révolté et méprisant sa "sensibilité" méditerranéenne (page 332).



Grâce à cette biographie lumineuse et chaleureuse qu'Alain Vircondelet, autre fils d'Alger, a consacrée à Albert Camus, le lecteur reçoit une sorte d'invitation, d'une part au voyage sur les terres de l'écrivain et d'autre part à la découverte de son oeuvre littéraire. Il peut aussi et surtout faire sien l'hommage rendu par René Char lors de la mort d'Albert Camus : "Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n'est pas le silence". Paradoxe de l'Histoire, c'est sur la route de Sens que le philosophe de l'absurde a trouvé la mort.
Commenter  J’apprécie          20
De l'or dans la nuit de Vienne selon Klimt

Un récit original et prenant pour plonger dans l'histoire d'une oeuvre et de l'artiste qui en est à l'origine. Malgré quelques longueurs, on ne peut qu'être happé par l'histoire. Amoureux de Klimt ou de l'art d'une façon générale, ce récit oscillant avec brio entre romanesque et enquête historique nous offre un autre regard sur un tableau connu de tous
Commenter  J’apprécie          20
Albert Camus et la guerre d'Algérie

On dit que nul n'est prophète en son pays : Camus aurait pu contresigné cette citation biblique. Cette biographie le dessine, passionnément français, passionnément algérien.

Insurgé contre la misère du peuple indigène, incapable d'imaginer une Algérie qui ne soit pas française. Fils de deux peuples, mais d'une seule terre. Il mécontenta à la fois cm ses "amis" existentialistes, pour qui les français d'Algérie, installés là depuis des générations, devraient partir, et les conservateurs, qui l'estimaient trop proche du peuple indigène...



Je suis entrée dans ce texte sans a priori, n'ayant d'Albert Camus qu'une connaissance des plus vagues. A peine connaissé-je ses oeuvres phares (et encore, à la lecture de cette biographie particulière, je me rends compte que je n'en connais que quelques unes...).

J'ai découvert un homme profond, réfléchi, une Cassandre moderne qui vit l'avenir sans réussir à convaincre...



L'amour de Camus pour l'Algérie transparaît entre les lignes, de la lumière éclatante de Tirasa à l'air marin des premiers pique-niques de l'année en bord de mer...



Une belle lecture !!



Un grand merci à NetGalley et aux éditions du Rocher pour cette lecture !!
Commenter  J’apprécie          20
De l'or dans la nuit de Vienne selon Klimt



Quel beau voyage dans l’univers de Klimt ❤️



Encore une belle découverte des éditions Ateliers Henry Dougier, j’aime beaucoup la peinture, ce livre m’a permis de plonger dans l’univers de l’artiste, dans ses inspirations, dans le « Cycle d’or », dans l’histoire de la création du magnifique « Le Baiser ».



C’est court et intense, c’est riche !

Un mélange de récit et d’enquête historique !

C’est beau, c’est passionnant ❤️



J’aimais l’œuvre de Klimt, je suis désormais complètement conquise…..

Commenter  J’apprécie          20
Séraphine : De la peinture à la folie

C'est avec curiosité que j'ai commencé cette biographie ne connaissant ni Séraphine Louis ni ses toiles. Je me souvenais vaguement avoir entendu parler d'un film retraçant la vie peu commune d'une femme inculte, illuminée par la peinture interprétée par Yolande Moreau, mais qui n'avait pas vraiment éveillé mon intérêt.



La première cinquantaine de pages m'a paru lourde, longue, pesante tant le personnage de Séraphine est triste, morne, solitaire avec une vie difficile. Cette difficulté à rentrer dans le sujet n'a rien à voir avec le talent de l'auteur mais tout à voir avec la monotonie d'un début de vie incolore. Pauvre, rapidement placée comme "bête de somme" pour assumer les travaux de ferme et le ménage des maisons, elle voue sa vie à Dieu et la Vierge Marie. N'ayant aucune dote à offrir, elle ne peut prendre le voile pour devenir nonne; malgré tout elle entre au couvent pour contribuer aux travaux d'entretien des Soeurs pendant une vingtaine d'années. Il est difficile d'établir une biographie exacte de cette époque comme pour tous les "invisibles", les nécessiteux qui ne laissent aucune trace derrière eux. Mais ce départ laborieux est un passage obligé car connaître le parcours et les racines des personnages est important pour saisir l'empreinte qu'ils ont laissée sur le comportement et le déroulé de leur vie future.



Mon intérêt s'est éveillé dès que Séraphine a saisi un pinceau pour coucher ses premières couleurs sur des bouts de bois de récupération. Impossible d'avancer dans ma lecture avant de visionner les quelques toiles restantes disséminées dans les musées qui veulent bien les exposer. À partir de cet instant, je me suis totalement laissée emporter par les délires picturaux de l'artiste méconnue. Son oeuvre est classée dans l'Art Naïf mais ses tableaux ne peuvent rester enfermés dans une case bien délimitée, tout comme la femme. Ses fleurs sont tourmentées, sans cesse en mouvement tout comme son esprit en proie à la folie naissante qui finira par l'anéantir. Ses couleurs incandescentes, dont elle ne dévoilera jamais le secret de fabrication, expriment une rage de peindre comme si elle n'avait pas de temps à perdre. Les deux ne sont pas sans rappeler la fureur créatrice et dévastatrice de van Gogh. Est-ce sa vocation religieuse contrariée, sa solitude ou le rejet que lui fait subir la société qui la tourne vers la peinture? Elle attribue ses tableaux à l'inspiration divine, sa façon d'établir un dialogue avec Marie et tous les Saints. On peut constater que les tailles des toiles, leur construction et leur beauté s'accroissent avec le temps. Peut-être un peu par la maîtrise qu'elle acquiert mais surtout en parallèle de son délabrement psychique. La cacophonie de ses voix intérieures la plonge dans une transe mystique que seule la pratique de la peinture semble apaiser.



Le hasard a mis sur son chemin Wilhem Uhde, collectionneur, marchand d'Art et mécène, ami du célèbre Ambroise Vollard et "découvreur" de Picasso et d'Henri Rousseau entre autres. C'est grâce à lui que Séraphine de Senlis n'est pas restée dans l'ombre car il lui a acheté toute sa production, tant il a été bouleversé par ses représentations végétales illuminées et tourbillonnantes. Malheureusement, beaucoup de ces tableaux ont disparu, victimes de la destruction aveugle de "l'art dégénéré" orchestrée par le nazisme. Uhde étant notoirement pacifiste et homosexuel, il s'est caché de la Gestapo avec quelques toiles, celles que nous pouvons admirer aujourd'hui.



Même si l'auteur n'y faisait pas référence à plusieurs reprises, il est impossible de ne pas penser à Camille Claudel (1864-1943), son exacte contemporaine. Ces deux femmes artistes, restées longtemps dans l'ombre ont connu la même fin tragique, terrassées par la folie, refusant de pratiquer leur art pendant tout le temps de leur internement. Ce sont leurs seuls points communs car leurs origines n'ont rien en commun, Séraphine étant née dans un milieu pauvre dont elle ne sortira jamais et Camille de famille bourgeoise aisée pourra suivre une instruction liée à son art. La première totalement autodidacte est animée d'une force mystique alors que la seconde cherche à modeler la palpitation de la vie et sa force destructrice.



Mille mercis à mon amie Gouggy pour m'avoir fait découvrir ce livre et surtout l'artiste "sans rivâle" comme elle aimait à se définir, la mystique qui peignait le mouvement, les pigments de la vie et de sa folie. Inculte, sans formation d'aucune sorte, elle puisait son inspiration dans la nature, répondait en images aux voix qui la guidaient et l'habitaient et qui ont fini par la noyer dans un délire métaschizophrénique.



Pour compléter cette découverte aussi fascinante que troublante, je vais m'empresser de visionner le film Séraphine de Martin Provost (2008), récompensé de pas moins de 7 Césars ne sachant pas s'il va faire vibrer les mêmes cordes sensibles touchées par le livre.
Commenter  J’apprécie          20
De l'or dans la nuit de Vienne selon Klimt

Bonsoir,

L’histoire d’un chef d’œuvre ce soir avec De l’or dans la nuit de Vienne selon Klimt de Alain Vircondelet aux Ateliers Henry Dougier que je remercie. Une nouvelle collection qui nous raconte l’histoire d’un tableau, ici le Baiser de Klimt. Entre documentaire et roman, j’ai découvert quelques pans de la vie de Klimt et de son œuvre. Ses relations avec les femmes, avec l’or et le divin. Je me suis transportée dans l’atelier d’un artiste à Vienne en écoutant du Mahler. J’ai peint avec Klimt pour atteindre cette grâce dans ce tableau. Un voyage ! j’ai beaucoup aimé.

Quatrième de couv. Mêlant récit romanesque et enquête historique, l'auteur raconte l'histoire d'un tableau célèbre.

" La toile aux dimensions inhabituelles sortait peu à peu de sa solitude de lin. Klimt l'avait recouverte d'une ample couche d'or mat, au cuivré profond, d'une densité puissante propre à accueillir le motif. Il se souvenait des fonds des fresques de Ravenne et des coupoles de San

Marco et de Torcello, tous dorés eux aussi, aptes à recevoir. L'or comme un ciel offert à toutes les promesses, disait-il. Car de lui naîtrait l'objet même du tableau... "

Le Baiser de Klimt est devenu le tableau de tous les records : le plus connu du XXe siècle, le plus admiré, le plus copié, le plus " marchandisé "... Mais que sait-on de sa création ? Et surtout, quel sens Klimt a-t-il voulu donner à son chef-d'oeuvre ?



Extraits :

« Vous voyez, Josef, c’est cet enchâssement que je veux peindre dorénavant, cette laideur dans l’or éternel, ces hideurs dans l’éternité de l’or. Parce que Vienne est devenue cela, et, en même temps, sauver l’amour, les champs de fleurs, les arbres qui croulent sous leurs fruits, et la plainte amoureuse des femmes quand elles aiment, en les sertissant d’or, pour que tout reste dans cette beauté impeccable, séparé du reste du monde. »

« Ce qu’il voulait montrer, c’était l’idée que seule l’union de deux corps que l’or transmue en âmes est capable de vaincre le malheur humain, universel, celui qui oblige au dépérissement du corps, à sa décrépitude, à sa déchéance. »

« Ce ne serait pas un baiser, mais l’haleine d’un baiser, ainsi déposé sur la joue droite de l’Aimée, parole transmise dans l’invisible de l’amour. »
Commenter  J’apprécie          20
Les couples mythiques de l'histoire de l'art

Un livre magnifique qui nous présente des couples qui ont marqué le monde de l'art de la Renaissance à nos jours.

On y rencontre différentes formes de l'amour : l'amour torride, l'amour tragique, l'amour discret, le grand amour, ...

Dans certains de ces couples les deux sont artistes et se complètent, font carrière tous les deux ou ont des projets artistiques communs. Dans d'autres couples, la compagne est la muse de toute la création de l'artiste. On rencontre également la passion destructrice, on ne peut ni vivre ensemble ni séparément.

Un livre que je ne peux que conseiller à tous les amateurs d'art.
Commenter  J’apprécie          20
Le grand guide de Venise : Sur les pas de C..

Un livre magnifique qui met en parallèle les œuvres de Canaletto et Guardi avec leur situation actuelle ; et , miracle de Venise , il y a peu de différences . J’espère bien ajouter encore une fois mes modestes photos à ces images qui transcendent les siècles.
Commenter  J’apprécie          20
Les couples mythiques de l'histoire de l'art

Un très beau livre parlant d'art et d'amour : Pierre & Gilles, Frida Kahlo & Diego Riviera, Munch, Bon gars, Cezanne, Renoir, Balthus, Picasso...: 32 portraits d'artistes a découvrir. De jolies photos et œuvres d'artistes.

Je recommande ce livre !
Commenter  J’apprécie          22
Nulle part qu'à Venise

Venise décortiquée en histoires et en sentiments, mais aussi en impressions, et bien plus que cela... Le talent et la jolie plume de l'auteur nous emmènent à Venise et nous y immergent. On ressent la Sérénissime comme si l'on était Vénitien soi-même. Un must pour les amoureux de la Sérénissime.
Commenter  J’apprécie          20
Le grand guide de Venise : Sur les pas de C..

Voici une passionnante visite de la Cité des Doges ! Sur plus de 150 lieux, au détour de 12 circuits dans les 6 Sestièri de Venise, que le lecteur peut situer sur des plans, on nous présente une toile en parallèle avec la photo de ce même endroit aujourd'hui, avec une analyse précise.

80 chefs-d'oeuvre de grands maîtres vénitiens dont plusieurs tableaux de Canaletto sont tous commentés afin de restituer la vie vénitienne au XVIIIe siècle. Chaque palazzo, chaque église sont passés au crible, les détails sont légion et l'ouvrage est de qualité.
Commenter  J’apprécie          20
L'art jusqu'à la folie

Un livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Si j'ai choisi cet ouvrage, c'est parce que le thème de la folie m'intéresse ; encore plus lorsqu'il est associé à l'art.

Ce fut intéressant de découvrir la vie de ces trois femmes, même si je dois avouer que j'ai eu du mal à accrocher au style de l'auteur. La façon dont les choses sont racontées semble parfois un peu brouillonne, on ne comprend pas tout, certaines phrases sont particulièrement sibyllines.



Les quelques pages en couleurs présentant les œuvres sont les bienvenues : elles m'ont permis de mieux appréhender le travail de ces artistes — même je dois avouer que j'aurai aimé en voir encore plus, mais je me rend bien compte du prix de reproduction et des droits à payer. En outre, la couverture est très belle.
Commenter  J’apprécie          20
Cet été-là, de braise et de cendres

Il est fréquent de faire d’un personnage historique, voire d’un romancier, un personnage de romans. Je pense notamment à ces romans policiers qui transforment des écrivains connus en enquêteurs, comme dans la série des Oscar Wilde de Gyles Brandeth. La situation est différente ici puisqu’il ne prétend pas transformer Duras en personnage, mais révéler un pan de la vie du personnage Duras. Ce livre a été écrit par un spécialiste de Marguerite Duras, plus encore devrais-je dire, par un passionné de l’écriture de Marguerite Duras, de la femme qu’elle a été. Il suffit de lire pour cela l’imposante biographie finale. Il suffit aussi de lire ce livre, qui ne sombre pas dans l’écueil de l’anticipation.

Duras avant Duras, Duras et ses contradictions, Duras pendant la guerre, quand celui qui était alors son mari fut déporté puis revint, avant de revenir à la vie, alors qu’elle-même était amoureuse d’un autre homme. Les pièges de l’anticipation sont évités. Même si le lecteur sait que cette jeune femme deviendra une des plus grandes écrivains du XXe siècle, il n’est pas fait allusion aux oeuvres futures, aux succès, aux amours non plus. Mais il parle des circonstances qui ont fait naître le désir d’écrire, le désir d’écrire autrement, des compromissions aussi que Marguerite fit pour être publiée. Nous voyons l’oeuvre de Duras en 2016, nous avons oublié qu’être publié pendant la guerre, ou juste après la guerre nécessitait des compromissions (avec l’ennemi), du matériel (pourquoi user du papier pour une écrivain inconnue ?) ou entraînait des prises de risques importantes. Marguerite fréquenta collaborateurs et résistants, cherchant à savoir ce qu’il était advenu de son mari, le retrouvant presque par le fait du hasard.

Le rythme est lent, comme est lent le retour à la vie de ceux qui sont revenus, de Robert. Les descriptions de la campagne montre que la nature est toujours là, belle, apaisante. La guerre n’est pas terminé pour autant, l’épuration débute, les bombardements se poursuivent, ailleurs.

Cet été-là, de cendre et de braises offre un éclairage romanesque sur les premières années d’écrivain de Marguerite Duras. Je pense cependant qu’il touchera essentiellement les passionnés de l’oeuvre de Duras.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
Commenter  J’apprécie          20
Sur les pas de Marguerite Duras

Magnifiques illustrations de Anne Steinlein, un bel ouvrage pour découvrir ou redécouvrir la vie de Marguerite Duras.
Commenter  J’apprécie          20
Saint Exupéry : Vérité et légendes

De la rose d'une soeur,celle de Marie Madeleine qui ne coupait pas les fleurs de peur qu'elles ne souffrent, celle de l'enfance d'un enfant roi,au regard disponible à l'émerveillement,celle des jours heureux de château en château aux côtés d'une mère aimante et aimée, salut,rempart,repère, à la rose de Consuelo "femme de coeur vive et loyale "aux quatre épines de rien du tout qui le protège du monde", qui éclaire sa vie de son exotisme, il y a celle du Petit Prince: tour à tour "Pique la lune", poète,rêveur mélancolique et solitaire qui cherche le trésor au fond de lui,"Tatane" médiocre étudiant chahuteur,dont le père mort "devenu montagne" va "s'établir au milieu des airs" pour le surpasser car "la cloture du monde est précaire et aléatoire", Saint Ex le pilote qui s'énivre "de voltiges, "sésame des mondes intérieurs " pour "renoncer aux amours qui mentent", comme d'une envie de Dieu, pour approcher les étoiles", qui veut "comprendre au delà de voler", Saint Exupéry l'écrivain dont le mal être et l'errance existentielle féconde l'oeuvre,Tonio le passionné, impatient,fougueux,impétueux qui par delà les orages,les brouilles,les infidélités et l'énigmatique E.émancipée et intellectuelle, sera l'homme d'un seul amour, Ô Consuelo,"oiseau des iles", qu'il invoquera toujours à l'image d'une Madone car elle est l'étoile innocente et naïve qui croit en Dieu et le sauve des grands vertiges.

Un reportage fouillé, un beau témoignage,un superbe livre aux photos en noir et blanc qui nous ouvre grand les portes des jardins secrets de celui qui fut un aviateur courageux (fauché par la mort en cours de mission à 44 ans) et un grand écrivain dont l'oeuvre "prône une morale de l'action et du devoir fondée sur la croyance en la grandeur de l'homme."(cf dictionnaire Hachette)

Un livre qui éclaire et touche,qui "crée des liens" comme disait le Renard du Petit Prince, qui "apprivoise", qui "partage les nuits de Bible faites d'étoiles et de vent", qui montre la voie pour "devenir vaste".

Sublime!
Commenter  J’apprécie          20
Antoine et Consuelo de Saint-Exupéry : Un amo..

Cet ouvrage, offert pour l’un de mes anniversaires, mérite le détour pour la qualité de son iconographie… Et finalement Saint Exupéry est un personnage de l’histoire de la littérature… et de l’Histoire tout court…



Une bien belle histoire de deux êtres exceptionnels pris dans la tourmente de l’entre deux guerres et de la seconde guerre mondiale.



La personnalité écrasante de Saint-Exupéry est mise en perspective, au regard de celle qui fut son épouse légitime et qu’il aima toute sa vie même si son amour ne rimait guère avec fidélité et présence à ses côtés.



.../...
Lien : http://www.bir-hacheim.com/u..
Commenter  J’apprécie          20
Albert Camus : Vérité et légendes

Ce livre paru en1998 aux Editions du Chêne contient de nombreuses photos tirées des albums des enfants de Camus Catherine et Jean et un trés beau texte d'Alain Vircondelet.Alain >Vircondelet est un universiataire ,né en Algérie, pays qu'il a quitté en 1962 a dix-huit ans. Il a écrit de trés beau livre sur la nostalgie de son pays: "Maman la Blanche" et " Alger l'Amour" et i sa sensibilité lui permet de trés bien comprendre Camus.
Commenter  J’apprécie          20
Une enfance algérienne

La nouvelle de Leïla Sebbar est autobiographique et dédiée aux parents de l'auteur, instituteurs en Algérie de 1935 à 1965.



L'auteur, alors petite fille, ne saisit pas tout ce que disent les grandes personnes, elle entend des noms de lieux, des débuts ou des fins de mots, des mots qui la rassurent comme instituteurs ou institutrices, amis aussi fusil, sang, et elle comprend que l'on a tué des instituteurs et institutrices, et que ses parents pourraient mourir.



On parle de caïd musulman / capitaine de l'armée française, on parle de départ, de tout laisser et d'entasser ce que l'on peut dans la Peugeot 202 pour rejoindre la France.



Le 1er novembre 1954, un car est arrêté par des hommes armés vêtus de kaki et le visage couvert d'un foulard. C'est là que des instituteurs et le caïd sont tués, c'est le début des insurrections du FLN contre la colonisation, c'est le début de la guerre d'Algérie.



Dans cette nouvelle où une petite fille comprend avec horreur qu'on tue des gens, qui font le même métier que ses parents, Leïla Sebbar évoque le pays de son enfance, ses lieux célèbres rebaptisés, ses paysages, son histoire et sa compréhension progressive de la réalité de la guerre et de ses dangers.



C'est comme un puzzle dont l'auteur rassemble petit à petit les pièces, qui sont ses souvenirs d'enfant, anachroniques, incomplets, supposés, tendres, apeurés...
Commenter  J’apprécie          10
De l'or dans la nuit de Vienne selon Klimt

De l’or dans la nuit de Vienne selon Klimt

Alain Vircondelet



Dans le livre lu précédemment, une scène nous amenait dans l’atelier du peintre Gustave Klimt, visite furtive et ô combien énigmatique. Grâce à l’initiative des éditions Ateliers Henry Dougier et leur étonnante collection Le roman d’un chef d’œuvre, la possibilité d’en savoir plus est donnée.

Il est question ici du célèbre tableau « Le baiser ». Une toile hors norme qui rencontra le succès lors de l’exposition viennoise du Kuntschau en 1908. C’est avec moult détails qu’Alain Vircondelet replace l’œuvre dans son contexte.

Une époque fantasque où Vienne ploie sous le faste, les ors, les bals, le champagne, la sécession viennoise courant artistique d’où émergea l’Art Nouveau a bousculé les mentalités.

L’auteur nous dépeint un peintre aussi flamboyant que son époque, l’artiste est hors norme, un faune plantureux qui dévore la vie, les femmes, celles qui passent dans son atelier mais les autres également, prostitués, peu importe. Il a des amitiés fidèles, le jeune Egon Schiele fait partie du sérail et il s’est entouré de chats qu’il balade dans ses bras vigoureux.

L’homme est empreint de mysticisme et de sacré, mais c’est en Italie qu’il a eu une révélation, il tombe dans l’or et en recouvrira ses toiles. Symbolisme, art du détail, les commandes affluent, le succès est là, enfin et dans l’atelier de l’ogre les femmes de la haute se succèdent telle Adèle Bloch-Bauer qui deviendra une de ses plus célèbres maitresses. Et cela, sans que sa muse, sa favorite n’en prenne ombrage, il voue à la stylite-couturière Emilie Flöge une fascination et une passion sans mesure et sans sexualité.

L’auteur nous entraine dans le sillage d’un peintre qui a déjà bien vécu, il décortique cette œuvre magistrale, emblématique et surnaturelle. Une œuvre jugée trop kitch, qui rencontra une renommée posthume. Ce livret, entre roman et documentaire est envoûtant, il y a du rêve, de la poésie dans les mots d’Alain Vircondelet.

Un voyage artistique dans la vienne de Klimt et de Malher.







Commenter  J’apprécie          10
Moi, Icare

Comme tout le monde je pense, je connaissais surtout les épisodes du Minotaure et du labyrinthe, ainsi que la fuite tragique d'Icare et de son père. J'ai donc apprécié en apprendre plus ici sur l'histoire de Dédale et de Talos, mais aussi sur toute la vie de Dédale après la mort d'Icare : je ne savais pas du tout que l'histoire de Dédale se poursuivait après la mort de son fils et qu'il accomplissait d'autres exploits architecturaux en Italie, cela m'a donc plu de découvrir ces événements.



Plus globalement, j'ai beaucoup la manière dont l'auteur traite ce mythe : sous sa plume, Icare devient un jeune homme la tête emplie d'histoires et des succès de son père, épris de liberté et qui rêve de vivre sa propre vie, ce qui causera sa chute (dans tous les sens du terme !). Dédale quant à lui semble s'inscrire dans la longue liste des savants et artistes qui ont été trop sûrs d'eux et de leur talent et qui paieront le prix fort pour avoir manqué d'humilité : c'est un discours très intéressant et qui fait qu'on referme ce Moi, Icare... avec plein de réflexions sur ce qu'aurait dû faire Dédale, ce qu'aurait été sa vie si les événements s'étaient déroulés différemment...



Enfin, et c'est là une des particularités et un des gros attraits de cette collection "Autobiographie d'un mythe", la sélection d'œuvres d'art est variée et intéressante (j'ai découvert quelques tableaux sur le mythe d'Icare que je ne connaissais pas du tout avant cette lecture) et les reproductions sont de très bonne qualité.
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Alain Vircondelet (539)Voir plus

Quiz Voir plus

Un peintre- Un tableau

Ce tableau représente le plus jeune fils du peintre, Claude, au domaine des "Collettes" à Cagnes sur mer. Il avait acheté ce domaine pour sauver les oliviers: "Ce sont les arbres les plus beaux du monde, d'une majesté rare, alliée à une légèreté aérienne". Ce peintre avait trois fils: l'ainé fut comédien, le deuxième réalisateur et Claude est devenu céramiste. Il a changé plusieurs fois de style. "Le déjeuner des canotiers" est l'une de ses toiles les plus célèbres. Il s'agit de:

Claude Monet
Alfred Sisley
Edouard Manet
Gustave Caillebotte
Auguste Renoir

1 questions
46 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}