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Critiques de Alice Coffin (82)
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Le génie lesbien

Je ne m'attendais pas à grand chose en lisant ce livre. Je connaissais déjà les positions de Mme Coffin, positions absolument honteuses pour une élue à la mairie de Paris.



En se revendiquant porte-parole du féminisme, des lesbiennes, des femmes en général, puis en écrivant ce livre, elle fait un doigt à ces communautés, à son sexe, après leur avoir craché à la figure.



Les féministes (du moins, pas les extrémistes) essayent depuis des années de montrer que leurs causes sont faites pour plus d'égalité dans la société, et qu'en aucun cas, elles ne détestent les hommes. A. Coffin écrit que le féminisme n'est bien que si on arrive à vivre sans les hommes, au point de refuser de consommer tout contenu culturel produit par un homme, qu'importe sa position politique (ce "régime" n'est que culturel, elle continue évidemment à profiter du confort de choses produites par des hommes). Elle veut qu' "ils paient". Elle parle d'eux comme Hitler aurait parlé des juifs. Elle trouve que l'hétérosexualité des femmes est un problème, et que les femmes lesbiennes sont plus exigeantes... parce qu'elles sont lesbiennes. C'est bien d'insulter 95% des femmes.



Les personnes LGBT ont essayé, pendant des années, de convaincre le reste de la population, qu'ils étaient parfaitement normaux, que leur seule différence résidait dans leur orientation sexuelle.

A. Coffin nous répète encore et encore dans son livre qu'être LGBT implique forcément un "activisme", une façon de penser, que cela "ne se limite pas à une attirance sexuelle". Elle n'arrive d'ailleurs pas à comprendre que des personnalités LGBT ne veuillent pas faire un "coming out" sur un plateau télé, en imitant les coming out à l'américaine, qui sont de véritables spectacles selon elle, ou qu'elles ne souhaitent pas être associée à un quelconque activisme (avec des activistes comme Coffin, est-ce surprenant?)

Elle n'a pas de problèmes à traiter ces gens souhaitant simplement vivre leur vie paisiblement qu'ils sont "égoïstes et ingrats". Parce qu'ils ne veulent pas rappeler qu'ils sont gays à chaque fois qu'on parle d'eux.

Ses descriptions des lesbiennes sont d'ailleurs risibles: les lesbiennes sont forcément dévouées à autrui, forcément activistes, le "condensé de la rage des femmes", "plus intelligentes", des "génies universalistes", forcément vertueuses selon sa logique. Est-ce qu'une lesbienne est vraiment lesbienne si elle en désaccord avec Coffin?



Et je conseille le plus sérieusement du monde à Mme Coffin d'aller voir un bon psychiatre, parce qu'avoir des idées pareilles en tête constamment doit être une torture au quotidien. Elle est très sérieusement paranoïaque, complexée, avec une vision du monde et de la place que devrait avoir son orientation sexuelle dans sa vie absolument délirante.



Non, il n'y a pas de conspiration mondiale des hommes contre les femmes. La majorité des hommes ne sont pas des ordures, des violeurs, des brutes, et encore moins des assassins. Ce n'est pas parce qu'il y a des mauvais pères et des mauvais maris que la figure du père et du mari est une invention du "méchant patriarcat", que la présence d'une figure paternelle est inutile pour le bon développement d'un enfant. Les gens ne s'opposent pas forcément à la PMA pour toutes parce qu'ils n'aiment pas les femmes qui font leur vie sans les hommes.



C'est encore pire si les hommes en question sont blancs. Alors que ce sont dans les pays des hommes blancs que les femmes et les LGBT sont les plus libres. Encore une fois, très logique de sa part.



Sans parler du fait que la plupart des exemples de "pouvoir masculin" qu'elle donne sont une ultra-minorité d'hommes qui emmerdent tout le reste de la population, hommes comme femmes? Les hommes au gouvernement ne sont absolument pas des cas généraux. Mais comme elle vit dans un entre soi bobo, où elle a vécu quasiment toute sa vie (elle est allée au lycée Condorcet, un lycée ultra-privilégié, un des meilleurs de France), elle ne s'en rend absolument pas compte.



Aussi, dans son livre, Coffin se confesse, nous montrant des pensées parfois très intimes ... qui montrent encore plus son besoin d'accompagnement psychiatrique. Par exemple:



-lorsqu'elle était encore en couple hétérosexuel, elle se sentait mal parce qu'elle en ressentait du "contentement", qu'elle avait l'impression que tous les regards sur elle étaient forcément des "regards de validation", et qu'elle "offrai(t) du bonheur" aux autres en étant en couple hétérosexuel. Comme si tous les gens qu'elle croisait étaient obsédés par sa vie personnelle, se réjouissaient simplement parce qu'elle rentrait dans "le cadre".



-elle est incapable, tout le long du livre, de comprendre que quelqu'un puisse avoir un avis différent du sien sans être un être diabolique ou sous l'emprise de quelqu'un.



-ses complexes et problèmes sont toujours la faute de quelqu'un d'autre. Elle est complexée par les actrices au cinéma (parce qu'elle n'arrive pas à les imiter)? Elle en veut au cinéma. Elle n'a pas eu de modèle lesbien à la télé, ce qui fait qu'elle ne pourra jamais être une "lycéenne lesbienne"? On lui a volé dix ans de sa vie (pas de précision sur le "on"). Lorsqu'elle parle de son alcoolisme, elle mentionne un programme de désintoxication en plusieurs étapes, et elle ne comprend pas qu'il y ait une étape où il faut faire des excuses à son entourage (l'alcoolisme fait souvent des ravages dans l'entourage, ce qu'elle omet complètement). Selon elle, c'est inutile, non, il faut plutôt qu'elle aille demander des explications à ceux qui ont "tiré profit de (s)on alcoolisme". Qui a profité de son alcoolisme, alors qu'elle dit avoir bu en cachette?

-Et, elle est très modeste . Dans le premier chapitre, au tout début du livre, pour prévenir les reproches, elle compare son livre à une œuvre incomprise, qui finit par révéler sa beauté malgré toutes les critiques, parce que les gens qui détestent, n'ont tout simplement pas compris, n'est-ce pas?



Pour ne citer que ça.



Et l'apologie du journalisme biaisé aussi. Comme si ce n'était pas déjà suffisamment un problème. A vrai dire, c'était le seul moment drôle du livre, parler du Monde, du Libération et de 20 Minutes comme d'affreux journaux intolérants (alors qu'ils sont déjà bien à gauche)



Bref, je ne conseille pas ce livre si vous n'aimez pas le manque de logique, l'intolérance, la bêtise, et les leçons de morale de la part de petites bobos parisiennes privilégiées. Parce que oui, Coffin est mille fois plus privilégié qu'au moins 95% des hommes de ce pays, qu'importe leur couleur de peau.

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Le génie lesbien

Alice in W'ander'Land !

Chaque période de rupture est, à l’instar de celle que nous traversons, marquée par l’émergence de figures singulières, au discours dissonant. Alice Coffin est clairement de celles-là ; les réactions hystérisées qui accompagnent les citations tronquées de cet ouvrage le disent assez. L’idée n’étant pas d’être d’accord ou pas, mais d’accepter l’espace d’un livre de regarder notre société avec ses yeux à elle - qui ne se ménage pas non plus au passage, mais nous propose généreusement (oui, généreusement) une expérience inestimable : celle du doute. Merci.
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Le génie lesbien

Dans son essai "Le génie lesbien", Alice Coffin évoque ce qu'implique l'homosexualité féminine au XXIe siècle en France ainsi que son activisme au sein du groupe féministe La Barbe qui tend à dénoncer le monopole du pouvoir par quelques hommes blancs. Elle aborde également l'extension de la procréation médicale assistée pour toutes et la libération de la parole des femmes après #Metoo

Alice Coffin exorte les femmes à faire entendre leur voix dans la sphère publique car la parole des femmes est pratiquement absente dans cette société dominée par les hommes. La vision sociétale actuelle de la femme est en fait celle des hommes; en aucun cas celle des femmes. Il existe une oppression spécifique des femmes au bénéfice des hommes, résultant avant tout du patriarcat. Elle fait l'éloge de l'indispensable sororité et montre que l'oppression des femmes est socialement construite.

Mais Alice Coffin tient aussi des propos très radicaux : «Concentrons, en public, nos attaques contre les hommes [...] Soyez exigeantes, devenez lesbiennes [...] Il ne suffit pas de nous entraider, il faut, à notre tour, les éliminer ( les hommes ). Les éliminer de nos esprits, de nos images, de nos représentations. Je ne lis plus de livres des hommes, je ne regarde plus leurs films, je n'écoute plus leurs musiques. [...] Les productions des hommes sont le prolongement d'un système de domination. »

Alors que dire de plus, tout est aussi extrême. Son discours est sectaire, manichéen et excluant.

Je n'ai pas supporté cette violence anti-hommes, le féminisme est un combat contre les structures patriarcales et non pas contre les hommes en tant qu'individus, le combat c'est l'égalité femmes-hommes et la fin du patriarcat. L'émancipation des femmes n'est pas un enjeu secondaire mais la misandrie tout comme la misogynie sont totalement à proscrire. Je n'ai donc pas fini ce bouquin trop radical et excluant.
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Le génie lesbien

J'ai découvert Alice Coffin lors d'un débat télévisé et ce personnage, limite caricature, au ton outrancié m'avait laissée dubitative... J'ai pourtant un a priori positif pour la cause lesbienne, raison de plus pour ne pas m'arrêter à ma première impression.



J'ai donc voulu lire son livre, comme je lisais les hebdos féministes à la fin des années 70 "Des femmes en mouvements" MLF car, oui, mon intérêt est de longue date.



Le problème c'est qu'Alice Coffin mélange tout et qu'avec elle, en soutenant la cause des femmes, on soutient aussi le communautarisme, le wokisme et toutes les causes d'extrême gauche. Et finalement, elle obtient l'exact contraire du but recherché : le rejet.



Cette personne vit en vase clos, avec des interlocuteurs dont les propos tournent en boucle sur le même sujet, tout ce petit monde se monte la tête, à 1000 lieues de la vraie vie et s'étonne ensuite de ne pas susciter l'adhésion...
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Sororité

💜Ce que j’ai ressenti:



« Autant, à force, ça prend. » Lauren Bastide



Sororité. C’est un mot qu’on dirait presque magique. J’aimerai me l’approprier un peu, mais comme toute magie, il renferme des mystères et des rituels qui m’échappent encore. Alors je le prends dans mes mains, je le regarde, je le cajole, je me laisse séduire, j’essaie de le placer dans mes espaces, j’aimerai le faire pousser, le faire grandir, avec mes Sœurs…L’écrire tellement de fois, que mon correcteur, enfin, arrête de me le faire voir comme une anomalie, une faute d’orthographe, un mot inconnu. J’aimerai le voir briller dans vos yeux, dans vos cœurs. Qu’il devienne non seulement un possible mais une réalité…Contrer le sort de cette disparition du mot de nos quotidiens, mais il n’en sera possible que si nos mains se rejoignent et que nos esprits dépassent certaines mauvaises habitudes…



Alors cet ensemble de textes différents, c’est une manière de ressentir le potentiel de ce mot, la richesse de cette entraide formidable, si jamais, elle avait enfin lieu. On a de la poésie et des chansons, de l’intime et du concret, de l’idéal et des vérités crues, des récits et des témoignages, de la douleur et de la résilience, mais de l’espoir. Beaucoup, beaucoup d’espérances dans ce concept, et en découvrant ces pages, on se rend mieux compte de la pluralité des courants du féminisme et des efforts qu’il reste à fournir pour atteindre cet objectif. Lire ces femmes qui osent, qui s’insurgent, qui écrivent, qui pensent, qui réfléchissent d’une autre manière, qui donnent de la voix, qui ouvrent la voie, qui résistent pour que ce mot Sororité, prenne de la valeur, de la profondeur, de la puissance, une place dans nos vies, c’est émouvant autant que salvateur.



Alors ne vous retournez pas mes Sœurs, avancez vers ce nouvel horizon. Ce recueil de textes 💯% féminin est un indispensable et un énorme coup de cœur! Pour l’intention et le plaisir de découvrir de nouvelles plumes et des femmes sur-puissantes, je ne saurai que trop vous conseiller de vous laisser émerveiller par cette lecture inspirante!



Ne te retourne pas, ma Sœur. Car tu n’y verrais rien. Tout se transforme, enfin. En toi, il y a le feu. Et les métamorphoses. C’est ton poème, vaillant, qui devient prose…Juliette Armanet.



Remerciements:



Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Points de leur confiance et l’envoi de ce livre.
Lien : https://fairystelphique.word..
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Le génie lesbien

Un torchon rempli de haine, de raccourcis intellectuels et de contradictions inavouées, qui n’a pas dépassé la représentation la plus primitive des rapports homme-femme et évoque par la même des caricatures grossières d’hommes des cavernes complètement bestiaux et irrespectueux, ceci témoignant grandement de l’inculture d'Alice Coffin, qui traite avec beaucoup de légèreté toute la complexité de l’histoire de l’humanité, dont le lien qui a toujours évidemment eu cours entre les deux sexes est infiniment plus riche et passionnant quand on s’est intéressé à cette thématique depuis les angles philosophique, religieux, symbolique et spirituel.



Et ce qui m’agace le plus dans cette histoire, c’est la couverture médiatique qui met de plus en plus souvent en avant d’arrogants provocateurs sans profondeur qui balancent de l’huile sur le feu et contribuent à l'inertie du débat public, au détriment d’individus qui cherchent au contraire à renouer des liens sans cesse plus complexes à renouer en ces temps troublés où nous sommes quotidiennement secoués dans toutes les directions.



Le devoir d’effort et de respect dépasse largement la question des sexes, l’obscurantisme dans lequel nous vivons est actuellement terrible, il faut savoir trouver la force de s’élever au dessus de cette hystérie ambiante pour ramener les débats à des questions constructives et essentielles, si l’on veut vraiment dialoguer, échanger, entendre et écouter. Pour ma part je suis plus que las des monologues, des gens en guerre avec eux-mêmes à un stade tel qu’ils ne voient ni ne considèrent plus jamais l’Autre... et pourtant, je reste convaincu qu'il n'est jamais trop tard, pour changer de dynamique.
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Le génie lesbien

Le livre de madame Coffin est une bouffée d'air frais dans ce monde patriarcal blanc tellement habitué à se considérer comme la norme qu'il en oublie toutes les autres réalités. Aveugle à la différence sous couvert d'universalisme. Des médias avec bien peu de recul critique, des pans culturels entiers qui s'entretiennent dans un entre soi misogyne et délétère. Toute une partie de l'humanité que l'on muselle. La résistance nécessaire et vitale.

Je ne suis pas surprise que les notes soient, pour le moment, majoritairement faibles sur ce site où les autrices sont classées "auteur féminin" dans les mots clés. Le progrès ça dérange. Le progrès c'est inconcevable pour certain·e·s car ça chamboule tout dans leur petit monde, et la peur du château de cartes face au vent prend le dessus.

Pourtant Alice Coffin signe un livre d'une intelligence et une honnêteté intellectuelle qui sont bien rare de nos jours, et l'accueil qu'il a reçu dans les médias est exactement tout ce qu'elle dénonce à l'intérieur. CQFD.

Voir des femmes comme elle m'inspire quotidiennement, la lecture de ce livre est enthousiasmante et revigorante.

Il y a pour sur un génie lesbien et madame Coffin en fait partie.
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Sororité

Qu’elles soient romancières, réalisatrices, journalistes, ou encore chanteuses, les femmes de ce recueil ont toutes accepté d’écrire autour de la notion de la sororité, et ce, sous la direction de Chloé Delaume. Ainsi, quatorze textes sont présentés au lecteur.



Quel recueil original. Si on entend beaucoup la notion de féminisme, il faut dire que l’on entend bien moins celle de sororité. Autour de cette notion, les femmes de cet ouvrage vont nous permettre une véritable remise en question et quelques pistes de réflexion.



S’il est vrai que certains textes m’ont davantage plu que d’autres, je dois dire qu’aucun ne m’a laissée indifférente. Toutes ces auteures m’ont fourni matière à réfléchir et m’ont amenée à me poser des questions.



Les plumes sont variées. Il y en a pour tous les goûts. Chacune des auteures a su me captiver. J’ai tour à tour été bouleversée, touchée, intriguée. m’a bouleversée. Certaines réflexions sont très intéressantes et bien amenées. Aucun texte ne m’a déçue.



Un recueil mettant en avant la sororité et amenant à de véritables pistes de réflexions. À découvrir.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Le génie lesbien

Je me suis glissée dans la tête d'une lesbienne, activiste, élue, journaliste, essayiste. Autant vous dire que cet univers est à mille lieues du mien.



De la non-neutralité journalistique.

C'est surement là que j'ai appris le plus. La neutralité journalistique n'existe pas: on agit dans notre vie professionnelle avec notre histoire et nos convictions. Mais Alice Coffin va plus loin puisqu'elle défend l'idée que c'est grâce à cet activisme qu'elle est mieux placée pour parler de certains problèmes sociétaux. Pourtant, à cause de son activisme, elle est systématiquement mise à l'écart en tant que journaliste.



De l'importance du comingout.

Partie qui a le plus bousculé mes convictions. J'étais plutôt à prôner le "On s'en fout de l'orientation sexuelle des gens". En effet, dans le monde de Oui-Oui.

Dans notre monde, l'orientation sexuelle est un enjeu majeur d'exclusion et d'identification. Toute la sphère publique étant hétéronormée, comment exister publiquement quand on n'est pas hétéro? Comment accueillir celles et ceux qui ne sont pas hétéros?

Aujourd'hui on peut remercier tous les comingouts du passé.



De privilégier la culture féminine.

Trois-mille ans d'invisibilité, de vol, d'interdictions méritent qu'on se penche un peu plus sur la culture des femmes. Sur ce point, Alice Coffin prêche une convaincue. La culture féminine existe et j'ai bien l'intention de la découvrir et de la valoriser.



Du pouvoir des lesbiennes.

Je me doutais un peu de ce que cachait le titre ayant lu d'autres essais sur les luttes féministes. Les lesbiennes, détachées de tout besoin de séduction des hommes, ont été de toutes les luttes, souvent en cachant leur lesbianisme sous peine de mort.



Voilà pour les points qui m'ont le plus marquée, mais il y en a beaucoup d'autres. C'est foisonnant, bien écrit, étayé et intelligent. D'où le déferlement de haine à la sortie du livre: Alice Coffin bouscule l'ordre établi de manière posée et argumentée. Les chacals se sont jetés sur elle en la traitant de haineuse et d'extrémiste. Comme toujours quand une femme entre en résistance.


Lien : https://carpentersracontent...
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Le génie lesbien

Il faut savoir que je lis très peu de non-fiction, parce que je trouve la lecture d'un essai bien plus difficile que celle d'un roman, j'ai en général beaucoup de mal à rester concentrée, mais ce titre m'intriguait beaucoup. Je l'ai finalement lu dans le cadre d'un bookclub féministe, ça m'a d'ailleurs beaucoup motivée de pouvoir échanger au fur et à mesure avec les autres.



Cette lecture m'a beaucoup apporté. On y parle de sujets qui me sont chers, comme l'inégalité des chances pour une femme dans le milieu professionnel, ou l'importance capitale de représenter la diversité dans la culture, de voir les minorités dans les livres et à l'écran.

Tous les points soulevés étaient intéressants et même si je ne partage pas toujours l'avis de l'autrice, je suis ravie qu'elle ait attiré mon attention sur certaines questions. Ravie qu'elle ait abordé, aussi, la dissociation d'une œuvre et de son auteur qui pose tant problème. Doit-on arrêter de voir des films qui nous plaisent, parce que leur réalisateur a agressé sexuellement plusieurs actrices ? Elle fait débat cette question, plus largement adaptée à d'autres cas de figure, et j'ai apprécié l'absence de ton moralisateur, qui nous laisse comprendre que l'essentiel est de prendre conscience de la réalité, sans appel au boycott total ou à la censure.



Finalement, ce que je retiens, c'est que ce texte ouvre beaucoup de pistes de réflexion, il m'a amenée à penser autrement et si tous les arguments proposés ne m'ont pas satisfaite, je pense avoir désormais plus d'outils pour forger ma propre opinion.



Ce livre est écrit par une militante lesbienne, mais ça ne veut pas dire qu'il ne doit être lu que par des lesbiennes. Au contraire. Ce livre est pour tout le monde. Lisez-le.
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Sororité

Je remercie Babelio et les éditions points de m’avoir envoyé ce livre, dans le cadre de la masse critique. 



Mes enfants en voyant le livre m’ont demandé : Maman, qu’est-ce que ça veut dire SORORITÉ?



Tout d’abord : Sororité, c’est le substantif du latin soror : sœur.

La sororité est un mot qui a toujours existé, il a fallu attendre le mouvement feministe de 1970 pour qu’il soit utilisé.

La sororité, c’est la fraternité, au féminin.

La sororité, c’est être soeurs, des sœurs qui le sont devenues en tissant un lien, par une démarche consciente, qui n’est pas venue naturellement. Une attitude sororale, c’est s’entraider, être à l’écoute des unes et des autres. C’est exclure de nos rapports, la rivalité, la compétition. C’est être ensemble, plus fortes, plus courageuses, être ouvertes, dans l’empathie, en confiance.



C’est un ouvrage collectif coordonné par la romancière et féministe Chloé DELAUME, qui regroupe les textes de quatorze femmes aux préoccupations différentes, romancières, journalistes, militante des luttes LGBT et féministes, philosophe, professeure, interprètes etc…



Certaines collaborations m’ont marqués plus que d’autres :



Dont celles de :

Lola Lafon, célèbre romancière et musicienne. 

Une jeune fille s’est fait violer par son petit ami. Elle décide de rejoindre un groupe de parole où elle se rend une fois par semaine. Une amitié indéfectible va naître avec deux autres filles fréquentant le groupe. Ensemble, elles se soutiennent, elles se posent les mêmes questions à des moments différents. S’entraident pour ne pas tomber plus bas dans la déperdition.



J’ai adoré ce poème “Ne te retourne pas ma soeur” de Juliette Armanet, autrice compositrice dont voici un court extrait : “Puis un jour, tu t’es tue. Et j’ai tout entendu. Et j’ai osé, je crois, te dire, au fond de moi. Depuis tous mes enfers, dessus toutes les lois, à mon tour, sans détour et de toute ma voix, Ne te retourne pas. Je suis avec toi.”



Estelle-Sarah Bulle, romancière, avec sa nouvelle UN CAFE, avec sa prose contre une femme entrain d’en descendre une autre. Lui expliquant que pour avancer ensemble, il faudrait entre nous de la bienveillance, de la considération et quand c'est possible de la solidarité envers les autres femmes.



Lydie Salvayre, romancière, qui s’approche de la sororité avec son texte percutant ANNE MES SOEURS ANNE que je lirai souvent.



Maboula Soumahoro, Docteure en civilisations du monde anglophone, nous relate dans son récit cette solidarité entre cinq sœurs  du même sang. Une blessure a rendu leurs corps et leurs esprits indivisibles : sœurs qui soignent, se conseillent, mettent en garde, protègent, font attention, s'aiment, se parlent.



Jeanne Chehral, autrice-compositrice-interprète, m'a ravi avec son poème CE GENIE, C'EST MA SOEUR.



Ovidie, réalisatrice, documentaliste et autrice se demande si nous ne sommes pas les propres gardiennes de notre oppression. La sororité n'est en rien innée et nécessite un apprentissage.  Elle nous oblige à désapprendre, à déconstruire. Se réjouir de la réussite d'une autre femme lui apporter son soutien, lui accorder toute sa bienveillance. 



Iris Brey, qui se souvient de toutes ses mains nues de femmes qui se sont emparées des siennes. 



Lauren Bastide, journaliste, nous livre l'intime...la mort de sa sœur. Comment a-t-elle envisagé la sororité, elle qui n'avait plus sa sœur de sang? 



J’ai été moins touchée par les textes sur la sororité politique, et je sais que c’est ceux-là que beaucoup d'entre vous préféreront.



Je suis ravie d’avoir lu ce livre-outil, qui amène à se questionner sur ce qu’est être une femme de nos jours, sur les rapports de domination. Et à imaginer quel pourrait-être le monde de demain.
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Le génie lesbien

J'ai lu ce livre parce que je m'intéresse à tout ce qui est lié au féminisme, parce que j'aime me confronter à des idées qui ne sont pas les miennes, et parce que ce livre a reçu des critiques assez vigoureuses de personnes dont je me suis parfois demandée si elles l'avaient bien lu - picorer des extraits lus ici ou là dans la presse, ce n'est pas très difficile de nos jours.



Les phrases qui ont fait couler le plus d'encre sont sans doute celles-ci : Je ne lis plus les livres des hommes, je ne regarde plus leurs films, je n'écoute plus leurs musiques. (…) Les productions des hommes sont le prolongement d'un système de domination. Elles sont le système. L'art est une extension de l'imaginaire masculin. Ils ont déjà infesté mon esprit. Je mes préserve en les évitant. Commençons ainsi. Plus tard, ils pourront revenir.

J'ajoute que, le plus souvent, les deux dernières phrases ont été tronquées quand la citation est mise. Alors, même si je ne cesserai jamais de lire des livres d'hommes, je comprends le raisonnement en ce qui concernent les films - surtout que le raisonnement d'Alice Coffin s'étend bien au-delà de ces phrases. Regardez les films avec un oeil neuf. Regardez comment le réalisateur regarde les femmes - parce que le constat est là, les réalisatrices sont rares et quand elles existent, on leur pose des questions en tant que femmes (qu'est-ce que ça fait d'être une réalisatrice ?), non en fonction de l'oeuvre qu'elles ont à défendre, ce qui, bien sûr, ne viendrait jamais à l'esprit d'un journaliste qui interroge un réalisateur. Je pense aussi à ce cliché des critiques cinématographique "c'est un beau portrait de femmes". Oui, mais ce portrait, c'est peut-être ce que les hommes attendent des femmes, la façon dont ils la voient, et parfois, cela peut être consternant.

Je reviens aussi sur sa volonté de soutenir les femmes, toutes les femmes, même celles avec lesquelles elle n'est pas d'accord. Elle montre aussi le monde du journalisme profondément misogyne, pour ne pas dire machiste. Pour informer réellement, le travail est encore long - voici trente ans, mon professeur de français ne croyait déjà pas vraiment à l'impartialité de la presse, pas grand chose ne semble avoir évolué de ce côté-là.

Il est question de militantisme, aussi, il est question également de coming-out, et de "forcer", si c'est bien ce que j'ai compris, les personnalités homosexuelles à révéler leur homosexualité. Je ne suis pas d'accord avec son argumentaire, et peu importe ce que l'on pensera de moi. J'apprécie les personnalités qui ne parlent pas de leur vie privée, qui ne montrent ni leurs conjoints, ni leurs enfants. Ils en ont le droit, quelle que soit leur orientation sexuelle. Pour moi, dévoiler quelqu'un de force est une atteinte à sa vie privée - pire encore si c'est à titre posthume. Tout le monde n'a pas envie de combattre, d'être militant, et être une personnalité publique ne doit pas forcer les membres de son entourage à être dans la lumière. Bref, pour moi, outer quelqu'un, c'est dégueulasse.

Idem sur le fait d'être lesbienne. Je ne crois pas qu'être lesbienne préserve de la violence conjugale (oui, je fais un raccourci), je crois au contraire qu'il est beaucoup plus difficile de parler de violence conjugale si l'on est en couple avec une personne de même sexe. Se passer du regard des hommes, oui, devenir lesbienne, non. Je ne pense pas non plus qu'être lesbienne soit supérieur à être hétérosexuel, je ne pense pas que l'on choisit, et si je peux comprendre que des femmes lesbiennes aient souffert de leur non-représentation dans la littérature, plus encore dans la littérature jeunesse, je tiens à dire que les représentations des jeunes filles dans la littérature jeunesse sont le plus souvent stéréotypés.

Quant à la PMA pour toutes, je suis d'accord avec le fait que les gouvernements successifs ont été frileux. Ils le sont encore, d'une certaine manière, si l'on regarde de près les textes de loi.

Et, pour terminer sur une belle platitude, un livre que j'ai trouvé intéressant à lire.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Sororité

Sororité, ce mot veut-il dire quelque chose pour vous ?

Voici comment le défini Chloé Delaume lauréate du prix Médicis 2020, :

« Le mot sororité vient du latin soror, soeur. C’est un lien spécifique, solidaire, horizontal, indéfectible, entre femmes. Il abolit la rivalité et peut s’avérer être un puissant outil pour lutter contre le système patriarcal. »

Mais elle rajoute :

« La sororité a toujours été présente, mais elle n’était pas nommée, le mot a disparu de l’usage entre la fin du XVIe siècle et les années 1970. Or ce qui n’est pas nommé n’existe pas. »

Pour moi, la solidarité entre les femmes se révèle être l’un des principes fondateurs du combat féministe.

Et dans ce bouquin chorale, le collectif inédit de 15 femmes appelle à une solidarité qui ne nie pas les différences mais embrasse la diversité.

Car c’est grâce à la sororité, véritable parole en acte, que la révolution féministe adviendra.

Toutes ces femmes ont accepté d’écrire autour de la notion de la sororité. Qu’elles soient actrice, chanteuse, musicienne, réalisatrice, comédienne ou journaliste, sous la forme de récits, de fictions, de poèmes ou de chansons, elle nous offre une réflexion collective sur la sororité.

Avec ce collectif, c’est là une véritable occasion de rassembler les femmes et de jeter les bases d’une révolution féministe.



Tous les textes n’ont pas résonné de la même façon en moi. Mais tous m’ont fait réfléchir. Réfléchir sur ma condition de femme, sur la société que je voudrais voir arriver, sur le féminisme aujourd’hui. Comme le vivre et la pratiquer…

Entre essais critiques, politique et philosophes, entre textes poétiques et autobiographiques, entre fictions et documents, c’est ma sororité que j’ai convoquée et interrogée.

Un livre qui n’a fait que raffermir en moi cette notion de sororité mais aussi de bienveillance et de diversité. Bref c’est simplement un ode à bien vivre ensemble loin de l’entre soi !

Dire que j’ai aimé ce collectif c’est un doux euphémisme. J’en redemande !!!
Lien : https://collectifpolar.wordp..
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Le génie lesbien

« Sois heureux, petit-livre-fille.Il ne faudra pas te plaindre quand finalement tu paraîtras désuet et suranné, quand tu seras aussi démodé que les crinolines d’il y a une génération. Ne te lamente pas si de jeunes personnes te lisent en faisant pffff, des ah et des bof, se demandant de quoi tu peux bien parler. Réjouis-toi, petit-livre ! Car ce jour là nous serons libres. »

Joanna Russ, extrait, L'Autre Moitié de l'homme.1975

En attendant petit-livre fille, malheureusement, tu es bien d’actualité. Et je ne suis pas loin de penser qu’en France, du moins ( considérant les retards de plus en plus criant et nombreux que notre société s’acharne à produire et entretenir ) ce n’est pas demain que ton sujet tombera en désuétude. Alors, la colère est Manisfeste.

Le livre d’Alice Coffin a provoqué bien des remous dans la sphère médiatique. Et ce n’est pas son titre qui en est la cause, mais bien l’état du journalisme en France qui est dans cet ouvrage analysé.

Communautés…. Voici un mot qui depuis quelques temps tourne, virvolte, siffle, souffle dans tous les débats. Sexualité, religion, politique... Tout est amalgamé. Force est de constater que ce mot est devenu sur le champ des échanges publics une grenade ou une patate chaude selon l’éclairage des salles de rédactions.

Coffin explique clairement la différence qui peut exister entre un journalisme américain et un journalisme à la française, à notre époque. Le fait de ne pas concevoir qu’un.e journaliste représentant une communauté ne serait pas légitime pour couvrir un sujet concernant la communauté à laquelle ielle appartient, est sans doute la pire erreur que nos médias s’évertuent à reproduire.

Ainsi doit-on se contenter d’un journalisme hors cadre, hors champ, totalement déconnectés, dont les investigations se trouvent biaisés, réduites, aseptisées.

Et je pense que cela explique l’appétence grandissante que les médias éprouvent pour les avis des «  experts ».

Comment sinon traiter d’un sujet lorsqu’on ne sait pas de quoi on est entrain de parler…. ?

Ce n’est pas la vision du lesbianisme qu’exprime Coffin qui a dérangé un certain monde médiatique, c’est la critique du monde auquel l’auteure appartient. Car elle connaît son sujet. Tous les sujets dont elle traite. Féminisme, hétérosexualité, homosexualité, communautés, féminicide, militantisme, engagement politique.

Oui c’est une activiste, militante , convaincue Elle connaît les chiffres des massacres des massacres de femmes à travers le monde. Elle en connaît la source. Nous la connaissons .

J’entends sa colère, son radicalisme. Certain.e.s crieront à l’exagération, à la folie d’un activisme féministe exacerbé. Mais regardons les chiffres, et ce sont des larmes de sang qui nous viennent. Héritière de Wittig, Alice Coffin est une Guérillère. Je ne crains pas son discours tranchant percutant. Je le reçois. C’est un combat. Et à le lire, je vois mieux pourquoi sa parution a pu susciter tant de haine parmi les rétrécis du cortex cérébral qui tentent par tous les moyens de s’accrocher, avec hystérie, à leur vieux monde.

Astrid Shriqui Garain







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Le génie lesbien

Voilà un livre qui dit les choses, n'évite pas, fonce et se bat. Pas de langue de bois et des opinions bien affirmées. Et si Alice Coffin fait part de ses points de vue assumés, elle les étaie, les confronte, cite ses sources et nomme les actes comme les personnes !



L'essai féministe militant d'une lesbienne révoltée (dans lequel toutes ne se retrouveront évidement pas, et tel n'est probablement pas le but)



Et même si on peut lui reprocher ses partis pris, si j'ai trouvé le chapitre sur la placadrologie un peu plus faible, si quoi ou qu'est-ce et s'il déplaira forcément, voilà un bouquin qui tape fort... C'est réjouissant !
Lien : https://www.noid.ch/le-genie..
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Le génie lesbien

En gros, Pour.

Pour l'énergie. Pour l'humour. Pour l'excès, la provocation. Pour les traits d'humour, les facéties. Pour les traits d'esprit. Pour le coming out (la sexualité n'est pas une information privée, la dignité humaine est de vivre en couple). Pour la visibilité des LGBT. Pour la liberté.





Mais pas pour tout.

Pas pour faire des Français des Américains, ça n'a pas de sens - et le contraire non plus. Pas pour les digressions sur les journalistes : où passe la ligne éditoriale, la spécificité du média ? Un journaliste n'est jamais seul - sauf s'il lance son propre média. Pas pour la promotion d'un journalisme activiste systématique : ça s'appelle la politique. Pas pour sa critique des médias (sommaire, plate et indifférenciée - si les journalistes des médias dont elle parle sont consensuels c'est parce qu'elle ne parle que de ceux qui font une audience maximale, à commencer par les chaînes de télé, et que l'audience implique la posture (hypocrite) du consensus ; elle a montré en créant l'association des journalistes LGBT que le journalisme peut tenir des discours plus confidentiels donc plus libres - et l'activisme gagne pourtant bien sûr à se mener en groupe). // Pas pour un journalisme qui n'aurait que l'émotion pour ligne d'action : le journalisme n'est pas une profession mais ceux qui en relève ne peuvent en faire une profession sans adopter une méthode, une éthique - la leur, s'ils en ont les capacités intellectuelles et le caractère, mais c'est rare ; celle de la ligne éditoriale de leur journal, s'il acquiert une crédibilité, une autonomie financière, un lectorat, mais sa genèse resterait empirique, donc longue, singulière et impossible à reproduire ; ou alors celle qui ressortirait d'une réflexion de groupe, par exemple communautaire dans le but de servir le confort et l'amélioration de la vie de cette communauté : l'émotion est à l'origine de la formation des connivences au sein du groupe mais ne peut se priver pour la production du discours du respect des règles, de l'éthique qui émanent de l'élaboration de la ligne éditoriale. En rester à revendiquer la parole au seul titre de l'émotion se résout dans la liberté d'expression, sans autre exigence, qui ne définirait en rien une profession mais les droits universels accordés à toute personne d'une organisation sociale singulière, la démocratie - et si tout citoyen peut se faire ou devenir par le fait accompli, d'un témoignage spontanément porté dans l'espace public par exemple, journaliste, il faut bien la définition d'un cadre pour en faire une profession - sans que cela limite la liberté de toute communauté à travailler en ce sens : la liberté d'association est garantie depuis 1901. // Pas pour son opposition courte entre le républicanisme et le communautarisme : c'est de notoriété publique que le premier sert l'égalité et le second la liberté - et que l'union des deux est nécessaire à la solidarité. Par pour sa promotion exclusive du communautarisme : ce serait un monde exclusivement porté par la liberté, donc le conflit et l'inégalité. Pas pour le mot « coming out », trompeur, en ce qu'il fait croire que « le problème c'est les autres » et que « l'extérieur, c'est le neutre » - le « coming out » est aussi un combat, une affirmation personnelle (et elle écrit que le projet de son livre s'est affirmé au moment où elle a revendiqué son identité lesbienne devant une fonction d'autorité, le Président de la République), mais c'est aussi un effort des autres, ceux qui reçoivent ce discours qui ne sont pas « neutres » et ont l'obligation d'accueillir la dignité exprimée de vivre en couple - il faudrait un mot français pour cela, le « outing » correspond trop à la vie américaine, faite d'opposition et de lutte - et c'est peut-être pourquoi, en effet, comme elle l'écrit le « outing » n'est pas bienvenu en France, ce qui, c'est parfaitement juste, est une catastrophe pour tout le monde en occultant, encore une fois, que la dignité humaine est de vivre en couple - pas de « faire ce qu'on veut avec qui on veut et ça nous est égal ». D'une manière générale, pas pour ses postures théoriques qui ne tiennent pas. Pas pour le titre. Il fait croire que l'identité lesbienne révélera ses fulgurances mais il n'en est rien puisqu'il se mêle au féminisme. Si génie il y a, c'est, en miroir, et par auto-congratulation, celui de la seule unité qui s'exprime ici, qui n'est le lesbianisme, ni la femme, mais, donc, une personne en quête d'identité. // Pas pour son ton sérieux et ronchon à la papa qui gâte le plaisir d'accueillir son sens de la dérision.



Et puis, sans opinion.

Sans opinion sur sa critique de l'hégémonie masculine dans les festivals et les récompenses professionnelles : c'est à la fois évident comme il est évident que ces manifestations favorisent l'autorité et la mettent en scène : revendiquer une audience auprès de ces institutions par essence discriminantes (sélectives) est contradictoire avec le reste de son propos promoteur d'authenticité et de variété ; vouloir intégrer le pouvoir c'est toujours vouloir l'incarner et donc en défendre l'idée - renverser l'incarnation du pouvoir, prétendre que la vie en société puisse s'affranchir de l'autoritarisme de la majorité implique d'autoriser la sélection de s'effectuer - et d'obtenir la liberté d'en limiter la portée par la contextualisation de ses critères et le développement d'autres organes de sélection - selon d'autres critères - son activisme, ici, pourrait favoriser la visibilité des festivals LBGT, et contribuer à identifier une spécificité identitaire LGBT qui serve autrement que par le conservatisme de l'autorité la cohésion et l'unité de l'organisation sociale dans son ensemble ? // Sans opinion sur ses exigences virulentes de modèles lesbiens et LGBT en particulier : c'est d'une évidence éclatante mais la figure tutélaire ne se décrète pas, elle se construit - puis se décline en identité - est-ce que sa verve scripturaire ne pourrait pas contribuer à dégager les traits identitaires du lesbianisme, par des biographies édifiantes, par exemple ; par la création d'une maison d'édition ; par des articles LGBT à l'AJL qui fasse circuler les parcours de vie de personnalités inconnues en France mais dont l'action aura été éminente ailleurs ? Je la rejoins demain si elle veut // Sans opinion sur son mélange entre défense LGBT, féminisme et gallophobie : d'abord il est évident que pour être aussi agressive et revendicatrice envers la vie française, c'est qu'elle lui est fortement attachée et aspire à l'adapter plutôt qu'à la quitter ; ensuite elle se perd à mon avis à vouloir défendre les femmes en général en arrière-plan, en soubassement de son combat pour la visibilité des lesbiennes : d'une part elle aura des difficultés à défendre des modes de vie dont elle est à des années-lumières, semble-t-il (la féminité apaisée, douce, ou maternelle, ou à l'inverse, séductrice, organique par exemple (travailleuses du sexe, et le féminisme n'est pas absent non plus de ce type de sexualité), mais d'autre part, son témoignage révèle que son manque premier concerne la visibilité lesbienne : elle aurait tout intérêt à se spécialiser sur cet aspect où elle excelle (et qu'une femme défende « les femmes » est à peu près aussi sensé que « les hommes » soient défendus par un « homme » : serait-il hétéro ? Pour défendre tous les hommes ? même les homos ? ça a déjà été fait - sans que la méthode paraisse faire l'unanimité :-) ; serait-il homo ? Sérieux ? on a déjà vu des hommes hétéros se sentir légitimement défendus et représentés par un homo ?? Soit on défend la pensée unique (les femmes sont des hommes dans une société patriarcale), soit on promeut la vie de couple - et on décline les communautés selon les types de sexualité, qui chacune exposera son mode de vie privilégié, ses critères, son identité - le « féminisme » a vocation à s'effacer à mon sens devant la théorie des genres.





En somme, un livre qui pose les évolutions de notre société vers les notions d'identité et la théorie des genres mais qui les pressent encore seulement dans ce qu'ils fissurent l'ordre social de manière positive (communautarisme et égalité de droits) et de manière négative (que devient le monolithe de l'égalité de droits dès lors que l'on sape la notion d'autorité censé les mettre en place et les garantir ?). À mon sens la solution se trouve dans l'établissement d'un nouvel universalisme : le couple, qui convie la sexualité, et par elle la communauté, le groupe, plutôt que l'individu qui poserait seul les règles de l'univers en se convainquant que l'absence d'émotion sera la certitude d'avoir atteint l'universel - en quoi il se plantera puisque c'est l'émotion qui est universelle.



J'aimerais bien la rencontrer.
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Sororité

Chloé Delaume a réuni 14 femmes pour parler de sororité.

Être soeurs, se sentir soutenues, épaulées, être plus fortes ensemble.

Qu'est ce qu'être une femme aujourd'hui ?



Au travers de courts textes, tantôt fictionnels, réfléctifs, parfois chantés, parfois récités, toutes ces femmes abordent la sororité à leur manière et nous font réfléchir sur notre place de femme aujourd'hui.



Sans le savoir ou le sachant mais n'ayant pas le besoin de mettre des mots sur un comportement collectif ou d'entraide, on adopte toutes, de manière innée, la sororité.



Ce mot est revenu sur le devant de la scène avec tous les mouvements féministes de ces dernières années .



On nous rappelle que nous devons être solidaire à chaque moment de notre vie de femme .



Ce recueil est donc là pour ça.

Certains textes sont très touchants et parfois poétiques et c'est avant tout ce qui m'a plus dans ce bouquin, où finalement la douceur et la bienveillance entre femmes doivent être le maître mot .



J'avais découvert ce recueil en écoutant un podcast. Chloé Delaume avait superbement lu un extrait qui m'avait touché et m'avait donné envie de le lire.



Un recueil à lire par brides et à relire.
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Le génie lesbien

Cela faisait un moment que ce titre figurait dans ma wishlist et il a croisé ma route tout récemment. Je ne savais pas exactement ce que j'allais y trouver malgré le succès du livre. Voici donc ma description.

Cet essai est une analyse sociétale de la condition de la femme et des formes d'expression du patriarcat et de la misogynie, à un niveau français mais également international, dans ce qu'il a de plus anodin et de plus violent. Toute l'expertise et l'expérience professionnelles d'Alice Coffin apporte une lecture et un éclairage sur certains aspects du journalisme très éclairants.

C'est également un récit de vie, dans ce qu'il a de plus personnel et de plus sincère. Le témoignage de l'autrice en tant que militante et lesbienne est parfois glaçant.



Mon avis:

Au vu de la situation actuelle, il ne me semble pas utile de justifier l'évidente nécessité de ce type de lecture.

Ce témoignage est très courageux et très éclairant.

Il est également très riche, car le sujet est vaste et complexe, et j"aurais aimé que le récit soit plus structuré au niveau des sujets abordés car j'ai eu le sentiment d'un certain nombre de répétitions. Mais sans doute est-ce la volonté de l'autrice.

Je n'ai pas accroché à toutes les idées non plus. Je m'explique.

Selon mon propre point de vue, on ne choisit pas son orientation sexuelle, quelle qu'elle soit. Meme si sans aucun doute on peut la conscientiser tardivement. Raison pour laquelle je ne cautionne pas non plus le fait de vouloir "outer" les personnalités ou autres quidam. C'est une démarche personnelle qui ne doit se faire que lorsque les personnes sont prêtes à le faire. Assumer sa sexualité et militer son 2 choses différentes à mon sens.

Mais à chacun son avis 😊
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Le génie lesbien

Dans cet essai, l’autrice va questionner le fait qu’aujourd’hui, non seulement le neutre dans notre société, c’est l’homme, mais surtout, l’homme blanc hétérosexuel et valide [hop, ça y est, j’ai énervé une partie de mon lectorat masculin mais je vous préviens, ça ne fait que commencer… ;)]. Ceci expliquerait pourquoi, qu’importe les sujets abordés dans les médias : hausse du chômage, droit à l’avortement, racisme dans les institutions, port du voile, élargissement de la PMA, sexisme au travail… Ce soient toujours ces hommes-là qui sont considérés comme légitimes pour discuter de la question car ils sont “neutres”. Or, cette neutralité est un mythe, nous parlons toutes et tous d’un point de vue. Le leur n’est pas plus neutre qu’un autre.



Et pour illustrer son point de vue, elle va partir de ce qu’elle connait le mieux : la réalité de la vie d’une lesbienne française à l’époque actuelle. Pourquoi est-il encore si difficile de se revendiquer comme lesbienne aujourd’hui ? Quelle image la société a-t-elle des lesbiennes ? Que lui ont-elles apporté ? Etc.



Elle va donc se pencher sur le fonctionnement des médias, sujet qu’elle maîtrise bien puisqu’elle est elle-même journaliste. Pourquoi les médias ? Car c’est l’un des moyens de représentation les plus importants. Elle va dénoncer les mécanismes présents dans ce milieu pour évincer les lesbiennes mais aussi les femmes et autres minorités. Elle insiste beaucoup sur la peur de ce milieu d’utiliser le terme “lesbienne” ou de nommer clairement les relations homosexuelles des personnes concernées, même quand ces dernières s’en ouvrent publiquement. Or, cela contribue à l’invisibilisation voire à la stigmatisation.



Elle va également mettre en lumière le fait qu’en France, selon elle, peu de personnalités osent sortir du placard et “assumer” leur homosexualité en public [là, j’ai trouvé qu’elle manquait peut-être elle-même d’ouverture car il me semble que, dans la “jeune génération”, on a quelques exemples de personnalités qui se revendiquent lesbiennes ou bi].

Elle explique à quel point il est important, dans sa construction identitaire, d’avoir des rôles modèles qui vous ressemblent et que cela lui a énormément manqué, plus jeune. Cette absence lui a fait perdre beaucoup de temps sur sa compréhension d’elle-même. Sur beaucoup de points, les discours qu’elle porte sont similaires à ceux d’autres minorités. On voit, une fois, encore au combien il est important d’avoir une vision intersectionnelle de la société, si l’on veut réduire les inégalités, rendre cette société plus inclusive.



Ensuite, Alice Coffin rappelle le rôle majeur que les lesbiennes ont eu dans la plupart des avancées sociales du siècle dernier, même celles qui ne les concernaient pas directement : droit à l’avortement, avancée de la lutte contre le Sida, etc. Parmi les pionnières du féminisme français, il y avait de nombreuses lesbiennes et c’est un aspect qu’on passe généralement sous silence [de moins en moins ces dernières années].



Enfin, vient le chapitre qui a le plus fait grincer des dents [et mon préféré, franchement, j’avais envie de tout souligner] : celui où elle parle de la guerre des hommes. Pourtant, son message n’est autre que celui-ci : depuis des millénaires, les hommes mènent une guerre qui ne dit pas son nom contre les femmes [viols, violences conjugales, discriminations à l’emploi, invisibilisation, etc.] et aujourd’hui, ces dernières ont décidé de la dénoncer et de ne plus se laisser faire.

Alors oui, j’ai trouvé quelques petits défauts à cet essai [principalement le manque d’actualisation de certains exemples] mais globalement, il est très bon ! Et je pense qu’avant de le critiquer [ou de venir m’insulter en commentaires], il faut le lire ! Qu’importe son genre, son sexe, son orientation sexuelle. Car sa lecture pourra bénéficier à tout le monde et cela permettra, peut-être, de faire bouger les lignes.
Lien : https://www.maghily.be/2021/..
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Le génie lesbien

Pour un homme blanc hétéro (donc pour quelqu'un qui joue sa vie en mode 'facile'), ce genre de lecture est essentielle. Alice Coffin expose des arguments précis, étayés par de multiples exemples. Elle met en lumière et dénonce les mécanismes culturels, journalistiques et politiques d'exclusion, d'invisibilisation, d'évitement. Son argumentaire est parfois un peu confus, lorsqu'elle passe dans un même chapitre d'une idée à une autre. Mais dans l'ensemble, l'ouvrage offre une réflexion complète et argumentée. Il suscite de nombreuses réflexions et donne des outils pour changer.
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