Citations de Alexandre Romanès (87)
Je suis dans le train, on traverse les Vosges.
De l'homme assis en face de moi
se dégage un parfum extraordinaire.
Je n'ai jamais rien senti d'aussi bon.
J'engage la conversation
et je lui demande ce qu'il fait.
"Je suis bûcheron"
Ce parfum, c'était les arbres. (p. 62)
Je n'ai pas encore compris
comment fonctionne le monde,
mais je sais très bien
ce que le ciel exige de moi.
Le temps du gâchis est fini.
Maintenant, je pose la main
sur tout ce qui est beau.
On devrait avoir deux vies : une pour apprendre, l'autre pour vivre.
Mon père :
" Un homme,
C'est beaucoup plus féroce qu'un tigre.
Un tigre, tu lui donnes quinze kilos de viande et il est repu,
Un homme, tu le couvres d'or et il en veut encore."
( p.96)
Du campement tzigane de Nanterre,
ce qu'on voyait le mieux,
c'était la Grande arche de la défense.
C'était la misère,
les enfants marchaient pieds nus l'hiver
au milieu des rats, pas d'eau ni d'électricité,
et pas toujours quelque chose à manger,
et ce monument gigantesque éclairé
la nuit par des projecteurs est baptisé:
"L'Arche de la fraternité" (p.99)
Entre le monde et moi,
aucune réconciliation n'est possible.
Moi, je préfère l'oiseau
impassible sur la falaise
et qui s'élance dans le vide.
Quand je suis le seul à avoir des papiers,
tous les tsiganes qui sont autour de moi
veulent que je reconnaisse leurs enfants.
Moi qui ai déjà six enfants
voilà qu'il m'en arrive de partout.
ces misérables histoires de papiers
vont nous rendre tous fous.
On ne sait plus comment contenir ces abrutis
dans leurs bureaux. Si je les écoutais
Je pourrais faire une équipe de football. (p.48)
Je suis assis dans le train, on traverse les Vosges. De l'homme assis en face de moi se dégage un parfum extraordinaire. Je n'ai jamais rien senti d'aussi bon. J'engage la conversation et je lui demande ce qu'il fait. "Je suis bûcheron." Ce parfum, c'était les arbres.
Quand je suis seul dans la campagne
et que mon pas est lourd,
j’aimerais qu’un oiseau
se pose sur mon épaule.
Mais rien ne vient :
je reste seul avec ma peine.
Je ne supporte pas d'être enfermé, c'est pour moi une si grande souffrance que, si on me mettait en prison, je crois que je ferai un grand livre. Mais j'aime mieux ne pas l'écrire.
Doïna,onze enfants:
Celui-là,hier,je lui ai mis une bonne volée,et puis je me suis aperçue ,mais c'était trop tard,que je m'étais trompée d'enfant.
Quelquefois, j'ai entendu mon père dire : "Il faudra me mettre un révolver sur la tempe pour me faire marcher droit." Jean Genet m'avait dit quelque chose qui peut paraître insignifiant et qui pourtant ne l'est pas : " je me suis toujours arrangé pour qu'il y ait du désordre en moi. "
J'ai souvent pensé que Jean se serait bien entendu avec mon père qui disait : " De l'ordre, il en faut, mais quand il y en a beaucoup, il n'y a plus de vie et ça crée du désordre" (p. 169)
Si on pouvait noter…
Si on pouvait noter
toutes les phrases magnifiques
qui se disent chaque jour dans le monde,
on pourrait publier chaque matin
un live exceptionnel
Je demande à Florina de dessiner une maison….
Je demande à Florina de dessiner une maison.
Elle dessine une maison portée par des jambes.
La neige, le vent, les étoiles :
pour certains, ce n'est pas assez.
les gens qui se croient importants
ont à mes yeux moins d'importance
que les dessins d'enfants
Etre tsigane
(...)
Quand on lui demandait "c'est quoi , être tsigane ?", mon père répondait : "Etre tsigane, (...) ne pas suivre les modes (...), ne pas se soucier de la réussite sociale et des conventions, ne pas amasser, mais essayer dans la mesure du possible de partager. Ne pas voter. N'être ni patron ni employé, ne dépendre de personne et fuir la foule. " (p. 36)
Ma vie magnifique, comme l'oiseau
qui vole contre le vent,
les yeux fixés au ciel.
Comme un vaisseau
qui sombre dans la mer,
je m’abîme dans la vie.
Aucune branche
pour s’agripper
que le ciel.
Courir dans les champs,
sentir le vent,
ce n'était pas assez.
Comme tous ceux
qui n'ont rien dans la tête,
moi aussi j'ai cru
qu'il fallait faire des choses.