Alicia Garnier

Ma promenade d’hier soir m’a permis de réaliser deux choses : la première, c’est que j’aime Dawn à un point que je ne saurais décrire ; la seconde, c’est que je ne la connais plus aussi bien qu’avant… et ça m’angoisse.

Elle et floue et mal cadrée, mais elle est parfaite, car elle nous rappelle instantanément l'importance de notre amitié. On peut nous y voir, recouverts de farine, en train de rigoler. Je repense avec nostalgie à cet anniversaire, tout était plus simple à l'époque. On ne pensait qu'à s'amuser, à se lancer des Da-Re, se fâcher pour mieux se retrouver. Ce jour-là, nous nous étions fait une promesse : si nous n'étions toujours pas mariés avec quelqu'un à nos trente ans, nous le ferions ensemble. Promesse qui n'aura tenu que deux jours, puisque Dawn a épousé son poisson rouge durant une jolie cérémonie dans sa chambre. J'étais bien entendu son témoin...

C’est fou comme une simple phrase peut nous mettre à terre et nous ôter toute envie. Pourtant il ne s’agit que de mots qui, pris individuellement, sont inoffensifs. Mais une fois assemblés, ils ont un pouvoir dévastateur.

Si seulement je ne m’étais pas empêchée de vivre pendant si longtemps…

N'arrête jamais de rire, Riley, tu es faite pour ça.

Je ne lui laisse pas le temps de placer un mot de plus, je me jette à son cou pour le serrer contre moi. Surpris dans un premier temps, il se fige avant de m’enlacer à son tour et de me comprimer fort contre lui. Ce que j’aime cet homme ! La vie ne lui aura pas fait de cadeaux et pourtant, il est cette petite boule d’optimisme, toujours prêt à remonter le moral des troupes. J’espère juste qu’il arrivera bientôt à trouver ce qu’il cherche désespérément…

En quelques secondes, je suis étendu à ses côtés, son corps serré contre le mien, mes lèvres essuyant ses pleurs salés. Et je ne me suis jamais senti plus à ma place.
Je suis foutu, bousillé même, mais, putain, je sais qu’on peut se sauver l’un l’autre. Et en cet instant je ne voudrais être nulle part ailleurs qu’ici, avec elle.

En observant le ciel, on regarde le passé sans réellement s'en rendre compte.

Elle n’a pas besoin de parler pour exprimer son soulagement : il est parfaitement perceptible sur tout son corps. Et je l’aime pour ça. On est tellement proches que les mots sont superflus.

La journée avait pourtant bien commencé. Je suis comblé en tout point, mais comme toujours, lorsqu’on n’y prend pas garde, le destin nous ramène sur terre. Et c’est ce qu’il vient de faire pour moi. La communication a été brève, mais elle a suffi à me paralyser durant plusieurs secondes.

On ne nous prépare pas à ça quand on est gamins. À avoir le cœur réduit en miettes et à vivre malgré tout comme on peut. Et pourtant, la vie se résume à des épreuves à traverser et, tant bien que mal, à continuer à mettre un pied devant l’autre.

Cette année, la vie m’aura appris que lorsqu’on est sûr de pouvoir se relever par soi-même quel que soit l’obstacle, il est bon d’accepter une parole encourageante, un geste réconfortant, ou quelquefois des silences partagés mais salvateurs.

La culpabilité est une vraie salope. On a beau entendre que ce n'est pas notre faute et le savoir parfois, dès que nos défenses faiblissent un peu, elle charge. Pour tout ravager sur son passage.

Tu m'as redonné ce souffle de vie qu'il me manquait pour vivre pleinement.

On ne nous prépare pas à ça quand on est gamins. A avoir le coeur réduit en miettes et à vivre malgré tout comme on peut. Et pourtant, la vie se résume à des épreuves à traverser et, tant bien que mal, à continuer à mettre un pied devant l’autre.

Quand un être cher meurt, l’amour qu’on lui porte ne s’évapore pas avec lui. Au contraire, il s’intensifie et on aimerait pouvoir lui exprimer au quotidien, mais on ne peut plus. Alors, on le garde précieusement en nous, et par moments, oui, la tristesse d’avoir cet amour à sens unique bois blesse.

À quel moment on nous prévient qu’aimer quelqu’un peut faire aussi mal ?

À chaque jour suffit sa peine.

Je suis foutu, bousillé même, mais, putain, je sais qu'on peut se sauver l'un l'autre. Et en cet instant je ne voudrais être nulle part ailleurs qu'ici, avec elle.

"- Et que fait la Riley dans tes rêves, généralement ?

Il semble chercher dans ses souvenirs avant de me répondre :

- Elle finit toujours par me fuir et je ne peux rien faire pour la retenir."