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Citations de Alice Coffin (96)


Alice Coffin
Quand on voit qui est à la tête des entreprises qui polluent, qui bousillent la planète, ce sont des hommes.
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Les journalistes ont une peur panique de désigner certaines oppressions par leur nom. Ils craignent de passer pour des militants. Il y a, par exemple, une incapacité à employer directement les mots « raciste », « homophobe » ou « sexiste » dans un titre. Ce sera bien plus volontiers « jugée sexiste par les internautes », « accusé de racisme sur le web ». Ils répugnent à endosser eux-mêmes les dénonciations de discriminations. Ils préfèrent informer leur lectorat qu'il y a « un tollé sur twitter » au sujet de tel ou tel propos raciste, plutôt que de pointer les déclarations racistes en cause. Pire, si les journalistes ne peuvent s'appuyer sur la réaction d'une association ou sur « l'indignation des réseaux sociaux », qui qualifient correctement l'insulte ou le crime, alors ils se taisent. Comme s'ils ne disposaient pas des outils d'analyse pour caractériser l'événement. Surtout ne pas prendre parti. Faire l'équilibre avec une poutre dans l'oeil.
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L'actualité n'existe pas en soi. Elle est la somme de ce que les journalistes valident. Labellisent. « Toi t'es une info, toi t'es pas une info. » Ne pas enquêter sur la façon dont ils créent cette information, c'est passer à côté de l'actualité elle-même.
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Lorsqu'on met sous les yeux des journalistes le défilé des unes, rubriques, pages pleines de photos et propos d'hommes, leur justification première est toujours étonnante : "Ce n'est pas notre faute, on montre la réalité." Une réalité dans laquelle la moitié de la population a disparu et l'autre est devenue complètement blanche? Non, ils ne montrent pas la réalité. "La télévision qui prétend être un instrument d'enregistrement devient instrument de création de la réalité", écrivait Pierre Bourdieu (𝘚𝘶𝘳 𝘭𝘢 𝘵é𝘭é𝘷𝘪𝘴𝘪𝘰𝘯). Les médias fabriquent une réalité masculine, blanche, hétéro et aggravent l'oppression sexiste déjà à l'oeuvre dans la société.
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Ceci est le livre de combat d'une femme qui a été aimée, respectée, valorisée par des hommes depuis sa petite enfance. Je n'ai d'autres traumatismes à livrer que celui induit par le spectacle quotidien du comportement des hommes.
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Je ne lis plus les livres des hommes, je ne regarde plus leurs films, je n’écoute plus leurs musiques. (…) Les productions des hommes sont le prolongement d’un système de domination. Elles sont le système. L’art est une extension de l’imaginaire masculin. Ils ont déjà infesté mon esprit. Je mes préserve en les évitant. Commençons ainsi. Plus tard, ils pourront revenir. (p. 39)
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Les propos du président de l'académie des Césars, Alain Terzian, résument son aveuglement. "Le choix de Polanski comme maître de cérémonie est indiscutable", assène-t-il le 25 janvier 2017. Il réagit à la mobilisation féministe contre la célébration d'un réalisateur inculpé, en 1977, pour viol d'une fille de treize ans, et accusé de viol par plusieurs femmes, dont certaines enfants ou pré-adolescentes au moment des évènements qu'elles relatent.
In-dis-cu-ta-ble. L'oeuvre de l'Artiste s'impose, relève de l'évidence. Pour les représentants artistiques, c'est vulgaire, déplacé, de parler de sexisme, de conditions de création et de diffusion des oeuvres. Nulle réflexion féministe n'est possible au royaume de ceux qui ont pourtant renforcé, voire créé, les normes de genre.
Ceux qui, si souvent, pour justifier les hommages d'artistes criminels, nous disent, "il fait distinguer l'homme de l'artiste", ne perçoivent pas que ce sont leurs institutions elles-mêmes qui établissent et confirment, à chaque nouvelle cérémonie ou compétition culturelle, cette règle : l'homme est l'artiste, l'artiste est l'homme.
Le prix Goncourt a été attribué, dans 90% des cas à un homme, 105 fois sur 117. En vertu de la cooptation masculine et du sexisme qui sévissent dans toute la société, maisons d'édition comprises. Mais, plus insidieusement, parce que les règles de la narration sont masculines. Les femmes doivent se battre sur un terrain qui a été construit pour faire triompher des hommes. Le récit prisé est celui de l'homme, du héros masculin qui comme Ulysse fait son voyage, traverse mille épreuves, et en revient. Un récit linéaire, construit sur l'accumulation, la binarité, l'historique et le progrès. Les femmes, comme Monique Wittig (prix Médicis en 1964), qui parviennent néanmoins à triompher, en tant que femmes, lesbiennes et écrivaines proposant des formes narratives et une écriture hors du masculin, sont des exceptions. Virginie Despentes a livré une explication sur le succès de Vernon Subutex, bien plus encensé par les critiques que n'importe lequel de ses précédents romans. C'est le seul à avoir, pour héros, un homme.
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Que les hommes de la ligue du LOL ou d'ailleurs racontent que leurs pratiquent étaient alors la norme est un énième signe de la propension à ériger l'expérience masculine blanche en règle universelle.
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Nous nous travestissons avec nos barbes mais ce sont leurs masques qui tombent. Le pouvoir tient à quelques poils. Le pouvoir de la politique, le pouvoir du cinéma, le pouvoir du sport, le pouvoir des entreprises, le pouvoir déployé dans tous ces lieux n'est qu'un artefact de la masculinité. Les rites, les accessoires, les codes, les chorégraphies de leurs réunions entre hommes sont là pour en dissimuler l'artifice.
Quand on met nos barbes, le roi est nu. Le pouvoir est à poil. La supercherie est débusquée. Tout cela ne repose sur rien.
Eric Zemmour, représentant le plus médiatique des masculinistes blancs en France, ne dit pas autre chose. Invité le 26 mars 2013 sur le plateau de BFM TV, il énonce cette thèse :
« Dans les milieux où il y a vraiment le pouvoir, il n'y a pas de femmes. Dans la finance, c'est infinitésimal, c'est marginal. (...) Il y a un lien entre le pouvoir et la virilité, les hommes ont inventé le pouvoir. (...) Le pouvoir doit rester entre les mains des hommes sinon il se dilapide. (...) Les femmes n'expriment pas le pouvoir, elles ne l'incarnent pas, c'est comme ça, le pouvoir s'évapore dès qu'elles arrivent. »
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Alice Coffin
Quand je suis en piste et que j'entends pleuvoir les insultes sexistes, j'oscille entre rage et fou rire.
Les rires sont provoqués par les réactions absurdes et éloquentes de ces hommes pris en flagrant délit d'entre-soi. Florilège :
Un directeur de l'Opéra de Paris appelant à la rescousse Aïda, Carmen et Lucia : "Le programme compte peut-être 19 hommes librettistes et 19 hommes metteurs en scène, mais toutes les oeuvres exaltent une femme sur cette scène."
Le président du comité national des pêches maritimes et des élevages : "Mon premier bateau, je l'ai appelé Ma puce."
Les insultes m'intéressent aussi. Ils crient "salope", ils hurlent "dégagez connasses". Les mots secouent et cognent. Mais ma barbe est un miroir magique. Celui des cours de récré qui chantonne "Tout ce que tu dis revient sur toi." Mon corps d'activiste est là pour ça. Il transforme une présence en action. Il sert de révélateur à leur violence sexiste. Leur vernis d'hommes policés se craquelle. L'activisme rend visible les tréfonds des structures de domination que ces hommes prennent, d'habitude, tant de soin à dissimuler.
Les actions de La Barbe font surgir la grande comédie de la masculinité. Elle se joue, chaque heure, à huis clos, sans nous. Nous sommes ses éclairagistes. D'abord parce que nous comptons. Nous établissons, par le nombre, qu'ils ne sont qu'entre hommes.
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Alice Coffin
Selon un mécanisme déjà rodé par l'Église catholique, le cinéma a fait des femmes des objets à massacrer, tout en les plaçant au sommet de ses clocher. Sois belle et tais-toi, sois belle, je te viole, sois belle, tu vas crever, c'est ça le cinéma. "We get it. We get it. We get it." "On a compris. Vous pouvez arrêter de tourner des histoires de viol, on a pigé !" répète lors d'une conférence Jill Soloway, showrunner de la série Transparent. On n'en peut plus "des hommes qui regardent des hommes faire des choses que les hommes aiment regarder". Cette soif d'images de femmes attaquées, je l'ai retrouvée dans les reproches adressés à Yann Moix à Sandrine Rousseau, combattante de la victorieuse bataille contre Baupin et Pierrat. Yann Moix écrit, filme, produit des récits. Sur le plateau d'"On est pas couchés", il assène à Sandrine Rousseau au sujet de son livre racontant les oppressions de Baupin : "Ce qui m'a manqué (...) c'est en fait de lire l'agression. Je voulais voir l'agression (...) Avec tout le respect que je vous dois, je n'ai pas senti la violence. (...) Cette table et le lecteur que je suis a tout vu sauf l'agression. C'était le pendant qui m'intéressait (...) la description clinique, exacte de l'acte."
Ils ont créé l'art, le récit, pour raconter, se raconter l'un à l'autre, des histoires de viol.
[...]
Ces mecs sont cinglés. Ils s'autobranlent sur d'autres branlaisons de mecs.
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Alice Coffin
L’hétérosexualité des femmes reste pour moi un douloureux problème. (p.193)
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Nous nous cherchons en permanence des représentations. Il y en a peu. La culture lesbienne est une culture minoritaire. Je suis allée pendant des années dans des écoles, primaire ou grande, et je n’ai rien appris de la culture lesbienne. On m’a emmenée dans beaucoup de musées ou d’expositions, je ne l’ai pas davantage rencontrée. La transmission ne se fait pas, non plus, au sein d’un noyau familial. Il faut la trouver seule, en archéologue, ou grâce à d’autres lesbiennes.
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Il est absurde de devoir s'excuser d'être militante, de devoir faire oublier, pour être acceptée dans son entreprise, qu'on est une personne engagée contre certaines injustices. Cela mériterait d'être célébré et valorisé. Mais la hiérarchie était impitoyable. Bête, souvent, à force d'être apeurée. Une phrase revenait, "Ton militantisme privé ne doit pas envahir ta sphère professionnelle." Je ne comprenais spas ce que signifiait l'expression "militantisme privé", ni quelles étaient les limites de la "sphère professionnelle" d'une profession censée embrasser le monde.
Ces remarques et obstructions sont employées contre des journalistes issues d'autres minorités. Sihame Assbague, journaliste et militante antiraciste, fait ce constat dans un de ses précieux décryptages médiatiques sur Twitter :
"La neutralité journalistique n'existe absolument pas mais est utilisée comme arme pour marginaliser les journalistes minorisés. Genre, on va douter d'un journaliste arabe parce qui écrit sur la colonisation mais pas un journaliste blanc qui écrit sur le même sujet. Si un journaliste arabe ne peut pas être considéré "objectif" quand il écrit sur la colonisation, en raison se ses liens supposés avec cette Histoire, un journaliste blanc ne devrait pas l'être non plus. Pour les mêmes raisons. Sauf que cela ne marche généralement que dans un sens."
Invoquer la neutralité dans une rédaction, c'est d'abord affirmer que certains peuvent écrire sur tout quand d'autres ont des biais. C'est établir un privilège. En territoire journalistique, il est particulièrement puissant. C'est le pouvoir de raconter toutes les histoires. D'être celui qui peut tout voir, tout lire, tout dire, qui n'est jamais biaisé puisqu'il n'existe pas, puisqu'il est neutre, évanescent.
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Quand je suis en piste et que j'entends pleuvoir les insultes sexistes, j'oscille entre rage et fou rire.
Les rires sont provoqués par les réactions absurdes et éloquentes de ces hommes pris en flagrant délit d'entre-soi. Florilège :
Un directeur de l'Opéra de Paris appelant à la rescousse Aïda, Carmen et Lucia : "Le programme compte peut-être 19 hommes librettistes et 19 hommes metteurs en scène, mais toutes les oeuvres exaltent une femme sur cette scène."
Le président du comité national des pêches maritimes et des élevages : "Mon premier bateau, je l'ai appelé Ma puce."
Les insultes m'intéressent aussi. Ils crient "salope", ils hurlent "dégagez connasses". Les mots secouent et cognent. Mais ma barbe est un miroir magique. Celui des cours de récré qui chantonne "Tout ce que tu dis revient sur toi." Mon corps d'activiste est là pour ça. Il transforme une présence en action. Il sert de révélateur à leur violence sexiste. Leur vernis d'hommes policés se craquelle. L'activisme rend visible les tréfonds des structures de domination que ces hommes prennent, d'habitude, tant de soin à dissimuler.
Les actions de La Barbe font surgir la grande comédie de la masculinité. Elle se joue, chaque heure, à huis clos, sans nous. Nous sommes ces éclairagistes. D'abord parce que nous comptons. Nous établissons, par le nombre, qu'ils ne sont qu'entre hommes.
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Alice Coffin
Ceux qui se complaisent à excuser l'agresseur sont parfois ceux qu'on a l'habitude de voir érigés en hérauts des droits humains. C'est à cet indice qu'on comprend l'ampleur du pouvoir masculin. Robert Badinter, figure depuis des décennies de la justesse, la justice, la bonté, parle de "mise à mort médiatique" de DSK. Le sexisme est l'angle mort des grands combattants de l'humanité.
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Alice Coffin
Je ne vois pas de contradiction à me battre en tant que lesbienne et pour l'intérêt général.
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Alice Coffin
- Les hommes tuent les femmes. Sans relâche. Ils les violent. Sans cesse. Ils les agressent, les harcèlent, les enferment, les exploitent. (p.195)

- Les hommes mènent une guerre permanente contre les femmes et tentent de la dissimuler. (p.202)

-Lors d’une opération barbage menée place de la Nation en 2012, sur les majestueuses statues, seins et fesses nus de Dalou, des militaires venus, eux aussi, célébrer le 14 juillet, nous ont interpellées. « Vous n’avez pas honte de faire les marioles à côté d’hommes qui risquent leur vie pour la France !! » (p.204)

-Pourquoi les ministères de la Défense et de l’Intérieur ne prévoient-ils pas de financements pour s’occuper des hommes violents ? Les hommes, leur masculinité, sont une menace immense pour la sécurité du pays. (p.207)

- Tant d’actrices me mettaient, malgré elles, en situation de perpétuelle humiliation. Je ne savais pas, ne pouvais pas, me mouvoir comme elles. Restait la possibilité de s’identifier aux gestuelles des hommes. Ce qui ne m’a pas facilité la vie non plus. J’en veux terriblement au cinéma. (p.217)

-L’emprise masculine a une emprise terrible. Je me surprends à trouver un chant de supporters homophobes entraînant. Je recopiais en extase des passages entiers des Valseuses. Cela me faisait rire. C’est drôle et rythmé, d’ailleurs. Ultramisogyne, d’ailleurs. J’aime encore me vautrer dans ces films français de bandes de mecs imbéciles. Je m’y sens bien, à la maison. Normal : l’homophobie, la misogynie, le racisme, on me les a perfusés pendant des années. Mon cerveau est de la farce à représentations masculines écrasantes. (p.218)

- J’ai passé ma vie à aimer des films qui, parfois, me détestaient - je m’identifiais à Superman, par exemple. (p.218)

- Ils [les hommes] ont créé l’art, le récit, pour raconter, se raconter l’un à l’autre, des histoires de viols. (p.219)

- Ces hommes accusés sont incapables d’endosser et de verbaliser leur culpabilité. Ils nient. Ou se taisent. Les militantes féministes insistent pour dire aux victimes « nous vous croyons ». (p.221)
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... les règles de la narration sont masculines. Les femmes doivent se battre sur un terrain qui a été construit pour faire triompher les hommes. Le récit prisé est celui de l'homme, du héros masculin qui comme Ulysse fait son voyage, traverse 1000 épreuves, et en revient. Un récit linéaire construit sur l'accumulation, la binarité, l'historique et le progrès.
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Je ne lis plus les livres des hommes, je ne regarde plus leurs films, je n’écoute plus leurs musiques. J’essaie du moins. [… ] Les productions des hommes sont le prolongement d’un système de domination. Elles sont le système. L’art est une extension de l’imaginaire masculin. Ils ont déjà infesté mon esprit. Je me préserve en les évitant. Commençons aussi. Plus tard ils pourront revenir.
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