Pionnière de la poésie romantique, issue d'un milieu populaire, ancienne chanteuse et comédienne, c'est elle qui invente le vers de 11 syllabes. Sa poésie novatrice et émouvante influencera Verlaine, Rimbaud, Rilke, Aragon, Bonnefoy, Christian Bobin ou encore Alexandre Romanès? Baudelaire dira d'elle qu'elle est "la grande s?ur des romantiques". Et aujourd?hui encore, Julien Clerc, Obispo ou Biolay chantent ses poèmes.
Alors que sort chez Garnier-Flammarion une nouvelle édition de son recueil "Les Pleurs", voici le portrait de Marceline Desbordes-Valmore.
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Je suis dans le train, on traverse les Vosges.
De l'homme assis en face de moi
se dégage un parfum extraordinaire.
Je n'ai jamais rien senti d'aussi bon.
J'engage la conversation
et je lui demande ce qu'il fait.
"Je suis bûcheron"
Ce parfum, c'était les arbres. (p. 62)
Je n'ai pas encore compris
comment fonctionne le monde,
mais je sais très bien
ce que le ciel exige de moi.
Le temps du gâchis est fini.
Maintenant, je pose la main
sur tout ce qui est beau.
On devrait avoir deux vies : une pour apprendre, l'autre pour vivre.
Du campement tzigane de Nanterre,
ce qu'on voyait le mieux,
c'était la Grande arche de la défense.
C'était la misère,
les enfants marchaient pieds nus l'hiver
au milieu des rats, pas d'eau ni d'électricité,
et pas toujours quelque chose à manger,
et ce monument gigantesque éclairé
la nuit par des projecteurs est baptisé:
"L'Arche de la fraternité" (p.99)
Mon père :
" Un homme,
C'est beaucoup plus féroce qu'un tigre.
Un tigre, tu lui donnes quinze kilos de viande et il est repu,
Un homme, tu le couvres d'or et il en veut encore."
( p.96)
Entre le monde et moi,
aucune réconciliation n'est possible.
Moi, je préfère l'oiseau
impassible sur la falaise
et qui s'élance dans le vide.
Quand je suis le seul à avoir des papiers,
tous les tsiganes qui sont autour de moi
veulent que je reconnaisse leurs enfants.
Moi qui ai déjà six enfants
voilà qu'il m'en arrive de partout.
ces misérables histoires de papiers
vont nous rendre tous fous.
On ne sait plus comment contenir ces abrutis
dans leurs bureaux. Si je les écoutais
Je pourrais faire une équipe de football. (p.48)
Je suis assis dans le train, on traverse les Vosges. De l'homme assis en face de moi se dégage un parfum extraordinaire. Je n'ai jamais rien senti d'aussi bon. J'engage la conversation et je lui demande ce qu'il fait. "Je suis bûcheron." Ce parfum, c'était les arbres.
Quand je suis seul dans la campagne
et que mon pas est lourd,
j’aimerais qu’un oiseau
se pose sur mon épaule.
Mais rien ne vient :
je reste seul avec ma peine.
Je ne supporte pas d'être enfermé, c'est pour moi une si grande souffrance que, si on me mettait en prison, je crois que je ferai un grand livre. Mais j'aime mieux ne pas l'écrire.