AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Alexandre Civico (79)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Dolorès ou le ventre des chiens

Dolores/Antoine, Antoine/Dolores… ainsi va ce récit dans lequel deux personnages outranciers (l’une est psychopate et s’est trouvée bien malgré elle propulsée comme icone d’un mouvement « post me too » ; l’autre est cocaïnomane, cynique et désabusé ; l’une est une meurtrière en série, l’autre psychiatre, expert en la circonstance) s’opposent/se confrontent/se rencontrent… Un dénouement en forme de happy end apocalyptique… Et pourtant, si ce livre n’était qu’un miroir à peine déformant de nos turpitudes, de la déglingue de notre société, de nos angoisses ?
Commenter  J’apprécie          00
Dolorès ou le ventre des chiens

J'ai adoré ce livre, je l'ai lu durant un voyage en train, quelqu'un me l'avait conseillé, depuis il est passé par de nombreuses mains, j'attends qu'on me le rende pour le prêter à nouveau. Histoire de violence, mais que, un duo une femme et un psy qui va lui rendre visote en prison, après le dernier de ces faits. Je n'en dit pas plus, mais ce face est envoutant et malgré la dureté, une belle rencontre avec les protagonistes, et ce n'est pas un polar habituel non plus
Commenter  J’apprécie          00
Dolorès ou le ventre des chiens

L'idéalisme révolutionnaire n'a plus court, on le savait déjà. Le dernier combat serait-il celui de la libération de la parole, comme nous le vivons aujourd'hui, ou de la libération des corps féminins, arme fatale s'il en est, instrument de toute puissance face au mâle soumis à ses sens. La dictature sexuelle change de patron et devient féminine. Elle tue et torture, fait peur. Une égérie malgré elle entame sa descente aux enfers peuplés d'hommes asservis, sacrifiés sur un autel dont elle ne sait à qui sont dédiés ces sacrifices. Les origines et le malentendu donnent une réponse qui arrange tout le monde, elle trouve des disciples, l'outil de propagande entretient le mythe, fabrique une nouvelle révolution, nécessaire en ces temps de marée basse idéologique.

Mais non, ce n'est pas ça, elle est folle, faites en sorte qu'elle le soit, au regard de la loi, dernier rempart contre un emballement dont on ne sait où il peut mener. La faiblesse de l'homme est patente, évidente, le riche mâle blanc, l'alpha régnant sur le monde a une moindre allure le slip sur les chevilles et baignant dans son sang.

L'expert notifiera qu'elle n'est que l'instrument de ses origines, il le sait depuis le début des entretiens, elle a quelque chose de pas net, un secret qui explique le tout. La noirceur du trait n'est pas une lutte de libération, la désinvolture n'est qu'un rideau de fumée masquant une blessure originelle.

Lui, revenu de tout, et de lui-même, est déjà mort.

L'écriture est précise et rapide, cédant parfois aux sirènes de stéréotypes, personnages secondaires sortis d'un imaginaire idéologique caricatural. La vision sociétale de l'auteur est si noire que son héros, prototype du sale bonhomme, nage fort bien dans ce monde-là.

Sombre lecture.
Commenter  J’apprécie          20
Dolorès ou le ventre des chiens

J’hésite entre opportunisme de l’auteur ou publicité inopportune. Le sujet est d’actualité, mais la qualité est insuffisante pour qu’on en fasse grand cas. Je me suis fait avoir par la communication autour de la sortie de ce livre.

Un roman de face à face de prison. L’idée est bonne, mais traitée en surface. Un scénario, une ébauche. Peut-être sortie à la hâte pour coller à l’actualité.

On est très loin de la finesse des antagonistes du Silence des agneaux. Les dialogues sonnent faux. Pas au niveau du propos, mais du niveau de langue. Du language d’auteur qui ne colle pas aux personnages. Des métaphores complexes qui ne collent pas à l’oralité d’un dialogue contemporain. On a le sentiment que le texte était d’abord écrit de la voix d’un narrateur, avant de faire le choix de la voix des personnages, mais sans trop toucher au texte.

Le psy est un archétype de roman de gare ; le beau gosse cynique cocaïnomane revenu de tout. On ne croit pas une seconde à son couple avec une fille de bonne famille. Il eat abject mais traverse tout sans conséquence.

Dolorès se livre sans que rien ne l’y pousse. On ne perçoit rien de ses maux. Elle a vaguement une histoire, mais on ne saisit pas ce qui la pousse vraiment à agir, quelles contradictions l’habitent.

On dirait une pièce de poseurs ou chacun se regarde dans son rôle.

L’histoire ne tient pas la route. Une ennemie publique, pour laquelle on a une intervention directe du Garde des Sceaux, mais un psy qu’on laisse vaquer à ses occupations et qui n’est jamais interpellé par la presse. Un final ridicule.

Rien n’est crédible.
Commenter  J’apprécie          20
Dolorès ou le ventre des chiens

Violence financière et patriarcale, contre-violence improvisée : à force, entre les deux, il n’y a plus rien. Un magnifique quatrième roman de feu et de flamme, poignant, rageur et néanmoins curieusement poétique.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/03/17/note-de-lecture-dolores-ou-le-ventre-des-chiens-alexandre-civico/



Ennemie publique n°1 : depuis qu’elle a commencé, un soir, en assassinant un PDG rencontré en boîte de nuit qui croyait banalement que son argent et sa position sociale lui autorisaient n’importe quoi, qu’elle a récidivé, et – bien pire – qu’elle a fait de nombreuses émules, instinctivement décidées comme elle à menacer concrètement – et terminalement – la domination financière et patriarcale sans foi ni loi (autre que celle taillée le cas échéant à ses – souvent larges – mesures), toutes les polices françaises chassaient sans répit Dolorès Leal Mayor. Lorsque la cavale prend fin, son arrestation digne de celle du plus redoutable djihadiste la conduit directement à la case prison, sans passer par les cases commissariat, garde à vue, avocat, etc. : sa seule présence médiatique et – il faut bien le dire – populaire est une grenade dégoupillée pour tout gouvernement – et tout particulièrement pour un gouvernement dont la fragile légitimité est avant tout assise sur la défense de ceux qui vont bien et qui ont l’argent pour en témoigner.



La solution à ce dilemme de police, de justice et surtout de communication – maintenant que les éléments de langage constituent le seul horizon tangible d’une pensée politique : trouver un psychiatre aux abois, facile à manipuler et diriger, qui déclarera la terroriste – comme ils disent – plus ou moins folle à lier, ce qui permettra de l’enterrer vivante pour le salut de la communauté, sans passer par la dangereuse case du procès public. Cela tombe bien : le docteur Antoine Petit, bercé par l’alcool et la cocaïne, n’est pas du tout en position de décliner une offre que précisément, et selon la coutume bien connue, l’on ne peut pas refuser. Le voici donc en chemin pour la petite prison des Alpes où l’attend la prisonnière, sommé de produire rapidement un diagnostic sans appel.



Il reste bien, dans l’ombre ou dans la lumière qui aveugle, un troisième protagoniste : Pedro, le protecteur des situations désespérées, le vieux révolutionnaire habitué des luttes anti-fascistes, familier des surveillances et des vies ténues sous le radar sécuritaire, celui qui a couvé Dolorès en fuite (« Ce que tu as commencé, personne ne peut l’arrêter, Dolorès. Ça monte, ça déborde, ça va tout inonder »), celui qui s’inquiète et cultive pourtant l’espoir fou que, enfin, on y arrive – même par des chemins imprévus. Dans un monde tellement à bout, voilà peut-être l’étincelle à préserver quoi qu’il en coûte.



Alexandre Civico excelle à créer des tunnels d’incandescence, rentrée ou explosive : confinée à l’habitacle d’une voiture lancée en course unique entre la France et l’Andalousie (« La terre sous les ongles », 2015), exposée aux vents secs du désert, de la savane ou de la ville désormais hostile (« La peau, l’écorce », 2017), circulaire et hantée autour d’un lieu de mise à mort légale, déjà (« Atmore, Alabama », 2019), ses irruptions de lumière noire et de colère fascinent et dérangent, nécessairement, sous la beauté de la langue qu’il invente pour chaque occasion tout en restant fidèle à sa belle écriture de chemin sec. Son quatrième roman, « Dolorès ou le ventre des chiens », publié en janvier 2024 chez Actes Sud, pousse son art bien particulier un cran plus loin encore.



Comme en écho actualisé d’une ancienne fureur froide, celle qui habitait les personnages fassbindériens du « Si les bouches se ferment » d’Alban Lefranc (là où la Fraction Armée Rouge tuait des fascistes – comme le condensait aussi si magnifiquement, bien plus récemment, le dramaturge Tiago Rodrigues dans un tout autre contexte – quoique…), Alexandre Civico confronte le bouillonnement de celles (et de ceux) qui ne peuvent plus supporter à un univers carcéral – dans lequel il a par ailleurs, et ce n’est pas neutre, assidûment pratiqué l’atelier d’écriture auprès des détenus. De ce choc tragique qui ne peut plus du tout être feutré, celui de la violence des dominations en place et des contre-violences improvisées, il extrait une fascinante démonstration incarnée. En déplaçant la redoutable équation posée par Mathieu Riboulet en 2015, il signifie ce qui sépare désormais Dolorès du ventre des chiens : entre les deux, il n’y a rien.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30
Dolorès ou le ventre des chiens

Avant d'être arrêté, Dolorès a commis une série de meurtres, uniquement des hommes friqués , des «  ploucs à rolex » qu'elle a séduit dans le but de les trucider, comme sa première victime : « c'est du nombril qu'il parlait, de l'orifice de son gros ventre satisfait et engloutisseur de bouffe, engloutisseur de la transpiration des hommes et des femmes qu'il faisait travailler pour avoir le privilège d'arborer une pute comme moi dans un restaurant sans étoiles. »



« La révolution à coups de couteaux » ? En tout cas, « ça sortait de partout, comme les vers d'un cadavre », les actes de Dolorès ont entrainé une épidémie de meurtres ciblés. Les autorités ne veulent pas d'une passionaria, elles ne veulent pas s'embarrasser d'un procès qui pourrait se transformer en tribune. La justice charge un jeune psychiatre de la déclarer irresponsable de ses actes dans son rapport d'expertise.



Les courts chapitres alternent les voix de Dolorès et celle du psy. Leur confrontation est dense, entre le psy bordeline rongé par ses addictions et une Dolorès joueuse qui ne veut pas se dévoiler. Dolorès est le genre de personnage qui aspire tout dans un roman, et pourtant le psy et surtout son ami le vieux prêtre espagnol existent magnifiquement à ses côtés.



Ce roman prend souvent aux tripes, porté par des personnages marquants et une qualité d'écriture assez impressionnante, créative et ciselée, aux plus près des corps et des sensations physiques.



« Voyez cette peau, si elle est lisse. Regardez si elle ment. Elle cache les rides, les creux, les bosses, les plis accumulés au fil des vies. Juste en dessous se trouvent toutes les nervures, tous les sillons, toutes les rigoles, toute l'érosion, tout l'épuisement du monde. Ne vous fiez pas à ma peau. Si vous pouviez m'ouvrir le ventre, vous verriez tous les désespoirs se répandre à terre, un liquide aux odeurs de merde. Vous ne comprenez pas. Un discours politique construit. C'est une connerie. Il n'y a que des cris. Ce corps, le corps des femmes est un palimpseste des gestes et des douleurs. Ça n'use pas le corps, ça l'écrit. Et quand il meurt, le corps, ces gestes, ces afflictions restent là, enfermés comme dans un livre poussiéreux. Les hommes de votre espèce avancent toujours avec le soleil dans le dos. Ils croient que cette ombre élancée qui s'étale à leurs pieds, c'est eux. Les hommes marchent dans un costume trop grand qu'ils pensent être à leur taille. Et les femmes marchent toute leur vie sous un soleil de midi, implacable, qui les punaise à leur place. »



Dolorès est une héroïne ambigüe comme je les aime. Jusqu'au bout on s'interroge sur ses motivations à tuer, politiques ou plus personnelles, à moins que ce soit les deux. Est-ce une quête, une révolte, une jouissance à tuer, une « rage sans paroles », une rage à message, un débordement après avoir été trop écrasée en tant que femme ?



Au fil de ma lecture, je me suis souvent demandé quelles étaient les intentions de l'auteur. Il me semble qu'il ne faut pas lire Dolorès ou le ventre des chiens comme un roman réaliste, plutôt comme une fable sur la violence induite par un capitalisme couplé au patriarcat. Une fable non moralisatrice sans apologie de quoi que ce soit, même s'il y a un parti pris. J'ai envie d'y lire le cri d'un homme solidaire des femmes violentées, d'un citoyen dégoûté du comportement de certains de ses congénères.



La fin est inattendue avec son côté punk qui clôt parfaitement ce roman sombre et désenchantée. Percutant.





Commenter  J’apprécie          10712
Dolorès ou le ventre des chiens

Dolorès est une meurtrière, une femme en colère qui a buté des hommes blancs, bedonnants et friqués. Elle est devenue un symbole, un modèle, l'idée même qu'on puisse abattre le patriarcat. Antoine est un jeune psychiatre déjà désabusé, alcoolique et cocaïnomane. Il est chargé de rédiger un rapport donc la conclusion doit être la folie. Les pasionaras, ce n'est pas bon pour la société...

.

Mais une pasionara c'est tellement bien pour un roman ! Sous le couvert d'un résumé classique, Alexandre Civico écrit une chronique sociale et résolument engagée. J'espère que son texte ira titiller les consciences et donnera des envies d'action (pas sanglantes messieurs-dames, soyons tout de même raisonnables) au plus grand nombre !
Commenter  J’apprécie          20
Dolorès ou le ventre des chiens

J'ai découvert la plume d'Alexandre CIVICO lors de ma lecture de “Atmore Alabama” l'an passé. J'avais totalement succomber au style de l'écriture de l'auteur.



Naïve que j'étais, je pensais que j'avais lu le meilleur livre de cet auteur….Quenini …. Cet ouvrage ci, m' as mis une belle claque littéraire dont je repense encore souvent malgré les semaines qui me séparent de ma lecture .



Dolorès est une femme très spéciale . Malgré ses actes horribles, on va se prendre totalement d'affection pour elle et suivre l'évolution de son histoire à travers ses rdv avec son psychologue cocaïnomane lors de sa détention .



Deux protagonistes à fort tempérament, aux vies avec chacun leurs dépendances , leurs folies, pour un excellent roman choral .



Les actes de Dolorès nous font également réfléchir sur l'impact de la richesse de certains hommes qui sont convaincus de pouvoir tout obtenir grâce à cela.



Accrochez vous car cette lecture est sombre et très dure . Merci à l'auteur pour ce roman noir intense qui fut un véritable coup de cœur.
Lien : https://lafeebleue.org
Commenter  J’apprécie          00
Comment glander au bureau en passant pour u..

« Comment glander au bureau en passant pour un pro et autres techniques de survie en entreprise » propose un véritable arsenal de techniques pour se vendre, grimper les échelons, profiter des autres, éliminer des rivaux, bref devenir la pire des pourritures sans foi ni loi pour accéder à un surplus de petits privilèges matériels symboles aujourd’hui de la réussite dans ce monde corrompu.



Si comme moi, vous êtes rétif à leur emploi, les connaitre vous permettra au moins de ne pas vous faire manipuler et mettre en difficulté lorsque d’autres personnes y auront recours… ce qui après tout n’est peut être pas si inutile.



A réserver donc aux cyniques aux dents longues convaincus que pour réussir le seul moyen est de tuer père et mère…
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
Commenter  J’apprécie          81
Dolorès ou le ventre des chiens

Ces hommes sont riches, gras et gros de leur puissance que vomissent leurs bouches répugnantes. Dolorès Leal Mayor les séduit puis les crève uns à uns, ces porcs imbus d’eux-mêmes, dans un élan d’écœurement. Le regret est pour les faibles, et faible, elle ne le sera plus. Pas plus que ces femmes dont elle devient le modèle, le mentor d’une lutte contre le patriarcat, ces femmes qui poursuivent son action alors qu’elle est arrêtée et écrouée.

Alcoolique, cocaïnomane, Antoine, jeune psychiatre, se perd dans une vie à laquelle il ne trouve pas de sens. Enjoint à évaluer l’état psychique de Dolorès par une démarche pipée, il accepte et débute avec celle qu’il croyait insipide un dialogue aux multiples turbulences. L’échange sera celui du ressenti et de la perception livrant au jour les fragments d’une société ébranlée.

Le livre est bref et intense comme une course qui mange le souffle. On est happé par le gris de cet homme et de cette femme qu’une rage folle nourrit au cœur d’un monde inégal. L’auteur ne négocie pas : il tisse sa toile offrant à chacun d’eux une parole sans filtre aussi poignante que fracassante. Le résultat est sombre, vrai et la lecture forte.

Un roman original et entier.


Lien : https://aufildeslivresbloget..
Commenter  J’apprécie          132
Dolorès ou le ventre des chiens

Une chronique de Margot, sur Aire(s) Libre(s).

En cette rentrée hivernale, beaucoup de livres savent attirer les regards. Dolorès ou le ventre les chiens, en fait partie. Le titre, déjà. Puis la couverture, qui semble nous parler avec des yeux charbonneux mais perçants. La quatrième de couverture annonce à son tour une fureur éclairée.Que faire d’autre que se jeter à corps perdu, sans jeu de mots, qui a lu peut vérifier, dans ce roman qui a déjà l’air de jongler avec les certitudes et les travers le la société ? Étonner, détoner, détonner, détrôner. Ce roman est absolument surprenant, et c’est réel compliment, une catharsis ciselée sur le réel dominateur et puissamment capitaliste. Un dialogue entre les êtres qui ne sont rien mais savent, puisque n’ayant plus rien à perdre, que seul le feu réveillera(it) leur condition humaine écrasée.

Dolorès est une jeune femme qui n’est rien dans la masse humaine. Mais, oui, elle a un beau cul, elle sait séduire, notamment des « gros pleins de fric » incarnant la domination et les violences subies par les femmes. Dans son esprit.

Dolorès n’a jamais été victime d’agression majeure : “Je ne suis rien. Je n’ai pas été violée, je n’ai pas été abusée, je n’ai pas eu faim. Vous pensez qu’il faut avoir été violée pour porter le viol, abusée pour ressentir l’abus, avoir eu faim pour être assourdie par le cri des ventres creux ?” Mais la fureur, la fièvre.

On entre de plein fouet dans l’arrestation de Dolorès : une porte volant en éclats après quelques coups sonores de semonce. Le regard des hommes est là. Et Dolorès, sulfureuse, clairvoyante, révélatrice.



« Le flic-enfant regardait mes cuisses du coin de l’oeil, gêné comme un adolescent devant le décolleté un peu trop lâche de la mère de sa copine. J’ai rabattu un pan du manteau dont ils m’avaient recouverte pour le priver de la vue. J’ai imaginé un instant ce qui se tramait sous sa casquette. À portée de main, une chair rose, appétissante, interdite. Il devait bander à regret. J’étais Méduse, ou Circé, ou les sirènes de L’Odyssée. Bref, une salope. »

Elle est accusée d’avoir assassiné une dizaine d’hommes après les avoir séduits. D’avoir ouvert partout dans le pays une brèche épidémique, déclenché une vague de fureur chez les femmes, victimes du capitalisme et de son patriarcat.



« Il était PDG d’une très grosse entreprise et possédait ce visage rond et luisant des jouisseurs chez qui le ventre est l’écrin de l’âme. »

La suite :






Lien : https://aireslibres.net
Commenter  J’apprécie          10
Dolorès ou le ventre des chiens

Chronique difficile à écrire. le roman traite d'un sujet sensible, au coeur de l'actualité, les relations hommes/femmes, le sexe, le consentement, la domination.

L'auteur est du genre à dire : ami lecteur (précision je ne dis pas amie lectrice), je vais te mettre les points sur les I, les barres au T, les cédilles là où il en manque et les trémas là où tu les as oubliés.

Fin de l'avertissement, tu peux continuer.

Dolorès est une femme libre. Elle n'en peut plus de voir des hommes établis, la bedaine installée, la calvitie plus que naissante, le sexe défaillant, séduire et contraindre à leurs désirs inavouables de jeunes femmes souvent prises au piège.

Elle dit : « le ventre des chiens ou leur bite, c'est la même chose. Et vous le savez très bien. Vous nous faites crever, rapidement ou à petit feu, à coups de ventre, à coups de bite. Vous prenez toute la place. » ; elle rajoute pour ceux qui n'auraient pas compris : « le pouvoir ça voudrait faire le bien, mais ça fait toujours le mal. »

Dolorès n'est pas une militante, quand Pedro le compagnon d'armes de son grand-père, républicain espagnol réfugié en France après un attentat de l'ETA en 1975, lui dit « Tu es une merveilleuse étincelle sur un baril de poudre. Dolorès, une étincelle qui brille comme une étoile. », elle pense « je n'ai même pas essayé de lui répondre. »

Paradoxalement et c'est tout l'intérêt de la façon dont l'auteur traite le sujet, si Dolorès veut passer sous les radars, mener son combat pour elle-même, la police et la justice ne veulent pas non plus faire d'elle une pasionaria ou une martyre. Pas de vague. Pas de vague.

Dès le début de son incarcération, on dépêche Antoine Petit, un psychiatre inconnu pour faire en sorte que le combat de Dolorès soit présenté comme la conséquence de ses troubles personnels et de son instabilité. « Il était agaçant comme une mouche se posant sur le coin de la bouche. » dit-elle en le voyant.

Le lecteur découvre l'histoire de Dolorès au cours de ces entretiens. Tout sépare Antoine et Dolorès. Elle combat. Lui choisit de fuir dans l'alcool et la cocaïne. « J'ai sorti de ma poche ma petite boite métallique, ronde, incrustée de lapis-lazuli et j'ai rendu un petit hommage silencieux à Proust en préparant une poutre que j'ai reniflée de toutes mes forces. »

Le nom des deux personnages marque leur différence Dolorès Leal Mayor, (fidélité et grandeur) contre Antoine Petit, (sans commentaires).

Quand il lui propose l'écume des jours de Vian pour l'amener à se confier, elle revendique « Pas ça j'ai répondu. Je ne demande pas à un écrivain de m'aider à m'évader, je veux qu'il me montre où se trouvent les barreaux. »

Ils sont comme des droites parallèles, deux droites distinctes sont dites parallèles si elles n'ont aucun point en commun…pourtant au fur et à mesure des entretiens des points communs apparaissent. Leurs origines sociales modestes sur lesquelles ils ont capitalisé différemment. Qu'elle le veuille ou non, Dolorès a choisi la lutte comme l'a fait son grand-père. Antoine lui a choisi la promotion sociale mais il est un transfuge de classe honteux, quand son amie Zélie l'emmène à une fête chez des amis dans le 16ème, il répond :

- La bienveillance c'est facile dans un hôtel particulier.

- Tu parles comme ta Dolorès. Ou l'idée que je m'en suis fait.

- Tu as sans doute raison. »

L'auteur illustre son propos sur le consentement et la domination en opposant ses deux personnages suggérant que la lâcheté et la soumission des gens comme Antoine est un choix qui autorise tous les excès de pouvoir.

Pourtant la fin du roman nuance cette analyse laissant penser que le choix de Dolorès cache un certain égoïsme.

A lire assurément ! Lisez le et dites-moi ce que vous en pensez...

Commenter  J’apprécie          220
Dolorès ou le ventre des chiens

Salut tout le monde, j'espère que vous allez et que vous faites de chouettes lectures.

Aujourd'hui,je viens vous parler d'un court roman très noir, très sombre ,dans le cadre d'une masse critique Babelio. Il s'agit de " Dolorès ou le ventre des chiens", un roman qui nous dis que Dolorès a été arrêtée et placer en détention pour les meurtres d'une dizaine d'hommes. Tous des hommes riches qui aiment coucher avec de très jeunes femmes. Pourquoi commet-elle ses crimes, y a-t-il seulement une raison ? Eh bien oui, mais pour connaître cette raison il va vous falloir vous plongez dans son histoire.

L'auteur a une écriture fascinante, on se plonge tout de suite dans cette sombre histoire, les chapitres alternent deux points de vue, celui de Dolorès dans une prison de haute sécurité pour femme, et le point de vue de Antoine Petit, jeune psychiatre, accro à l'alcool et à la cocaïne,qui doit rendre un rapport sur l'état psychique de la tueuse. Mais cela n'est pas gagné, car Dolorès ne se confie pas facilement,je dirais même qu'elle prend plaisir à le balader.

Dans ce récit, j'ai bien aimé cette immersion dans le milieu carcéral.

Quant à la fin, je dois avouer que j'ai été plutôt surprise par le dénouement, mais hélas la fin m'a un peu laissée sur ma faim, dénouement un peu trop rapide à mon goût. Mais j'ai beaucoup aimé que l'auteur nous distille des informations sur les raisons qui ont poussées Dolorès a commettre ses meurtres.

Si vous aimez ce genre littéraire,je ne peux que vous recommander de le lire, en plus il est assez court et se lit très vite.

N'hésitez pas à me dire en commentaire si vous l'avez lu, ou si je vous ai donné envie de le lire. Quant à moi je vais essayer de le procurer d'autres romans de cet auteur.

Merci infiniment à Babelio ainsi qu'aux éditions Actes Sud pour l'envoi de ce sombre roman.

Il me reste plus qu'à vous souhaiter un excellent dimanche et de faire de très belles lectures.

Dolorès ou le ventre des chiens

Alexandre Civico

Actes Sud éditions

179 pages

Masse critique Babelio
Commenter  J’apprécie          20
Dolorès ou le ventre des chiens

Intriguée par ce livre, je me suis laissée guider par cette lecture rythmée me demandant où cette histoire allait me mener. Sauf qu'une fois terminée, je n'ai toujours pas compris... C'est noir, très critique envers notre société - c'est d'ailleurs ce qui m'a attiré - mais j'ai trouvé ça gratuit, comme un règlement de compte qui ne mène à rien.



Bref je suis peut-être passé à côté de quelque chose mais, même si je n'ai pas trouvé la lecture déplaisante, je ne saurais comment le recommander à d'autres lecteurs.
Commenter  J’apprécie          60
Dolorès ou le ventre des chiens

Dolorès ou le ventre des chiens est un court roman de moins de 200 pages, un roman noir qui traite de l'expression de la révolte des femmes face au patriarcat tout-puissant.



Il y a deux personnes dans le récit, tous les autres étant finalement accessoires, et quasiment un seul décor qui compte : le parloir de la prison, le lieu de la "confrontation".



Dolorès et Antoine s'y rencontrent malgré eux. Dolorès la meurtrière, le symbole bien malgré-elle de la révolte des femmes, qui emprisonnée, est en attente de jugement. Les autorités craignent ce qu'elle représente et elle est mise au secret en prison. Quant à Antoine, c'est un psychiatre déchu, de par ses choix de vie et également, on peut même lire entre les lignes tout simplement : un mauvais psychiatre. Désabusé par la vie, il ne survit, plus qu'il ne vit. Il n'est là que dans un seul but discréditer, Dolorès.



Leur rencontre est l'opportunité pour Dolorès de s'exprimer enfin de vider sans détour, toute la noirceur qu'elle a emmagasiné, à un Antoine presque imperturbable.



En marge de ces rencontres au parloir, il y a aussi les retours dans le passé, qui expliquent le cheminement qui l'a conduite là où elle en est arrivée.

Ce n'est que finalement à la fin qu'on se rend compte qu'ils sont finalement semblables, deux personnes dégoûtées par la vie.



L'écriture est très incisive, les phrases sont courtes, les chapitres courts voire très courts ; cela renforce un sentiment d'urgence.

L'écriture d'Alexandre Civico colle parfaitement au récit, c'est très réussi de ce point de vue là, et même si finalement, j'ai trouvé que le récit ne répond pas à tous les enjeux que je croyais deviner dans le quatrième de couverture, j'ai apprécié ma lecture. J'ai trouvé que ça n'allait pas assez loin, que les motivations et la colère n'étaient pas assez exploitées.

Si Dolorès est à vif, sa colère ne trouve pas réponse, et Antoine reste un récepteur passif de la colère et des motivations de l'héroïne, ça m'a frustrée.

Si Dolorès m'a touchée, Antoine lui ne m'a fait ni chaud ni froid.

Et même si j'ai bien aimé l'épilogue du livre, il est tout de même un peu trop sympathique et c'est hautement improbable que cela puisse arriver de manière si facile. Il contraste avec le reste du livre bien plus sombre. Je pense qu'un épilogue plus sombre aurait mieux convenu.



Merci aux éditions actes-sud et à Babélio pour cette découverte. J'ai passé un bon moment.
Commenter  J’apprécie          10
Dolorès ou le ventre des chiens

Dans ce roman noir, il y a Dolorès Leal Mayor, accusée d’avoir assassiné une dizaine d’hommes. Elle est en mandat de dépôt dans une prison sécurisée. Et puis il y a Antoine Petit, un jeune psychiatre, fraîchement diplômé, qui carbure à l’alcool et à la cocaïne. Il a été mandaté par un juge pour expertiser la jeune femme et de la déclarer irresponsable, afin d’éviter un procès. Dolorès est une tueuse en série qui en talons hauts, jupe courte et maquillage excessif, travaille pour des salons auto comme hôtesse et pour aguicher des vicelards plein aux as, parce qu’ils ont le fric, ils peuvent tout acheter, la voiture et l’hôtesse avec ! Quand Dolorès a trouver le bon pigeon, elle accepte de se faire payer un verre et plus si affinité, sauf qu’avec elle, ça finit toujours en bain de sang. Elle n’a aucune revendication, aucun remord, juste que « le porc méritait d’être grillé. Parce qu’il était un porc, parce qu’il était un poids dégueulasse, écrasant un monde qu’il regardait comme un amas de cafards. ». Après lui, il y en a eu d’autres, jusqu’au moment où la presse s’empare du sujet et en fait une « tueuse anti-ploucs à Rolex ». Et puis d’autres femmes vont commencer à l’imiter, les meurtres se succèdent. Pourtant, Dolorès se refuse d’être une icône, d’être « le déclencheur d’une hystérie collective ». Elle décide de commettre son dernier homicide, se faire arrêter et ainsi stopper l’hémorragie qu’elle a déclenché malgré elle. Mais rien ne se passera comme elle l’avait prévu. Au fur et à mesure des pages, on avance à travers le récit de Dolorès dans un monde de plus en plus noir, glauque. Au passage, la vie carcérale est remarquablement décrite sans exagération ni censure. L’histoire laisse peu de place à Antoine et pourtant, et même s’ils ne sont pas du même côté du plexiglass dans la salle de consultation médicale, ils ont un point commun : le dégoût d’une société qui ne leur correspond pas, « une rage sans paroles, intime », que lui compense par la chimie et l’alcool, elle par ses passages à l’acte. La plume de l’auteur est cinglante, acérée, presque étouffante. Les chapitres sont courts, écrit à la façon d’un compte à rebours qui avancent au cours des entretiens et nous amènent vers un dénouement qui va surprendre plus d’un lecteur et qui m’a laissé un goût amer ! Un roman d’une forte intensité émotionnel que je ne peux que vous conseiller de lire.

Merci à la Masse Critique de janvier et aux @Éditions Actes Sud.
Lien : https://www.facebook.com/phi..
Commenter  J’apprécie          10
Dolorès ou le ventre des chiens

Un roman absolument étonnant, noir, dense et concis sur le face à face entre Dolorès, tueuse en série et Antoine, jeune psychiatre, cocaïnomane.



Dolorès n’a pas été violée, elle n’a jamais été victime d’agressions majeures et pourtant un jour, elle passe à l’acte et tue. Elle tue des hommes, des hommes plutôt riches, après les avoir séduit. Une dizaine de meurtre à son compteur, la rage au corps. Sans le vouloir, Dolorès devient une icône et fait des émules. Elle a ouvert la voie, des femmes tuent prenant conscience des abus des hommes et du pouvoir de l’argent. Un règlement de compte societal qui inquiète en haut lieu. Quand elle est arrêtée, on craint qu’un procès lui donne encore plus de visibilité. La justice charge alors un jeune psychiatre sans expérience et paumé de déclarer Dolorès irresponsable de ses actes.



Un texte sombre et rageux aux accents anarchistes sur une société fracturée et irréconciliable. Un texte qui se lit d’une traite, remarquablement écrit jusqu’à la conclusion surprenante.
Commenter  J’apprécie          120
Dolorès ou le ventre des chiens

Après le remarqué « Atmore, Alabama » chez Actes Sud, Alexandre Civico revient chez le même éditeur avec cette critique féroce du machisme et du consumérisme sexuel.
Lien : https://www.sudouest.fr/cult..
Commenter  J’apprécie          00
Dolorès ou le ventre des chiens

Dans son nouveau roman noir, «Dolorès ou le ventre des chiens», Alexandre Civico croque une tueuse en série à talons aiguilles, un texte glaçant qui baigne dans une «tristesse d’égout».
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
Commenter  J’apprécie          00
Dolorès ou le ventre des chiens

Dolorès Leal Mayor vient d’être arrêtée pour le meurtre d’une dizaine de personnes, chaque fois des hommes riches, ivres des possibilités offertes par leurs ressources financières, mais avec qui elle n’entretenait aucun lien. Depuis, la vendetta de Dolorès a engendré des vocations, incitant d’autres femmes à se dresser contre les symboles masculins du pouvoir, faisant d’elle l’ennemie publique numéro 1. Antoine Petit, psychiatre cocaïnomane, a été nommé par le juge d’instruction pour déterminer le profil psychologique de Dolorès, non pas parce qu’il est le meilleur, mais parce qu’il fera ce que la société souhaite : trouver une explication à ces gestes, qui ne remette pas en cause l’ordre établi.



À partir de cette trame, Dolorès ou le ventre des chiens, le quatrième roman d’Alexandre Civico, pourrait se déployer autour de longues conversations entre Dolorès et Antoine, pétries de réflexion sur l’état de la société. Il n’en est rien, car le livre se déroule déjà dans le monde d’après : un monde rendu à l’incommunicabilité, un monde où toutes les cartouches ont déjà été tirées, où toutes les pistes pour améliorer la situation ont déjà été explorées. C’est un monde fracturé que raconte Alexandre Civico. Une société sans issue, où les citoyens et citoyennes sont obligés de choisir entre se taire – subir la vie avec l’autodestruction pour seul avenir – et partir en guerre contre le système, laissant s’exprimer la violence après l’échec de toutes les voies diplomatiques. Qu’ils marchent dans le rang (Zélie, la petite amie d’Antoine), qu’ils fuient la réalité (Antoine), qu’ils matérialisent leur mal-être (Dolorès), qu’ils recréent un système dans le système (Marion, la codétenue de Dolorès) ou qu’ils vivent par procuration (Pedro, ami du grand père de Dolores et ancien révolutionnaire, qui a combattu le fascisme espagnol), tous les personnages de Dolorès ou le ventre des chiens sont dans une impasse. « Juste la vie dégueulasse qui palpite et vrombit comme un essaim de mouches à merde », comme le dit Antoine.



Les femmes discernent dans l’action de Dolorès une révolte contre le patriarcat. Pedro y voit l’ultime chance d’un aboutissement de la révolution contre les puissants. Les institutions étatiques, quant à elles, y perçoivent les symptômes de la folie – ou du moins espèrent que la justice tranchera en ce sens. Peu importe la vérité de Dolorès, personne ne l’écoute, tout le monde plaque sur elle ses projections, ses conceptions, que la jeune femme est parfois obligée d’endosser.



Tout est politique. Toutes les causes sont politiques. Mais la difficulté de vivre a atteint pour ces personnages un tel stade que le sujet n’est plus là : « Vous ne comprenez pas. Un discours politique construit. C'est une connerie. Il n'y a que des cris. Ce corps, le corps des femmes est un palimpseste des gestes, des douleurs », dit Dolorès.



Sans complaisance, sans cynisme ou saillies gratuites, Alexandre Civico définit les contours de cette fissure et l’impossibilité apparente d’une réconciliation sociale. Il décrit à merveille combien Antoine, bourgeois blasé et drogué, archétype au sein de la littérature française, croit être le héros de ce récit, alors que c’est bien le nom de Dolorès qui apparaît sur la couverture du roman. C’est d’ailleurs peut-être le message ce texte sombre, intelligent et rugueux : si l’on veut s’en sortir collectivement, nous devons nous décentrer. Ne plus penser que nous sommes les héros de nos propres vies.
Lien : https://www.playlistsociety...
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Alexandre Civico (241)Voir plus

Quiz Voir plus

Les trois mousquetaires

De quelle couleur est le cheval de d'Artagnan ?

Rouge
Bleu
Noir
Jaune

16 questions
1035 lecteurs ont répondu
Thème : Les Trois Mousquetaires de Alexandre DumasCréer un quiz sur cet auteur

{* *}