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Citations de Alex Nicol (49)


Le tueur vérifia avec ses jumelles le numéro de la plaque d’immatriculation. Nul doute. C’était bien son contrat. Il avança sa grosse berline le long du chemin de terre qui longeait les étangs de la petite ville de Saint Renan au nord de Brest et attendit, tapi derrière un bosquet. L’autre ne devrait pas tarder à arriver.

Quelle bonne idée il avait eu, ce type, de rendre visite à sa tante, car celle-ci vivait dans un penti un peu perdu, loin de toute âme et de tout regard curieux. Le soir plongeait tranquillement ses derniers feux sur les eaux paisibles et le vent de mer caressait les têtes délicates de derniers roseaux. Avec la nuit, l’opération serait parfaitement discrète.

Ensuite, il irait traiter son deuxième contrat : liquider la vieille. Bonne affaire finalement. Deux opérations dans la même soirée pour un gros paquet de billets. Et en plus, l’imam de la mosquée de Brest lui avait assuré que c’était dans l’intérêt des serviteurs de la foi. Si déjà il n’avait pas beaucoup de scrupules, les recommandations de l’imam avaient réduit à néant le peu de morale qui lui restait.

Une lumière troua le noir dans la cour du penti. La cible venait de sortir. Parfait. Normalement, elle devrait prendre le chemin de terre à petite allure pour regagner la ville et là…

Le son du véhicule ronronna sur le passage. Le tueur embraya, le pied sur le changement de vitesse, l’autre prêt à accélérer. Ça y est ; elle approchait ; dans un instant elle serait là. La voilà ! Le tueur lança son lourd véhicule contre la frêle voiture, enfonça la portière du conducteur et provoqua une série de tonneaux qui se conclurent par une chute dans l’étang. Le conducteur, choqué ou assommé, ne réagit pas. L’eau envahit rapidement l’habitacle tandis que la masse de tôles froissées glissait dans le néant liquide. Bientôt, il ne resta plus que le toit et la lumière des phares brouillée par l’eau puis dans un bruit de succion, la noirceur de l’étang finit de l’engloutir.

Seules quelques rides à peine visibles auraient pu témoigner du passage d’une voiture dans un trou des étangs de saint Renan.

— Et d’un, songea le tueur. À la vioc maintenant.

Il fit marche arrière pour ramener sa voiture près du bosquet, tira un automatique de la boîte à gant et sortit dans la nuit.

Apparemment, la vieille vivait seule. L’imam avait dit vrai. Ce serait un jeu d’enfant. Il se glissa silencieusement le long du mur de la longère pour faire le tour du bâtiment. Dans son esprit, l’ancêtre se serait probablement installée devant la télévision ou même serait au lit avec un roman. C’est donc avec surprise qu’il la trouva dans le jardin, installée sur une balancelle malgré les assauts de l’hiver breton. Elle le vit immédiatement et le fixa du regard :

— Que voulez-vous jeune homme ? De l’argent ? Je n’en ai pas. Des bijoux ? Je n’en ai pas non plus ! Vous perdez votre temps !

Le tueur s’arrêta un instant, surpris d’une telle détermination. Il eut un moment d’hésitation. Abattre une femme allongée dans son lit, c’est comme couper le cou à un poulet. On le fait presque sans y penser. Mais cette femme-là avait du cran. Un début de respect envahit ses pensées, qu’il chassa comme s’il s’était agi d’une mouche sur son front. Il ferma les yeux, respira profondément, se rapprocha de la silhouette qui le toisait vertement, tendit son bras en avant et tira. Le silencieux au bout du canon transforma la détonation en simple « plop » comme un bouchon de champagne qui saute. Un trou noir avait allumé un troisième œil sur le front de la Bretonne, mais curieusement, son corps resta immobile sans chanceler ni tomber à la renverse.

— Je n’aime pas beaucoup ça ! fit-il à mi-voix.

Il s’approcha de sa victime et apposa prudemment deux doigts sur la jugulaire. Plus aucun flux de sang n’y circulait. Mais même dans la mort, la vieille dame continuait de le fixer de ses yeux sévères.

Perturbé, il fit demi-tour et se précipita vers sa voiture avant de disparaître vers Brest.
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— Paré à virer ?
— Paré !
— Envoyez !

Gracieusement, le Pogo 12.50 pivota sur son étrave sous la conduite avisée de Soazic Rosmadec tandis que Gwenn, son grand rouquin de mari, s’assurait du passage du foc sur bâbord. La brise d’automne s’engouffra dans la grand-voile et gonfla le triangle de toile que Gwenn souqua d’un coup sec. La marée descendait et le courant de l’Odet filait vers le large. Pourtant, tirant des bords et profitant habilement du vent de sud-ouest, Soazic manœuvra son vaisseau jusqu’à son point d’attache sur les pontons du petit port de Sainte Marine.

Gwenn sauta à terre et amarra leur voilier tandis que Soazic affalait les voiles. Puis il remonta à bord pour lui donner un coup de main. Lorsque le bateau fut rangé, Gwenn prit son épouse par la main et tous deux fixèrent l’horizon vers le large, vers les Glénan où ils venaient de passer la journée. Un lien indéfectible, invisible, plus puissant que n’importe quelle aussière reliait leurs cœurs. Soazic se serra contre le corps athlétique de son époux et lui susurra :
— Mon minou, je t’aime !

Gwenn ne répondit pas, mais n’en pensait pas moins. Après avoir baroudé comme grand reporter sur tous les fronts de la terre où les hommes ont la mauvaise idée de s’entre-tuer, il avait fini par poser son sac dans cet adorable petit coin de Bretagne où la mer et la forêt jouaient un incessant jeu de cache-cache. Il y avait ouvert un cabinet d’écrivain public et couchait sur le papier l’histoire des familles qui le lui demandaient. Sa réputation avait vite grandi et les clients s’étaient rapidement présentés à sa porte.

À l’ouest, l’astre du jour avait entamé sa descente, noyant de rouge les quelques nuages qui batifolaient encore avec des mouettes et des cormorans. Une odeur de goémon parfumait doucement l’atmosphère. Ils étaient simplement heureux ; heureux de sentir le balancement du courant sous leur Pogo, heureux de humer l’air du large et son parfum d’aventures et de sel, heureux d’être ensemble. Et ils avaient le sentiment de prendre part à ce tableau vivant que Gauguin aurait certainement aimé réaliser.

Une mélodie de trois notes les ramena à la réalité. Soazic exprima une grimace d’excuse en empoignant son smartphone accroché dans un sac étanche.

— Allo ?

Le ton était plutôt sec. On ne perturbe pas impunément un tel moment de bien-être et le correspondant avait intérêt à être sérieux. Gwenn, indifférent, continuait à admirer l’environnement. Pourtant, le ton de son épouse attira vite son attention. Il passa du « oui ? » interrogatif au « non… ? » de surprise et se conclut par un vibrant « Merci ! Merci beaucoup ! Ça me fait vraiment très plaisir ! »
Gwenn la regarda en souriant :
— Alors ? Tu as gagné au loto ?
— Mieux que ça ! fit-elle en remettant son téléphone à l’abri. Tu te souviens de cette loterie organisée par l’association de la Voile Bretonne ?
— Vaguement, fit Gwenn. Et tu as gagné un porte-clés ?
— Ne sois pas bête mon minou. Nous faisons partie de ceux qui ont été sélectionnés pour un voyage de dix jours dans l’Ouest américain.
Le visage de l’écrivain public s’éclaira :
— Ah ! Ça, c’est une très bonne nouvelle. Depuis le temps que j’avais envie de revoir San Francisco !
Soazic reprit avec entrain :
— Pas seulement ! Mon correspondant m’a dit qu’il allait m’envoyer un mail de confirmation avec le détail du voyage.
— Eh bien, fit Gwenn pragmatique, je crois qu’il convient dignement de fêter cela. Justement la distillerie de Plomelin m’a envoyé une bouteille de Eddu Diamant, sa dernière production de whisky au blé noir ! C’est l’occasion ou jamais !
— D’accord, fit Soazic, rayonnante. Whisky pour toi et champagne pour moi.
— En route !
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Alex Nicol
Écoutez le vent de l’océan ; il charrie des mystères que seuls les cœurs purs peuvent comprendre. Pour vous, je vais soulever le voile d’écume et d’embruns
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O grand Esprit,
Dont je perçois la voix dans le vent,
Et dont le souffle donne vie à toutes choses,
Entends-moi, moi qui suis petit et faible ;
Donne-moi force et sagesse.

Laisse-moi admirer la beauté de notre terre
Et que mes yeux contemplent chaque jour le couchant rouge !
Fasse que mes mains respectent les choses que tu as créées,
Et que mes oreilles entendent ta voix.
Donne-moi la sagesse afin que je puisse comprendre
Ce que tu as enseigné à mon peuple.
Laisse-moi apprendre les leçons
Que tu as cachées dans chaque feuille et chaque pierre.

Je veux être fort, non pour dominer mon frère,
Mais pour vaincre mon plus grand ennemi : moi-même.
Fasse que je sois toujours prêt à me présenter à toi,
Les mains propres et le regard droit.
Ainsi quand la vie, tel le soleil couchant, s'éteindra,
Mon esprit pourra venir à toi sans honte !
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Gwenn avait longtemps travaillé comme journaliste sur tous les points chauds du monde. Il avait acquis sur le terrain une expérience solide de l’investigation et de l’écriture et un jour, estimant qu’il était temps de trouver un peu de stabilité, avait décidé de s’installer dans la maison que son père avait fait bâtir et de mettre ses compétences au service du public. Le succès était venu très vite, car Gwenn adorait aller au-devant des gens. Il savait trouver les mots simples pour établir le contact. Puis, au cours des rencontres, il tissait ce lien de confiance nécessaire pour que ses interlocuteurs acceptent de dévider les fils de leur histoire.
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Sur l’horizon, autour de l’île aux moutons, des nuages cernaient les rochers en un diadème rose tandis que le soleil, attendri, avait les embruns à l’œil.
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Elle écarta les bras comme un ange prêt à l’envol et sentit le lâcher brutal du dispositif. Maîtresse de son corps elle bascula vers l’avant pour se mettre en posture de l’aigle tout en regardant le sol monter vers elle à toute vitesse. La sensation était intense, puissante. Sa vie ne tenait qu’à ce câble relié au palan, mais une confiance aveugle l’empêchait de se laisser parasiter par des pensées négatives. Elle jouissait au plus profond d’elle-même, jouissance alimentée par une énorme montée d’adrénaline. Autour d’elle les fenêtres des étages se succédaient à grande vitesse, un peu comme ces pages que l’on tourne et qui donnent l’illusion d’un décor qui évolue. Le sol approchait. La vitesse allait diminuer et le tendeur la ferait rebondir comme un ludion. Elle le savait par expérience et pressentait instinctivement ce moment. Le filin poursuivit sa descente à la même vitesse. Le sol devint plus menaçant. La plaque de béton blanc semblait la regarder et lui dire « Je t’attends, je t’attends… »
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Le mois de juin en Bretagne a ceci d'extraordinaire qu'il offre aux Bretons des moments de bonheur inégalés : les jours sont les plus longs de l'année et organiser un barbecue à dix heures du soir ne pose aucun problème. La température est estivale, les T-shirts sont de mises pour les hommes, les robes a bretelles pour les femmes ; les touriste ne sont pas encore arrivés même si certains commencent à pointer le bout de leur nez. Il suffit de déambuler sur le port de Sainte Marine pour apprécier à sa juste valeur la qualité du temps qui passe.
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- Gwenn, qu'est-ce que tu fabriques ?

La voix excédée de Soazic trahissait son énervement. Cela faisait dix minutes qu'elle s'était préparée pour un jogging le long de la plage avec son époux, mais celui-ci était pendu au téléphone et ne semblait pas vouloir décrocher. Elle lui lança un regard noir tandis qu'il poursuivait sa conversation avec le sérieux d'un grand professionnel. À l'évidence, il avait un client au bout du fil et dans ces moments-là, rien n'aurait pu distraire Gwenn Rosmadec. Pourtant c'était dimanche, et ce jour-là, il aurait pu faire une exception.

Ancien grand reporter, la quarantaine athlétique et les cheveux roux en bataille, il avait fini par poser son sac à Sainte Marine, un adorable petit port de Cornouaille bretonne et avait changé de job. Son talent de narrateur, il l'avait mis au service des particuliers en proposant de raconter leur histoire personnelle ou celle de leur famille. Cela l'amenait à enquêter sur le passé de ses clients avec leur accord pour leur fournir un produit fini de grande qualité et tous ceux qui avaient fait appel à ses services ne s'en étaient jamais plaints. De fait, le nombre de clients intéressés par ses prestations augmentait régulièrement ce qui lui permettait de gagner honnêtement sa vie.

Soazic haussa les épaules et sortit dans le jardin ; elle s'installa sur une chaise longue, offrant ses longues jambes fines à la timide caresse du soleil d'avril. Le vieux chêne s'était à nouveau couvert de feuilles vert tendre et la haie de bambous ondulait paisiblement au gré d'une brise d'ouest. Dans la haie, les red robins australiens repeignaient le ciel et les nuages de leurs doigts rouges tandis qu'imperturbable, le panache des cordylines évoquait un buisson de palmiers. Le doux climat océanique breton autorisait un tel bouquet exotique. En tendant l'oreille, elle entendit des bribes de conversations, les réponses de Gwenn à son mystérieux interlocuteur. Au ton empressé et enthousiaste de son mari, elle devina que le personnage avait une proposition alléchante à lui faire. Finalement Gwenn raccrocha et rejoignit son épouse.

- Ça y est, c'est réglé. On peut y aller.

- Je ne sais pas si j'ai encore vraiment envie d'aller courir avec toi puisque tes clients te paraissent plus importants que notre vie de couple !

- Allons, ne sois pas bête. Devine qui était au téléphone.

- Cela m'indiffère totalement.

En fait, Soazic brûlait d'envie de connaître l'identité de cet étrange client qui avait monopolisé si longtemps son mari au bout du fil. Mais son humeur maussade avait annihilé toute velléité de pardon. Elle se devait de marquer sa différence. Gwenn qui connaissait bien son épouse n'était pas dupe. Mais il ignora cette froideur qu'il savait en partie feinte.

- Daniel Kerné.

Soazic fit la moue et finit par répondre d'un air désabusé :

- Oui, ça me dit quelque chose.

- Si je te parle de la brasserie des genêts d'or, cela éclaire-t-il ta lanterne ?

Nul doute que ce nom résonna dans l'esprit de Soazic. Daniel Kerné était le plus gros entrepreneur de Sainte Marine. Ce fils du pays était revenu sur les terres natales pour investir dans une brasserie qu'il avait installée dans les salles du vieux château de la pointe. Longtemps à l'abandon, cette construction napoléonienne qui avait attendu en vain le débarquement d'hypothétiques ennemis anglais lui avait été cédée pour une bouchée de pain. Les services des bâtiments de France avaient simplement exigé que l'extérieur du château soit préservé dans sa forme originelle. Et c'est ainsi que la brasserie des genêts d'or avait commencé. Artisanale à ses débuts, elle s'était placée sur le créneau des bières locales et, avec l'aide d'un brasseur britannique loué à prix d'or, cette société s'était fait une spécialité des bières rousses à base de blé noir. Petit à petit, l'entreprise et ses produits avaient gagné la confiance d'une clientèle locale toujours prompte à favoriser un produit estampillé « breton » dès lors qu'il était de qualité. Daniel Kerné ne ménageait ni son temps ni ses efforts pour faire monter sa maison et au bout de quelques années, la graine qu'il avait plantée donnait un arbre lourd de fruits savoureux.
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Nous étions mi-juillet ; une période de grand et beau soleil couvrait la Bretagne en général et le petit port de Sainte Marine en particulier où l’écrivain public Gwenn Rosmadec avait élu domicile. Sa maison blanche aux ardoises luisantes s’intégrait au paysage et avec le temps, les hortensias, les bruyères, le vieux chêne avaient fini par lui donner un air de petit bijou incrusté dans son écrin. Gwenn regarda le vert tendre du gazon qu’il avait coupé quelques jours plus tôt et huma l’air parfumé d’embruns iodés qu’un léger vent charriait depuis l’océan tout proche. Ce contact avec les éléments lui était nécessaire surtout après le long entretien qu’il venait d’avoir avec le vieux paysan. Il respira à pleins poumons un air parfumé d’aventures et de goémon arrachés aux rochers des Glénan. Dans un coin du jardin, Soazic son épouse, un sécateur à la main, taillait un massif de rosiers. Quelques goélands argentés filèrent au-dessus de sa tête vers quelque mystérieuse destination en lançant leurs cris stridents.
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Gwenn raccompagna son client sur le perron et le regarda s’éloigner vers sa voiture. Il s’y engouffra en lançant un dernier joyeux « Kenavo ! », démarra et disparut bientôt dans le virage de la petite rue du lotissement où Gwenn avait installé son atelier d’écriture. La quarantaine sportive, Gwenn appréciait l’indépendance que procurait son nouveau métier. Grand, solide, vêtu d’un t-shirt blanc au logo du bagad local, d’un jeans plus que passé et d’une large ceinture de cuir mexicaine, il prenait la vie du côté épicurien et goûtait chaque minute que le Bon Dieu lui accordait. Une longue pratique du rugby lui avait enseigné les fondements du jeu collectif, la capacité à analyser rapidement la situation et l’art consommé de l’anticipation. Son nez cassé témoignait aussi de sa participation active aux mêlées et aux joyeuses agapes de la troisième mi-temps.
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— C’est vrai, mais vous écrivez rudement bien, monsieur Rosmadec. En relisant l’histoire de ma famille, j’ai failli croire que c’était un beau roman.
— La réalité rattrape souvent la fiction. Du reste, les écrivains ne peuvent guère inventer que ce que l’âme humaine s’efforce de forger. Mais je dois admettre que mon enquête est restée relativement simple. Tous ceux que j’ai sollicités pour une interview ont accepté de bonne grâce et n’ont guère tenté de dissimuler quoi que ce soit. Ensuite, les mots c’est comme de la bonne musique que l’on écrit sur une partition. Ceci dit, j’ai eu beaucoup de plaisir à effectuer ce travail pour vous. Le dossier relié que je vous ai remis devrait plaire à tous ceux, et ils sont nombreux chez vous, qui ont contribué à son élaboration.
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Le petit bonhomme jovial qui faisait face à Gwenn Rosmadec exprimait par son regard de Bigouden toute la gratitude du monde.
— Ah, monsieur Rosmadec, votre rapport est extraordinaire. Vous avez trouvé des choses époustouflantes sur l’histoire de notre famille et je vous en suis très reconnaissant.
— Je suis heureux d’avoir contribué à apporter un éclairage nouveau sur des éléments de votre passé que vous ignoriez, mais vous savez, cher monsieur, dans mon métier, cela arrive régulièrement. Je ne suis qu’un passeur de paroles que je transcris en mots sur ma machine et que je vous restitue fidèlement ensuite.
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Sa maison blanche aux ardoises luisantes s’intégrait au paysage et avec le temps, les hortensias, les bruyères, le vieux chêne avaient fini par lui donner un air de petit bijou incrusté dans son écrin.
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Nous étions mi-juillet ; une période de grand et beau soleil couvrait la Bretagne en général et le petit port de Sainte Marine en particulier où l’écrivain public Gwenn Rosmadec avait élu domicile.
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La quarantaine sportive, Gwenn appréciait l’indépendance que procurait son nouveau métier. Grand, solide, vêtu d’un t-shirt blanc au logo du bagad local, d’un jeans plus que passé et d’une large ceinture de cuir mexicaine, il prenait la vie du côté épicurien et goûtait chaque minute que le Bon Dieu lui accordait. Une longue pratique du rugby lui avait enseigné les fondements du jeu collectif, la capacité à analyser rapidement la situation et l’art consommé de l’anticipation. Son nez cassé témoignait aussi de sa participation active aux mêlées et aux joyeuses agapes de la troisième mi-temps.
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Gwenn raccompagna son client sur le perron et le regarda s’éloigner vers sa voiture. Il s’y engouffra en lançant un dernier joyeux « Kenavo ! », démarra et disparut bientôt dans le virage de la petite rue du lotissement où Gwenn avait installé son atelier d’écriture
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Gwenn Rosmadec secoua sa tignasse rousse et se leva comme pour faire signe à son interlocuteur que l’entretien était terminé. Le vieux paysan en fit de même, serrant sur son cœur toute l’histoire de sa vie.
— Combien vous dois-je, monsieur Rosmadec ?
— Je vous enverrai ma facture d’honoraires par la poste. Je n’ai pas eu encore le temps de faire tous les calculs.
— Très bien, je vous remercie. Au revoir, monsieur Rosmadec.
— Au revoir, cher monsieur.
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— La réalité rattrape souvent la fiction. Du reste, les écrivains ne peuvent guère inventer que ce que l’âme humaine s’efforce de forger. Mais je dois admettre que mon enquête est restée relativement simple. Tous ceux que j’ai sollicités pour une interview ont accepté de bonne grâce et n’ont guère tenté de dissimuler quoi que ce soit. Ensuite, les mots c’est comme de la bonne musique que l’on écrit sur une partition. Ceci dit, j’ai eu beaucoup de plaisir à effectuer ce travail pour vous. Le dossier relié que je vous ai remis devrait plaire à tous ceux, et ils sont nombreux chez vous, qui ont contribué à son élaboration.
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Je ne suis qu’un passeur de paroles que je transcris en mots sur ma machine et que je vous restitue fidèlement ensuite.
— C’est vrai, mais vous écrivez rudement bien, monsieur Rosmadec. En relisant l’histoire de ma famille, j’ai failli croire que c’était un beau roman.
— La réalité rattrape souvent la fiction. Du reste, les écrivains ne peuvent guère inventer que ce que l’âme humaine s’efforce de forger. Mais je dois admettre que mon enquête est restée relativement simple.
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