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Citations de Alexis Curvers (19)


Toutes les places de Rome sont pleines de mauvais goût et néanmoins parfaitement belles. Regardez bien, regardez longtemps la piazza del Popolo, mais n'arrêtez votre regard sur rien, faites-le tournoyer avec elle et bientôt vous serez en extase. Ce qu'il y a de beau à Rome, et qui dépasse tout, c'est Rome même.
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Ils étaient là non pour voir les œuvres d'art, mais pour les avoir vues.
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Il me faudrait un livre pour raconter ce voyage et les évènements de l'été et de l'automne qui suivirent. Mes occupations professionnelles m'empêchèrent souvent d'y participer en personne.
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Alexis Curvers
Ce poids tendre sur mon épaule,
Cet oiseau blotti dans mes doigts,
Ce toucher de branche de saule
Qui résiste et plie à la fois,
Ce tiède museau dans la neige,
Ce fardeau qui m'est un pardon,
Le baiser qui se prend au piège,
Ce confiant petit faucon,
Cette volontaire hirondelle,
C'est ta main, distraite et fidèle.

( anthologie" Piqués des vers")
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Il y eut un petit silence. On attendit qu'Orfeo demandât si l'Américain avait de l'argent. Mais la question était superflue et fut remplacée par une autre, de la marquise :
- Achète-t-il des œuvres d'art ?
- A propos, chère amie, m'écriai-je, qu'est donc devenu votre Chirico ? Cette peinture, en somme, a décidé de ma destinée. Vous vous souvenez ? Tempo di Roma.
- Il est à vendre, dit la marquise. Mais l'époque est mauvaise. Le tableau, d'ailleurs, ne vaut rien. Mais je raconte partout qu'il m'a été offert par Benito.
- Gran peccato, dit l'évêque.
La voix du perroquet résonna dans les profondeurs sinueuses de l'appartement.
- Encore un peu de temps, continua la marquise, et quelque fasciste mal repenti me le paiera au poids de l'or.
- Madonna ! répéta le perroquet.
- Gran peccato, dit l'évêque, ma bella combinazione.
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Elle se leva. Avant de sortir, elle considéra un moment encore le bar rutilant, les cristaux, le percolateur d'où s'échappait une vapeur sifflante, le geste habile du garçon qui servait une tranche napolitaine à deux femmes riant aux éclats... Moi, je reverrais souvent ce petit bar ouvert la nuit, fidèle et miroitant refuge des déceptions tardives, des attentes obstinées, des suprêmes espérances... Mais Mme Muller en recueillait jalousement l'image et la garderait par-devers elle jusqu'à sa mort, comme un fragment d'émeraude tombé de la couronne d'une reine, pour se rappeler dans son exil la majesté bénigne et familière de Rome.
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On peut dire même, évidemment, que j'aurais mieux fait de rester dans mon pays, chez ma mère. Sans doute aurais-je fini par m'habituer à ce qu'on appelle la sagesse, aux fourneaux astiqués, aux pommes de terre frites et à la bière ; et peut-être même au ciel gris et à l'absence implacable de la beauté. Beaucoup d'autres s'en contentent et, paraît-il, n'en meurent pas. Moi, rien que d'y penser, je sens mes cheveux qui se dressent sur ma tête.
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Une de ces vraies tartines que ma mère enduisait pour moi, quand je rentrais de l'école, d'une épaisse couche de confiture faite à la maison, et qui avaient, sous la sucrerie, le goût si rare du beure salé.
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Je vérifiai une fois de plus que la nature humaine se révèle identique à elle-même partout où le faible est au pouvoir du fort, mais que le faible n'a pas à compter sur le faible, qu'il n'a de secours à attendre que d'un plus fort que le fort.
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(Le français), jusque dans ses négligences et ses bâtons rompus, s'apparentait par sa solidité à l'architecture, à la mathématique et à la géométrie plutôt qu'à la musique, et par là me reposait de l'italien dont j'avais un peu épuisé les mélodies, les roucoulements, les sérénades, les intonations explosives ou suaves.
Trop de cartes postales, de perles fausses, de bimbeloterie clinquante !
Trop de mignardises et de superlatifs !
Trop de "mille grazie", de "troppo gentile", de "carino"! Trop de "tante belle cose".
J'avais les oreilles rebattues de ces politesses fleuries.
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On se figure à tort l'attente comme un état purement passif.
Pendant qu'on attend, on change plusieurs fois d'humeur, on agit, on réagit, on participe à toutes sortes d'événements, c'est comme un vide que la nature s'ingénie à combler en y suscitant les fantaisies les plus imprévues; tantôt l'intérêt fléchit, tantôt il s'enflamme pour quelque pensée qui le sollicite à l'improviste, qui l'occupe un instant puis s'évanouit; le sens de la durée s'abolit ou varie; il a dans toute attente un peu longue des saisons, des sautes de température, des orages, de beaux jours qui s'enfuient, des crépuscules qui s'éternisent, des veillées pleines de langueur ou d'entrain.
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Cet examen est une affaire de papiers. On vous a envoyé des papiers, vous remplirez des papiers, on vous délivrera des papiers, et tous ces papiers décideront de votre sort. Que manque-t-il à Pia pour épouser Paolino? Des papiers. Pourquoi Fedele est-il infirme et mari d'une putain? Parce qu'il n'avait pas ses papiers en règle.
Le monde entier court et soupire après des papiers. Comme autrefois pour les femmes ou pour l'or, on se ruine, on se tue, on se déshonore pour des papiers.
L'homme puissant n'est plus le héros, ni le thaumaturge, ni le génie, ni le monarque, ni le riche, c'est celui qui, par les papiers dont il dispose, a droit de vie et de mort sur ses semblables.
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- N'oubliez surtout pas que vous êtes étranger.
Comment le malheureux l'aurait-il oublié?
On lui fermait au nez, parce qu'il avait peut-être dans les veines du sang de Virgile ou de Donatello, tous les guichets d'une nation dont les représentants déclamaient sans arrêt sur l'unité de l'Europe, le progrès démocratique et la fraternité des peuples.
Pour ses frères ouvriers, grands buveurs de bière et mangeurs de lard, il n'était non plus qu'un "macaroni", un responsable du chômage, un gâcheur de salaires, un jaune, encore un de ces sales étrangers !
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Ils étaient là non pour voir les oeuvres d'art, mais pour les avoir vues.
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J'avais eu brusquement assez, moi aussi, de cette société d'hommes qui était depuis longtemps la mienne, si dure, si bourrue, avec ses familiarités illusoires, ses amitiés sans lendemain, ses joies violentes mais vaines, ses pudeurs glaciales et calculatrices. (...)
"Les copains, tu comprends, c'est très bien, mais c'est faute de mieux. C'est marrant, d'accord. On s'excite tous ensemble sur un tas de choses, dont on se fiche, dans le fond. Tu en as tout de suite fait le tour. Tandis qu'avec une femme, tu n'as pas à chercher plus loin : tu râles, mais tu existes."
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- Mon pauvre mari était torturé par une jalousie continuelle. (...)Il n'y a que les Italiens qui savent regarder les femmes; du reste sans les offenser, bien au contraire.
- Pourtant le jeune marié qui voyage avec vous avait l'air fort tranquille.
- Il ne remarquait rien, l'innocent. Et puis la jalousie n'est plus à la mode. Mais sa femme se souviendra toute sa vie de cette journée.
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Nous pénétrâmes dans le Colisée, gigantesque abattoir désaffecté où régnait, dans le chaos des pierres surchauffées, une odeur de mort. Mes Suisses n'en étaient guère incommodés et sautillaient de marche en marche, penchés tout à coup sur le vide et se tendant la main pour franchir les passes difficiles; peu s'en fallut qu'ils ne s'encordassent. Comme pour compléter l'illusion d'une excursion alpestre, presque tous brandissaient des appareils photographiques. Cela me dispensait de parler, et eux de regarder. L'endroit était suffisamment historique par lui-même.
L'édifiant petit discours que j'improvisai sur "le sang des martyrs" n'eut pas le moindre succès. Seule la vieille dame s'agenouilla un instant au pied de la croix. On la photographia de toutes parts. Le déclic des kodaks et de petits éclats de rire tintèrent comme des cris d'oiseaux dans le silence pétrifié où cliquetaient autrefois les armes des gladiateurs.
(...)
L'heure passait. Nous n'étions pas là pour flâner.
- Vite, dis-je à Paolino, au Vatican !
(...)
Nous finîmes par aboutir dans une sorte de catacombe enfumée, nue comme une grange inutilement vaste, et si étroitement enfoncée entre les bâtiments voisins que le jour y tombait de trop haut, avare et faux comme dans certaines usines où, faute de fenêtres, on s'est résigné à surélever un peu les murs pour assurer du moins l'aération par quelques lanterneaux percés dans leur sommet.
Pauvre Michel-Ange ! A quel indigne et surhumain travail on l'avait astreint ! On avait trop compté sur son génie, c'était évident, en le chargeant de suppléer par la seule peinture à l'architecture dont manque totalement la Sixtine.
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Ces deux églises jumelles n'ont ni queue ni tête. Et aucun obélisque au monde n'a la moindre beauté. A y regarder de près, vous trouverez peu de belles choses, dans Rome, infiniment moins qu'à Florence.
A Rome, il faut tout regarder de loin. (...)
Toutes les places de Rome sont pleines de mauvais goût et néanmoins parfaitement belles. Regardez bien, regardez longtemps la piazza del Popolo, mais n'arrêtez votre regard sur rien, faites-le tournoyer avec elle et bientôt vous serez en extase. Ce qu'il y a de beau à Rome, et qui dépasse tout, c'est Rome même.
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Il y a en Italie des campagnes fort reculées mais il n'y a pas de province. La moindre ville, couronne en tête, y marche l'égale de toutes.
Les Romains ne sont ni plus élégants que les Florentins ni plus sveltes que les Milanais; ils ne parlent pas mieux que les Siennois et ils se meuvent moins noblement que les Vénitiens; les Napolitains sont plus sûrs d'eux-mêmes.
Seulement, les Romains sont pensifs. Ils en ont trop vu. Ils ont le regard fin comme l'acier, vif comme l'éclair et solide comme le marbre: on s'y heurte. Il faut leur adresser la parole pour que leur politesse s'éveille, plus serrée, plus précise qu'ailleurs.
C'est à cela que j'ai senti que j'étais dans la capitale, non de l'Italie, mais d'un monde très vieux et très particulier.
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