Elle faisait un burn out. Rien que ce verbe à la place de l’auxiliaire. On n’a pas un burn out, comme on a la migraine, comme on a la fièvre, on n’attrape pas un burn out comme on attrape un cancer ou la varicelle ou les oreillons. On fait un burn out. C’est suspect, de faire. Un acte délibéré, non, de faire ? Qui résulte d’un choix, en son âme et conscience, comme s’il était possible, en le voulant, de ne pas faire.
À la fin de la journée, je me contente de compter jusqu'à un. Le un, c'est moi seul, je me compte moi et je sais que je suis encore en vie. Il n'y a que ce un qui compte pour moi
Le burn out l'avait rattrapée, attaquée par derrière, frappée dans la nuque, comme un accident de voiture soudain ne laissant à personne la moindre chance. cet instant préci où la goutte fait déborder le vase, où l'on craque de toute pièces sans crier gare, où l'on s'effondre ; cet éclair éblouissant quand le burn out frappe porte un nom, tous les psychiatres vous le diront. Entre eux, cet effondrement, ils l'appellent l'écroulement.
On devine des envies, des désirs pour employer des grands mots mais les rêves, c’est la nuit dans la tête, ils disparaissent avec le réveil et tu les laisses aux gens qui en ont les moyens.
Les besogneux, les taiseux, les ras-les-pâquerettes comme moi, c’est à pied qu’ils font la guerre, à quatre pattes parfois, à plat ventre aussi mais en tout cas à l’ancienne, comme des hommes.
À la fin de la journée, je me contente de compter jusqu’à un. Le un, c’est moi seul, je me compte moi et je sais que je suis encore en vie. Il n’y a que ce un qui compte pour moi.