Etonnant ce "petit "livre (208 pages).
Tout y est, l intrigue est bien ficelée (ok bon parfois on se "doute") et va très vite .On avale les pages a une vitesse folle,l intrigue court........
Je serais curieuse de lire un bon gros "pavé" de cet auteur
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— La réalité rattrape souvent la fiction. Du reste, les écrivains ne peuvent guère inventer que ce que l’âme humaine s’efforce de forger. Mais je dois admettre que mon enquête est restée relativement simple. Tous ceux que j’ai sollicités pour une interview ont accepté de bonne grâce et n’ont guère tenté de dissimuler quoi que ce soit. Ensuite, les mots c’est comme de la bonne musique que l’on écrit sur une partition. Ceci dit, j’ai eu beaucoup de plaisir à effectuer ce travail pour vous. Le dossier relié que je vous ai remis devrait plaire à tous ceux, et ils sont nombreux chez vous, qui ont contribué à son élaboration.
La quarantaine sportive, Gwenn appréciait l’indépendance que procurait son nouveau métier. Grand, solide, vêtu d’un t-shirt blanc au logo du bagad local, d’un jeans plus que passé et d’une large ceinture de cuir mexicaine, il prenait la vie du côté épicurien et goûtait chaque minute que le Bon Dieu lui accordait. Une longue pratique du rugby lui avait enseigné les fondements du jeu collectif, la capacité à analyser rapidement la situation et l’art consommé de l’anticipation. Son nez cassé témoignait aussi de sa participation active aux mêlées et aux joyeuses agapes de la troisième mi-temps.
Le petit bonhomme jovial qui faisait face à Gwenn Rosmadec exprimait par son regard de Bigouden toute la gratitude du monde.
— Ah, monsieur Rosmadec, votre rapport est extraordinaire. Vous avez trouvé des choses époustouflantes sur l’histoire de notre famille et je vous en suis très reconnaissant.
— Je suis heureux d’avoir contribué à apporter un éclairage nouveau sur des éléments de votre passé que vous ignoriez, mais vous savez, cher monsieur, dans mon métier, cela arrive régulièrement.
Je ne suis qu’un passeur de paroles que je transcris en mots sur ma machine et que je vous restitue fidèlement ensuite.
— C’est vrai, mais vous écrivez rudement bien, monsieur Rosmadec. En relisant l’histoire de ma famille, j’ai failli croire que c’était un beau roman.
— La réalité rattrape souvent la fiction. Du reste, les écrivains ne peuvent guère inventer que ce que l’âme humaine s’efforce de forger. Mais je dois admettre que mon enquête est restée relativement simple.
Gwenn Rosmadec secoua sa tignasse rousse et se leva comme pour faire signe à son interlocuteur que l’entretien était terminé. Le vieux paysan en fit de même, serrant sur son cœur toute l’histoire de sa vie.
— Combien vous dois-je, monsieur Rosmadec ?
— Je vous enverrai ma facture d’honoraires par la poste. Je n’ai pas eu encore le temps de faire tous les calculs.
— Très bien, je vous remercie. Au revoir, monsieur Rosmadec.
— Au revoir, cher monsieur.