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Citations de Alan Le May (79)


Après avoir traversé la Dancing Bird, un cavalier indien, seul, avançait droit vers la maison. "Lost Bird", annonça Cash à l'intention de tous.
Il s'approcha comme auparavant, sauf qu'il montait à cru, avec une bride de guerre consistant en une corde unique attachée à la mâchoire inférieure du cheval. Il ne portait pas de peintures et était vêtu d'une chemise, un gros concho d'argent large de dix centimètres brillait dans ses cheveux. Et, cette fois, ils voyaient qu'il n'était pas armé. Il était étrange qu'un Kiowa se présente ainsi, sans aucune protection, mais là résidait justement ce qui rendait les Kiowas si terribles : ils se conduisaient toujours de manière imprévisible, de sorte qu'on ne savait jamais par quel biais ils allaient vous attaquer.
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“Les Kiowas ne les ont jamais touchés, et ne les toucheront jamais ! Ils s’en sont tirés indemnes quand ils ont vendu mon garçon. Ils ont même pris une petite négresse rouge en échange, pour sceller le pacte. Allez donc voir par vous-mêmes ! Une squaw toute jeune encore qui grandit avec le nom des Zachary !”
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Elles entendirent le mugissement du troupeau au loin. Du fond de la prairie leur parvenait le sentiment de son énorme masse, de la formidable importance qu'il occupait dans leurs vies. Une heure durant, il leur demeura caché par le relief, tandis qu'un grondement sourd montait de la terre et que sa voix, peu à peu, enflait puis laissait entendre des meuglements individuels. Elles arrivèrent enfin sur un monticule choisi par Rachel la veille, où l'œil embrassait tout le panorama.
Le premier convoyage de l'année paraissait toujours nouveau, comme si c'était le premier du monde. Les longhorns elles-mêmes offraient un spectacle impressionnant – des bêtes puissantes, maigres et hautes sur pattes, armées de cornes dont l'envergure dépassait parfois deux mètres ; et Cash en conduisait plus de quatre mille. Ils avaient déjà acheminé des troupeaux plus gros que celui-ci, sur une distance beaucoup plus longue, mais à la vue de ce large ruban dont le flot s'écoulait lentement, étiré jusqu'à l'infini, semblait-il, on ne pouvait échapper à l'impression d'assister au pèlerinage le plus extraordinaire jamais entrepris par l'homme.
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Après la déception de leur premier convoyage à Sedalia, les Zachary n'avaient connu ni échec ni succès. Ils subissaient simplement les paradoxes inhérents au commerce du bétail. Vous pouviez posséder dix mille têtes, et ne plus avoir une seule livre de sucre dans la maison. Vous pouviez transporter votre or à dos de mulet, tout en sachant qu'il ne valait rien. Rassembler quatre mille têtes sur vos pâturages, et découvrir que seulement six cents vous appartenaient. Commencer avec deux mille têtes, convoyer du bétail pendant quatre ans à hauteur d'un demi-million de dollars, et vous en sortir à la fin avec toujours deux mille têtes, mais endetté jusqu'au cou. Et vous pouviez même, si l'année de vos rêves se réalisait, cacher un baril de poudre plein d'eagles sous le plancher d'une cabane en terre battue, et continuer à fabriquer vous-même votre savon et vos bougies, parce que vous n'aviez pas le temps de parcourir les deux cent cinquante kilomètres qui vous séparaient du magasin le plus proche...
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Dancing Bird. Tel était le nom que la famille donnait au petit cours d'eau qui courait quinze Kilomètres en contrebas de la Red River, au coeur des territoires hostiles situés à l'Ouest de la Wichita.
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Un petit ruisseau, à cet endroit, était englouti dans le sable. Zack avait remonté son cours sur six kilomètres, jusqu’à sa source au pied d’une corniche calcaire. Et là, sur une pierre plate juste au-dessus d’une vasque d’eau claire, dansait un oiseau des plus étranges, une sorte de grue. Zack connaissait les grues du Canada, les grues blanches, et toutes les sortes de hérons, qu’ils soient établis au Texas ou migrateurs, mais cet oiseaulà n’appartenait à aucune catégorie. Plus gros qu’une grue blanche, atteignant presque un mètre cinquante de haut, bleu et blanc, avec des pattes jaunes et un bec rouge. Personne n’avait jamais entendu parler d’une chose pareille. Il était là, pourtant, reflété dans l’eau, sautillant, tournoyant et battant des ailes comme le font les grues blanches lors de la parade nuptiale.

Chapitre 29
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C’était le genre de signe auquel croyaient les Indiens. Les Zachary n’adhéraient nullement à ce mode de pensée païen, mais ici, dans la solitude des grands espaces, il arrivait parfois de perdre ses repères et de ne plus savoir distinguer ses croyances profondes de celles qui semblaient surgir de la terre elle-même.

Chapitre 2
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Matthilda rêvait de la vie qu’ils auraient un jour, après cette année tant attendue où ils vendraient tout leur bétail, l’année qui venait justement d’arriver. Elle imaginait une ville agréable – une bourgade de campagne, telle qu’elle la décrivait, mais pimpante et élégante aussi. Les maisons blanches aux volets verts bordaient des rues où l’on ne marchait pas dans la boue, où les voitures à cheval roulaient joliment à l’ombre des vieux arbres. Chaque maison avait son jardin entouré d’une clôture, avec des œillets de poète et des bleuets, des roses trémières à l’arrière-plan, et des ibérides le long des allées, et, bien sûr, une profusion de pensées. Le dimanche matin, les cloches des églises faisaient entendre une musique paisible et délicieusement solennelle. Et dans cette ville si tranquille, c’était toujours le début de l’été.
Rachel essaya d’imaginer que Matthilda était partie dans un endroit comme celui-là, mais elle n’y parvint pas. Il lui semblait impossible que sa mère puisse être quelque part.

Chapitre 39
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Un gouffre insondable séparait le mode de pensée kiowa de celui qu’elle connaissait, au point qu’on se demandait parfois si cette étrange race rouge, avec ses pratiques sanglantes, appartenait au genre humain. Il aurait tout aussi bien pu s’agir de lézards géants, montés sur des chevaux, grognant dans leur langue obscure que si peu de Blancs parvenaient à élucider.

Chapitre 18
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Ce qu’il fallait surtout savoir, c’était que les Indiens des Plaines se battaient mal contre des murs. Ils cherchaient à récolter un butin, des chevaux, et la gloire, c’est-à-dire des scalps, et ils aimaient les obtenir à peu de frais. Si votre maison était bien gardée contre les balles et le feu, avec des fenêtres en nombre restreint et de solides volets, les Kiowas hésitaient à s’en prendre à vous.

Chapitre 4
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-Tu te trouves parfois en présence d'un esprit sous la forme d'un arbre mort, dit-il. Il est noirci, il ressemble à un corps desséché qui ferait des efforts pour se libérer de la terre.

Chapitre XVIII
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Durant la belle saison, la lune kiowa n'imposait sa loi que la moitié du temps, mais les périodes où l'on devait se barricader étaient si pesantes qu'elles semblaient se succéder les unes derrière les autres, et durer éternellement.
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Un incendie, un blizzard, une sécheresse, et la terre se couvrait de carcasses. Partout, des ossements innombrables se dissimulaient au cœur de la végétation. Malgré ses chants d'oiseaux, ses fleurs, et la douce ondulation de ses hautes herbes, la prairie se changeait invariablement en une horrible bête dont la gueule pouvait avaler le travail de toute une vie en une seule nuit.
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Le ciel s'était à nouveau obscurci et le cavalier se découpait en contre-jour dans la faible lumière, enveloppé d'une ombre qui semblait lui appartenir. Un homme sans visage, auquel le vent ne prêtait que les contours flottants d'une barbe.
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Même sans les Indiens, Matthilda Zachary aurait détesté la prairie. Les longs mois soumis à un vent exaspérant, la poussière omniprésente qui s’infiltrait par les murs et le toit dans le trou qui leur servait de maison, les coulées de boue chaque fois qu’il pleuvait, l’absence totale de confort, et un labeur incessant qui n’apportait jamais aucune récompense, le savon grossier que l’on fabriquait soi-même, si irritant pour la peau que la propreté se payait par des mains douloureusement gercées – tout cela, Matthilda l’aurait pardonné.

Mais elle ne pardonnait pas ce qu’elle voyait comme l’infinie malfaisance de la prairie, plus vaste que ses immensités, plus puissante que ses orages.

Un incendie, un blizzard, une sécheresse, et la terre se couvrait de carcasses. Partout, des ossements innombrables se dissimulaient au cœur de la végétation.

Malgré ses chants d’oiseaux, ses fleurs, et la douce ondulation de ses hautes herbes, la prairie se changeait invariablement en une horrible bête dont la gueule pouvait avaler le travail de toute une vie en une seule nuit. Elle lui avait pris son mari, et ne s’était même pas souciée de rendre son corps.
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À force d’être enfermée, d’entendre un nombre restreint de voix répéter toujours les mêmes paroles insignifiantes, vous finissiez par grossir l’événement le plus infime pour le transformer en une agression ou un terrible danger. Et la dernière chose que vous souhaitiez entendre, c’était que vos soucis étaient imaginaires – surtout si vous les saviez réels.
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Le plus souvent, le vent, monotone autant qu’impitoyable, balayait la terre heure après heure, jour après jour, jusqu’à ce que le silence ne soit plus qu’un lointain et inaccessible souvenir.
Rachel savait que ce vent pouvait bien parcourir des centaines et des centaines de kilomètres sans rencontrer âme qui vive.
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Une médecine, ou le pouvoir d’un esprit, était invoquée en toutes circonstances, si l’on souffrait de rhumatismes ou si l’on souhaitait échapper aux balles de l’ennemi ; chaque guerrier kiowa se confiait à un esprit protecteur qui lui était attaché.
Ce qui distinguait Striking Horse, c’était un don de prophétie qui, prétendait-on, lui venait des chouettes, oiseaux auxquels les Kiowas accordaient des pouvoirs surnaturels et qu’ils craignaient à cause de leur lien avec le monde des morts. Il gardait toujours sur lui une peau de chouette garnie d’une vessie qu’il pouvait gonfler en cachette, exhibant une figure de l’animal sur commande. Parmi ses objets sacrés, la pièce maîtresse était un os de cuisse géant issu d’une Chouette Mangeuse d’Homme.

Chapitre 25
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Rachel ne pouvait imaginer aucun retour en arrière. Toute ma vie, je me demanderai qui je suis.

Chapitre 16
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Même sans les Indiens, Matthilda Zachary aurait détesté la prairie. Les longs mois soumis à un vent exaspérant, la poussière omniprésente qui s’infiltrait par les murs et le toit dans le trou qui leur servait de maison, les coulées de boue chaque fois qu’il pleuvait, l’absence totale de confort, et un labeur incessant qui n’apportait jamais aucune récompense, le savon grossier que l’on fabriquait soi-même, si irritant pour la peau que la propreté se payait par des mains douloureusement gercées – tout cela, Matthilda l’aurait pardonné. Mais elle ne pardonnait pas ce qu’elle voyait comme l’infinie malfaisance de la prairie, plus vaste que ses immensités, plus puissante que ses orages.
Un incendie, un blizzard, une sécheresse, et la terre se couvrait de carcasses. Partout, des ossements innombrables se dissimulaient au cœur de la végétation. Malgré ses chants d’oiseaux, ses fleurs, et la douce ondulation de ses hautes herbes, la prairie se changeait invariablement en une horrible bête dont la gueule pouvait avaler le travail de toute une vie en une seule nuit.

Chapitre 7
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