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Citations de Alex D. Jestaire (22)


Après il n’a eu que quelques pas à faire pour se retrouver au cœur de l’action, sur une des plus belles scènes du monde : juste devant le Manneken-Pis. Déjà c’est une statue qui montre sa bite, ça pose l’ambiance – et puis c’est un spot parfait pour se foutre de la gueule de tous ces gens qui veulent prendre des photos, des drôles, des selfies – c’est bien simple : s’ils n’ont pas un appareil photo, une caméra ou un smartphone en main, c’est qu’ils mangent une glace.
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… mes amis souvenez-vous que nous vivons dans une ère où il est virtuellement impossible d'échapper au pouvoir de l'image – moi je vous dis à la place écoutez de la musique encore et toujours – c'est un acte de résistance.
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Je suis l'extinction d'une espèce à moi tout seul alors je cours comme un mec qui en veut – un mec qui a pas l'intention de disparaître dans la chaîne alimentaire.
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Travailler les gens c’est comme leur faire l’amour, vraiment. Dans d’autres boîtes on dit aussi : les enculer – mais nous ne sommes pas de ce fretin-là bien sûr.
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La petite femme énergique a pris les commandes – une Mme Charbit, qui préfère qu’on dise Estelle. Malika l’aime bien, apprécie son style piquant, précis – la façon qu’elle a de parler au groupe avec un dynamisme dépouillé de fioritures : voilà comment ça va se passer (en écrivant ce qu’il faut retenir ou recopier sur un tableau Velléda). « Y en a-t-il ici qui ne savent pas écrire ? » L’une des élèves, une fille vraiment très grosse, lève la main. « Vous allez devoir suivre un cours d’alphabétisation, c’est obligé, même pour faire des ménages. Mais ne vous inquiétez pas, on va vous orienter – on a de très bons professeurs. » Malika ne peut pas s’empêcher de penser que c’est du flan, que cette fatma n’aura jamais ni formation ni travail, qu’on se contentera de ne pas la rappeler, et le boulot sera pour elle, parce qu’elle sait écrire, parce qu’elle est pas la moitié d’une conne.
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Finalement je vais à la gare je fais une razzia dans le magasin de journaux - je me prend un Snickers et le dernier Science & Vie car j'ai l'intention de me cultiver quand je serais dans le train - les conditions météo ne sont pas propices au stop et ma carte bleue n'a pas encore implosé - j'avais encore assez de thunes pour un billet Paris-Dunkerque.
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Un paysage de champs dans la nuit – autant dire des carrés noirs à perte de vue. Il a demandé à Rémi de se ranger ici, à ce carrefour sur la départementale – sur les panneaux : Beaumont, Sécheprey et Flirey, une route en terre pour dernière direction. Le chauffeur s’est rangé sans poser de questions – d’une part il en serait bien incapable, et puis ce n’est pas la première fois qu’il emmène Schieller jusqu’ici – ça n’arrive pas plus de trois ou quatre fois par an (Rémi est à son service depuis 2010) mais il semble que ça se soit intensifié ces temps-ci – deux trajets en deux semaines – de toute façon il ne vous en parlerait pas, puisqu’en somme il ne s’en souvient plus.
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Yves en est sûr, il y a embrouille – quelque chose d’anormal avec cet Élias. Mais il est bien le seul dans la pièce à être de cet avis. Les survivors, eux, sont à fond – ils s’éclatent, se serrent la main, se prennent dans les bras et se disent des trucs du genre : « Jamais j’aurais cru qu’on pourrait vivre un truc aussi fort ensemble. Merci (mettez le nom ici). » Yves a déjà vu cet atelier à l’œuvre avant, une fois – ici les phrases sont les mêmes, cette fois-ci en anglais, mais les mêmes. Comme une partition où tout le monde connaît déjà sa note et cherche à bien la jouer – ce qu’on appelle la pensée positive, c’est universel. À le regarder faire son speech rayonnant sur l’esprit de groupe, la fraternité, la confiance, on en viendrait facilement à se dire : c’est une machine, c’est le Philippe Caubère du consulting. C’est à se demander ce qu’il fout là, à jouer l’assistant ravi pour deux gouines maléfiques – oui, il sait qu’elles l’ont entendu, mais il assume. À sa gauche, Faustine semble feuilleter online des galeries de photos d’enfants morts, principalement des Latino-Américains.
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Niveau références on a la culture qu’on a – mais le mythe de l’homme invisible remonte à bien plus loin que H.G. Wells et son docteur psychopathe. Tu trouves déjà ça chez Platon, dans La République – l’anneau de Gygès, pas si loin de l’anneau de Sauron – quand tu le mets tu deviens invisible, ce qui offre quelques avantages, seulement ça pose aussi une question morale : si tu pouvais le faire, en toute impunité, jusqu’où t’arrêterais-tu ? Saurais-tu rester vertueux ? Bon, pour Joffrey, je ne crois pas qu’il faille trop se poser la question. Platon l’aurait sans doute pas pris comme exemple. En même temps c’est dommage, parce que c’est tout de même un citoyen de Bruxelles, cette belle ville qui ces derniers temps se pique de réapprendre la philosophie à Athènes. En même temps je ne vous promets pas un conte philosophique. Joffrey étant ce qu’il est, on aura ce qu’on aura. Comme je vous disais, on voit ce qu’on veut bien voir, et la question demeure : si l’arbre qui tombe au fond de la forêt n’est vu ni entendu par personne, s’est-il vraiment passé quelque chose ?
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Le Sikh fait des allées et venues devant l’étable, à grands pas dans la poussière et Babhul, une barre d’anxiété sur le front, attend qu’arrive l’inévitable. Dans un gujarati de cuisine (il est plus intimidé qu’illettré) il répète à petite voix qu’il n’y a pas de réseau. Ici aucun téléphone portable ne passe, la seule ligne qui (parfois) fonctionne c’est la fixe – c’est bien pour ça que Babhul a pris la peine de conduire son estafette jusqu’à Buhj City, avec tous les risques que ça implique (elle n’est plus en très bon état) uniquement pour prévenir le saint homme, raison pour laquelle il est maintenant ici, au Dairy Marigold Hostel. Vous ne comprendrez pas cette conversation, même si vous êtes de Mumbaï, même si vous êtes linguiste je vous souhaite bien du courage. Quoi qu’il en soit on peut reconstituer certaines choses. Cet appel au smartphone par exemple, même s’il n’a pas abouti, a bien été référencé quelque part dans le glorieux nuage de nos satellites. Les registres indiens j’avoue, c’est un peu un cauchemar – d’autant que ces gens ont souvent trois téléphones et quatre forfaits en même temps. Je vais faire ce que je peux pour vous démêler les choses, mais soyez prêts à accepter qu’une bonne partie sera sans doute lost in translation. Vous vous sentez toujours d’attaque ? Okay.
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Pour le reste, tout dépend de ce vous auriez pu voir si vous aviez été en capacité de voir (là vous l’êtes). Ce genre de chose n’arrive bien sûr que lorsque personne ne regarde. Les uns verraient une lumière, d’autres des filaments – nous nous contenterons de parler d’une haleine épicée lorsque Janaan ouvre la bouche et dit : « Je veux que vous écriviez l’adresse précise de l’endroit où se trouve David ce soir. » Vous remarqueriez alors, certainement, la réaction raide de Rosa en face. Pendant une à deux secondes, vous déchiffreriez sous le maquillage tour à tour de la surprise, de l’indignation – et finalement plus rien. Rosa finit d’écrire, referme le livre et le rend à Janaan. « Merci. Maintenant je veux que vous oubliiez absolument tout de cet instant. » Ça se termine dans un éclat de rire – éclat radieux au demeurant : c’est un des plus beaux atouts de Janaan. Rosa rit aussi, c’est communicatif. « Eh bien, c’était un plaisir – je vous souhaite bonne chance dans votre démarche d’écriture. » Janaan fait la fondante, courbette et au revoir. Rosa rejoint son aréopage à l’intérieur. Darla est dans un angle vitré, pratiquement dedans elle aussi. Janaan lui fait check de la main, c’est bon c’est fait je décolle – on s’appelle. Deux minutes après elle est dans un taxi – elle donne l’adresse, calcule la distance, se dit qu’elle a du temps… Elle ressort sa tablette et relance le film en streaming Bollytube – celui titré : Kali Yuga.
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C’est incroyable. De là où elle se trouve, il était impensable qu’aucun de ces débris ne l’atteigne. Quand ça commence c’est déjà fini – c’est à peine si elle a eu le temps de sursauter. L’explosion est assourdissante – d’ailleurs très vite ce n’est plus rien d’autre qu’un seul grand sifflement sourd. Le toit du bus s’est décollé, les pans d’en haut se sont ouverts comme une peau de banane – au milieu de la lumière, le feu thermite blanc – à peine un instant puis désintégration. Le verre, le métal, la poussière – tout arrive en même temps. Des échardes, une bouffée d’ozone, un lambeau de vêtement sanglant… Pince-moi si je rêve – elle n’a rien de mieux à dire pour l’instant – c’est trop soudain, trop violent. Ça fuse chaud autour de son visage, ça rebondit jusqu’au bord du parc – bris de vitres, aluminium – rien ne la touche. Puis voilà : le toit du bus soufflé par l’explosion retombe finalement du ciel, comme ça, crash, trois mètres devant elle sur le bitume.
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Alors bon, j’ai cru ouïr que ce petit coquin de Grey et ses « cinquante nuances » vous avaient quelque peu excité l’imaginaire ces derniers temps – cent millions d’exemplaires vendus dans le monde il me semble – la jolie mode du mommy porn, sado-maso sympa à la portée de toutes, avec éclairages léchés. Et bien moi ce soir je vous propose autre chose, je vous propose une tranche de papi porn – un truc davantage à la française, hexagonal plutôt que Seattle, sans toutefois négliger d’être glamour, vu le profil de nos deux protagonistes – la jolie poule et le beau ténébreux. La première, vous l’avez presque paerçue tout à l’heure, dans la séquence au Mali – le flou autour est à imputer à Spéculos, le gars qui nous déroule les scripts, avec son sens très perso du suspense – en somme nous avions très peu de choses à partir desquelles reconstituer l’événement (les dossiers de l’armée sont des plaies à craquer).
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Jusqu’à ce matin il n’avait encore jamais tué quelqu’un. Comment ça s’est passé – il n’en a pas une idée claire. Les autres doivent être en train d’en discuter en ce moment, du côté de la maison – à se demander s’il s’agissait d’une mule d’AQMI ou d’Al-Mourabitoune. Lui est assis là, sur un rocher face au désert à perte de vue, jusqu’aux montagnes noires sur l’horizon, arbres secs, Tigharghar, millions d’étoiles. Un vent d’harmattan léger soulève la poussière en surface – enfin, surtout il rafraîchit et soulage des quelques cinquante degrés à l’ombre qu’il faut supporter le jour – c’est très dur en ce moment. Il regarde l’immense ciel nocturne et pense aux esprits, avec crainte – sa pensée est vive, nerveuse – pas plus qu’il n’avait tué avant, il n’avait encore jamais goûté à la cocaïne. Son fusil FMPK fermement rivé aux mains, il ne sait plus trop s’il guette ou s’il imagine des choses, des démons, des djinns, en train de danser dans la poussière.
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Lui, l’école l’a toujours mis mal à l’aise, il sentait que c’était quelque chose de potentiellement important et utile, en même temps il n’a jamais compris la règle comme quoi on ne peut pas déconner – jamais compris pourquoi l’école punit les conneries au lieu de les enseigner. « Tout le monde sait bien que c’est les plus gros connards qui s’en sortent le mieux ! »
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Joffrey est tout entier plongé dans un grand présent, sur la crête instable de l’instantanéité – nous autres trimballons tellement de passé et de futur en permanence qu’il nous arrive rarement d’être simplement présents. Joffrey n’a rien d’autre que sa présence, à vrai dire pas grand-chose. Il les regarde passer, quelques mots fleuris aux lèvres – il se rend compte qu’il aime de moins en moins les gens – de son point de vue il est comme une vache qui regarde passer des trains, il ne se sent même plus de la même espèce. Les gens sont des trains – même pas vraiment des êtres vivants, juste des grappes qui suivent des rails d’informations, une sorte de plancton.
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Jusqu’ici j’avoue c’était décousu – des chroniques sur des « loups solitaires » tout au plus. Mais je suis sûr que vous avez senti qu’il y en avait davantage derrière – que la petite fibre paranoïaque en vous s’est mise à titiller – et je dis tant mieux – il n’y a que grâce à elle que vous parviendrez peut-être un jour à être libres. Bien sûr je ne vous garantis pas que vous allez tout comprendre – à ce stade je suis encore loin de tout comprendre moi-même – mais bon, ça va être l’occasion de relier quelques points, quelques-uns au moins, à l’intérieur de la « big picture ». Bon alors, z’êtes calés ? OK, matez donc cet écran.
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« C’est bien, c’est mieux, c’est bien mieux ! » Il carbure, le Pioupiou, il en veut. Trois pas devant, poc, deux pas derrière pour ne pas gêner N+1. Poc, poc. Il commence à y avoir du jeu, c’est intéressant. « Vois-les tous. Epluche tout. Chronomètre les chaînes. Dissèque les process. Vois comment les infos transitent. Cible les couacs, chaque défaillance, aussi petite soit-elle. » Ouais, ouais, ça il peut le faire. Poc. « Et surtout, travaille-les, fais-leur cracher le morceau – parce que 30 % de cent vingt, ça fait trente-six têtes qui sautent. Et c’est à toi de drafter lesquelles vont rentrer dans le PSE. » Poc. Cette balle-ci a d’abord tapé sur le mur latéral – le rebond minable l’a pris au dépourvu. « Tu l’as pas vue venir, celle-là ? Ha ha ! Problème de vigilance ! Anticipe ! Déduis ! Vas-y ! » POC.
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Ce type n’a pas bougé depuis plus d’une heure. Pas du tout. J’imagine que si vous passiez là vous jetteriez un œil, vous vous diriez : « Ah tiens, un SDF. Du genre punk à chien. » Vous serez peut-être attendri par le petit teckel à poil ras enroulé devant lui, un knacki rouquin court sur pattes avec la tête d’un détective dans un Walt Disney – trop chou. Vous ne verrez peut-être rien d’autre si vous n’avez pas le temps, que vous ne faites que passer. Au deuxième coup d’œil quand même vous allez vous dire que ce type a l’air stone, genre défoncé – ça saute aux yeux si tu t’y attardes. Déjà il est vachement pâle – c’est quand même le mois d’août, les gens ont plutôt des couleurs, même pour la Belgique. Lui est de la teinte de quelqu’un qui sortirait pour la première fois en six mois des couloirs du métro. Bon OK, là vous seriez déjà repartis – pourquoi se taper des frissons glauques comme ça – c’est la vie, c’est le monde, on voit de tout. Mais quand même, on va jeter un coup d’œil de plus, dans l’idée de dire : ce type n’a pas bougé depuis plus d’une heure. Pas du tout. Si vous vous arrêtiez et que vous observiez vraiment, assez vite vous vous demanderiez si le bonhomme n’est pas en train de faire un malaise, ou s’il n’en a pas déjà fait un, et même carrément : est-ce qu’il serait pas déjà mort ?
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Un arbre. Tu n’y es pas encore mais tu reconnais cette forme familière entre toutes – les arbres ne sont-ils pas les meilleurs amis des oiseaux ? Seulement cet arbre-là est différent, unique, ne serait-ce que parce qu’il est seul dans cet endroit qui n’en compte aucun autre, en quelque direction que ce soit. C’est le plus seul des arbres. Le plus inconnu aussi. Oh bien sûr toi tu le connais, tu l’as déjà passé et picoré avant, mais pourquoi t’en souviendrais-tu ? Serais-tu donc un cartographe ? Non, tu viens ici porté par le souffle, par l’inspiration, par l’appel – un tremblement venu du bout du monde, plus frénétique encore que les battements de ton tout petit cœur. D’ailleurs tu vois, tu n’es pas le seul, d’autres ailés frémissent à mesure que tu approches – des vautours, des outardes, un grand aigle blanc. Ça se confirme, tu n’es ni un flamand rose, ni une cigogne – tu es un charognard, et là sont tes semblables. ici autour de l’arbre ils tournoient et caquètent. Ils disent : sois le bienvenu.
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