Citations de Alexandre Jollien (1215)
En reconnaissant que subsiste en moi un manque , je m'ouvre réellement au présent .
Espérer le faire changer d'avis, c'est croire qu'il aurait le choix de penser autrement.
Très vite, j'eus l'intuition qu'en fuyant le handicap, on s'isole. Il est là, il faut l'accueillir comme un cinquième membre, composer avec lui. Pour ce faire, la connaissance de ses faiblesses me semble primordiale… (…)
Il faut bien faire avec. "Nous sommes embraqués", comme dirait Pascal. Trop de personnes ne s'arrêtent qu'à cet aspect obscur, négatif de notre situation, sans en entrevoir les ouvertures.
Vivre avec les autres sans se déguiser est une force admirable.
Quel gouffre entre ce que je voudrais, ce que je pourrais être, et ce que je suis !
Tout me montre que l'homme dans sa complexité demeure un être de chair, de sang, d'envies, de fantasmes, de joies, de rêves, de passions. Il aime, hait, déteste. Il désire, se révolte, découvre la paix, hurle sa douleur, pleure, rit, s'alarme.... Ainsi va l'être humain. D'où sa richesse et la difficulté de vivre.
La gratitude comme antidote à l'insatisfaction, comme prise de conscience que j'existe aussi grâce à l'autre, n'a pas fini de me délivrer...
Je vis grâce à cette truite grillée, ce chou mariné, cette limonade et le sourire de ma femme. (...)
Non, ce n'est pas mièvre de s'émerveiller! Se rapprocher du réel, bien ouvrir les yeux, être là. Orienter le regard sur tout ce qui va bien. Ce qui contrarie, et ça ne manque pas, se rappellera très vite à nous!
Dire merci, au fond, c'est sentir que tout circule, se partage, se donne et se reçoit. (...) (p.150)
Hier, j'ai voulu voir, et j'ai vu "Presque", le film d'Alexandre Jollien et Bernard Campan, avec eux-mêmes en acteurs principaux.
C'est un bon film, émouvant, de la trempe de "Rainman", ou "Intouchables".
La Maserati est remplacée par un corbillard :)
DW.
J'ai lu chez Angelus Silésius une phrase qui me parle et me touche profondément. Il écrit : "Ami soit patient. Celui qui veut se tenir devant le Seigneur doit d'abord marcher quarante ans parmi la tentation."
Rien n'est jamais figé, l'éternité se joue dans l'instant. Il y a un temps pour rire et un temps pour pleurer. Si, quand je ris, je crains déjà que ça ne s'arrête et si, lorsque je pleure, j'ai peur que ça dure toute ma vie, dans les deux cas je me tire une balle dans le pied.
Apprendre à faire durer le plaisir ? Vivre à fond, c'est aussi ralentir.
Quitter les résultats, les objectifs, les attentes, afin de se reposer dans le réel sans trop le travestir, voilà l'exercice.
Il n'y a pas si longtemps, j'étais vraiment dans le désespoir. J'avais peur. J'ai appelé un ami et je lui ai dit : "je suis comme dan une machine à laver au moment de l'essorage." Et pour un bon essorage, il faut bien compter mille trois cents tours minute, n'est-ce pas ? Je lui ai demandé : "Qu'est ce que je dois faire ?" Il m'a répondu : "Rien, ne faites rien. Attendez !" . J'allais extrêmement mal, je voulais que ça aille mieux, et il fallait juste attendre que la vague passe. Je crois que le summum du courage, à ce moment précis, c'était d'aller au lit, de s'étendre et de ne pas bouger un orteil. Ne rien vouloir changer. C'est, paradoxalement, ce qui m'a le plus aider à changer.
Je suis de plus en plus convaincu que si les passions possèdent autant de force, c'est précisément parce que je n'ose pas capituler. Dans l'angoisse, je m'agite.
Et comme celui qui tombe à l'eau, au lieu de se laisser flotter, gesticule vainement, je patauge dans mes affects. Flotter ou couler relèvent l'un et l'autre du détachement.
Aller au fond du tourment pour l'habiter et lui donner sens...
Je crains de passer pour un fataliste, pour un être finalement résigné. Pourtant, je suis convaincu que c'est en assumant totalement le réel que je combats plus activement la souffrance.
J'aime qu'il y ait quelque chose qui dépasse, et de loin, ce que nous voyons. J'aime un Dieu qui transcende tout, y compris sa transcendance, pour nous rejoindre dans le banal, le quotidien.
Le zen m'aide à dézinguer l'image d'un Dieu qui juge, scrute et condamne le moindre faux pas. Je prie ce Dieu de tout mon coeur et de toute mon âme. Prier, c'est vivre, se lever, aimer, aller aux toilettes. Ne jamais oublier que tout est en même temps vain, précaire, fragile, parfait et inouï.
Les gens "normaux" projettent sur l'individu différent toute l'angoisse, la peur, le malaise qu'engendre la dissemblance.
Définition de l'éducateur
Celui qui aide à accoucher, qui interroge, celui qui réveille les capacités enfouies par différents obstacles. Cette démarche exige confiance absolue en l'homme, mais aussi humilité, humilité qui permet de garder ses distances, de ne pas juger l'autre, de prendre conscience que l'autre restera toujours un individu irréductible, qui ne peut être totalement soumis, analysé, compris.
on a de plus en plus tendance à exclure le différent, l'inutile, l'étranger, l'autre... Jérôme ne pouvait rien faire physiquement. Après avoir évalué ses possibilités, on le qualifiait volontiers de non rentable. pourtant, il m'a appris, mieux que quiconque, le dur "métier d'homme"
SOCRATE
Tu reviens sans cesse sur la notion de "norme", de "normalité". Pourrais-tu me définir scrupuleusement ce que signifie "normal" ?