Citations de Alexandra Ripley (88)
Scarlett ouvrit les bras en grand et tendit son visage vers la lune, tournant, tournant sans fin dans la buée argenté de la lune (p.449)
Scarlett O'Hara Hamilton Kennedy Butler se tenait seule à quelques pas de ceux qui étaient venus comme elle, sous la pluie, enterrer Mélanie Wilkes. Hommes et femmes, vêtus de noir, avaient ouvert des parapluies noirs au-dessus de leurs têtes et s'appuyaient les uns contre les autres, les femmes en pleurs partageant l'abri comme la peine.
Scarlett ne partageait ni son parapluie ni sa peine avec quiconque.
Lorsqu'elle avait vingt ans, la guerre avait forcé Scarlett à abandonner sa jeunesse, du jour au lendemain. La volonté et l'endurance l'avaient durcie, et son visage en portait la marque. Au printemps de 1876, alors qu'elle avait trente et un ans, la douceur de l'espoir, de l'enfance et de la tendresse revenait peu à peu. Elle ne s'en rendait pas compte ; les préoccupations de la ferme et de la maternité avaient remplacé son intérêt, jusque-là exclusif, pour sa propre personne.
-Je parie que vos amies et vous leur préparez des tours pendables, sous vos mines innocentes.
-Seulement s'ils nous y poussent, dit Mme Butler en riant de nouveau. [...] Les premiers temps, ils avaient imaginé comme brimade d'inspecter nos paniers quand nous sortions du marché, pour vérifier si nous ne transportions pas des articles de contrebande. S'ils recommencent, ils risqueront de plonger les doigts dans des substances inattendues sous les bottes de navet et les paquets de riz.
-Des tripes ? suggéra Rosemary.
- Des oeufs cassés ? hasarda Scarlett.
-Du poil à gratter, devina Rhett.
Pour la troisième fois, Mme Butler éclata de rire.
-Et bien d'autre choses, dit-elle avec satisfaction.
Scarlett chérie, avec votre sens pratique et votre goût des affaires, vous êtes le type même de personne que les farfadets adorent berner...
Et elle se retrouva, ayant passé la porte, devant une grande femme élégante dont les cheveux d'un blanc parfait couronnait un beau visage.
-Chère Eleanor ! dit Eulalie.
-Vous m'avez amené Scarlett ! dit Mme Butler. Ma chère enfant, vous êtes si pâle !
Elle posa ses mains légères sur les épaules de Scarlett et se pencha pour l'embrasser sur la joue.
Enveloppée par la délicate odeur de citronnelle qui émanait de la robe de soie et des cheveux soyeux d'Eleanor Butler, Scarlett ferma les yeux. C'était le même parfum que celui qu'elle associait toujours à Ellen O'Hara, le parfum du confort, de la sécurité, de l'amour, de la vie avant la guerre.
Scarlett ne chercha pas à retenir ses larmes.
-Allons, allons, dit la mère de Rhett. Tout va bien, mon enfant. Les chagrins sont passés. Vous êtes enfin chez vous. J'ai tant prié pour que vous veniez !
Elle entoura sa belle-fille de ses bras et la serra contre elle.
Ce sera bientôt terminé, et je pourrai rentrer chez moi, à Tara.
Toute la vie vécue là, toute la joie et toute la souffrance, tous les festins et les combats, ils sont dans l'air qui vous enveloppe et sur la terre que vous foulez.
... ils interrompirent leur conversation par un baiser. Car les mots ne suffisaient plus à exprimer ce qu'ils ressentaient.
L'amour est une coupe qu'on emplit à mesure qu'on y boit.
Voilà donc ce que décrivent les poètes quand ils parlent d'amour? pensait-elle. Il leur suffirait de dire que les couleurs deviennent plus éclatantes, que le cri rauque et disgracieux des mouettes sonne comme la plus harmonieuse des musiques, que les pavés crasseux sont transformés en précieuses perles noires, que chaque feuille d'arbre se mue en oeuvre d'art, que l'envie de danser vous démange...
Plus que jamais, elle se sentait écartelée entre sa nature et son éducation. Les O'Hara l'attiraient comme un aimant. Leur énergie, leur joie de vivre faisaient vibrer à l'unisson la partie la meilleure et la plus profonde de sa nature. Elle n'était pourtant pas libre de s'y abandonner. Tout ce qu'elle avait appris d'une mère infiniment respectée lui interdisait cette liberté proche de la licence.
Déchirée par ce dilemme, elle ne parvenait pas à comprendre la cause réelle de son malheur.
Les gens ne sont plus les mêmes quand ils se déguisent. Ils sont capables de tout.
On peut remédier à l'ignorance, tandis que la stupidité est incurable.
Cécile était la fille d'une placée, donc une enfant illégitime. Elle ne pouvait prétendre épouser un homme de couleur fortuné qui lui offrirait le train de vie auquel elle était accoutumée. Car la société des gens de couleur obéissait aux règles aussi strictes en matière de rang et de naissance que la société des Blancs.
Un homme non plus n'a pas de cervelle dans son pantalon.
Une plantation est comme un petit royaume. Elle produit tout ce dont elle a besoin. Hormis le vin pour les messieurs et les chiffons pour les dames. Ceux-là, on les fait venir de France.
Quelle femme a envie d'élever un enfant que son mari a fait à une autre ?
« Ah, la jeunesse, dit-il. Si seulement je pouvais la mettre en bouteille et la prescrire à mes patients, je serais le plus grand praticien du monde.
J'aime cette Louisiane. Je l'ai aimée au premier coup d'œil.
J'ai eu raison de venir ici. Mon cœur a reconnu ce pays avant même que mon esprit ne le découvre. C'est mon pays. Je n'ai pas besoin de preuves pour le savoir.