Citations de Alexander McCall Smith (791)
Plusieurs photographies encadrées ornaient les murs du salon, aussi se leva-t-elle pour y jeter un coup d'oeil en attendant le retour de son amie. Elle se sentait en droit de le faire : lorsqu'on affichait des images aux murs, c'était bien pour que les visiteurs intéressés puissent les examiner. Un album, c'était différent : jamais Mma Ramotswe ne se serait permis d'en feuilleter un sans la permission de Mme Potokwane, si tentant que cela pût être.
La maison de Mma Potokwane n'était qu'à quelques pas de son bureau, non loin de l'acacia sous lequel Mma Ramotswe se garait habituellement. Sans être ni très grande ni particulièrement belle, elle possédait cette qualité indéfinissable des lieux aimés de leurs habitants, ces lieux qui, en retour, procurent à ces derniers bien plus qu'un simple toit.
Me JLB Matekoni saisissait le moindre prétexte pour se régaler de sandwiches dans lesquels il mettait trop de mayonnaise, trop de fromage, trop de jambon (y en aurait-il dans le réfrigérateur?) et trop de beurre. Elle les appelait les sandwiches à trop de tout, ce qui le faisait rire, et il répondait que, lorsqu'on passait ses journées à travailler sous les voitures, les sandwiches à trop de tout se justifiaient pleinement, même s'ils n'étaient pas très équilibrés.
- Je suis consciente que je devrais marcher davantage! soupira-t-elle. Mais avec de telles températures cela tient de l'exploit. Alors quand bien même cela est bénéfique pour le coeur de faire de l'exercice, si c'est pour mourir d'un coup de chaleur, à quoi bon? Les docteurs diront : "Coeur en parfaite santé, mais qui a cessé de battre pour cause d'insolation...".
Chacun avait ses secrets, des choses qu'il n'avait jamais avouées à quiconque, même aux êtres les plus proches. Mma Ramotswe avait appris cela dans son métier, et elle avait aussi découvert que, chez certains, même le secret le plus anodin pesait parfois très lourd sur la conscience. Un acte égoïste, une petite méchanceté qu'ils avaient commis pouvaient leur paraître aussi graves qu'un meurtre abominable. Une défaillance somme toute humaine, une faiblesse face à la tentation semblaient aussi honteux qu'un terrible défaut qu'ils auraient : l'importance du secret n'avait aucune commune mesure avec l'intensité des perturbations qu'il causait sur la conscience.
-oui, la coupa Mma Makutsi avec la confiance décontractée d’une personne qui ne faisait que rappeler des faits avérés, et non tisser une toile de semi-vérités et distordre la réalité.
Ce fut en entendant ces paroles que Mma Ramotswe comprit ce qui allait suivre. Depuis qu’elle avait ouvert l’Agence N 1 des Dames Détectives, elle avait reçu un afflux régulier de demandes d’enquêtes sur des époux dévoyés, ou soupçonnés de l’être. Ces craintes féminines se révélaient généralement fondées et Mma Ramotswe avait dû se faire la messagère de ces infidélités plus souvent qu’elle ne l’eut souhaité. Toutefois, cela faisait partie du métier et elle s’en acquittait avec dignité et compassion.
A ses débuts, Mma Makutsi ne connaissait pas grand-chose aux moteurs, mais elle avait appris très vite et était désormais capable d’effectuer une révision et quelques réparations classiques sur la plupart des marques de voitures, à condition que les modèles ne soient ni trop dépendants des systèmes capricieux du genre que les fabricants allemands aimaient cacher dans les véhicules pour compliquer la tâche des mécaniciens du monde entier.
Je ne dois jamais perdre de vue quelle chance j'ai dans la vie, songeait Mma Ramotswe. Je dois m'en souvenir à chaque instant, mais surtout maintenant, tandis que, assise sur la véranda de ma maison de Zebra Drive, je contemple le haut ciel du Botswana, ce ciel si vide que son bleu paraît presque blanc.
Ruthven Todd avait écrit un poème sur cet endroit; il notait que les hautes grilles à pointes de fer "décourageaient étrangement les suicides" - étrangement, parce que la perspective d'un peu de douleur physique devait sembler insignifiante pour qui s'apprêtait à se donner la mort.
Le syndrome d'Othello c'est la jalousie pathologique, expliqua-t-elle en prenant le verre d'eau gazeuse que le serveur venait de lui verser.
I avait raison, bien sûr. Partout les vieilles certitudes morales s'effaçaient, supplantées par l'intérêt personnel et la brutalité.
Peter réfléchit à ses paroles. Sauf dans les vieux films, qui parlait de gens morts ou vifs? Bien des gens ne comprenaient plus le sens premier de "vif" et auraient été fort perplexes en entendant quelqu'un s'y référer. Mais c'était dans les habitudes d'Isabel de maintenir un mot en vie, tel un jardinier soignant une plante malade. Et elle faisait bien.
- Et les gens qui se comportent de la même façon? Est-ce qu'ils peuvent s'en empêcher? S'enquit Jamie.
-Là est tout le problème. Sont-ils fautifs ou non? Il existe toute une littérature passionnante sur le sujet. On peut soutenir que leurs actes sont la conséquence de leur psychopathologie. Ils les commettent parce que leur personnalité est ce qu'elle est, mais ils n'ont jamais choisi d'être atteint de ce trouble. Or comment pourrait-on les tenir pour responsables d'une condition qu'ils n'ont pas choisie?
A leur stupeur, les médecins avaient découvert une grande déchirure au flanc, mais un chirurgien réputé pour son habileté l'avait promptement recousue. Depuis, il s'était complètement remis, mais l'hôpital avait alors révélé le diagnostic: il avait éclaté de vanité.
On se trompait en tenant les hommes pour les seuls prédateurs: les femmes l'étaient tout autant, quoique moins ouvertement. Toby était une proie désirable à souhait. Jamie, pour n'avoir rien caché de sa complète abnégation, avait cessé de l'intéresser, conclusion affligeante.
Oui tout ça est une honte, reconnut celle-ci. Je ne me rappelle pas au juste quand l'habitude s'est installée de mentir dans la vie publique.
Grace s'en souvenait.
C'est Nixon qui a commencé. On n'avait jamais vu un menteur pareil! Ensuite, c'est venu de ce côté-ci de l'Atlantique. Et voilà, tous les politiques mentent. C'est devenu la règle.
Je garde le souvenir le plus agréable de notre dîner et aussi de ce voyage que nous aurions pu faire. Mais ne pensez-vous pas que ces voyages imaginaires sont parfois plus réussis que les autres ?
Lorsqu'on connaissait les sentiments d'un individu, lorsqu'on pouvait se mettre à sa place, il devenait évidemment impossible de lui infliger de la souffrance. Infliger de la souffrance dans de telles circonstances revenait à se faire violence à soi-même.
Cela faisait partie de la grande farce que constituaient l'apartheid et le rêve monstrueux de Verwoerd. Tant de douleur, tant de souffrances prolongées, à ajouter par l'histoire à tous les tourments de l'Afrique ..