Citations de Aldous Huxley (1316)
En ce qui concerne la propagande, les premiers partisans de l’instruction obligatoire et d’une presse libre ne l’envisageaient que sous deux aspects : vrai ou fausse. Ils ne prévoyaient pas ce qui en fait s’est produit : le développement d’une immense industrie de l’information, ne s’occupant dans l’ensemble ni du vrai, ni du faux, mais de l’irréel et de l’inconséquent à tous les degrés. En un mot, ils n’avaient pas tenu compte de la fringale de distraction éprouvée par les hommes.
« L’idée d’une chose que se forme un homme, est toujours plus vraie que la chose elle-même »
Emile Mâle
« La solitude fait senti r aux hommes la folie aux multiples ailes de leur âme… ; ils trouvent intolérable le silence perpétue, et ceux qu’aucun travail de la terre ne pouvait lasser, sont vaincus en ne faisant rien et usés par la longue durée de leur paix. » Cassien
En soi, le monde est un continuum ; quand nous y pensons au moyen de mots, nous sommes contraints, par la nature même de notre vocabulaire et de notre syntaxe, de le concevoir comme une chose composée d’objets séparés et de classes distinctes. Opérant sur les données immédiates de la réalité, notre conscient fabrique l’univers dans lequel nous vivons effectivement.
La seule conduite sensée à tenir, c’est de consacrer plus d’attention aux choses sur lesquelles nous pouvons nous accorder, et moins à celle au sujet desquels aucun accord n’est probable ou même possible. Cela signifie, en pratique, que nous devons nous préoccuper primordialement, non pas comme c’est actuellement le cas, des problèmes du pouvoir et de l’orthodoxie idéologique, mais de ceux qui ont trait au pain, matériel et spirituel.
Il n’y a point de panacées, ni de raccourcis. L’homme est un être amphibie qui vit simultanément ou successivement dans plusieurs univers : dans le monde de la matière, le monde de l’esprit, le monde de l’âme, dans le monde individuel et dans le monde social ; dans l’univers « fabriqué-maison » de ses propres produits ouvrés, institutions et imaginations, et dans l’univers donné, de la nature et de la grâce, qu’à créé Dieu. Il est conforme à la nature même des choses qu’aucun des problèmes majeurs auxquels un tel être a à faire face ne puisse être un problème simple. Ceux qui cherchent des solutions simples aux problèmes complexes peuvent être animés de la meilleure des attentions ; mais il y a malheureusement un péché originel de l’intelligence, aussi bien que de la volonté. Ce péché originel de l’intelligence est notre habitude de la simplification arbitraire poussée à l’excès. Ceux qui agissent sans prendre de précautions à l’encontre de ce vice de leur nature intellectuelle, se condamnent, et condamnent leurs semblables, à une désillusion perpétuelle.
Le premier problème, toujours présent, de la vie sociale, est le pouvoir. Car le pouvoir fait, de ceux qui le possèdent, des diables ; le pouvoir est insatiable ; le pouvoir est agressif, et, par sa nature même, intolérant à l’égard de tout pouvoir rival, partant intrinsèquement belliqueux, cruel, oppressif.
Tous les stigmates physiologiques de la vieillesse ont été abolis. Et avec eux, bien entendu, toutes les particularités mentales du vieillard. Le caractère demeure constant pendant toute la durée de la vie. Au travail, au jeu, à soixante ans, nos forces et nos goûts sont ce qu'ils étaient à dix-sept ans.
Les vieillards aux mauvais jours anciens, renonçaient, se retiraient, s'abandonnaient à la religion, passaient leur temps à lire, à penser - à penser !
Le voyage du Melampus dura trois années pleines. Il fit escale à Tahiti, passa deux mois à Samoa et un mois dans les îles Marquises. Après Perth, les îles ressemblaient à l'Eden — mais un Eden, hélas, non seulement vierge de calvinisme et de capitalisme et de taudis industriels, mais aussi de Shakespeare et de Mozart, de connaissance scientifique et de pensée logique. C'était le paradis, mais ça n'allait pas, ça n'allait pas.
la peur est un amusement du genre hideux
C'était un raseur gluant, du type végétal et passif, et non pas activement mordant.
L'air liquide, la télévision, le vibromassage par le vide, la T.S.F., la caféine en solution bouillante, les préservatifs chauds et les parfums de huit espèces différentes étaient installés dans toutes les chambres.
Ce que l'homme a uni, la nature est impuissante à le séparer.
Car les détails comme chacun le sait conduisent à la vertu et au bonheur, les généralités sont au point de vue intellectuel des maux inévitables.